Une sacrée vie d’ange…

Louis XIV en famille

Dans ses Mémoires, Saint-Simon parle assez souvent d’un meuble très intime pour nous mais qui l’était peu du temps de Louis XIV. En effet, si les chaises percées étaient rares tant au Louvre qu’à Versailles, Louis XIV lorsqu’il se posait sur ce « trône peu royal » mais si utile, continuait à recevoir. On imagine les odeurs et bruits divers qui pouvaient accompagner les entretiens.
Mais selon le mémorialiste celui qui était le moins gêné sur sa chaise d’aisance, était le duc de Vendôme. Ce soldat avait de grandes qualités, notamment une bravoure à toute épreuve, mais était d’une saleté répugnante. 

Le duc de Vendôme se levait assez tard à l’armée, se mettait sur sa chaise percée, y faisait ses lettres et y donnait ses ordres du matin. Qui avait affaire à lui, c’est-à-dire pour les officiers généraux et les gens distingués, c’était le temps de lui parler. Il avait accoutumé l’armée à cette infamie. Là, il déjeunait à fond et souvent avec deux ou trois familiers, rendait d’autant, soit en mangeant, soit en écoutant ou en donnant ses ordres, et toujours force spectateurs debout. Il rendait beaucoup; quand le bassin était plein à répandre, on le tirait et on le passait sous le nez de toute la compagnie pour l’aller vider, et souvent plus d’une fois. Les jours de barbe, le même bassin dans lequel il venait de se soulager servait à lui faire la barbe. 

Bon, Mona, çà n’encourage pas à se raser ce matin, mais çà ne coupe pas la soif ! Aussi, dégustons ce vin de Graves. Le Château Haut-Selve 2007, bien qu’encore un peu marqué par le bois, pourra accompagner un carré d’agneau ou un magret. 

Prenez le sur un autre téton…

Mona allaitera ses enfants le plus longtemps possible

Les nourrices étaient, notamment jusqu’au XVIIIème siècle, les serviteurs recevant les plus gros gages. En effet, de leur lait dépendait grandement la vie des enfants nobles et même princiers. C’est durant le septième mois de grossesse de la Reine que la nourrice était choisie après un examen minutieux et une enquête sur son entourage et même ses ancêtres.

Retenue, elle s’assurait une place à la cour dans un premier temps pour allaiter le jeune prince puis une place de femme de chambre de la Reine.

J’ai déjà eu l’occasion de vous parler de nourrices dans ces colonnes. Ce jour, je vais vous rapporter l’histoire des enfants de Jeanne d’Albret.

Le Duc de Vendôme, Antoine de Bourbon épousa Jeanne d’Albret de Navarre. De cette union, naquit Henri, Duc de Beaumont en 1551. Il fut confié à une nourrice frileuse. Or, vous savez sans doute que les enfants étaient fortement emmaillotés. Suant sous ses épaisseurs de tissus et de laine, le petit y laissa la vie…

En 1553, ce fut un autre fils, Henri, le futur Roi de France et de Navarre. Michelet, dans son histoire de France, écrit :

On dit qu’enfant il avait eu huit nourrices et bu huit laits différents. Ce fut l’image de sa vie, mêlée de tant d’influences. Coligny et Catherine de Médicis furent deux de ses nourrices. Malheureusement il profita bien peu du premier, infiniment de la seconde. Il n’en prit pas la froide cruauté, mais l’indifférence à tout.

En 1556, Louis, Comte de Merle est né et confié à une nourrice. Malheureusement, il est aux bons soins d’une nourrice joueuse. Un jour, pendant que la cour de Navarre était la chasse, la nourrice s’amusait avec le gouverneur des enfants à se passer de main en main le bébé. Les gestes devinrent de plus en plus amples… si bien que le petit finit par passer par la fenêtre et s’écrasa sur le perron.

Comme quoi, la lignée des Bourbons aurait très bien pu ne jamais régner si Henri IV n’eut, lui, de bonnes nourrices… car si Jeanne d’Albret accoucha encore deux fois, elle eut deux filles…

Mona-laitement, c’est pour vous ?