Article écourté ?

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Il y a 220 ans, venait de se terminer une des périodes les plus noires de notre histoire : la Terreur. C’est en effet, le IX Thermidor (soit le 27 juillet 1794) qu’eut lieu la chute de Robespierre.

Ce même jour une des dernières victimes de cette boucherie a retenu mon attention :

Françoise-Thérèse de Choiseul-Stainville (1767-1794) mariée jeune, en 1782, au prince Joseph de Grimaldi Monaco. Durant les années révolutionnaires, le couple quitta la France. Mais de leur union, naquirent deux enfants qui restèrent à Paris.

Ne supportant pas cet éloignement, Françoise rentra en France. Arrêtée en 1793, elle repartit libre en sa qualité de princesse étrangère. Mais la même année, la principauté fut annexée par la France. Le 10 ventôse an II (28 février 1794) elle fut emprisonnée. D’une grande beauté, elle attira les regards empressés d’autres prisonniers. Mais elle les repoussa.

Condamnée à mort, comme le voulait la tradition sanguinaire de l’époque, elle ne montra point la moindre émotion.
Cependant, elle annonça au tribunal qu’elle était enceinte, ce qui automatiquement retardait l’exécution après l’accouchement. Le soir même, un médecin, un pharmacien et une sage-femme l’examinaient dans sa cellule. Leur rapport est clair :

« Nous avons examiné et visité la nommée Thérèse Stainville, épouse de Joseph Monaco, âgée de 26 ans, déclarée être enceinte de deux mois et demi. Notre examen ne nous a fourni aucun signe de grossesse. Ce VIII thermidor, l’an II de la république une et indivisible.

La sentence devenait exécutoire. Pour sauvegarder son honneur, elle écrivit à Fouquier-Tinville :

« Je vous préviens, citoyen, que je ne suis pas grosse. Je n’ai point sali ma bouche de ce mensonge dans la crainte de la mort, afin de couper moi-même mes cheveux et de ne pas les donner coupés par la main du bourreau. C’est le seul legs que je puisse laisser à mes enfants, au moins faut-il qu’il soit pur. »

En effet, la Princesse ayant brisé un carreau réussit à couper une natte ses cheveux, ultime cadeau à ses deux filles.

Le IX Thermidor, la charrette l’emmena à destination de l’échafaud. On a retenu ses paroles :

« Citoyens, je vais à la mort avec toute la tranquillité qu’inspire l’innocence ; je vous souhaite un meilleur sort. »

Enfin s’adressant à une de ses compagnes de châtiment, elle lui dit :

« Courage, ma chère amie, du courage ; il n’y a que le crime qui puisse montrer de la faiblesse. »

Quelle noblesse et quelle leçon.

A une journée près, elle aurait put échapper au supplice…

Décidément, ma chère Mona, cette Révolution est sanguinaire. Cependant, nous devons boire à la mémoire de cette Françoise qui fut fauchée si jeune. Un vin rouge s’impose… Le château Mazeris 2011 (Canon-Fronsac) a glané les médailles d’or à Paris, Bordeaux et Bruxelles. Même s’il est encore bien jeune, il peut dès à présent vous régaler avec une bonne viande rouge. Un joli travail de la famille de Cornuaud, propriétaire de cru depuis 1769.

Mona, trop de bile vous empâte !

Jean-Baptiste Harmand (1751-1816) était avocat à Bar le Duc lorsque la Révolution éclata. Il fut élu député à la convention nationale et connu sous le nom de Harmand de la Meuse.
Au lendemain de la chute de Robespierre, il fut nommé membre du comité de sûreté générale. Refusant plus tard des postes d’ambassadeur, il perdit tout revenu et finit sa vie dans une grande misère. Il laissa un ouvrage qui présente de nombreux personnages de la Révolution. J’en ai extrait un passage surprenant. Désigné commissaire de la convention aux grandes Indes, il se rendit à Brest pour préparer un voyage qui n’aura jamais lieu. Il y découvrit le culte étrange rendu à un saint local répondant au joli nom de Guignolet (çà ne s’invente pas).

Mona au pied de Saint Guignolet. Tiens, tiens !

Je ne veux pas sortir de Brest sans faire part encore d’une autre anecdote assez singulière. Il s’agit d’un Saint ; mon intention n’est pas de scandaliser les uns, ni de fournir aux autres des réflexions impies : il fallait donc vous taire, me dira-t-on peut-être ; pourquoi parler d’un Saint qui est l’objet d’un culte public ?
Eh bien ! J’aurai le courage de le dire : le culte de ce Saint est un outrage à l’honnêteté publique, à la décence et à la pureté évangélique; il n’est donc pas de la religion; c’est une superstition monstrueuse.
Au fond du port de Brest, au-delà des fortifications, en remontant la rivière, il existait une chapelle, auprès d’une fontaine et d’un petit bois qui couvre la colline, et dans cette chapelle était une statue en pierre, honoré du nom de Saint.
Si la décence permettait de décrire Priape, avec ses indécents attributs, je peindrais cette statue.
Lorsque je l’ai vue, la chapelle était à moitié démolie et découverte, la statue en dehors étendue par terre et sans être brisée, de sorte qu’elle existait en entier et même avec des réparations modernes, qui me la firent paraître encore plus scandaleuse.
Les femmes stériles ou qui craignaient de l’être, allaient à cette statue, et, après avoir gratté ou raclé ce que je n’ose nommer, et bu cette poudre infusée dans un verre d’eau de la fontaine, ces femmes s’en retournaient avec l’espoir de devenir fertiles.

Ma Chère Mona, n’ajoutez rien dans votre verre. Le vin se suffit à lui-même. Je vous propose un grand vin mosellan : Riesling 2010 du Domaine Prüm cuvée Zeltinger Sonnenuhr. Ce Spatlese est un modèle. Peu d’alcool, une jolie fraicheur, des notes de mandarine, une longueur… Inutile de gratter la pierre, Mona.

Belle comme une Rose

Rose ne fut jamais reconnue comme une vraie sans-culotte

Durant la Révolution, le rôle des femmes a souvent été minimisé au profit des hommes. Et pourtant, on admet que ce sont des femmes qui sont venues jusqu’à Versailles chercher le Roi et qui l’ont ramené à Paris.

Mais leur participation aux événements est rarement évoquée, hormis Charlotte Corday. Dans ce blog, je vous ai présenté Olympe de Gouges qui a fini sur l’échafaud.

Aujourd’hui, nous allons faire connaissance de Rose Lacombe. Elle fut d’abord une actrice renommée et très jolie. En 1789, à l’âge de vingt-deux ans, elle débarque à Paris pour participer à la Révolution. Après avoir marché sur Versailles, elle fonda la « société des femmes révolutionnaires ». Ayant obtenu une meilleure considération de ses concitoyennes, elle se présenta en 1793, au lendemain de l’assassinat de Marat, devant la Convention et y déclara :

«Législateurs, on est venu surprendre hier votre religion. Des intrigants, des calomniateurs, ne pouvant nous trouver des crimes, ont osé nous assimiler à des Médicis, à une Élisabeth d’Angleterre, à une Antoinette de France, à une Charlotte Corday ! Ah! sans doute, la nature a produit un monstre qui nous a privés de l’ami du peuple ; mais nous, sommes-nous responsables de ce crime? Charlotte était-elle de notre société? Ah! nous sommes plus généreuses que les hommes! notre sexe n’a enfanté qu’un monstre, tandis que, depuis quatre ans, nous sommes trahies, assassinées par les monstres sans nombre qu’a produits le vôtre. Nos droits sont ceux du peuple; et si on les opprime, nous saurons opposer la résistance à l’oppression.»

Ce discours tenu devant une assemblée d’hommes fut mal accueilli.

Pire, elle devint l’amante d’un certain Rey, aristocrate. Malgré nombre d’interventions, elle ne put le faire gracier. Après qu’il fut monté sur l’échafaud, elle disparut à tout jamais et finit, dit-on, épicière.

Mona mour, lui, il a toute sa tête !

Sanson : son sang

Balzac a beaucoup écrit. Aujourd’hui, je vous propose un texte intitulé : un épisode sous la terreur.
Vous pouvez lire ce texte en intégralité ou le résumé ci-dessous :

La scène se passe le 22 janvier 1793, au lendemain de l’exécution de Louis XVI, dit Louis Capet, dans le quartier du faubourg Saint-Denis, vers huit heures du soir et par temps de neige. Un « inconnu » suit « une vieille femme » (c’est une religieuse, elle s’appelle soeur Marthe) jusqu’à la pâtisserie où elle se fait remettre une « petite boîte », qui contient des hosties nécessaires  à l’abbé de Marolles, prêtre insermenté, pour dire sa messe. Toujours suivie, la vieille femme regagne le misérable logis qu’elle occupe avec soeur Agathe et l’abbé de Marolles. On frappe à la porte : c’est l’inconnu. Il demande au prêtre de célébrer une messe pour le repos de l’âme de Louis XVI. Il lui remettra aussi un mouchoir taché de sang et marqué de la couronne royale.
Après le 9 Thermidor, l’abbé Marolles retrouve la liberté.
Au passage d’une charrette de condamnés, il reconnaît « l’inconnu » : c‘est le bourreau Charles-Henri Sanson dit « Sanson le Grand » qui emmène à la guillotine les derniers condamnés de la Révolution : Fouquier-Tinville et Robespierre…

En avril 1793, soit trois mois après la mort du Roi, il avait laissé sa place à son fils Henri tout en conservant le titre officiel de bourreau. Avec son fils, il guillotina près de 3.000 personnes dont Louis XVI, la reine Marie-Antoinette, Danton, Hébert, Charlotte Corday, Lavoisier …

Mona pas aimé la Révolution… et vous ?