Ça… mes cœurs

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Sam Daiprime semble abattu dans les lignes qu’il m’a adressées. Sa femme vient de lui annoncer tout cru qu’à dater de ce jour et de cette nuit, elle ne l’autoriserait plus à envoyer son petit gladiateur dans sa fosse aux ours. En un mot, ce pauvre Sam n’avait plus qu’à se la rouler et à se la mettre sur l’oreille. Le malheureux se voyait comme dans un cauchemar passer ses nuits sur la béquille. Mais Maman était inébranlable (si j’ose dire), elle considérait que Sam ayant fêté son 50ème anniversaire, il était dans la tranche d’âge la plus affectée par les accidents cardiaques. Emma Daiprime affirmait que la gymnastique nocturne pouvait être fatale au palpitant de son mari. Ne se voyant pas si tôt toute vêtue de noir, elle était sure que fermer à double tour sa tirelire, c’était pour le bien-être de son husband (si j’ose dire).

Ma chère Emma, c’est une femme qui vous parle. Moi Mona, je dois vous dire que dans mon plumard, j’ai en eu des gonzes de tout âge. Alors vous pouvez me faire confiance, j’en connais un rayon sur les cinquantenaires. Et je vous le dis : vous faîtes erreur. D’ailleurs, les cardio sont unanimes. La culbute sur matelas est plutôt bonne pour la santé du cœur. Selon certains toubibs cette activité protégerait le muscle cardiaque. En effet, les allers et retours sont une très bonne activité physique. Chaque galipette, c’est l’équivalent de 20 mn de jogging. De plus, dans notre société stressante, une bonne crampette rend plus zen. Pour bien dormir, pour oublier ses soucis, une bonne partie de jambes en l’air, il n’y a rien de tel. Alors pour que votre Sam conserve la forme, ouvrez régulièrement votre cage d’amour à son petit oiseau.

Allez mes petits chats, je vous embrasse. 

Mona un cœur de jeune fille. 

Mona, ne prenez pas le pouls de ce bêcheur

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Vous vous rappelez du Président Félix Faure mort en épectase. Quelle belle mort évoquée dans ces lignes ! Il semble que pour honorer comme il convenait sa maîtresse, l’hôte de l’Elysée ait abusé d’aphrodisiaques réputés dangereux, ce qui lui fut fatal.

Mais beaucoup d’entre nous se posent la question : la gymnastique sur matelas est-elle bonne pour le cœur ? Autrement dit est-ce que la pratique du zizi-panpan profite ou nuit  à notre système cardio-vasculaire ?

Et bien, braves gens, nous appuyant sur les préconisations de l’association des cardiologues américains, nous osons dire : lâchez-vous, vous pouvez y aller ; beurrer la coquelle à Maman, c’est bon pour elle et pour votre palpitant. Cette activité généralement nocturne est bénéfique. Certes, comme toute activité physique, le risque d’accident augmente durant la performance, mais une pratique régulière du sacrifice à Vénus le réduit sensiblement. On peut en déduire qu’il est préférable d’emmener régulièrement Popaul au cirque pour renforcer son muscle cardiaque.

Jacques Hadi me confie que le sport en chambre étant le seul qu’il pratique avec assiduité, il souhaiterait avoir des équivalences avec des activités physiques plus ordinaires. Pour cela, je dois vous rappeler que les médecins préconisent au moins 30 mn d’effort par jour (marche rapide, vélo, natation…).

En ce qui concerne vos exercices sur matelas à ressorts, les praticiens estiment qu’une partie de jambes en l’air avec sa partenaire habituelle équivaut à monter deux étages à pieds. Donc on est loin des trente minutes souhaitables. Il faudra demander à Maman de remettre le couvert… Dites lui que c’est médical, ça aidera.

A ce stade de l’étude, il est bon de souligner que la mesure de deux étages s’applique à un homme plutôt jeune et suffisamment courageux sur l’ouvrage, si vous voyez ce que je veux dire. Pour un homme plus mûr, l’effort s’approche plutôt de trois étages. De plus, vous avez pu lire «avec sa partenaire habituelle». En effet, la pratique du bonjour Mademoiselle, au revoir Madame à la va-vite entre deux portes ou la rencontre avec une maîtresse de passage dans un hôtel de banlieue pendant les heures de bureau, accroît sensiblement le risque d’accident cardiaque.

Enfin, si vous avez eu des problèmes de palpitant, genre infarctus, il est indispensable de demander avis à votre doc avant de démailloter le petit sur le gazon de votre compagne. Nous ne souhaitons pas perdre des lecteurs sacrifiant à Vénus suite à la lecture de nos documents.

Bon Mona, vous vous avez un cœur de jeune fille, à prendre d’ailleurs ; s’il y a des soupirants, merci d’envoyer un courrier et une photo en pied. Mais revenons à une activité sérieuse. Nous dégusterons ce jour un Morgon Vieilles Vignes 2009 de Jean-Paul Thévenet. Un grand Beaujolais caressant, plein de fruits. On en boirait ! 

J’ai pas le coeur à repeindre la cuisine

Philippe­-Henri Schunk se rendit, un jour de février 1819, à la vente des meubles et collections de M. Petit-Radel, architecte, récemment décédé. Il put y acquérir deux plaques aux noms de Louis XIV et de Louis XIII. Ces plaques venaient des urnes ayant contenu les cœurs embaumés de la famille royale de France. Cherchant à savoir ce qu’étaient devenus les cœurs, il fit la connaissance du peintre Saint-Martin.

Coeurs de Louis XIII et Louis XIV
Coeurs de Louis XIII et Louis XIV


Ce dernier lui expliqua que, durant la Révolution, il s’était rendu, sur invitation de l’
architecte Petit-Radel, à l’ouverture des monuments funéraires royaux. Il était accompagné de Martin Drolling, peintre également.
Les deux artistes n’étaient pas venus par hasard. En ce temps-là on utilisait, pour réaliser la couleur sépia, des « résidus » prélevés sur des momies. Cette matière extrêmement onéreuse s’appelait d’ailleurs la « momie ».
Comme les cœurs des rois avaient été embaumés, ces artistes prendraient dans les urnes de la « matière première » sans avoir à bourse délier.
Petit-Radel offrit à son ami Saint-Martin le cœur de Louis XIV en lui disant : « Tiens, prends celui-là, c’est le plus gros ». Il lui donna également le cœur de Louis XIII. Il semble avoir longtemps conservé intacts les cœurs ; cependant, il finit par en utiliser une partie.
Sous le règne de Louis XVIII, Saint-Martin restitua les restes du cœur de Louis XIV. Le Roi lui offrit, en remerciement, une tabatière en or. A l’article de la mort, il appela Shunk et lui remit les restes du cœur de Louis XIII qui était beaucoup plus abimé.

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Intérieur d'une cuisine de Drolling

Drolling, lui, employait beaucoup de « momie », aussi il se servit largement. Il emporta onze cœurs, dont celui d’Anne d’Autriche… Il semble qu’il ait utilisé la totalité des cœurs pour ses peintures.
C’est ainsi que vous pourrez admirer, en vous rendant au Louvre, les
cœurs d’Anne d’Autriche, de Marie Thérèse d’Espagne, de la Grande Mademoiselle, de Monsieur frère du roi, du duc et de la duchesse de Bourgogne… étalés sur une toile qui s’intitule : « Intérieur d’une cuisine » (çà ne s’invente pas), vestige d’une époque troublée et sanglante de l’histoire de France. Comme quoi, les artistes n’ont pas toujours eu … bon cœur !!!
Comble d’ironie, cette œuvre fut achetée, après la mort de Drolling, pour les collections royales.

Enfin, une chose est certaine, le cœur du Régent, Philippe d’Orléans, ne fut pas utilisé par un peintre. En effet :
« Pendant l’embaumement du corps, en 1723, le cœur avait été placé sur une table à part ; un des chiens favoris du Régent, un superbe danois, pénétra en coup de vent dans la salle et avant que les assistants horrifiés aient pu intervenir, il avait englouti le cœur de son maitre. »

Mona, tous ces cœurs m’ont donné envie de rouge. Amenez donc deux verres, je vous sers un Vacqueyras : le Sang des Cailloux