Lésions dangereuses

mona-eunuque

Je ne sais pas si vous avez lu Hérodote, historien grec du V° siècle avant Jésus-Christ. Il fut très à la mode au cours de la Renaissance et depuis, il est un peu tombé dans l’oubli. Et pourtant au long des neuf tomes de son ouvrages «Histoires», on rencontre des personnages fort intéressants. Tenez Hermotime par exemple !

Encore enfant, il fut vendu à un certain Panionius, habitant de l‘île de Chios qui faisait trafic de jeunes garçons. Comme tous les enfants qui tombaient dans ses griffes, Hermotime fut castré par l’infâme commerçant et fut conduit à Sardes où il fut revendu très cher. Repéré par le roi Xerxès, il devint un de ses hommes de confiance. Bien que mutilé, il devint très puissant (facile, je sais). Lors d’un déplacement, il croisa son bourreau. Il lui témoigna de l’amitié et l’assura de sa reconnaissance pour tout ce qu’il lui devait. Il lui promit de lui apporter de belles affaires s’il s’installait chez lui. Panionius, surpris mais charmé de ces propositions, accepta cette offre et débarqua avec sa femme et ses quatre fils chez l’eunuque. Mais les choses ne se déroulèrent pas comme attendu. A peine installé, le ton changea. Hermotime, si gentil depuis leur première rencontre, l’interpela vivement :

«O de tous les engelures, tu es la plus grosse des salopes, toi qui fais bouillir ta marmite en coupant les services trois pièces des rejetons qui tombent par malheur dans tes sales pognes. Qu’avions nous pour que tu nous coupes les joyeuses et nous prive de quéquette nous obligeant à pisser comme les fillettes ! Pauv’ tare, tu t’imaginais que j’oublierai que tu m’as empêché de ramoner même une seule fois une gonzesse. Félon, par appât du flouze, t’es tombé dans mon piège et je vais te dire que tu vas t’en souvenir, pauvre cloche. La famille Panionius, tu vas voir qu’elle va repartir plus légère qu’elle est arrivée.»

Après les paroles, les actes … Hermotime remit un couteau à Panionius qui dut, de sa propre main, couper à ras les poireaux et les noix de ses quatre fistons. Puis, il obligea ces mêmes rejetons pissant le raisiné à faire sauter les aumonières de leur vioque.

Bonjour l’ambiance. Hermotime flanqua à la porte les fraîchement scalpés du calbute. Depuis on en a plus de nouvelles.

Oui, je sais Mona, c’est horrible. Mais ça ne doit pas nous priver de boire un gorgeon. Allez le Saint-Aubin Les Pitangerets Rouge 2009 domaine Louis Carillon. Un joli vin bourguignon qui confirme un millésime donnant beaucoup de plaisir.