Ah, ces mots lassent

Décidément les gars, sous votre superbe affichée, vous êtes plutôt des angoissés et des mous du bout ! Vous allez dire que je ne vous ai pas habitués à parler comme çà, aussi direct et aussi vert. Mais je dois vous dire que, comme à chaque fois que je vous concocte un article sur les problèmes liés à vos amygdales, vous me déversez (mais peut-on employer ce mot) des tonnes de mails.

Tel me remercie chaudement pour la recette de la pommade de jeune bouc qui a eu les effets escomptés sur Madame (félicitations mes coquines); tel autre se plaint d’avoir son joujou pas plus gros qu’un compte-gouttes et me demande de l’aider à développer sa personnalité…

zizienberneMais un grand nombre de vos écrits me confirme la justesse d’une statistique que j’ai lue avec effroi : la peur ou la réalité de la panne. Vous m’écrivez par exemple que « vous avez le poireau qu’est toujours en Suisse » ou en berne, si vous préférez, ou bien « le bec-verseur asséché » ou même « le scoubidou en plein démaillage ».

Dur, dur (oh, pardon!!), je compatis…

Mais, je suis désolée, mes petits choux, mais je suis pas Mimi Gringoire. Mais comme je vous aime, et vous le savez bien, je me suis penchée (là c’est le bon terme) sur votre problème. Mais comme j’ suis pas toubib, je vous glisse un extrait d’un bouquin écrit par le Docteur Auguste Debay : « Hygiène et physiologie du mariage« . Certes, l’ouvrage date un peu (1849), mais je suis sure que nombre d’entre vous verront le bout du tunnel (j’espère que cette formule ne froissera personne) avec les traitements ci-dessous exposés.

Mais tout d’abord, le Doc nous apprend à reconnaître le rabougri du fondement :

IMG00200-20091125-1317Les principaux caractères de l’impuissance, en général, sont : un teint blanc, étiolé, la couleur blond pâle des cheveux, la rareté des poils et de la barbe; les chairs mollasses, les formes empâtées par une graisse diffluente, un timbre de voix aigu, une parole lente, les yeux mornes, le regard terne, sans chaleur, les épaules étroites; l’odeur fade ou aigre dans la transpiration; les testicules peu volumineux, les bourses pendantes; le membre viril allongé, petit, flasque, le gland ridé, etc., etc..

Cette description doit retenir notre attention Mesdames. Ces signes ne vous laisseront pas espérer un concerto pour sommier et ressorts digne de Mozart. Alors dès que vous zieutez un gars répondant à ce signalement, passez votre chemin. C’est pas lui qui tirera la chevillette avant que vous soyez Mère Grand.

Mais venons en à ce qui vous tracasse, mes petits poulets, Auguste va tout vous expliquer sur les causes et vous proposer des traitements qui, je l’espère, rendront à votre paupol  santé et prospérité. Assez parlé, place à la science :

Le traitement de l’impuissance varie selon les circonstances, les tempéraments, les âges et les causes qui l’ont amenée et qui l’entretiennent. Pour être plus clair dans notre exposé, et afin d’être bien saisi des personnes étrangères à la médecine, nous établirons lés catégories suivantes :

  1. L’impuissance qui accompagne naturellement la vieillesse n’a point de remède. Chaque âge a ses plaisirs, de même que chaque saison a ses fleurs. Le vieillard ne doit plus penser à la procréation.smoking_impotence
  2. L’impuissance par vice ou imperfection des organes génitaux appartient au domaine de la chirurgie, et demande une main habile pour être guérie.
  3. L’impuissance par influence morale, telle que la timidité, la honte, la crainte, les folles terreurs d’une imagination crédule, etc., exige une médication entièrement morale; elle cesse aussitôt que l’influence est détruite.
  4. L’impuissance par concentration de l’activité nerveuse au cerveau; — par l’exaltation des sentiments d’amour et de respect— par la fougue des désirs exige des habitudes tout a fait opposées, c’est-à-dire le repos de l’esprit, l’exercice physique, les distractions, les voyages, la vie et les travaux de la campagne; —les bains tièdes, etc. Dans les cas d’impuissance causée, soit par un amour excessif de la personne, soit par la fougue des désirs, on recommande l’exercice physique et les distractions ; mais il est, en outre, nécessaire de s’éloigner, pour quelque temps, de l’objet adoré; chasser les idées ou les images qui pourraient entretenir l’exaltation cérébrale; se mettre à un régime alimentaire doux et faire usage de boissons tempérantes, l’eau de laitue, le petit-lait, les émulsions d’amandes, etc., enfin tout ce qui est propre à combattre l’éréthisme, dont la violence enchaîne les facultés viriles.
  5. L’impuissance due a l’atonie des organes génitaux (et c’est la plus commune) exige un traitement tonique et réparateur, afin de réveiller le système nerveux génital engourdi, de ranimer les forces musculaires épuisées, de revivifier le tissu érectile du pénis par des aphrodisiaques employés sagement et avec modération. Ce genre d’impuissance étant le plus général, le plus difficile a combattre, et se rencontrant spécialement chez les hommes mariés d’un âge mûr, c’est sur lui que les médecins ont le plus porté leur attention, notre tâche est d’exposer les traitements les plus efficaces qui ont été dirigés contre cette maladie.
    Le sujet frappé de cette impuissance sera d’abord mis à un régime substantiel propre à relever ses forces délabrées : les viandes rôties, les consommés de viandes, les gélatines, les poissons, les écrevisses, etc. ; — les truffes, les artichauts, le persil musqué, la roquette, les asperges, les alliacés, les semences de cacao, et une foule de plantes alimentaires que nous indiquerons au chapitre des aphrodisiaques, ont une action marquée sur les organes de la génération. Les vins vieux, les cordiaux à dose modérée, les boissons ferrugineuses dans lesquelles il entre du quinquina, sont d’excellents toniques dans les cas d’épuisement sans signe d’excitation

    A cette nourriture confortante on joindra les exercices physiques, la chasse, l’équitation, l’escrime, la danse, la natation, la gymnastique, s’il est possible; et de temps en temps des bains froids en été, tièdes en hiver. Les douches d’eau aromatique, les douches de vapeur de même nature sur les parties génitales, les frictions avec un liniment aphrodisiaque sur la colonne vertébrale, à l’intérieur des cuisses, sur le périnée et sur le corps même de la verge; la rubéfaction de la peau des lombes et de la partie interne des cuisses, au moyen d’une friction ammoniacale ou de l’application d’un cataplasme sinapisé. Les lotions d’eau salée, très froide, sur les parties génitales, renouvelées trois fois par jour pendant huit a dix minutes chaque fois, ont été souvent couronnées de succès; — les bains de marc de raisin, de boue ferrugineuse ; les immersions dans les décoctions de plantes aromatiques ou crucifères, etc. Si tous ces moyens échouaient, il serait nécessaire d’en venir aux liniments ambrés, musqués, ammoniacaux, cantharidés ; à la flagellation, à l’urtication, enfin au galvanisme et à l’électricité.

Mona cuisiné de la viande rôtie, des écrevisses et des truffes. Si çà vous dit…