Un pourceau pris pour sot

Saint Antoine, figurine réalisée par Gérard Noirfalise

Mona vous a parlé hier du bacon. Un article génial comme d’habitude. Bravo, mon Petit. Il m’a semblé intéressant de compléter avec un texte sur cet animal dont on dit que tout est bon de la tête aux pieds.

Au Moyen-âge, chacun tentait de faire un peu d’élevage. Les habitants des villes élevaient au moins chez eux un ou deux cochons, que, durant la journée, ils lâchaient dans les rues où ils errent et se nourrissent de ce qu’ils trouvent. Ils dévorent les déchets. Ils s’attaquent parfois à des enfants. On doit même clôturer les cimetières pour empêcher les porcs de déterrer les morts… Ils sont la cause d’innombrables accidents. Le 2 octobre 1131, rue de Malthois[1] à Paris, un cochon se jette entre les pattes d’un cheval qui se cabre et désarçonne son cavalier. Ce dernier se brise la tête. Il meurt le lendemain. Et ce cavalier n’est pas n’importe qui : c’est le Prince Philippe, fils ainé du Roi Louis le Gros.

L’affaire fait grand bruit. Un règlement interdit dès lors de laisser errer les porcs. Mais, malgré les interventions répétées de nombreux souverains, les cochons resteront dans les rues jusqu’au XVI° siècle. Ainsi, les Religieux de Saint-Antoine, en vertu du privilège de leur patron, qu’ordinairement on représente avec un cochon à ses côtés, prétendirent n’être point assujettis à l’interdiction et ils voulurent être les seuls à avoir le privilège de laisser vaguer leurs porcs par les rues de la capitale. Ils y parvinrent. Le bourreau fut même chargé d’y veiller. Tout cochon qui n’appartenait point aux Antonins, pouvait être saisi par lui, il le conduisait à l’Hôtel-Dieu, et avait droit d’en exiger la tête, ou de prendre cinq sous en argent. Les animaux pouvaient même être condamnés à la pendaison.

La viande de porc nécessitait des bouchers spécialisés. Ils ne s’organisent en corporation à Paris qu’en 1475 sous le nom de chaircuitiers-saulcissiers. Ils ne peuvent vendre que des viandes cuites. Il faudra attendre 1513, pour qu’ils puissent commercer la viande de porc non cuite.

Ma Chère Mona, ces cochons m’ont donné soif. Si vous attrapez deux verres, je vais pouvoir vous servir Le Petiot 2008, ce sauvignon de Touraine est remarquable. On attend plus que les rillettes pour finir la bouteille.


[1] Entre l’arcade de l’Hôtel-de-Ville et l’Eglise de Saint-Gervais

Blatte is blatte

Les villes sont habitées par les hommes, les rats et les blattes. Si on sait qu’il y a un rat pour un homme dans nos cités, combien de blattes par habitant ?

Elle est incroyable, la blatte. Ce petit insecte était là bien avant les dinosaures, voici quelques 350 millions d’années. Il a vu l’arrivée puis la disparition des reptiles géants, il a été témoin de l’apparition de l’homme, et il pourrait bien nous survivre ! Increvables, les blattes peuvent congeler, décongeler sans dommage. Elles résistent à l’écrasement (?), aux inondations (elle peut rester dans l’eau plus d’une heure), aux explosions, aux accélérations de la pesanteur (testé en navette spatiale), à la famine (elles peuvent jeûner deux mois sans manger), aux radiations et aux produits chimiques. Enfin, sachez qu’une blatte décapitée peut survivre jusqu’à 10 jours.

Aussi, inutile pour vouloir les détruire, d’arroser votre maison avec des insecticides. Vous empoisonnerez votre famille mais point ces petites bêtes. Le meilleur moyen de ne pas subir trop d’invasions, c’est de ne pas leur construire des restaurants trois étoiles avec des poubelles pleines à ras bord et des conduits qui leur servent d’autoroutes sans péages pour y accéder.

Je sais Mona, vous lavez bien les verres. Allez on s’en jette un ! J’ai choisi le Petiot 2008 de Vincent Ricard. Ce sauvignon de Touraine est une petite merveille.

Si vous avez le cœur bien accroché, vous pouvez visionner une solution pour se débarrasser des blattes sans utiliser de produits chimiques.