Petite reine

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Même si je n’ai pas vocation à étaler ma vie privée dans ses feuilles, je dois vous dire que je suis grand amatrice de miel et que ce produit magique est le seul qui se loge sur mon pain matinal. Il remplace même avantageusement le sucre de betterave ou de cane à sucre. Vous allez me dire que c’est très bien mais que vous vous en foutez et que chacun mange ce qu’il veut…quand il veut.

Ok, vous avez raison mais si je vous ai parlé de mon petit déjeuner, c’est pour vous rappeler les dangers qui pèsent sur notre apis mellifera. Affaiblie par les produits chimiques déversés depuis plus de 50 ans, attaquée par un acarien au nom charmant : Varroa destructor, la mortalité des abeilles est énorme. Chaque année, la Californie importe d’Australie des milliards d’abeilles pour polliniser amandiers et orangers. Arrivées sur place, elles font leur boulot et parasitées par le Varrao, elles meurent peu de temps après avoir terminé leur travail.

Mais aujourd’hui, je souhaite vous parler du faux bourdon qui n’existe que pour féconder une reine. Né au mois de mars, ce gros lard ne sait rien faire. Sa langue est trop courte pour butiner les fleurs, il n’est pas équipé de dard pour défendre la colonie, ils n’a pas les glandes nécessaires pour produire de la cire… En un mot, il n’est qu’un sexe sur pattes.

Enfin vient le grand jour, la jeune reine s’envole poursuivie par un essaim de mâles en rut. C’est donc en plein vol que la rencontre a lieu. Le plus rapide à la course pénètre l’Apis queen et envoie la purée avec tant de puissance qu’il y fait exploser son service trois pièces ce qui déchire son abdomen. Et c’est les tripes à l’air que le mec tombe en piqué comme un kamikaze dans le Pacifique. Mais la reine a encore la boîte à ouvrages qui la taquine et siffle un second bourdon qui lime comme un fou avant de tomber lui aussi éventré au champ d’honneur. Sachant qu’elle passera sa vie à pondre et ne prendra plus jamais son pied, elle se fait grimper par une bonne dizaine de reproducteurs qui s’effondreront comme les copains. Quant au plus grand nombre, ceux qui rentrent puceaux à la ruche, ils sont entretenus par les ouvrières jusqu’à la fin de l’été. Sentant que la bouffe va se raréfier, les abeilles foutent à la porte ces mâles qui n’en branlent pas une. Ces bouches inutiles mourront de faim et de froid comme la cigale de La Fontaine. Dur, dur (si j’ose dire) !

Mona le bourdon en pensant à ces pauvres bêtes.