Coin, coin

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Mona a testé les Tuileries. Dur, dur !

Sauf pour les constipés chroniques qui fréquentent assidument les thermes de Châtel-Guyon, vider ses tripes quotidiennement est d’une grande facilité. Il suffit de se poser sur son trône, de lire pendant que les étrons plouffent dans l’eau et de tirer la chasse.

Mais durant des siècles, nos ancêtres n’ont pas connu tel confort et même les grands de ce monde devaient déféquer dans des conditions peu confortables et leur pudeur pouvait être mise à mal. Il suffit d’évoquer la Palatine pour que les odeurs du passé remontent jusqu’à nous.

Ames sensibles, passez votre chemin. Nos aïeux parlaient de ces choses sans détour. Je vous propose deux extraits de textes anciens

Oh ! Qu’il est beau de voir le long d’une muraille
Un régiment d’étrons en ordre de bataille !
Les plus gros à nos yeux semblent des généraux,
On y voit des sergents, soldats et caporaux ;
Les uns en vrais troupiers fument d’un air capable,
D’autres se plaisant mieux au plaisir de la table
Sont plongés jusqu’au cou dans un liquide impur ;
Celui-ci déjà saoul s’étend contre le mur ;
Celui-là, tout couvert d’une barbe velue,
Ainsi qu’un vieux sapeur se montre à votre vue ;
Et ce jeune conscrit, timide et gelé,
Qui tremble d’être un jour par un chien avalé ;
Et ce beau grenadier dont s’honore l’armée !
Et ce tambour-major entouré de fumée !!!

Pour ceux qui auraient encore envie de poursuivre cette  lecture, voici le lien du texte intégral de Physiologie Inodore Illustrée. Pour ma part, je n’ai retenu qu’un échantillon acceptable pour notre civilisation aseptisée.

L’autre extrait est tiré d’un livre que nos plus fidèles lecteurs connaissent déjà bien. Le Tableau de Paris de Louis Sébastien Mercier est une mine pour les amateurs d’histoire du XVIII° siècle. Il évoque ici les premières latrines payantes installées dans Paris.

Autrefois le jardin des Tuileries, le palais de nos rois, était un rendez-vous général. Tous les chieurs se rangeaient sous une haie d’ifs, et là ils soulageaient leurs besoins. II y a des gens qui mettent de la volupté à faire cette sécrétion en plein air : les terrasses des Tuileries étaient inabordables par l’infection qui s’en exhalait. M. le comte d’Angiviller, en faisant arracher ces ifs, a dépaysé les chieurs qui venaient de loin tout exprès. On a établi des latrines publiques, où chaque particulier satisfait son besoin pour la pièce de deux sols ; mais si vous vous trouvez au faubourg Saint-Germain, et que vos viscères soient relâchés, aurez-vous le temps d’aller trouver l’entrepreneur ? L’un se précipite dans une allée sombre, et se sauve ensuite ; l’autre est obligé, au coin d’une borne, d’offenser la pudeur publique ; tel autre se sert d’un fiacre ou d’une vinaigrette ; il transforme le siège de la voiture en siège d’aisance: ceux qui se sentent encore des jambes, courent à demi-courbés au bord de la rivière.

Instructif, n’est-il point ma Chère Mona ! Bien que les effluves dont est chargé cet article pourraient perturber notre dégustation, je vous invite à bien rincer nos deux verres. J’y verse un vin d’Arbois. Honneur au Savagnin élevé sous voile ! Le Domaine de la Tournelle nous offre un joli 2005. Des notes d’oxydation le réservent invitent à une cuisine orientale.

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