Glaces : mets des riches ?

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Mais que font les glaciers français ? Alors que l’on peut se délecter d’une glace à deux boules (bien sûr !) au viagra depuis 2010 à Londres et en Italie, chez nous, à ma connaissance aucun glacier ne s’est lancé dans l’aventure. Sera-ce pour cet été ?

Bien entendu, le cornet n’est pas à portée de toutes les bourses (si j’ose dire) pour deux raisons : le prix est élevé (15€ la boule) et sa vente est interdite aux moins de 18 ans. Certes, il faut bien reconnaître que ce ne sont pas nécessairement les plus jeunes qui ont besoin de stimuler un instrument flagada. Mais alors est-ce que sucer ses boules sur la plage peut vous donner envie de rentrer vite fait à l’hôtel pour entreprendre l’escalade de Bobonne par la face nord ? Peut-on dire qu’il s’agit d’un philtre d’amour glacé ? En fait, cette crème glacée n’a de Viagra que la couleur. En effet aucune particule même minuscule de la pilule bleue des laboratoires Pfizer dans ce dessert. Mais on y trouve quand même pas mal de substances connues pour leurs qualités aphrodisiaques : du ginko bilboa, extrait d’un arbre aux vertus vasodilatatrices qui assure une certaine raideur dans l’entre-jambes, transformant votre boudin blanc ramolli en matraque de CRS . Ajoutez une pointe d’arginine pour faire affluer un bon litre de raisiné vers Popaul, du guarana, cette liane amazonienne qui donne un bon coup de fouet pendant que Maman enfile sa gaine en cuir et enfin un soupçon d’absinthe, la fée verte, qui, comme tous les alcools a le pouvoir de faire sauter toutes les barrières de la pudeur et celui de transformer une Marie-Jeanne collet monté en super-dévergondée. Donc Popaul, après vous avoir vu ingurgiter votre glace d’amour, il est prêt pour une représentation dont votre bourgeoise conservera un souvenir attendri en versant une larme les soirs de disette, rien qu’en se remémorant votre performance digne des plus grands numéros du Cirque d’Hiver.

Mona pas besoin de glace pour être chaude

Toujours absinthe de nos bars ? Pas pour longtemps

La Fée Verte est de retour

Dans les pages saumon du Figaro du 14 août, fut édité un court article annonçant qu’à dater de 2011, la production d’absinthe « à l’ancienne » sera autorisée en France. Bien entendu, ce n’est plus stratégique pour le groupe Pernod-Ricard. La consommation mondiale n’est que de 2,7 millions par an… alors qu’en 1900, en France uniquement, on en buvait 36 millions de litres.

Mais, symboliquement, c’est important. En effet, accusée de tous les maux, la Fée Verte a été interdite en 1915.

Baudelaire, Verlaine, Modigliani, Toulouse-Lautrec, Van Gogh … en avaient fait leur muse. Et Dieu sait qu’ils en avaient de l’inspiration, les bougres.

Mais, dès le début du 20e siècle, l’absinthe devint le symbole de l’alcoolisme. Une campagne, relayée par les producteurs de vins qui voyaient là l’occasion d’éliminer un gros concurrent, est lancée. Les  ligues antialcooliques présentent l’absinthe comme l’origine de tous les problèmes : hausse de la criminalité, de la tuberculose, de la violence conjugale, de l’aliénation et baisse de la natalité…

Pour arriver à leur fin, les autorités emploient un argument massue : l’absinthe contient à haute dose une molécule[1] qui peut rendre aveugle ou fou et qui augmente le risque de tuberculose. Et puis, on inocula de fortes potions à base d’absinthe à de pauvres bêtes qui tombèrent foudroyées[2]. N’en jetez plus.

Ainsi, les soldats de la Grande Guerre ne boiront plus de verte, ils boiront du rouge… La France est sauvée.

Mais saviez-vous que depuis 1988, la production et la vente est autorisée sous le nom de spiritueux aux plantes d’absinthes. Simplement, la fenchone[3] et la pino-camphone[4] seront autorisées en France dès l’année prochaine.

Ceci va permettre à nos producteurs d’être à égalité avec les distillateurs étrangers.

Mais le plus sympa, c’est qu’un nombre d’objets plus présents dans les musées que dans les bars pourraient revivre : verres, carafes, cuillers et brouille-absinthe.

Et comme toujours, bue avec modération, la Fée Verte est un élément de notre patrimoine qui doit retrouver une place qu’elle n’aurait jamais due perdre.

N’ayant pas d’absinthe sous la main, exceptionnellement, ma Chère Mona, nous ne boirons pas. Ce n’est que partie remise. Allez donc laver les verres. En attendant, regardez donc la cérémonie de l’absinthe :



[1] La thuyone : les scientifiques du XIXe siècle en avaient trouvé 260 mg/l. Récemment, des analyses ont démontré qu’il n’y en avait que 20 mg… Tout le monde peut se tromper.

[2] Un député qui était contre le texte dit à la tribune de l’assemblée : « que des chiens meurent après avoir absorbé de l’absinthe ne démontre qu’une chose : l’absinthe, c’est pas fait pour les chiens ».

[3] Molécule issue du fenouil

[4] Issue de la macération de l’hysope qui donne la fameuse couleur verte à l’élixir