Une histoire carat contée

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1958, Smithsonian Institute de Washington. Le musée réceptionne de la poste une enveloppe kraft. Elle contient un diamant bleu de 45.24 carats connu sous le nom de Hope. C’est le bijoutier Harry Winston qui a choisi ce mode discret pour expédier en toute discrétion la pierre la plus chère du monde. Curieux, pourquoi un joaillier ne cherche pas à vendre ce trésor ?

Ce diamant est pratiquement devenu invendable du fait de sa renommée. Ses propriétaires successifs ont connu de grands malheurs.

Remontons le temps pour suivre le périple de ce fabuleux diamant. Tout commence en 1668, un marchand du nom de Tavernier le ramène d’Inde pour le vendre au Roi-Soleil. Après qu’il fut taillé, il passe de 112.50 carats à 67.5 et est serti dans l’insigne de l’Ordre de la Toison d’or. Durant la Révolution, il est volé au garde-meuble national. En 1792. En 1812, un diamant bleu de forme ovale[1] et pesant 45.24 carats apparait en Angleterre. En 1824, il est acheté par un banquier londonien Henri Philip Hope qui lui donnera son nom. En 1856, l’hypothèse que ce diamant n’est rien d’autre que le Bleu de France qui appartenait à la famille royale de France est émise. La preuve n’en sera  apportée qu’au XXème siècle. Les voleurs ou les receleurs ont retaillé la gemme pour ne pas éveiller les soupçons.

En 1910, c’est Pierre Cartier, célèbre joaillier parisien qui est en possession du Hope. Il le présente à Evelyn Walsh McLean, richissime héritière américaine. Pour éveiller l’intérêt de cette femme, il raconte une histoire où les principaux intervenants gravitant autour du diamant ont connu le malheur. C’est le déclencheur de l’achat.

Ainsi, tout commence avec Tavernier qui aurait volé la pierre sur la statue de la déesse hindoue, Sita. Lors d’un autre voyage en Inde, il mourra sous les crocs de chiens sauvages. Louis XVI et Marie-Antoinette furent raccourcis. Le petit-fils de Hope fut ruiné. Madame Walsh qui avait acheté la pierre en connaissance de cause connut le bonheur pendant 10 ans. Mais après, il en fut autrement : son fils fut écrasé par une voiture, son mari devint fou et sa fille se suicidera quelque années plus tard. Il est certain que ça fait beaucoup.

Mais les chercheurs américains sont persuadés que cette histoire de malédiction a été fabriquée de toutes pièces par Cartier qui savait que sa cliente aimait les histoires rocambolesques. On trouva même un livre écrit à cette époque qui narre une aventure similaire. De plus après recherches, on a la preuve que ce diamant a bien été acheté par Tavernier et ce dernier mourut paisiblement à Moscou…

Cependant, la renommée de cette pierre est une aubaine pour le musée de Washington. Après la Joconde, c’est l’œuvre la plus visitée dans un musée.

Vous voyez ma Chère Mona, tout a été éclairci, la malédiction est bien une légende. Malgré les morts subites, les propriétaires de ce bijou ont vécu en moyenne plus longtemps que leurs contemporains. Bon, les tannins ont également des qualités qui peuvent vous conserver en bonne santé. Aussi nous allons déguster le Château des Tours 2009 (Brouilly). Logé dans une bouteille lourde, ce vin du Beaujolais est taillé pour la garde. A ce jour, il n’est pas encore sous son meilleur profil. A attendre.   

[1] Le Bleu de France avait la forme d’un cœur.

L’heure est Graves

Au trou, Mona. Vous avez bu du vin.

  Dans le Telegraph, nos amis Anglais se penchent encore sur notre douce France et publient les résultats de diverses études qui confirment la baisse progressive de consommation de vin et le fossé qui se creuse entre les diverses générations.

Selon cet article, les chercheurs craignent que la culture du vin disparaisse avec les nouvelles générations. Selon eux, ce phénomène s’est produit au cours des deux dernières générations. Et si les 65 ans et plus continuent à boire du vin en mangeant selon la tradition et l’héritage de la manière de vivre à la française, la consommation est plus occasionnelle chez les 40-65 ans et est exceptionnelle chez les moins de 30 ans.

Et c’est sans doute, l’absence de transmission de la culture du vin par la famille qui explique cette absence de vin chez les nouvelles générations.

Sevrés de séries américaines, ils préfèrent les alcools, les sodas… Et s’ils ne rejettent pas le vin (ils sont même plutôt fiers des vins français), ils ne les connaissent pas et en boivent juste lors de quelques fêtes de famille. Mais ils ignorent tout de la richesse du patrimoine historique et épicurien du vin.

Pauvre France, ton patrimoine fout le camp sans que personne n’en ait conscience et ne s’en alarme.

Mona, ma petite, vous avez plus de 30 ans. Aussi, je suis certain que vous apprécierez ce Brouilly 2009 du Château du Prieuré : du fruit, du fruit… et un très grand potentiel de garde.

Prenez la chaise

Confesseur de Louis XIV

Une lectrice m’a chaudement félicité pour les articles sur le cimetière du Père Lachaise. Merci, çà fait chaud au cœur. Mais la dame me demande en même temps d’expliquer pourquoi ce nom de Père Lachaise. Holà, ma belle. Vous avez trop lu Spirou, vous me prenez pour l’oncle Paul ?

Mais, vous me connaissez : il m’est impossible de refuser quelque chose à une dame. Donc voici la belle histoire du Père François.

En effet, le nom administratif de la nécropole est « cimetière de l’Est ». Mais c’est connu, le Français est poète et rebelle.

Tout commence en 1626, les Jésuites de la rue Saint-Antoine à Paris rachètent une propriété du nom de « Folie-Régnault »[1]. Rebaptisée, Mont-Louis, elle est un lieu de repos ( éternel ?) pour les membres de la Compagnie de Jésus. Ainsi, le confesseur de Louis XIV[2], personnage fort influent, venait régulièrement s’y reposer. François d’Aix de la Chaise (ou Chaize) resta gravé dans la mémoire des Parisiens car il était le seul à voir le Roi à genoux devant lui… Et çà, çà plaisait au peuple.

Aussi, avec le temps, l’histoire déforme. On ne prête qu’aux riches : de simple occupant, il fut considéré comme propriétaire et son nom resta attaché au lieu. Et pourtant, la propriété fut vendue en 1763 au moment où l’ordre des Jésuites furent expulsés du royaume. Divers propriétaires se succédèrent avant qu’en 1804, la ville de Paris n’achète le domaine pour en faire un cimetière. Le cimetière de l’Est fut vite rebaptisé par les Parisiens du nom du confesseur royal.

Et voilà, mes chéries, la boucle est bouclée. Bon Mona, c’est pas tout çà. A force de parler, j’ai la glotte qui sèche. Buvons un coup de Brouilly. J’aime les Beaujolais du millésime 2009 : Les Tours de Pierreux est vinifié par Lydie Nesme. Une patte féminine pour un bouquet de fruits. Mona, prenez une chaize et buvons.


[1] Nom du commerçant propriétaire de l’époque.
[2]
De 1675 à 1709. C’est peut-être lui qui maria Louis XIV à Madame de Maintenon.

Thé-rapie

Il y a quelques jours Mona a publié sur ce blog un article fort in-théressant sur le thé. On y voit bien que si la légende a é-thé inve-thée, c’est pour sublimer la réali-thé.

acorde-penduMais en fouillant sur la toile, on trouve des trésors qui dépassent la fiction. Ainsi dans le Dictionnaire des Merveilles et Curiosités de la Nature et de l’Art (1853), Adolphe de Chesnel nous relate une expérience de sous-alimen-thés :

Parmi les expériences qui ont été faites pour apprécier les qualités nutritives de certaines substances, on cite la suivante : trois Anglais condamnés à être pendus obtinrent une sorte de grâce à la condition que l’un ne vivrait que de thé, l’autre que de café et le troisième que de chocolat. Celui qui ne vécut que de chocolat mourut au bout de huit mois; le condamné au café ne dépassa point deux ans et celui qui ne se nourrissait que de thé put aller jusqu’à la troisième année. L’homme qui ne se nourrissait que de chocolat était dans un état complet de décomposition; il était mangé par les vers et ses membres tombaient les uns après les autres. Le buveur de café était défiguré comme si le feu avait calciné tout son intérieur. Enfin, celui qui ne vécut que de thé était si maigre et avait le corps si diaphane, qu’en plaçant une chandelle derrière lui, on pouvait voir tout l’intérieur.

Mona, si un jour je suis condamné à ce genre de peine, je demanderai à être nourri uniquement de vin. Notez le bien. Tiens d’ailleurs, je vous propose un coup d’essai. On va dépuceler de ce pas une boutanche de Beaujolais, mais du vrai, du nourrissant : un Brouilly 2007 du Domaine Laurent Martray.