La suite : çà tombe bien…

Je vous ai laissé vendredi dernier au milieu du cimetière du Père Lachaise… Je vous avais promis de vous en dire plus sur les tombeaux des auteurs Français les plus connus.

« Il est plus que douteux que nous ayons les ossements de Molière, et il est certain que nous n’avons pas ceux de La Fontaine. Le monument qui est au cimetière du Père La Chaise est donc un cénotaphe[1] consacré à ces deux hommes illustres; mais ce n’est pas un tombeau… » écrit Charles Athanase, baron Walckenaer, dans sa biographie de Jean de Lafontaine qui lâche une vraie bombe.

Alors que sait-on ?

Le 17 février 1673, Molière rend l’âme quelques heures après sa dernière représentation du Malade Imaginaire. Bien qu’en qualité d’acteur, il n’a pas droit d’être enterré en « terre sainte », sur ordre de Louis XIV, l’archevêque de Paris écrit :

« Nous avons permis au sieur curé de Saint Eustache de donner la sépulture ecclésiastique au corps du défunt Molière dans le cimetière de la paroisse, à condition néanmoins que ce sera sans aucune pompe et avec deux prêtres seulement et hors des heures du jour et qu’il ne se fera aucun service solennel pour lui, ni dans la dite paroisse, ni ailleurs« .

Quatre jours plus tard, c’est de nuit que la dépouille est enterrée au cimetière Saint-Joseph.

Le 13 avril 1695, Lafontaine s’éteint. Il est porté en terre au cimetière des Saints-Innocents.

En 1792, une section armée prend le nom de Molière et de La Fontaine. On veut rendre hommage aux grands hommes. On entreprend d’exhumer leurs corps. On commença par Molière, mais il n’existait aucune repère qui indiquât où était son corps. On trouve un corps, qui parait aux témoins avoir été enterré dans un cercueil, lequel corps leur parait être le corps de Molière, et voilà l’exhumation faite…

Quant à La Fontaine, l’extrait mortuaire, que l’on avait sous les yeux, rendait la chose plus embarrassante; mais on vivait alors dans un temps où rien n’embarrassait : en conséquence, on déclare dans ce procès-verbal, que ces mots, Saints-Innocents, qui se trouvent dans l’acte de décès, sont une erreur et que le fabuliste a été enterré à Saint-Joseph. Malgré les doutes, on collecte des os qu’on lui attribue.

Aussi, les cercueils inhumés au Père Lachaise ne contiennent pas les os de Lafontaine et vraisemblablement pas ceux de Molière…

Bon, Mona, c’est pas tout çà, faut boire un coup : Château-Thierry est le lieu de naissance de Lafontaine. Pour arroser çà, un Champagne s’impose : le Ruinart blanc de blancs est tout en délicatesse et finesse… En un mot, vos qualités, ma chère Mona.


[1] Monument élevé à la mémoire d’une personne dont la forme rappelle celle d’un tombeau, bien qu’il ne contienne pas son corps.