Au plaisir du coude

On ne relit jamais assez les classiques. Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, nous laisse une bien belle chanson dans le Bourgeois Gentilhomme (Acte 4, scène première). Cet hymne au bien vivre et bien boire est rafraichissant.

Buvons, mes chers amis, buvons,
Le temps qui fuit nous y convie ;
Profitons de la vie
Autant que nous pouvons.

Quand on a passé l’onde noire
Adieu le bon vin, nos amours ;
Dépêchons-nous de boire,
On ne boit pas toujours.

Laissons déraisonner les sots
Sur le vrai bonheur de la vie ;
Notre philosophie
Le met parmi les pots.

Les biens, le savoir et la gloire
N’ôtent point les soucis fâcheux ;
Et ce n’est qu’à bien boire
Que l’on peut être heureux !

Sus, sus, du vin partout, versez, garçons, versez,
Versez, versez toujours, tant qu’on vous dise assez.

Bon, ma Chère Mona, vous voyez ce qu’il nous reste à faire. Tendez donc votre verre, j’y verserai un nectar : Rosanna 2010 du Château Grès Saint-Paul est une merveille de Muscat. Puissance et élégance, explosion de fruits pour notre bonheur !

Je boa à votre santé !

Le boa n'est pas toujours triste au fond du corps

Maurice Donnay (1859-1945) est un auteur de pièces de boulevard qui remporta un immense succès.  Il fut reçu à l’Académie Française en 1901. Et pourtant à ses débuts, il fut chansonnier et composa avec Alphonse Allais des chansons pleines d’humour qui ravirent le public du célèbre cabaret Le Chat Noir. La plus célèbre fut :

 Le Serpent et le Cor de Chasse

Un jour, un grand serpent, trouvant un cor de chasse,
Pénétra dans le pavillon ;
Et comme il n’avait pas beaucoup de place,
Dans l’instrument le reptile se tasse.
Mais terrible punition !
Quand il voulut revoir le grand air et l’espace
Et la vierge forêt au magique décor,
Il eut beau tenter maint effort,
Il ne pouvait sortir du cor,
Le pauvre boa constrictor ;
Et, pâle, il attendit la mort.

Moralité
Dieu ! Comme le boa est triste au fond du cor !

Dans la vie, il aimait à lancer quelques bons mots :

  • Il trompait tellement sa maîtresse qu’on pouvait penser qu’elle était sa femme légitime.
  • Il y a tant de femmes qui le lendemain de leur mariage, sont veuves du mari qu’elles avaient imaginé.
  • Si les femmes entraient à l’Académie, le dictionnaire lui-même ne saurait plus placer un mot.

Sacré Maurice, à force de rire, il m’a donné soif. Pas vous ma p’tite Mona ?
A la bonne heure, nous allons déguster un vin explosif : Le Muscat du Domaine Kurubis, « Soltane » 2008. Un vin tunisien riche, fruité et qui laisse une bouche fraîche. Que du bonheur !

Etre dans son bon doigt

Jusqu’à ce jour, je me promenais nonchalamment exhibant mes mains aux regards de tout un chacun. Depuis quelques jours, après avoir pris connaissances des résultats d’une étude menée en Corée auprès de 144 patients. Il en ressort qu’un lien existe entre la longueur de l’auriculaire et de l’index et la longueur de ce que nous mâles cachons dans nos pantalons.

Ce que j’ai lu sur le sujet ne m’a pas paru d’une grande clarté. Mais peu importe. L’essentiel n’est pas aux résultats mais à la prestance. Pour préserver mon intimité, je porterai dorénavant des moufles et ne les enlèverai que dans ma chambre. En attendant, j’ai caché mes mains comme j’ai pu.

Bon Mona, vous savez avec des moufles, je vais avoir du mal à vous servir. Alors entrainez-vous. Ouvrez, je vous prie, cette bouteille de Muscat de Rivesaltes 2009 du domaine de Casenove. Un fruit mûr et croquant pour faire revenir le soleil…

Connaisseur en vain

Dans un des plus grands restaurants de Paris, un couple d’Américains passe à table pour un dîner d’anniversaire de mariage. Ils choisissent en entrée des coquilles saint-jacques et un suprême de poulet de Bresse aux truffes pour suivre.

Le client est un connaisseur, il demande à consulter la carte des vins. Pour accompagner l’entrée, il retient un vin du Domaine Weinbach, célèbre propriété Alsacienne. Mais le sommelier lui suggère de choisir un autre vin plus en harmonie avec les coquilles. Le client avance qu’il a repéré un Chablis Blanchot (Grand Cru) 1996 de Raveneau : un vin qu’il connait et aime.  Mais écoutons plutôt le client :

« Le sommelier répond immédiatement : « Non, non ; il ne goûte pas bien actuellement, l’acidité est trop marquée à ce stade. Laissez-moi vous proposer un autre vin qui sera bien plus en harmonie avec votre assiette ». Je lui ai demandé ce qu’il nous recommandait à la place. Il m’a dit, « c’est une surprise. Je vais le décanter et je suis sûr que vous l’aimerez. »

Je lui ai dit que je n’aimais pas trop les surprises habituellement mais que dans un tel lieu, j’étais d’accord pour me laisser surprendre.

Un serveur arrive avec une carafe contenant un vin blanc mais sans nous présenter la bouteille. Ce que je n’ai guère apprécié.

Aussi, j’ai demandé au serveur d’appeler le sommelier et lui ai demandé de me dire quel vin il nous avait servi. Revenant avec la bouteille vide, il me présente l’étiquette : Chablis 1997 de Raveneau la « Montée de Tonnerre » (1er Cru).

Je lui ai alors demandé si Blanchot 1996 du même propriétaire que j’avais proposé n’aurait pas été mieux… Gêné, il a emmené la carafe… et est revenu avec une bouteille du vin que j’avais choisi.

Il l’a ouverte devant nous, l’a carafée et servie. Comme prévu, le nez était fantastique et le palais complexe. Sa fraîcheur allait parfaitement avec le repas.

Heureusement, le service fut superbe, et le repas fantastique. Cà restera un grand souvenir ! ».

Bon, ben Mona, ce n’est pas avec des histoires comme çà que notre réputation quant à la qualité d’accueil des touristes va s’améliorer. Certes, nous avons de grands sommeliers, mais celui qui vient d’être élu « meilleur sommelier du monde » est anglais et il remplace un allemand.
Alors, de temps en temps, un peu d’eau dans notre vin…nous dégonflera la tête.

A propos de vin, ma chère Mona, je vous propose de goûter ce domaine Weinbach dont nous avons parlé. Colette Faller et ses filles y font des vins exceptionnels. J’ai retenu le Muscat Réserve 2007, un vrai vin d’apéritif pour gourmands. Allez, santé…