Un Point, c’est tout

Mona aurait aimé appartenir à cette brigade auprès de Mr et Mme Point

Fernand Point est un chef qui a laissé son nom dans l’histoire de la gastronomie française.  Dès 1933, trois étoiles ont été accordées par Michelin à son restaurant « La Pyramide« . Pour mémoire, c’est en 1931 que fut créée la hiérarchisation par les  étoiles (de une à trois) du fameux guide rouge.

Un critique américain qui avait fréquenté assidument le restaurant de Vienne, écrivait :

« Chaque repas fut un événement mémorable, l’un de ces moments rares où vous savez que tout est pour le mieux. Fernand Point est incontestablement le plus grand chef de la terre. Sa perfection, comme la perfection de Toscanini est un mélange de pensée pure et de dur labeur, avec un trait de génie. »

Et Fernand Point ne manquait pas d’humour. Connu pour son fort tour de taille (plus de 160 kg à la pesée), il donnait ce conseil :

« Pour bien choisir un restaurant, allez dans la cuisine pour serrer la main du chef. S’il est maigre, réfléchissez à deux fois avant de manger chez lui. S’il est maigre et triste, fuyez. »

Gourmand et amateur de bonnes choses, il fut surnommé « Magnum ». Il faut dire que, chaque jour, il en buvait un en provenance de Champagne.

Il y a 56 ans, disparaissait à l’âge de cinquante-huit ans, celui qui forma tant de chefs auréolés de  trois macarons au Michelin (Bocuse, Troigros, Savoy…).

Ma chère Mona, sortez donc les flutes, et levons nos verres à Fernand Point. Le blanc de blanc de Ruinart sera un hommage à ce génie des fourneaux. A la tienne Fernand !

La suite : çà tombe bien…

Je vous ai laissé vendredi dernier au milieu du cimetière du Père Lachaise… Je vous avais promis de vous en dire plus sur les tombeaux des auteurs Français les plus connus.

« Il est plus que douteux que nous ayons les ossements de Molière, et il est certain que nous n’avons pas ceux de La Fontaine. Le monument qui est au cimetière du Père La Chaise est donc un cénotaphe[1] consacré à ces deux hommes illustres; mais ce n’est pas un tombeau… » écrit Charles Athanase, baron Walckenaer, dans sa biographie de Jean de Lafontaine qui lâche une vraie bombe.

Alors que sait-on ?

Le 17 février 1673, Molière rend l’âme quelques heures après sa dernière représentation du Malade Imaginaire. Bien qu’en qualité d’acteur, il n’a pas droit d’être enterré en « terre sainte », sur ordre de Louis XIV, l’archevêque de Paris écrit :

« Nous avons permis au sieur curé de Saint Eustache de donner la sépulture ecclésiastique au corps du défunt Molière dans le cimetière de la paroisse, à condition néanmoins que ce sera sans aucune pompe et avec deux prêtres seulement et hors des heures du jour et qu’il ne se fera aucun service solennel pour lui, ni dans la dite paroisse, ni ailleurs« .

Quatre jours plus tard, c’est de nuit que la dépouille est enterrée au cimetière Saint-Joseph.

Le 13 avril 1695, Lafontaine s’éteint. Il est porté en terre au cimetière des Saints-Innocents.

En 1792, une section armée prend le nom de Molière et de La Fontaine. On veut rendre hommage aux grands hommes. On entreprend d’exhumer leurs corps. On commença par Molière, mais il n’existait aucune repère qui indiquât où était son corps. On trouve un corps, qui parait aux témoins avoir été enterré dans un cercueil, lequel corps leur parait être le corps de Molière, et voilà l’exhumation faite…

Quant à La Fontaine, l’extrait mortuaire, que l’on avait sous les yeux, rendait la chose plus embarrassante; mais on vivait alors dans un temps où rien n’embarrassait : en conséquence, on déclare dans ce procès-verbal, que ces mots, Saints-Innocents, qui se trouvent dans l’acte de décès, sont une erreur et que le fabuliste a été enterré à Saint-Joseph. Malgré les doutes, on collecte des os qu’on lui attribue.

Aussi, les cercueils inhumés au Père Lachaise ne contiennent pas les os de Lafontaine et vraisemblablement pas ceux de Molière…

Bon, Mona, c’est pas tout çà, faut boire un coup : Château-Thierry est le lieu de naissance de Lafontaine. Pour arroser çà, un Champagne s’impose : le Ruinart blanc de blancs est tout en délicatesse et finesse… En un mot, vos qualités, ma chère Mona.


[1] Monument élevé à la mémoire d’une personne dont la forme rappelle celle d’un tombeau, bien qu’il ne contienne pas son corps.

Faut pas placenta avec çà

Louis XVI et Marie-Antoinette se marièrent le 16 mai 1770. Ils étaient respectivement âgés de 16 et 14 ans. Bien que le Roi soit un colosse (il mesurait 1,93 m), il dut attendre plus de sept années avant de consommer le mariage. En effet, il souffrait d’un phimosis qui l’empêchait d’accomplir son devoir conjugal au grand dam des Cours de France et d’Autriche.

Enfin, le 11 décembre 1778, la Reine sentit les premières douleurs. La famille royale, les princes du sang et les grandes charges passèrent la nuit dans les pièces proches de la chambre de la reine. Madame[1], fille du roi, vint au monde avant midi le 19 décembre. L’usage de laisser entrer indistinctement toute personne qui se présentait au moment de l’accouchement des reines fut observé avec une telle exagération, qu’à l’instant où l’accoucheur Vermond dit à haute voix : « La Reine va accoucher« , les flots de curieux qui se précipitèrent dans la chambre furent si nombreux que la reine fut incommodée. Le roi avait eu, dans la nuit, la précaution de faire attacher avec des cordes les immenses paravents de tapisserie qui environnaient le lit de sa majesté : sans cette précaution ils auraient à coup sûr été renversés sur elle. Il ne fut plus possible de remuer dans la chambre : elle se trouva remplie d’une foule si mélangée, qu’on pouvait se croire dans une place publique. Deux savoyards montèrent sur des meubles pour voir plus à leur aise la reine placée en face de la cheminée, sur un lit dressé pour le moment de ses couches.

Le bruit, la déception d’avoir une fille[2] ou une faute de l’accoucheur eurent de graves conséquences sur la jeune mère. Elle se pâma ; l’accoucheur cria : « De l’air, de l’eau chaude!  Il faut une saignée au pied! » Les fenêtres avaient été calfeutrées ; c’est le Roi, lui-même qui les ouvrit précipitamment alors qu’elles étaient d’une très grande hauteur et collées avec des bandes de papier pour protéger les appartements du froid.
Le bassin d’eau chaude n’arrivant pas assez vite, l’accoucheur dit au premier chirurgien de la Reine de piquer à sec; il le fit, le sang jaillit avec force, la reine ouvrit les yeux. On avait emporté à travers la foule la princesse de Lamballe sans connaissance.
Les valets de chambre durent évacuer sans ménagement les curieux indiscrets qui, profitant du spectacle, n’étaient pas pressés de sortir de la chambre.

Le Roi décida sur le champ d’abolir l’usage de l’accouchement en public. Les princes et les ministres suffiront pour attester la légitimité d’un prince héréditaire.

La chambre dégagée, la Reine retrouva ses esprits et fut replacée dans son lit. Ouf !

Mais, ma petite Mona, vous tremblez ; vous avez eu peur ? C’est fini, la Reine va bien ; allez on va faire péter une roteuse pour célébrer le premier enfant du Roi : le blanc de blanc de Ruinart est d’une rare élégance.


[1] Ou Madame Royale, prénommée Marie-Thérèse Charlotte
[2] La Reine connut le sexe de l’enfant grâce à un signe convenu avec la princesse de Lamballe