Barbe à papa

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Vous qui me lisez, que vous soyez un homme ou une femme, si vous êtes barbu, sachez que je n’accepterai plus de vous embrasser. Si vous avez une barbe, n’espérez pas, gentlemen, vous glisser entre mes draps. L’accès à ma chambre vous est interdit à dater de maintenant. Et quand je repense au faciès à poils qui ont gigoté entre mes guiboles, ça me ferait gerber. Il faut dire que le microbiologiste John Golobic n’y va pas avec les dos de la cuillère. Il estime après étude que les barbes contiennent plus de saloperies qu’une cuvette de chiots mal entretenue. Le gars, il a même retrouvé des matières sortant directement d’un gros colon.

Avouez que ça refroidit et qu’un mec au système pileux étalé sur sa face n’attirera plus comme avant que le toubib amerloque publie ses conclusions. Pour avoir une barbe propre, il faut un lavage en profondeur, long et méticuleux, or je me souviens que les barbus que j’ai croisés passaient un gant de toilette aussi rapidement que s’ils étaient rasés de prêt.

Mona plus envie d’être à poil avec un mec barbu. Qu’on se le dise !

Comment çà va Clémentine ? oh, au poil

Des chercheurs chinois viennent enfin d’expliquer que « l’hypertrichose[1] universelle congénitale terminale », dont souffrent certaines femmes est due à un dérèglement hormonal caractérisé par un développement anormalement important des poils sur le corps et une éventuelle déformation du visage et des gencives.

A notre époque où le moindre poil est traqué par les femmes, on peut parler de souffrance lorsque leur système pileux est fortement développé. Mais il y a un peu plus d’un siècle, une Vosgienne ne semble pas avoir de tels complexes.

Clémentine Delait tient le bistrot de Thaon-les-Vosges qu’elle a créé à la suite de son mariage avec le boulanger du lieu. Femme charpentée[2], elle est connue pour son verbe haut et son coup de poing destructeur. En 1900, elle se rend à la foire de Nancy et visite la baraque de la femme à barbe. Le lendemain, au bar, elle raconte sa déception. L’attraction n’est pas à la hauteur… la pilosité n’est pas assez abondante. En un mot, elle est déçue d’avoir dépensé 15 sous pour si peu. Les clients qui eux ont été ébahis par le phénomène, rigolent, blaguent sur le sujet jusqu’à ce que Clémentine stoppe toute conversation :

« Bande de c…, si je me laissais pousser la barbe, vous verriez ce que c’est qu’une vraie barbe. »

Là çà fait son effet. Les piliers de bar se taisent. L’un d’eux rompt le silence :

« Si t’as une barbe dans 15 jours, je te verse 15 louis. »
« Pari tenu, tope la »
« Tournée générale. »
Bien sûr, on avait remarqué que la patronne avait le menton plutôt noir, mais on ne savait pas que depuis des années, elle allait chaque matin chez le barbier qui avait su garder le secret.

Et bien entendu, le poil pousse et elle arbore une barbe si fournie que Charlemagne en aurait eu des complexes… Si le parieur ne versera jamais la somme prévue, sa vie va être  définitivement bouleversée. Le café est rebaptisé « le Café de la Femme à Barbe » et le chiffre d’affaires du commerce augmente fortement. Elle vend des cartes postales que les visiteurs s’arrachent. Le cirque Barnum  lui fait un pont d’or qu’elle refuse pour rester aux cotés de son mari malade. Une femme au poil, en un mot.

Pour le soigner, elle accepte de vendre son célèbre estaminet et déménage à Plombières où elle ouvre un magasin de… (Devinez quoi, je vous le mets Emile)… lingerie. Un magasin pour se mettre à poil ?

C’est après le décès de son boulanger, qu’elle accepte un contrat qui la fera voyager dans toute l’Europe et deviendra la Femme à Barbe.
Elle repose au petit cimetière de Thaon-les-Vosges et, à sa demande, est inscrit sur la pierre tombale :


Mona pas de poil du tout, et vous ?



[1] Du grec hyper, en excès, et thrix, poils
[2] 90 bons kilos sur la bascule

Chauve qui peut

Vous avez déjà eu l’occasion de faire connaissance de Nicolas Venette, médecin du XVIII° siècle qui a écrit tellement de choses sur l’Amour Conjugal. Aujourd’hui, je vais vous livrer un portrait de l’homme « bon pour la chose » (si vous voyez ce que je veux dire).

Si on le touche, on s’imagine mettre la main sur du feu. Sa peau est si rude et si sèche, que le poil qui la couvre presque partout, ne fait que l’adoucir un peu. Ses cheveux sont durs, noirs et frisés. Il n’a garde de les faire couper, sur ce qu’il a oui dire des Auvergnats, que pour avoir plus de bétail, ils ne coupaient jamais la laine de leur brebis, ni les crins de leurs chevaux, parce qu’ils ont remarqué par expérience, qu’il se fait par-là une dissipation d’esprits qui s’oppose à la lasciveté et à la génération. Sa barbe, qui est un figne de l’admirable puissance de faire des enfants, marque la force et la vigueur de sa complexion ; elle est épaisse, noire et dure. Ses parties naturelles sont comme ensevelies dans le poil.
Il est certain, selon que les naturalistes le remarquent, que les oiseaux qui ont le plus de plumes aiment le plus éperdument leurs femelles. Aussi les hommes qui ont le plus de poil sont les plus amoureux, leur humidité étant vaincue par l’excès d’une chaleur qui n’est pourtant pas capable de les rendre malades.
C’est cette même chaleur qui dessèche le cerveau et le crâne des hommes lascifs, et qui les fait promptement devenir chauves ; car comme ils manquent à la tête de vapeurs terrestres dont les cheveux sont produits, et que d’ailleurs les cheveux ne peuvent percer une peau dure et sèche, comme l’ont ceux qui sont d’un tempérament chaud et sec, on ne doit pas s’étonner s’ils deviennent chauves, et si cette chauveté s’augmente tous les jours par l’usage des femmes. C’est ce qui attira sur Jules César cette raillerie piquante que l’on publia à Rome, lorsqu’on l’y menait en triomphe : Romani, fervate uxores, machuum, calvum adducemus[1]. Ajoutez à cela que cet Empereur fut si amoureux et si lascif, qu’il changea quatre fois de femmes légitimes et qu’il dépucela Cléopâtre dont il eut Céfanon.

Mona remarqué que Lépicurien est barbu et chauve… alors gare !


[1] Ce qu’on traduire par : « Citoyens Romains, surveillez vos femmes, car nous ramenons le baiseur chauve »

Oh, la barbe

Dans un dictionnaire médical du XIX° siècle, on peut lire un article qui traite de la pogonologie[1].

BARBE, s. f., barba; ensemble des poils qui garnissent la lèvre supérieure, le dessous de la lèvre inférieure, le menton, les joues et la partie antérieure et supérieure du cou.

La barbe est l’attribut de la virilité chez l’homme. On observe un rapport constant entre son développement et celui tant des organes générateurs que des forces générales. C’est en cela qu’elle diffère des assemblages de poils auxquels l’analogie de situation a fait donner improprement le même nom chez les animaux. En effet, ceux d’entre ces derniers qui ont de la barbe l’offrent dans toutes les périodes de leur vie, et dans les deux sexes également.
La barbe de l’homme n’est d’abord composée que d’une espèce de duvet dont les poils s’épaississent et durcissent ensuite de jour en jour. Ces poils sont implantés à une plus grande profondeur que ceux des autres régions, ce qui fait qu’ils sont plus difficiles à arracher et que leur évulsion cause plus de douleur. Leur couleur varie singulièrement, comme celle des poils en général, à l’article desquels nous renvoyons pour de plus longs détails. Nous ajouterons seulement que la barbe commence à se développer à l’époque de la puberté, et qu’elle ne parait jamais chez les hommes qui ont été privés dans l’enfance des attributs de leur sexe. On la voit, au contraire, ombrager plus ou moins les joues de certaines femmes, qui ont passé l’âge critique, ou qui n’ont jamais été fécondes. D’ailleurs, on a remarqué qu’il y avait un certain rapport entre sa croissance et celle des cheveux, car les eunuques ont en général une chevelure fort longue, comme les femmes. Au reste, il est des nations entières, telles que les Groenlandais, les Esquimaux, les Patagons, les habitants de la Terre-de-Feu, qui n’ont point de barbe, ou qui n’ont que des poils très rares ; mais les voyageurs nous témoignent aussi que ces hommes sont peu courageux, et qu’ils abandonnent tous les travaux pénibles à leurs femmes. Ce n’est donc pas sans fondement que, chez tous les peuples et dans tous les pays, la barbe a été considérée comme un indice de la force et du courage qui la suit.

Mona pas de poil à son menton, et vous ?


[1] Science de la barbe