Peau… lissons

mona-bragadin

Marc-Antoine Bragadin fut gouverneur de Famagouste (Chypre) dans les années 1570. Cette cité était sous la domination de la Sérénissime. La ville fut assiégée par les Turcs. Durant un an, le gouverneur résista et on prétend même qu’il envoya ad patres plus de 80.000 Infidèles. Mais n’ayant pas reçu de renforts de Venise, il dut capituler.  Il négocia la rémission de la ville avec Mustapha, Général de l’armée des Turcs. Après accord, les clés de la ville furent remises à ce dernier par Laurent Tiepoli, respectable Magistrat.
Mais Mustapha ne respecta pas les clauses et, à peine rentré dans la ville, il fit prisonnier Bragadin, Astor Baglioni qui commandait la garnison de Famagouste ainsi que les officiers. Immédiatement sous les yeux du gouverneur, ces soldats furent exécutés. Quant à lui, on lui réserva un supplice plus dur. Tout d’abord, on lui fit poser sa tête sur le billot et par trois fois, le bourreau leva l’épée et mima la décapitation. Puis, on lui coupa le nez et les oreilles. L’histoire ne dit pas si le pauvre bougre avait des lunettes. Il faut espérer que non, car il aurait du mal à les mettre…Oui, je sais, vous vous dîtes, il a osé. Mais cette blague digne des carambar a pour vocation de détendre vos zygomatiques alors que le récit devient de plus en plus lugubre, funeste, macabre, sombre, glauque. Mais après ce moment de détente bien mérité, revenons à notre héros avec son pif et ses esgourdes raccourcies et sanguinolentes. C’est surement à ce moment qu’il lâcha cette phrase en pensant à son blair et ses étiquettes fortement rognés : Ecoute mec, je me sens pas bien… ce qui fit bien rire ses tortionnaires. 

On le laissa croupir dans une geôle durant une dizaine de jours pour qu’il marine bien dans son raisiné. Après quoi, il fut ramené auprès du général Turc. On le mit à travailler aux réparations de fortifications en lui faisant porter des charges pesantes. Pour compliquer sa tâche, il devait baiser la terre à chaque fois qu’il passait devant l’officier Ottoman. Et enfin, on le dépeça à vif par petites touches. Bragadin rendit l’âme au moment où on s’attaquait au bas de sa ceinture… Savoir qu’on allait mettre à jour ses bijoux de famille, ça l’a chamboulé ; il a préféré recracher immédiatement son bulletin de naissance plutôt que de voir ses rognons prêts à être cuisinés en sauce Madère. Les bourreaux finirent de le dépieuter.

Sa peau fut envoyée à Constantinople comme trophée. Des Vénitiens la volèrent et la ramenèrent dans la Cité des Doges. Elle repose encore de nos jours dans l’Eglise Santi Giovanni e Paolo.

Ma chère Mona, que diriez-vous de boire un pot, si j’ose dire ! Je vous propose un Saint-Emilion Grand Cru : Château Tauzinat l’Hermitage 2008. Un grand vin qui donnera du plaisir à table… Qu’on se le dise !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *