Bouche des goûts

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Mona qui répond toujours avec expertise à vos nombreux courriers a eu l’occasion de soulager Sophie Stiquet qui souffrait d’halitose et était envahie d’acné. Cette professeur de français lui a fait savoir que ces maux n’étaient plus qu’un mauvais souvenir depuis qu’elle avait suivi scrupuleusement les judicieux et avisés conseils prodigués. Pour nous c’est toujours un bonheur que d’aider nos contemporains moins gâtés par la nature que nous. Merci Sophie pour vos remerciements et le chèque établi à l’ordre des œuvres sociales du Journal Epicurien. Sachez que Mona a acheté avec cette somme un superbe foie gras que nous avons mangé en pensant fortement à vous.

Bien, cela étant dit, je souhaitais apporter un compliment d’informations à l’article de ma collaboratrice préférée. En effet, pourquoi tant d’humains ont une haleine de bouc, de vide-ordure, de putois, voire de chacal ? Pourquoi lorsqu’ils ouvrent la bouche, ces êtres humains font remonter des souvenirs de bac à purin, de porcherie bretonne ou de corvée de chiottes pour ceux qui furent pioupious dans l’armée française ? Oui, pourquoi ?

C’est dans un ouvrage du 15° siècle que j’ai trouvé la réponse : les Evangiles des Quenouilles relate les discussions de six femmes doctes qui parlent de maladies, des remèdes liés, délivrent de sages conseils et évoquent les interdits de leur vie quotidienne.

A propos de mauvaise haleine il est dit que :

Lorsqu’un homme couche avec sa femme ou son amie en ayant les pieds sales et puants, et s’il advient qu’il engendre un fils, ce fils aura puante et mauvaise haleine ; et si c’est une fille, elle l’aura puante par-derrière.   
Marie Ployarde dit à ce propos qu’il en advint ainsi de sa cousine car, partout où elle allait, son derrière rendait une odeur si puante que les assistants se bouchaient le nez, mais sans savoir celui ou celle qui en était cause.

Sophie dans votre courrier, vous n’évoquez pas de problème de ce côté-là. Est-ce un oubli ? Si oui, n’hésitez pas à recontacter Mona qui se fera un plaisir de rendre à votre fondement une odeur fraîche et printanière style canard-wc ou autre préparation genre Bouche des goûts.

Bon Mona, encore un sujet qui ne prépare pas bien à la dégustation, mais le devoir nous appelle. Alors vite, deux godets, par tous les saints ! et buvons ce Chinon Vieilles Vignes 2008 de Philippe Alliet. Ce vin a besoin de s’aérer avant de nous plaire. Il faut laisser l’effet se faire ! Mais après une heure de carafe, que c’est bon.

Bonne acné, bonne santé

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Bonjour Mona,

Vous êtes si belle, si fraîche alors que moi, je suis acnéique chronique et je souffre d’halitose. Je suis si complexée que je suis devenue éreuthophobe[1]. Merci de vos conseils experts.
Sophie Stiquet, 46 ans, professeur de français et j’habite Laval.

Quand on reçoit un tel courrier, le premier réflexe est de sauter sur son dico pour être sûre de ne pas répondre à coté de la plaque. Puis, me sentant toujours solidaire de ces femmes qui habitent Laval et que Lépicurien aime tant, j’ai trempé ma plume dans l’encrier de l’amour que j’ai à votre égard. Et voici, mes judicieux conseils :

Tout d’abord, Sophie, pour votre acné qui dure depuis 31 ans, je pense qu’il faudrait vous faire ramoner les tuyauteries un peu plus souvent, y’a rien de mieux. Pour combattre ces boutons qui font penser que vous couchez dans une ruche, je vous conseille les tisanes à base de bardane et de pensée sauvage à raison de deux fois par jour pendant au mois deux mois. Et puis le soir, tartinez vous la face à l’argile verte et gardez ce masque une dizaine de minutes.

Pour l’halitose, sachez que près d’un quart des humains en souffrent. Quand ils ouvrent le clapet, on a l’impression qu’ils ont une chaise percée au fond de l’estomac ou que les vidangeurs sont là. Et c’est vrai que refouler du bec, c’est faire croire qu’on se lave les dents avec une chaussette sale ou qu’on a le cul juste derrière les dents, ça n’aide pas à se sentir (excusez-moi) bien dans sa peau (excusez-moi). Bon, pour combattre le fléau de la poubelle pleine toujours ouverte, certains préconisent de boire des tisanes de menthe et de badiane, de sucer des bonbons à l’anis. Cependant, si votre entourage peut être gêné par votre haleine de bouc, faîtes les rire en leur rappelant que grâce à vous aucune mouche ne ressort vivante de votre habitat.
Trêve de plaisanterie. Je vous propose  une cure de bicarbonate de sodium. Ce produit miracle et peu onéreux sera utilisé en complément du dentifrice au mois deux fois par semaine et comme gargarisme (une cuiller à café pour un verre d’eau). Et si vous suivez scrupuleusement mes conseils, je suis certaine que vous pourrez sortir sans rougir comme un verre de grenadine. Plus de bouton, une haleine fraîche, voilà qui vous aidera à reprendre confiance en vous.

Mona juste un joli bouton


[1] Qui craint obsessionnellement de rougir, ce qui entraîne le rougissement tant redouté.