Seins aux mères

En septembre dernier, je vous livrais un article sur l’allaitement. Cela me valut quelques moqueries : comment une jolie femme célibataire et qui n’est pas mère peut nous donner des conseils, voire des leçons ?… Et bien, je remets le couvert, si j’ose dire. En effet, en 1829 le Docteur Alexis Delacoux, dans son « Education sanitaire des enfants« , attirait l’attention des femmes sur l’importance de la tétée. Il soulignait que les Françaises étaient déjà moins enclin à sortir leur nénés que leur collègues européennes. Alors, jeunes mères, prêtez vos lolos à vos petits : au moins, çà les habituera pour quand ils seront grands…

Toutes les femmes sont appelées par la nature à nourrir leurs enfants ; celles dont l’état de santé leur permet de remplir ce devoir, et qui ne s’en acquittent point, manquent essentiellement au vœu qu’elles-mêmes se sont imposé en devenant mères. Cette pratique malheureuse, de confier les devoirs de la maternité à des mains étrangères, dut sans doute dans le principe relâcher le lien des familles et devenir fatale à toute association. Nés avec cette coutume, ses inconvénients nous paraissent moins évidents ; mais, pour le philosophe et l’homme éclairé, en est-elle moins une violation d’une des premières lois de la nature ?

A tous égards, il serait digne d’un gouvernement sage, auquel les plus chers intérêts de la société soit précieux, de faire revivre un usage trop négligé aujourd’hui, soit en donnant un juste relief aux bonnes mères, soit en humiliant les femmes qui négligeraient un devoir si essentiel au perfectionnement physique et moral. Au temps de Démosthène, on honorait les mères qui nourrissaient leurs enfants, tandis que celles qui les éloignaient de leur sein devenaient l’opprobre de leur sexe. Pendant les beaux siècles de Rome, chaque dame romaine donnait son propre lait à son enfant. Les Chinois ne regardent point comme une véritable mère celle qui ne nourrit point. C’est l’allaitement maternel qui a conservé aux Géorgiennes depuis bien des siècles le plus beau sang du monde. En Hollande et en Allemagne les femmes se font encore un honneur de nourrir leurs enfants. Mais chez aucune nation les devoirs de la maternité ne sont autant négligés qu’en France. Cependant au temps de la reine Blanche toutes les dames nourrissaient leurs enfants.

Un jour que la reine Blanche était dans un violent accès de fièvre, une dame de qualité, qui, pour plaire à sa majesté ou pour l’imiter, nourrissait aussi son fils, voyant le petit Louis souffrir de la soif, s’ingéra de lui donner la mamelle. La reine, revenue de son accès, prit son fils et lui donna la sienne, mais le petit Louis n’en voulut point. La reine d’abord en soupçonna la cause, et elle feignit de remercier la personne à qui elle était redevable du bon office rendu à son fils. La dame, croyant faire sa cour à la reine, avoua que les larmes du petit Louis l’avaient si vivement touchée, qu’elle n’avait pu s’empêcher d’y porter remède. Mais la reine, au lieu d’être reconnaissante, la regarda d’un air dédaigneux, et enfonçant son doigt dans la bouche de son enfant, elle le contraignit de rendre tout ce qu’il avait pris. La reine dit qu’elle ne pouvait endurer qu’une autre femme eût droit de lui disputer la qualité de mère.
(Varillas, Minorité de saint Louis)


Mona de beaux lolos prêts à l’emploi, et vous ?