Rien à déclamer ?

Eugène Labiche régna sur le théâtre comique durant le second empire : plus d’une centaine de pièces à son actif. Et pourtant, il dut attendre 1880 (il avait 65 ans et plus de 40 ans de carrière) pour être élu à l’Académie Française. Il ne jamais autant invité à dîner en ville qu’après son élection. Devant l’afflux des invitations, il s’exclamait:
– Mais je ne savais pas qu’on était nourri!

A une de ces soirées « littéraires », comme aimaient en donner les femmes du monde de cette époque, la maîtresse de maison dirigeait avec autorité la conversation. Chacun devait parler et briller à son tour. Labiche, pendant le repas, fit un signe pour prendre la parole, mais la maîtresse femme lui fit comprendre que son tour n’était pas venu.

Quelque temps après, alors que les convives étaient au salon pour boire le café, elle se tourna vers lui en souriant aimablement :

– Eh bien! Monsieur Labiche, que vouliez-vous nous dire?
– Rien, Madame, rien…
-Mais enfin vous avez levé la main tout à l’heure.
– Oh! Madame, répondit-il, çà n’a plus d’importance : je voulais seulement qu’on me passât le sel.

Bon Mona, laissez moi parler sans retard, je vous prie ; j’ai seulement besoin de deux verres. Avec Labiche, que pensez vous d’un Pomerol : Tour Maillet 2006. Sur sa jeunesse, ce vin offre des jolis fruits et une note de vanille.

La cave de Monsieur Labiche

lourcine-affichePendant le siège de Paris en 1870, Eugène Labiche dut abandonner sa maison. Seul son jardinier resta sur place pour éviter le pillage …
Mais, à son retour, il constata que sa cave était entièrement vide.

Le jardinier lui expliqua que les Prussiens avaient bu l’essentiel de ses flacons. Et il ajouta fièrement : « Mais rassurez vous, Monsieur, j’ai pris largement mon compte. Et à chaque bouteille ouverte, je me disais : ce sera çà de sauvé pour Monsieur Labiche« .

Cà ne cerf à rien de s’énerver, Monsieur Labiche.

En 1857, Eugène Labiche avait écrit « L’Affaire de la rue de Lourcine » : une pièce dans laquelle le bourgeois Lenglumé se réveille un beau matin avec un inconnu dans son lit, une « épouvantable gueule de bois » et le soupçon d’être mêlé à un crime.

Comme qui dirait : pris en flagrant débit.

Gueule de bois : un mot que les auteurs d’aujourd’hui banissent de leurs textes. Consensus mou oblige.