Oh, la barbe

Dans un dictionnaire médical du XIX° siècle, on peut lire un article qui traite de la pogonologie[1].

BARBE, s. f., barba; ensemble des poils qui garnissent la lèvre supérieure, le dessous de la lèvre inférieure, le menton, les joues et la partie antérieure et supérieure du cou.

La barbe est l’attribut de la virilité chez l’homme. On observe un rapport constant entre son développement et celui tant des organes générateurs que des forces générales. C’est en cela qu’elle diffère des assemblages de poils auxquels l’analogie de situation a fait donner improprement le même nom chez les animaux. En effet, ceux d’entre ces derniers qui ont de la barbe l’offrent dans toutes les périodes de leur vie, et dans les deux sexes également.
La barbe de l’homme n’est d’abord composée que d’une espèce de duvet dont les poils s’épaississent et durcissent ensuite de jour en jour. Ces poils sont implantés à une plus grande profondeur que ceux des autres régions, ce qui fait qu’ils sont plus difficiles à arracher et que leur évulsion cause plus de douleur. Leur couleur varie singulièrement, comme celle des poils en général, à l’article desquels nous renvoyons pour de plus longs détails. Nous ajouterons seulement que la barbe commence à se développer à l’époque de la puberté, et qu’elle ne parait jamais chez les hommes qui ont été privés dans l’enfance des attributs de leur sexe. On la voit, au contraire, ombrager plus ou moins les joues de certaines femmes, qui ont passé l’âge critique, ou qui n’ont jamais été fécondes. D’ailleurs, on a remarqué qu’il y avait un certain rapport entre sa croissance et celle des cheveux, car les eunuques ont en général une chevelure fort longue, comme les femmes. Au reste, il est des nations entières, telles que les Groenlandais, les Esquimaux, les Patagons, les habitants de la Terre-de-Feu, qui n’ont point de barbe, ou qui n’ont que des poils très rares ; mais les voyageurs nous témoignent aussi que ces hommes sont peu courageux, et qu’ils abandonnent tous les travaux pénibles à leurs femmes. Ce n’est donc pas sans fondement que, chez tous les peuples et dans tous les pays, la barbe a été considérée comme un indice de la force et du courage qui la suit.

Mona pas de poil à son menton, et vous ?


[1] Science de la barbe

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *