Rien ne Bresse

Quand c'est la faim, c'est la fin

Edouard Herriot (1872-1957) est un homme politique hors du commun : Député-Maire de Lyon, Ministre à de nombreuses reprises, Président du Conseil, Président de la Chambre des députés… En 1946, il est élu à l’Académie Française. N’en jetez plus !

Bien qu’il ne fût pas Lyonnais de naissance, il adopta très vite le mode de vie de la capitale des Gaules et tomba amoureux de sa cuisine et ses vins.

Grand mangeur, il aimait dire que la politique, c’est comme l’andouillette, ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop.

Avec les années, et les nombreux gueuletons, sa santé se fragilise. Son médecin lui conseille vivement de réduire ses rations. Mais le bonhomme aime trop la table.

Le docteur demande au chef de cabinet d’Herriot de le surveiller et de le rappeler à la raison.

Dans un restaurant, Herriot va déjeuner. Il hésite entre divers plats de la cuisine lyonnaise : cochonnaille, quenelles, volaille de Bresse, tablier de sapeur, gratin dauphinois, Saint Marcelin… et finalement élabore un menu digne de Pantagruel. Son chef de cabinet intervient…

Herriot qui a passé commande, rappelle la serveuse et lui dit :
– Soyons raisonnable, supprimez la salade.

Voilà un gastronome qui force le respect. Mona, un Beaujolais s’impose. Comme le dit Léon Daudet : Lyon est une ville arrosée par trois grands fleuves : le Rhône, la Saône et le Beaujolais. Allez, je sers un Morgon 2010 de Marcel Lapierre. Quel vin ! D’une puissance incroyable mais sans excès et quel fruit !

God « serve » the Queen

Mona aime les "Helix pomatia"

Lorsqu’en 1967, deux cuisiniers d’origine bourguignonne, les frères Roux ouvrent un restaurant à Londres, peu de gens croient à leur succès. Depuis longtemps, les Français se plaisent à se moquer des viandes et légumes bouillis, des mélanges curieux. Et pourtant, après des débuts difficiles, le succès sera au rendez-vous. Ils mettent à la carte nombre de spécialités de la gastronomie hexagonale : soupe à l’oignon, tournedos Rossini, poissons plats au beurre. Ils font découvrir aux Londoniens les crustacés  originaires de leurs côtes, mais qui ne les intéressent pas. D’ailleurs langoustines, crabes étaient exportés vers le continent jusqu’à l’arrivée des Frenchies. Et bien entendu, ils servent des escargots de Bourgogne.

Il faudra un peu de temps pour que les clients adoptent ce met typiquement français. Ils ont même frôlé la catastrophe lorsqu’un sujet de Sa Majesté, après une longue hésitation, mit dans sa bouche un gastéropode entier, coquille comprise. Malgré l’intervention rapide du personnel de salle, le convive se blessa à la bouche.

Les Frères Roux furent les premiers à décrocher « trois étoiles » au guide Michelin du Royaume Uni.

Pour arroser çà, un vin au nom bien Français : Raisins Gaulois 2009 du Domaine Marcel Lapierre. Ce vigneron, récemment décédé, a été un des premiers à refaire des vins naturels dans cette région de Beaujolais. Un vin rouge qui croque le fruit. Du plaisir !