Tranchons dans le vif

homard-liberteSur les cartes de restaurant, fleurissent deux écoles : homard à l’américaine ou homard à l’armoricaine.  Alors qui a raison ? Au risque de me fâcher avec tous les Bretons, je penche pour la réponse américaine. Non point que ce soit un mangeur  de « hamburgé » qui ait mis au point cette recette ; ouf, l’honneur national est sauf !

En fait, comme souvent, le nom du plat est dû à un chef : Pierre Fraisse, originaire de Sète, avait dirigé un restaurant à Chicago. Revenu en France, il ouvre un restaurant du nom de « Peter’s ». Un soir de 1867, des clients américains voulaient quelque chose d’original.  Fraisse mêle homard, tomates, ail, échalotes, piment à l’huile d’olive et flambe au cognac. C’est un triomphe. Mais le plat n’est pas à la carte. Les mangeurs veulent connaitre le nom de cette merveille. Pour flatter ces clients, Fraisse lance : « c’est un Homard à l’américaine !! ».

Cette recette avait déjà été présentée à Napoléon III sept ans plus tôt, surement pour flatter l’Impératrice qui, d’origine espagnole, raffolait des plats à base de tomate. Du palais des Tuileries, la recette est passée dans un restaurant de la rue de l’Échelle, Le Bonnefoy. Il faut dire que le duc de Morny, demi-frère de l’Empereur, en a fait sa cantine. Et c’est sous le nom de « Homard Bonnefoy » que d’autres restaurateurs reprirent la recette.

Par contre, rien n’égale en qualité, le homard breton. Bon ben voilà, j’arrive à réconcilier tout le monde : « alors un homard armoricain à l’américaine s’il vous plait… »

Mona pas envie de se fâcher avec vous…