Viens Poupoule, viens

mona-poule

Je n’en peux plus, mon mari m’appelle toujours «ma poule». Me comparer à ce gallinacé bête et stupide m’est insupportable.
Tel est le cri (ou plutôt le caquètement, devrai-je dire) d’Aimée Nervegrave dans la lettre qu’elle m’a adressée.  

Non, mais vous vous rendez compte, alors que le monde est en crise, vous m’envoyez des conneries pareilles. Oui, je sais ; çà peut choquer dans la bouche d’une jeune fille comme moi d’utiliser la grossièreté pour exprimer ma colère, mais, je trouve que ce surnom affectueux n’est pas dégradant. La femelle du coq n’est pas plus bête que beaucoup de mes congénères. Savez-vous que nombre de femmes sont affublées de surnoms bien pire. Vous savez le gars qui au moment de se coucher appelle sa donzelle : tu te couches, ma puce ? Et qui le lendemain matin après avoir profité de ses charmes, lui crie de la cuisine alors qu’elle paresse dans le pucier conjugal : alors tu te lèves grosse vache ? En une nuit, la compagne du jouisseur lubrique vient de prendre 300 kg dans le moral…

Et puis, Aimée Nervegrave, ces petits noms enfantins mais si attendrissants existent depuis la nuit des temps. S’il fallait vous en convaincre, lisez donc ce court extrait signé Voltaire :

Le célèbre Harvey qui, le premier, démontra la circulation sanguine, et qui était digne de découvrir le secret de la nature, crut l’avoir trouvée dans les poules. Elles pondent des œufs, il jugea que les femmes pondaient aussi. Les mauvais plaisants de dire aussitôt que c’était pour cela que les bourgeois appelaient leur femme ma poule, et que toutes les femmes étaient coquettes, parce qu’elles voulaient que les coqs les trouvassent belles. Malgré ces railleries, Harvey ne changea point de système, et il fut établi dans toute l’Europe, que nous étions pondus.

Mona pas de problème quand Lépicurien l’appelle Poupoule. 

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