Allons en fans de la patrie

Au XIX° siècle, des écrits assez nationalistes ont été publiés en France. Deux siècles plus tard, ces mots ont vieillis et prêtent même à sourire.

De tous les dons précieux que le Ciel fit à la France, un seul, le plus précieux, lui est resté, la femme blonde, une création ravissante dont le suprême ordonnateur des choses a doté les pâles contrées du Nord, pour les dédommager de l’absence du soleil. Je ne médis pas la femme brune, mais elle est de tous les climats. Je sais que l’égoïsme du temps n’a pas encore faussé la divine nature de la femme de France ; qu’elle seule parmi nous n’a pas sacrifié au veau d’or, qu’elle seule consacre encore au culte de la passion vraie les autels privilégiés de son cœur, et qu’elle garde fidèlement son âme pour le poète et l’artiste, quand la tyrannie paternelle livre son corps au banquier ou à l’homme de loi. C’en est assez pour sauver le monde,

Si ailleurs, en effet, les dons les plus aimés du Ciel, la femme blonde et le vin, ont le défaut d’amortir l’intelligence de l’homme et d’enfumer sa pensée, la femme et le vin de France ont, au contraire, le privilège de donner de l’esprit aux bêtes et de galvaniser l’inertie. Il y a un siècle que la société européenne serait morte du spleen britannique, si l’esprit français n’avait pas été là pour préserver les nations de l’influence désastreuse du constitutionalisme et pour relever les courages abattus…l’esprit français, adorable gaieté du bon sens aromisée d’expansion fraternelle par le bouquet du Chambertin[1], nuancée de délicatesse et de pudeur par le reflet de la chevalerie. Si l’esprit français a conquis le monde, c’est qu’il a traduit de tout temps l’influence de la femme, c’est que la femme n’a jamais cessé de régner parmi nous. La courtoisie, la galanterie, la loyauté, le mépris du commerce, qui furent jusqu’à l’invasion des idées anglaises, les traits distinctifs du caractère français, n’étaient que des rayonnements glorieux de la royauté féminine. L’urbanité du langage, autre conquête de la femme, n’est que l’expression de la charité du cœur. Pourquoi toutes les victimes de l’oppression tournent-elles leurs regards vers la France? Parce que c’est le seul pays où la femme ait conservé quelque empire et que la femme est toujours du côté des victimes ; parce que l’oppression ne peut pas durer là où la femme règne, quand même elle n’y gouvernerait pas.
L’Esprit des Bêtes d’Alphonse Toussenel

Mona pas les cheveux blonds. Tant pis pour vous ?


[1] Vin de Bourgogne ; Grand Cru de la Côte de Nuits, sur la commune de Gevrey-Chambertin

Stel-lement loin

afr_kconstantia99 copieSimon Van der Stel (1639-1712) est gouverneur de la province du Cap. Cet érudit qui a beaucoup bourlingué s’ennuie. Il a sous sa coupe 400 Burghers [1] qui meublent la campagne plus qu’ils ne l’occupent. La vie culturelle des Bataves se partage entre les sermons du Pasteur et les beuveries à la bière.

La révocation de l’Edit de Nantes (1685) provoque, à Amsterdam, un afflux d’intellectuels français dont la Hollande n’a que faire !

On expédie 200 de ces Huguenots dans l’autre hémisphère. Ils sont majoritairement languedociens. Parmi eux, les deux frères du Toit et les trois frères de Villiers. Pour tout viatique, ils n’ont qu’une lettre de recommandation de la toute puissante compagnie néerlandaise des Indes Orientales et … quelques fagots de sarments.

Van der Stel, fort intéressé par le vin, les accueille à bras ouverts : ces gens là sont de son monde. Il les installe à Paarl et finance leurs premières plantations. Après une longue période de défiance, les Burghers les accepteront. Les Français transmettent le savoir-faire viticole à leurs compagnons d’immigration et à leurs enfants. Ces parias ont parfois la nostalgie de leur ingrate Patrie; nombre de crus d’Afrique du Sud portent des noms qui sentent bon la France . . . notamment dans la vallée de Franschhoek : La Brie, Cabrière, Haute-Provence, Chamonix.

Les Hollandais qui furent les premiers colons rendirent hommage à Simon van der Stel en donnant son nom à une importante ville vinicole : Stellenbosch.

Mona, je vous propose un grand moment. Nous allons boire un vin qui régalait déjà les Rois et les Empereurs au XVIII et XIX° siècle. Napoléon, s’il a beaucoup aimé le Chambertin (Bourgogne), a emmené des bouteilles de « vin de Constance » lors de son exil. Allez Mona, sortez deux verres et je sers le Klein Constantia. Vive l’ampleur…


[1] Les burghers (citoyens), passeront à la postérité sous le nom de Boers, le mot boer désignant un paysan en néerlandais.