Rosse pour rosse

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Lequel d’Oscar Wilde[1] ou de George Bernard Shaw[2] avait le plus d’esprit ? Difficile de départager ces deux écrivains Irlandais. Pour preuve, cette savoureuse anecdote :

Oscar Wilde, alors qu’un de ces pièces allait être jouée, eut l’attention délicate d’adresser à son vieux ami mais rival, George Bernard Shaw , deux places pour le soir de la générale. Malheureusement, il ne put s’empêcher de les accompagner d’un petit mot après avoir trempé sa plume dans du vitriol :
« Je vous envoie deux places. Vous pourrez ainsi amener un ami …
si toutefois vous en avez un!
« 

Par retour du courrier il fut remercié par le billet que voici :
« Merci pour les places que vous m’avez fait parvenir. Désolé, je ne suis pas libre ce soir-là, mais je viendrai à la seconde représentation … Si toutefois, il y en a une! »

Un partout, balle au centre. Mona, saviez vous qu’Oscar Wilde a écrit : « Pour connaître l’origine et la qualité d’un vin, il n’est pas nécessaire de boire le tonneau entier ». C’est très beau tout çà, mais çà ne doit pas nous empêcher d’écluser un petit godet, hum ?


[1] Oscar Wilde (écrivain et poète, Dublin 1854, Paris 1900)

[2] George Bernard Shaw (Dublin 1856 – Ayot Saint Lawrence -au nord de Londres- 1950) critique musical et dramatique irlandais, essayiste, scénariste, et auteur célèbre de pièces de théâtre. Nobel de littérature en 1925.

Ventre affamé n’a pas d’oseille

depardieuVous savez que Gérard Depardieu aime les produits italiens. Il incarna notamment les pâtes Barilla.

Aussi quand, en 2005, la Fondation Ferrero parraine une exposition sur « Napoléon et le Piémont », c’est tout naturellement que  les Ferrero se rapprochent de Gérard Depardieu pour l’inauguration. Ils savent, bien sûr, que la vedette est chère. Ne dit-on pas que chaque campagne de pub « al dente » lui rapporte plus d’un million d’euros. Mais pour attirer la star, ils ont des arguments :

Alba est mondialement connue comme la capitale de la truffe blanche : « il tartuffo bianco » si parfumé et si rare, pour ses grands vins tels ceux de Barbaresco, Barrolo et Barbera. Et chaque enfant connaît le produit qui détient plus de 90% de son marché : la pâte à tartiner Nutella.

Or pour venir à Alba, Gérard Depardieu pose deux conditions : « faire un dîner pantagruélique de truffes blanches et recevoir son poids en Nutella ».
Même s’il dépasse le quintal, les organisateurs donnent leur accord sans hésiter.

Encore un joli coup pour cette société fondée juste après la guerre. Afin de réduire le prix de revient de sa pâte à nutellatartiner, en ces temps difficiles, Petro Ferrero reprend une vieille recette régionale du Piémontais qui incorpore moins de cacao et dans laquelle on ajoute des éclats de noisettes. La recette est toujours classée top secret et inégalée.

Tout d’abord exportée sous le nom de Supercrema, elle connaît un fort succès et change de nom en 1966 en mêlant anglais (nut : noisette) et italien.

Un pôt de Nutella c’est, pour tout un chacun, un moment d’enfance qui se prolonge.

Ah, les filles, je vais faire une entorse à mon régime. Chef, bien-aimé, est ce que je peux sortir pour acheter une gâterie ?

Votre Mona envie de douceur.

Ovaires, buvons

ovaires-dosesSelon une étude australienne, la consommation de deux verres de vin par jour, pour une femme, pourrait réduire de moitié le risque de cancer des ovaires. Un résultat dû à la présence d’antioxydants et à l’impact de l’alcool sur les hormones féminines. A noter : le vin rouge semble être plus efficace que le vin blanc. Et pourtant, les hommes sont convaincus que leurs compagnes préfèrent le goût du blanc….

Bon, en attendant, Mona, venez on va se boire une fillette. Avec çà, on frisera pas l’ovaire dose ! Mais çà vous fera du bien !  allez deux verres, deux…

L’ananas

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Christophe Colomb nous l’a rapporté de la Guadeloupe. Son nom véritable est “nana”. Cela justifie, à posteriori, toutes les astuces vaseuses et calembours calamiteux qu’a suscité le vocable. Nous consommons la variété “Cayenne lisse” dans 95 % des cas. Ce fruit hirsute pansu et piquant est avec l’orange un des symboles de l’hiver. A la fin des années 50, une pyramide d’oranges surmontée d’un unique ananas provoquait un attroupement devant la vitrine d’un maraîcher. Sa démocratisation fulgurante date des années soixante-dix. Venu de Côte d’ivoire, il existe sous deux variantes “ avion ” ou “ bateau ” ce qui peut changer considérablement son goût et son prix… Les manuels et revues culinaires décrivent les façons plus ou moins compliquées pour le découper. On privilégiera la découpe verticale : la base du fruit étant plus parfumée, plus goûteuse, les parts seront équitables pour chaque convive. Comme légume, il est fréquent dans la cuisine créole et asiatique (poulet, pintade, porc…). Découpé en morceaux et sauté à la poêle dans du beurre, servez le brûlant sur des crevettes roses (avec un vin blanc acidulé et moelleux, style Bordeaux demi-sec, Vouvray ou Jurançon). Le bœuf “ Teriaki ” est une marinade de morceaux de bœuf dans du jus d’ananas et de soja. On relève le tout avec de l’ail et du gingembre pilés. Sur la brochette, alterner ananas, bœuf, oignon, … Un simple riz blanc et un verre de vin rouge léger servi très frais… dépaysement garanti !
Découpez la chair d’un ananas, en petits dés séparés, sur un marbre ou une plaque inox. Arrosez d’un caramel assez épais… à déguster dés que le caramel est froid : le contraste du moelleux et du croustillant sera un dessert gourmand servi avec un verre de Muscat de Lunel … Pour sombrer sans retenue dans la gourmandise, n’oubliez pas que, riche en vitamines, l’ananas possède une enzyme spécifique, la « broméline », apte à démarrer la digestion des protéines.

Je dois préciser que l’image a été choisie par mon Cher Patron. Moi, j’avais choisi une belle boîte d’ananas en tranches… mais je reconnais que c’était moins coloré. Décidément, il a bon goût, mon Lépicurien.

Mona nana, c’est vous

Du pain, du vin, du divin

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Alors que les dirigeants Français s’acharnent contre les amateurs de vin que nous sommes, il est réconfortant de trouver des défenseurs, là où on ne les attendait pas forcément, du noble produit qu’est le vin :

« Si le pain est considéré comme le symbole de ce dont l’homme a besoin, le vin est le symbole de l’extrême abondance, qui nous est nécessaire. Il représente l’allégresse et la transfiguration de la création. Il nous délivre de la tristesse et de la fatigue, nous libère l’âme, nous ouvre le cœur et franchit les barrières qui limitent notre existence« .
Cardinal Joseph Raztinguer (Benoît XVI)

Souhaitons que nos ministres et députés lisent ce texte et le méditent.

Mona, savez vous que depuis le 16° siècle, le vin de messe est du vin blanc bien qu’il soit le sang du Christ. La seule raison est pratique : ne pas laisser desaint-emilion traces sur les linges utilisés durant l’office. Ce vin a été durant longtemps une affreuse piquette.
On raconte à ce sujet, que le Cardinal de Bernis (1715-1794) ne souhaitait que du Meursault pour célébrer la messe. Il se justifiait en disant :
-« Je ne vais quand même pas faire la grimace devant le Seigneur. »

Mona, apportez donc deux verres et buvons à la santé du Saint Père, et pas du vin de messe, je vous prie. Mais plutôt un Saint -Emilion, un Saint -Joseph, un Saint-Estèphe , un Saint-Romain, une Saint Nicolas de Bourgueil, ou mieux, un Saint-Amour…. un de ces saints que l’on prie sans modération.

De vigne en bouche

de-vigne-en-bouche1Marcel-E Grancher (1891-1976) est un auteur un peu oublié. Et pourtant, il a plus de 100 ouvrages à son actif : sur Lyon, sur la Grande Guerre, sur la gastronomie. Dans les années cinquante, il publiera nombre de policiers parodiques au titre évocateur : Baisse sur le poulet, Ce mec est contagieux, Marie Trouducoeur, La fin des haricots.
C’est, d’ailleurs, lui qui mit le pied à l’étrier à Frédéric Dard. Ils écrivirent à quatre mains Tartempion en 1953.

J’ai lu « De vigne en bouche » (1956) dans lequel on suit les aventures des membres de l’Académie de Panurge. Parmi eux, Antoine Bétoine, poète, épicurien, cherchant femme à forte dot pour lui apporter les revenus qu’il n’a pas… C’est à Bordeaux, qu’il jettera son dévolu sur la fille d’un vieux notaire habitant près du jardin public. Un portrait caustique de la bourgeoisie bordelaise de 1956…. Heureusement, nous sommes en 2009, les choses ont sûrement changé….C’est l’un de ses amis, Jean de Reyssac, viticulteur, qui l’initiera à la vie de Bordeaux et à ses vins. Alors que les vins de Bordeaux sont attaqués pour leur piètre qualité et traversent une crise, le vigneron lance un appel à tous les amateurs de bons vins : le Renouveau a sonné, les vins de qualité sont de retour[1] :

« Aujourd’hui, il faut que le torrent de vin que nous avons préparé, pour le bonheur des Français en général et des Parisiens en particulier roule et déferle. Qu’on trouve, dans tous les quartiers, pichets et cruches, flacons et tonneaux de celui que nous disons nôtre « Renouveau », parce qu’il est notre résurrection, notre réveil, notre printemps, notre espérance. Il sera tout cela, aussi pour qui boira ce vin béni, ce vin de sagesse, ce vin de courage, ce vin de santé.
Seulement, ce coup, camarades, nous n’entendons pas être dupés. Nous n’accepterons ni qu’on vous trompe, ni qu’on nous assassine. Nous ne laisserons partir ni, de nos vignes ni de nos chais, un seul fût indigne de la marque.
« Renouveau » voudra dire que nous avons réuni de bons compagnons fidèles pour leur confier la mission de vous livrer un vin fier, un vin sans reproche, que ces compagnons ont accepté le contrôle de leurs pairs et ont la volonté commune de servir notre cause et de batailler, tous ensemble, contre les fraudeurs et les tricheurs de tout poil.
Leur serment n’est pas, chose vaine et nous serions durs, à qui l’oublierait. Ils vont avoir leurs étendards, leurs gonfalons qui seront aux armes du « Renouveau. »
Voici venir notre troupe gaillarde. Viens trinquer avec nous, doux peuple de France. Nous pouvons te tendre nos mains de vignerons sans honte et sans crainte, car si d’aucuns te mentirent, nous ne fûmes jamais de ceux-là.
Renouvelle avec nous le pacte de tes pères. Renouveau pour toi. Renouveau pour nos vignes. Renouveau pour notre terre à tous et pour tous. A la bonne tienne !…
Et, prêchant d’exemple, il vida son verre – une sorte de hanap qui tenait comme rien son demi-litre, et non pas l’un de ces dés à coudre qu’ont trop tendance à adopter les constipés d’à présent. »

Dans ce même livre, Jean de Reyssac affirme haut et fort que les vins de Bordeaux sont tellement nombreux et variés qu’il est impossible d’en faire le tour :

« Chacun de ces vins est animé d’un vie perpétuelle, chacun a une adolescence, une jeunesse, un âge mûr, une vieillesse : chaque bouteille est une femme changeante qu’il faudrait fréquenter à tout âge et dans toutes ses humeurs. »

Voilà un homme qui sait parler des femmes….
Un ouvrage épicurien et truculent.

Mona envie de boire un coup


[1] Marcel-E Grancher « de vigne en bouche » Editions Rabelais page 105

L’avaleur n’attend pas le nombre des années

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Le Déjeuner de jambon de Nicolas Lancret Musée de Chantilly

Pierre de Montmaur (surnommé Montmaur le Grec, et plus méchamment Gomor ou Mormon) est né en 1576 dans le Lot. Professeur helléniste distingué, il était connu pour son avarice, ses bons mots et son appétit insatiable malgré sa grande maigreur. Réputé comme un vrai pique-assiette, il se définissait lui-même comme le « plus grand parasite que le monde ait jamais porté ». Sa compagnie était recherchée et lui assurait d’être reçu à la table des grands, à qui il promettait plaisamment :
– Fournissez les viandes et le pain, je me charge du sel.

Nombre d’auteurs lancèrent de son vivant des pamphlets à son encontre. Mais, c’est au début du XVIII° siècle qu’un ouvrage en deux tomes assura sa légende.

Voici pour vous, chers lecteurs, deux extraits de « l’histoire de Pierre de Montmaur, professeur royal en langue grecque dans l’Université de Paris, par Sallengre (1715), recueil de pièces de prose et de vers publiées contre ce fameux parasite. »

Tout d’abord, deux souvenirs de table :

couvertsEtant un jour avec plusieurs de ses amis qui parlaient, chantaient et riaient tout ensemble, Pierre de Montmaur stoppa toute conversation en disant :
– Eh bien Messieurs, un peu de silence, on ne sait plus ce qu’on mange.

Ce mot sera l’occasion de publier cette épigramme :

Gomor étant à table avec certains pédants
Qui criaient et prêchaient trop haut sur la vendange
Lui qui ne songe alors qu’à ce que font les dents
Paix là, paix là, on ne sait pas ce qu’on mange

Quelqu’un ayant dit que les médecins Grecs soutenaient qu’il fallait dîner légèrement mais manger davantage à souper, et que les Arabes croyaient qu’il fallait faire un léger souper mais un bon dîner, il répondit qu’il dînerait avec les Arabes mais qu’il souperait avec les Grecs.

Puis, à la manière de la chanson Père Dupanloup, la naissance du parasite. Mélange de Gargantua, « Le Tambour »[1] et de Jean Baptiste Grenouille[2] :

Foetus_in_the_Womb_detailDieu, ayant dessein de punir le monde par ses trois fléaux ordinaires, y envoya, il y a près de trente années, la peste, la guerre, et Mormon pour y causer la famine. Il exécuta si bien les ordres du Ciel, qu’avant même que de naître il fit mourir sa mère de faim. Cette pauvre femme fut tourmentée pendant sa grossesse d’une boulimie épouvantable ; mais elle avait beau manger, elle n’en était pas plus grasse, et son ventre seul, qui grossissait à vue d’œil, en profitait, prenant pour lui tout ce qui était destiné à la nourriture des autres parties.
Ce parasite embryon affama donc sa mère de telle sorte qu’il la fit enfin mourir. Le soir d’un mardi gras, après avoir été en festin tout le long du jour, et avoir étonné de sa voracité prodigieuse toute la compagnie, on la vit tomber sur les plats, en disant d’une voix faible et languissante qu’elle mourait de faim. Elle ne mentait pas : car ce furent ses dernières paroles, après lesquelles on reconnut qu’elle était sans mouvement et sans vie ; heureuse au moins en ce point, d’avoir évité la rencontre du carême, son ennemi, qui arriva devant le point du jour.
A cause du péril que courait l’enfant, on la déshabillait pour faire l’opération ordinaire en de pareils accidents, quand on fut bien étonné de voir un gros garçon sortir de son ventre par un grand trou qu’il y faisait à belles dents. — Ah Dieu ! Ils en sont déjà au dessert, s’écria- t-il en s’élançant légèrement de sa mère sur la table. Il n’en dit pas davantage car il se mit à manger.

Allez, Mona, buvons un Cahors à la mémoire de cet épicurien. Deux verres, deux.


[1] Film de Volker Schlöndorff (1979) adapté du roman éponyme de Günter Grass (1959).
[2] Héros du roman de l’écrivain allemand Patrick Süskind (1985) : Le Parfum, histoire d’un meurtrier

Le chant des vaches qui rient

Montserrat Caballé et Maria Callas
Montserrat Caballé et Maria Callas

Maria de Montserrat Viviana Concepción Caballé i Folch est plus connue sous le nom de Montserrat Caballé. C’est l’une des sopranos les plus célèbres au monde. Cette diva espagnole cache le trésor de sa voix au sein du coffre … fort d’une généreuse poitrine. Elle est « charpentée » et, dans le microcosme impitoyable de l’art lyrique, on lui applique cette métaphore qui a déjà servi pour d’autres : « Cette diva, c’est un éléphant qui aurait avalé un rossignol ».
Lorsqu’on demandait à Maria Callas, sa grande rivale, comment, elle restait si mince quand nombre de divas étaient confortablement enveloppées :
– « Mon médecin m’a recommandé de faire beaucoup de sport. Alors, chaque matin, je fais systématiquement trois fois le tour de Montserrat Caballé. »

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