La couche d’Ausone

Avec son toit d’ardoises au milieu d’un paysage de demeures tuilées, le Château Ausone se distingue dès que l’on arrive à Saint-Emilion. Ce 1er grand cru classé est fort recherché des amateurs.

Il porte le nom d’un poète né à Bordeaux, ou en tous cas dans la région, en l’an 310 après Jésus-Christ. Il quitta l’Aquitaine pour devenir le précepteur du futur Empereur Gratien avant de devenir son conseiller. A la mort de ce dernier, il revint sur ses terres et fut fier de son vignoble vraisemblablement situé près de La Réole. Dans ses écrits, le vin est toujours présenté comme source d’inspiration et comme le père de la rhétorique.

Autant dire que de nos jours, il subirait les attaques des ligues et des lobbies antialcooliques.

Bien qu’ayant laissé une œuvre abondante, il écrivait : « Je suis plus fier de mon vignoble bordelais que de mon œuvre littéraire. »

Ayant eu une longue vie (mort à 85 ans), il aimait dire :  » Je cherche avant tout un vin généreux qui chasse mes soucis, soutienne mes brillantes espérances, et qui, en se répandant dans mes veines, échauffe mon âme et me rende la vigueur de la jeunesse. »

Ma Chère Mona, c’est beau ce qu’il dit le Gallo-Romain ! Buvons un coup, mais au prix du Château Ausone, je ne trouve pas raisonnable d’en craquer une bouteille. Je vous propose un vin d’un des plus vieux vignobles de France : Gaillac. Le domaine de Labarthe y produit un rouge à partir du cépage Prunelart (2009) qui envoute par un fruit généreux et un magnifique équilibre en bouche. Chapeau l’artiste !

4 x 3 = huîtres

Bien que connues et appréciées du monde gallo-romain (Ausone vante celles récoltées en Médoc), ce n’est qu’au Moyen-Âge que le véritable engouement se produit.

Au XVII° et XVIII° siècle, l’huître est omniprésente sur les tables. On lui prête mille vertus thérapeutiques, on la prescrit au moindre rhume !
La commercialisation se fait sous deux formes : celle apportée par bateau-coche est vendue dans sa coquille ; l’autre dite de « chasse » dévolue au petit peuple, arrive chaque matin débarrassée de sa coquille dans les paniers de « chasse-marées ».
4 000 marchands déambulent dans Paris avec leur charrette. On la consomme souvent cuite et trois ou quatre douzaines par personne sont un minimum ! Nous connaissons tous l’anecdote de Vatel et de la marée qui, bien que transportée à un train d’enfer, n’arrive pas à l’heure.

Je dois vous avouer que j’aime les huîtres, mais j’ai toujours eu du mal à les ouvrir. Malgré les trucs, les outils plus ou moins sophistiqués, je me bats parfois longtemps avec la bête. Mes doigts en gardent des souvenirs indélébiles. Mais enfin çà y est, j’ai trouvé un truc. Je mets les huîtres près de la télé ou d’un lecteur MP3 et je leur mets des chansons de Carla, très vite, elles baillent et là, crac, je les ouvre.

Reste un problème à soulever. Les huîtres sont-elles aphrodisiaques ?

« En amour, vous le savez, les crustacés sont vos alliés », proclamait Brillat-Savarin. Casannova débutait ses repas avec 12 douzaines d’huîtres, on en servait beaucoup lors des repas fins du Régent…
Pourtant, rien n’est démontré, mais on sait que l’huître est riche en zinc indispensable à la synthèse de l’hormone mâle : la testostérone. Historiquement, le pouvoir aphrodisiaque du mollusque fut mis en avant chez les Grecs, lorsqu’Aphrodite, déesse de l’amour, émergea de l’océan au dos d’une huître et donna naissance à Eros.

Actuellement, surfant sur le succès de la pilule bleue, un Australien cherche à commercialiser des huîtres nourries partiellement au viagra… et assure un résultat étonnant.

Mona pas besoin d’huîtres pour vous aimer, et vous ?