Asperges à la Pompadour

pompadourEt c’est quoi des asperges à la Pompadour ? Le patron, homme de culture (d’asperges ?) oublie que nous n’avons pas tous la chance de tout savoir comme lui. Heureusement, vous avez votre petite Mona…

C’est dans le Grand Dictionnaire de la Cuisine d’ Alexandre Dumas que je vous ai trouvé la recette originale :

Monsieur de Jarente, ministre d’Etat pendant la faveur de Mme de Pompadour, a laissé à notre célèbre gourmand Grimod de la Reynière, digne neveu de son oncle, la prescription suivante :

« Choisissez trois bottes des plus belles asperges du gros plant de Hollande, c’est-à-dire blanches avec le bout violet.
Faites parer, laver et cuire en les plongeant comme à l’ordinaire, c’est-à-dire dans de l’eau bouillante; tranchez-les ensuite en les coupant en biais du côté de la pointe, à la longueur du petit doigt. Ne vous occupez que des morceaux de choix, et laissez de côté le reste de leurs tiges.
Mettez cesdits morceaux dans une serviette chaude afin de les égoutter en les maintenant chaudement, pendant que vous confectionnerez leur sauce.

Videz un moyen pot de beurre de Vanvres ou de la Prévalais, en prenant le contenu par cuillerées et le mettant dans une casserole d’argent; joignez-y quelques grains de sel avec une forte pincée de macis en poudre, une forte cuillerée de fleur de farine d’épeautre, et de plus, deux jaunes d’œufs frais bien délayés avec quatre cuillerées de suc de verjus muscat.
Faites cuire ladite sauce au bain-marie, en évitant de l’alourdir en lui laissant prendre trop d’épaisseur; mettez vos morceaux d’asperges tranchés dans ladite sauce, et servez le tout ensemble, en casserole couverte et en extra, pour que cet excellent entremets ne languisse point sur la table et puisse être apprécié dans toute sa perfection. »

Mona sparagus

Asperge, je vous propose la botte…

Elle nous viendrait des Romains, peut-être même depuis la lointaine Egypte. Rabelais en fait consommer à Panurge et  la cuisine de la Renaissance la met en vedette.

La blanche est de production artisanale et ne doit jamais voir le soleil. La violette tient ses reflets mauves d’avoir vu le jour. La verte pousse à l’air libre et est colorée de haut en bas.
Sont-ce ses effets, sa forme qui ont incité Madame de Maintenon à dire d’elle : « C’est la première invitation à l’amour « .

Il faut dire que ce légume avait la réputation d’être si émoustillante qu’on la déconseillait formellement aux pucelles, comme en témoigne la confession timide d’une héroïne du Roman bourgeois de Furetière (1666) :

« Si quelqu’une de nous eût mangé des asperges, on l’aurait montrée du doigt ; mais aujourd’hui, les jeunes filles sont plus effrontées que des pages de Cour ! ».

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Nu de François Boucher

Quant à la Pompadour, souhaitant étonner son royal amant qui lui reprochait d’être « froide comme une macreuse », elle cherchait la recette idéale pour assouvir les besoins de Louis XV. On peut en juger en lisant cette lettre insolite adressée à sa belle-sœur, Madame de Baschi :
« Le marquis de R., comme vous le savez, n’est pas très délicat dans ses goûts ; il aurait, hier, passé la soirée avec une comédienne, et, sur la fin du souper, étant tous les deux pleins de… charmes, le marquis n’a trouvé rien de mieux que de faire déshabiller sa Vénus, et, ayant préparé une sauce pour asperges, l’aurait placée dans un endroit que je ne puis nommer, (…) et, là, se serait mis à manger des asperges trempées dans cet endroit. Il y a trouvé du plaisir. Qu’en dites-vous ? Je vous attends pour votre réponse. Je ne puis m’empêcher de rire de cet original plaisir. »
Cette lettre qui circula largement à la Cour, fit que l’on donna à une recette, le nom d' »asperges à la Pompadour« .

A l’huile, au beurre, en sauce mousseline, chaque français en consomme presque 1 kg par an. Goûteuse, pauvre en calories et riche en sels minéraux, elle a tout pour accompagner un petit régime de printemps. De plus, l’asperge participe efficacement aux fonctions d’élimination de l’organisme : ses fibres aident au bon fonctionnement intestinal et ses composés diurétiques facilitent le travail rénal. Ne soyons pas égoïstes : chats et chiens se délecteront des parties que nous aurons dédaignées.

Fontenelle 1657 - 1757
Fontenelle 1657 - 1757

On raconte que Fontenelle adorait les asperges à l’huile, alors que son invité du jour les préfère au beurre. Il donna l’ordre que l’on les prépara pour moitié des deux façons. Son hôte étant pris d’une attaque, malgré son grand âge il se précipita en cuisine en hurlant:  » Tout à l’huile maintenant, tout à l’huile ! « .

Cà refroidit, si j’ose dire!!
Il faut dire que Fontennelle avait la réputation de penser d’abord à son confort. Claudine Alexandrine Guérin de Tencin, baronne de Saint-Martin de l’Isle de Ré (et mère de d’Alembert) qui fut l’amie de Fontennelle, lui disait en pointant le doigt sur sa poitrine : « Ce n’est pas un cœur que vous avez là ; c’est de la cervelle, comme dans la tête« .

A condition d’éviter la vinaigrette, dégustez l’asperge avec un sancerre, un vin de pays de viognier, un Chenin du Val de Loire, une muscadelle du Sud-Ouest, et bien sûr, accord « parfait » avec un muscat sec d’Alsace ou du Languedoc.

De mal en pipi

victor_hugoVictor Hugo, à la fin de sa vie, n’avait plus la résistance légendaire qu’on lui connaît. Sortant d’un repas bien arrosé, il rentrait chez lui à pied… pour se dégriser.
A quelques mètres de sa maison, n’y tenant plus, il assouvie un besoin bien naturel appuyé contre un  mur… Un violent coup de pied dans les fesses faillit le renverser. Il en tacha son costume.

Un Titi parisien le sermonna vivement :  » Je vais vous y prendre, moi,… Monsieur, à pisser contre le mur de Mon…sieur Hugo ! « .

On ne sait pas si le grand Victor fut misérable dans cette situation, ni s’il tailla une cosette avec le môme.

Votre Mona pas besoin d’y aller.