A bas, la Montespan

Madame de Montespan fut la maîtresse de Louis XIV. Elle lui donna sept enfants. Sur les sept seul l’aîné fut tenu secret ; les autres furent légitimés.  Après un de ses accouchements, elle se rendit à Bourbon-l’Archambault, lieu de cure dont la réputation remontait au Moyen-Age. L’endroit lui plut tellement que quelques années plus tard, répudiée et sentant une fin proche, elle revint dans la cité thermale. Et c’est là qu’en 1707, elle rendit l’âme.

Comme souvent à cette époque, les grands personnages faisaient don d’organes (non pour sauver des vies) mais pour laisser une présence dans des lieux de prière. Madame de Montespan fit don de son coeur au Château des Carmes de La Flèche et de ses entrailles à l’abbaye de Saint-Menoux.

On charge deux bougres de porter les vases contenant les restes de la Marquise. Le coeur arriva à destination ; par contre les « tripes » ne parvinrent jamais dans la Sarthe. Le porteur, incommodé par l’odeur, ouvrit le vase et jeta son contenu. Un troupeau de cochons qui résidait en ce lieu, se régala des nobles restes.

Avec les tripes, ma Chère Mona, je vous conseille un vin blanc : le Saint Bris 2007 des Temps Perdus fera l’affaire. En Bourgogne, au milieu d’un océan de Chardonnay, cette appellation propose du Sauvignon. Avec des vignes centenaires, le vin exprime une jolie expression du terroir.

Bavière pour autant

La Duchesse d'Orléans "pose" à Fontainebleau

Hormis dans les chansons de salles de garde, il n’est pas de bon ton dans notre société de parler d’étron. Le sujet est tabou. Au Japon, on a même mis en place des appareils qui diffusent le son d’une chasse qu’on tire pour qu’aucun bruit suspect (et non sucepet) ne traverse la porte du lieu d’aisance. Vous dire !

Au XVIIIe siècle, il en était autrement. Parler cru, c’était parler vrai.

Charlotte-Elisabeth de Bavière, Duchesse d’Orléans, mariée au frère de Louis XIV passa sa vie à écrire des lettres aux membres de sa famille et ses amis. Cette correspondance est précieuse. Elle nous fait connaître notamment le mode de vie et les petits événements de Versailles.

Je vous propose une lettre adressée à sa tante, Sophie de Bohême, princesse-électrice de Hanovre. Dans sa correspondance, l’alimentation tient une part importante. Elle était gourmande et mangeait beaucoup (comme nombre de courtisans). Quand on a mangé, il faut dégager. Et c’est l’objet de cette missive : elle emploie le mot « chier » 26 fois. Princier, non ?

Fontainebleau, le 9 octobre 1694

« Vous êtes bien heureuse d’aller chier quand vous voulez ; chiez donc tout votre chien de saoul. Nous n’en sommes pas de même ici, où je suis obligée de garder mon étron pour le soir ; il n’y a point de frottoir aux maisons du côté de la forêt. J’ai le malheur d’en habiter une, et par conséquent le chagrin d’aller chier dehors, ce qui me fâche, parce que j’aime à chier à mon aise, et je ne chie pas à mon aise quand mon cul ne porte sur rien. Item, tout le monde nous voit chier ; il y passe des femmes, des hommes, des filles, des garçons, des abbés et des suisses ; vous voyez par là que nul plaisir sans peine, et qui si on ne chiait point, je serais à Fontainebleau comme le poisson dans l’eau.

Il est très chagrinant que mes plaisirs soient traversés par des étrons ; je voudrais que celui qui a le premier inventé de chier, ne pût chier, lui et toute sa race, qu’à coups de bâton. Comment, mordi, qu’il faille qu’on ne puisse vivre sans chier ? Soyez à table avec la meilleure compagnie du monde, qu’il vous en prenne envie de chier, il vous faut aller chier. Soyez avec une jolie fille, une femme qui vous plaise ; qu’il vous prenne envie de chier, il faut aller chier ou crever.

Ah ! maudit chier, je ne sache point plus vilaine chose que de chier. Voyez passer une jolie personne, bien mignonne, bien propre, vous vous récriez : Eh ! que cela serait joli si cela ne chiait pas ! Je le pardonne à des crocheteurs, à des soldats, aux gardes, à des porteurs de chaises, et à des gens de ce calibre-là. Mais les empereurs chient, les impératrices chient, le pape chie, les cardinaux chient, les princes chient, les archevêques et les évêques chient, les généraux d’ordre chient, les curés et les vicaires chient.

Avouez donc que le monde est rempli de vilaines gens, car enfin, on chie en l’air, on chie sur terre, on chie dans la mer, tout l’univers est rempli de chieurs et les rues de Fontainebleau  de merde, car ils font des étrons plus gros que vous, Madame. Si vous croyez baiser une belle petite bouche avec des dents bien blanches, vous baisez un moulin à merde ; tous les mets les plus délicats, les biscuits, les pâtés, les tourtes, les perdrix, les jambons,  les faisans, tout n’est que pour faire de la merde mâchée.

Bon ma petite Mona, je ne vais pas vous servir un vin de merde, lavez donc deux verres et humectez vous de ce Saint Bris 2008 de G. et H. Goisot. Ce vin  du Chablisien fait exception. On y cultive le sauvignon. Fin, minéral, gras… le pied, merde alors !

Blatte is blatte

Les villes sont habitées par les hommes, les rats et les blattes. Si on sait qu’il y a un rat pour un homme dans nos cités, combien de blattes par habitant ?

Elle est incroyable, la blatte. Ce petit insecte était là bien avant les dinosaures, voici quelques 350 millions d’années. Il a vu l’arrivée puis la disparition des reptiles géants, il a été témoin de l’apparition de l’homme, et il pourrait bien nous survivre ! Increvables, les blattes peuvent congeler, décongeler sans dommage. Elles résistent à l’écrasement (?), aux inondations (elle peut rester dans l’eau plus d’une heure), aux explosions, aux accélérations de la pesanteur (testé en navette spatiale), à la famine (elles peuvent jeûner deux mois sans manger), aux radiations et aux produits chimiques. Enfin, sachez qu’une blatte décapitée peut survivre jusqu’à 10 jours.

Aussi, inutile pour vouloir les détruire, d’arroser votre maison avec des insecticides. Vous empoisonnerez votre famille mais point ces petites bêtes. Le meilleur moyen de ne pas subir trop d’invasions, c’est de ne pas leur construire des restaurants trois étoiles avec des poubelles pleines à ras bord et des conduits qui leur servent d’autoroutes sans péages pour y accéder.

Je sais Mona, vous lavez bien les verres. Allez on s’en jette un ! J’ai choisi le Petiot 2008 de Vincent Ricard. Ce sauvignon de Touraine est une petite merveille.

Si vous avez le cœur bien accroché, vous pouvez visionner une solution pour se débarrasser des blattes sans utiliser de produits chimiques.