Sarah, le juge ment

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Le 8 février 1893, les étudiants des « Quat’ z’arts » (Beaux Arts), organisèrent au Moulin-Rouge, la 2ème édition de leur bal annuel. Leurs modèles furent invitées. Parmi ces jeunes femmes, était présente Sarah Brown, non seulement modèle au Beaux Arts mais également d’artistes peintres. Elle fut déguisée en Cléopâtre. Manon, elle vêtue de gaze, fut promenée sur un palanquin et finit quasiment nue…

De quoi irriter le Sénateur René Béranger, surnommé le Père le Pudeur ! Il déposa plainte pour outrages aux bonnes mœurs  et outrage public à la pudeur. Rien que ça.
Le procès se déroule en juin 1893 au Tribunal Correctionnel de la Seine. La lecture du compte-rendu est à lire. Rire garanti.
Il est à noter que suite au jugement des manifestations étudiantes se déroulèrent à Paris et dégénérèrent. Au cours des heurts avec les forces de l’ordre, on déplora un mort.

Mais revenons à Sarah Brown, de son vrai nom Mlle Royer. Raoul Ponchon, au moment du procès, écrivit ces deux vers :

Oh ! Sarah Brown! Si l’on t’emprisonne, pauvre ange,
Le dimanche, j’irai t’apporter des oranges.

De là à croire que l’expression «j’irai te porter des oranges» vient de là ! Pourquoi pas ?

Ma chère Mona, si le père Béranger revenait ici-bas, il aurait du boulot. Mais il est temps de goûter un Givry 1er cru En Veau 2011 du Domaine Masse. Un vin au nez et bouche de cassis qui mérite d’attendre un peu mais qui est déjà fort plaisant sur une viande rouge.

Trahi par les chiens

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Les étrons de nos chiens sont source de dépenses importantes. Il y a longtemps, on inventa les motocrottes qui envahirent les rues, puis les communes posèrent des panneaux contenant des sacs pour ramasser les excréments des toutous. Tout ça est bien gentil, mais il faut constater que nos trottoirs sont encore chargés d’obstacles et même s’il est dit que ça porte bonheur quand on met le pied gauche dedans, c’est sale et désagréable.

Si tout se passe bien, ces désagréments disparaitront  grâce Paulee CleanTec. La vidéo en dira plus qu’un long discours. Le principe est de brûler les déjections canines qui sont réduites à quelques cendres non polluantes. Qui dit mieux ? En parcourant le site du fabricant, on voit un chien de petite taille. Que se passe-t-il lorsque le chien a la taille d’un dogue ?

Vivement que la fabrication soit effective. Bon, certes, Mona, ce sujet est plutôt ragoutant et n’incite guère à une mise en bouche. Néanmoins, je suis certain que vous aimerez ce Pied de Chaume blanc 2009 du Domaine Joblot. Ce vigneron réussit en Côte Chalonnaise à égaler les grands vins de la Côte de Beaune.

Curieux : vos bovins sont acides

En 1783, comme le souligne Sébastien Mercier dans le Tableau de Paris, les Champs-Elysées sont encore un lieu champêtre. Un homme d’affaires a l’idée de faire venir un troupeau de vaches suisses pour vendre un lait reconnu comme bon pour la santé.

On avait annoncé avec beaucoup d’emphase une laiterie de vaches suisses et tous les bons parisiens disaient : nous boirons du bon lait de Suisse. Les poitrinaires se regardaient comme déjà guéris ; les tempéraments usés comptaient sur le rétablissement de leurs forces. Mais on ne songeait pas que les entrepreneurs n’avaient pas les épaules assez fortes pour transporter aux Champs-Elysées les montagnes couvertes de sapins où croissent les végétaux substantiels.

Les vaches maigrirent dans les maigres pâturages, donnèrent un lait commun et finirent par être livrées aux bouchers. L’entreprise échoua à la grande surprise des badauds qui demandaient toujours du bon lait des vaches suisses.

Bon le lait, pourquoi pas. Mais comme disait Toulouse-Lautrec : je boirai du lait quand les vaches mangeront du raisin. Deux verres à vin seront les bienvenus, Mona. Je sers un Givry de chez Joblot : Pied de Chaume 2007. Prêt à boire pour notre plus grand bonheur. Ah la vache, çà fait du bien par où çà passe ! 

Accorder ses faveurs


Je t'ai accordé mes faveurs. Alors, au boulot, enlève les....

Selon le Robert historique, les faveurs étaient des écharpes de tissu léger (1557). Lorsqu’une dame montrait de l’intérêt pour un chevalier, elle lui donnait cette écharpe, promesse d’amour. On disait que la jeune fille lui accordait ses faveurs. Cette expression galante devint plus sexuelle et « accorder ses faveurs » signifiait partager la couche du jeune homme. Comment en est-on arrivé là ? Au fil du temps, les faveurs ne sont plus des écharpes mais de petits rubans qui servaient à resserrer l’encolure des chemises de nuit ou de jour. Lorsqu’on les déliait, la chemise tombait aux pieds de la belle. Pas besoin de vous faire un dessin !

Une autre explication est possible pour cette expression. Au XVI°siècle, à la suite de la fermeture des bains et étuves, les prostituées cessèrent de se faire épiler par le barbier et peignaient leur intimité, faisaient des nattes de leurs poils et les décoraient de charmants petits rubans. Cette mode fut partagée par quelques dames à la vie réputée sulfureuse.

Ainsi, Françoise Babou de la Bourdaisière, fort belle femme, épouse d’Antoine d’Estrées, Marquis de Cœuvres,  quitta ce dernier pour vivre à Issoire avec le marquis d’Allègre qui en était gouverneur.

Mais le Marquis était de la religion réformée ; il fut assiégé dans sa ville par Monsieur, frère d’Henri III. Malgré sa bravoure, la ville fut prise. Le 31 décembre 1593, Françoise fut tuée par les soldats et habitants d’Issoire, malgré la beauté et les grâces de cette dame qui auraient dû arrêter leur fureur. Des mémoires de l’époque donnent, sur sa mort, les détails suivants : «Françoise Babou fut trouvée, lorsque le peuple d’Issoire la massacra, ayant le pubis honteux distingué et tressé de petits rubans (faveurs) de soie de toutes couleurs.» Trop tard, elle ne pouvait plus accorder ses faveurs…

Quant au Marquis d’Allègre qui avait reçu une blessure, il fut assez heureux pour échapper au massacre, et il se retira dans son château. Mais cette retraite ne put le mettre à l’abri de la vengeance d’un homme qu’il avait déshonoré. Antoine d’Estrées l’y fit assassiner.

Mona, m’accorderez vous la faveur de partager un verre ? Vous remarquerez que je n’ai pas dit : « m’accorderez vous vos faveurs ? ». La langue française est subtile…

Bon en attendant, goûtez donc, je vous prie ce Givry 2007 du Domaine Joblot. Du grand art dans cette Côte Chalonnaise qui cache quelques merveilles pour des prix encore sages.