Hymen à tout

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Montaigne est un génie. Alors qu’à son époque, on tentait d’expliquer tout par intervention divine, maline ou magique, il affirme que des dérèglements peuvent être d’origine psychologique (même si cette science humaine n’existait pas), ce qui, en ce temps là, était révolutionnaire. Mais le problème, c’est que lire les essais dans le texte original, c’est aussi ardu que vouloir chasser un lion avec un tape-mouches. Le vieux françaois est une langue qu’il faut lire avec un dictionnaire à ses cotés, et encore !

Aussi, pour que vous puissiez vous intéresser à ces belles pages, j’ai décidé de vous traduire, expliquer et commenter une page des Essais. Ce lien vous amènera à la page originale. Etant donné la longueur du texte, je vous propose de diviser en deux articles.

Demain Mona vous rendra sa copie ; aujourd’hui, je vous raconte le mariage d’un ami de Montaigne.

Donc Michou se rend au mariage d’un de ses potes. La nana pour qui ce dernier se passa la corde au cou avait eu un Jules jaloux comme un pou et qui ne se voyait pas tenir la chandelle sans lui rendre la monnaie de sa pièce. L’entourage du bagousé lui fila le traczire à force de le bassiner avec des histoires de sorcellerie. Il raconta à Montaigne qu’il était certain que le type avait embauché une meuf à balai et qu’elle passait son temps à clouer des épingles sur une poupée de cire pour lui réformer sa braguette. Il risquait d’avoir son os à moelle aussi flasque qu’une chique mexicaine. A cette époque, on parlait de « Nouer l’aiguillette». C’était une opération de sorcellerie qui prétendait rendre quelqu’un impuissant. Joli mot, vous en conviendrez, mais pas chouette quand même !
Et bien entendu ce qui devait arriver arriva. Le mec essaya d’entreprendre sa punaise de pageot et sa couleuvre resta aussi grosse et dure qu’un asticot vautré dans un camembert coulant.

Heureusement, à cette époque, au milieu de la nuit de noce, on amenait aux jeunes mariés un réveillon. En effet, pensant qu’ils avaient besoin d’un remontant pour continuer leur parties de galipettes, on leur donnait un petit en-cas et un verre de vin chaud fortement épicé. Le sang bleu profite de l’intermède pour glisser à l’oreille de Montaigne qu’en fait de feu d’artifesse, il n’a toujours pas réussi à allumer sa mèche.

L’essayiste lui dit d’essayer (logique, non ?) sa robe de chambre et lui tendit un plat en or sur lequel il y avait des signes astrologiques. Puis il lui remit un ruban qu’on passait autour du cou quand on avait une casquette de plomb. Le mode d’emploi était le suivant : au cagoinces en robe de chambre, changer l’eau des poissons et se serrer les rognons avec le ruban en posant le plateau devant soi puis lâcher une incantation trois fois de suite (dont Montaigne n’a pas laissé le texte. Dommage mes petits bouchons). Puis retour vers la chambrée, jeter la robe de chambre sur le pucier de façon à ce qu’elle recouvre les deux tourtereaux. Garder le ruban autour des valseuses et rejoindre maman dans le pieu et lui jouer la flute enchantée en deux actes avec la baguette aussi ferme que celle de Karajan conduisant la Cinquième de Bitoven.

Le lendemain matin, le Comte retrouva Montaigne. Il avait les traits tirés (comme une jeune mariée) ; on lisait sur son faciès une extrême fatigue. Il raconta qu’il avait retrouvé son porte-manteau dressé au dessus du ruban. Il rendit visite sans interruption à la penderie de Madame et lui fit un véritable festival de joyeuses. Certes, ce matin, il ne tenait plus debout mais la Comtesse, elle ne pouvait plus s’asseoir. Ah quelle nuit, ah quel pied ! Merci Michou.

Et Montaigne tire (encore ?) la conclusion de cette brusque métamorphose du service trois pièces de Monsieur :
Ces tours de singe accomplissent tout l’effet, notre imagination étant séduite au point de croire que ces étranges moyens procèdent nécessairement d’une science abstruse, c’est leur inanité même qui leur confère poids et considération.

Bon Mona, rendons Hommage à Montaigne qui fut Maire de Bordeaux. Je débouche un Saint-Emilion 2007 : Château L’Apolline. Comme dirait l’autre, il y a du vin.  

2 pensées sur “Hymen à tout”

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