Flagrant débit…

Lépicurien vous a déjà parlé d’un restaurant parisien qui eut son heure de gloire au XIX° siècle : la Maison Dorée sur le Boulevard des Italiens. Une partie de ce bel établissement était réservé uniquement aux habitués triés sur le volet. On pouvait y croiser le Prince de Galles, des nobles désœuvrés et excentriques, Rossini, Balzac et nombre de fêtards et noceurs de la capitale.

Chaque client était connu, reconnu et chouchouté.

Tout près, se trouvait un autre restaurant tout aussi réputé, le Café Anglais. Ce sont bien entendu les mêmes clients qui passaient de l’un à l’autre et quelquefois au cours de la même soirée.

Ce fut le cas, un soir, en fin de service, un homme, titubant et le ventre rebondi, traversa du 20 Boulevard des Italiens[1] au 13[2]. Manifestement, le client était fait comme un rat. Arrivé, devant la porte, il éructa et bafouilla quelques mots. Le maître d’hôtel impassible le laissa rejoindre sa table habituelle. L’homme s’assit et fit savoir qu’il voulait manger. On lui amena la carte.

Mais, se levant aussi rapidement qu’un pet glisse sur une toile cirée, il fonça vers les toilettes, laissa portes grandes ouvertes et des bruits ne laissant aucun doute sur son activité du moment s’en échappèrent : le gars était malade et en train de rendre son dernier repas.

Le maître d’hôtel soupira en clignant les yeux et une moue lui barrait le visage :

Mon Dieu, mon Dieu, si ce n’est pas malheureux que ce Monsieur vienne déposer ici ce qu’il a mangé ailleurs…  

Mona plus faim…


[1] L’adresse du Café Anglais
[2] L’adresse de la Maison Dorée

Partir, c’est nourrir un peu

Paris-Pitoresque-1Les restaurants se développèrent à Paris essentiellement durant la Révolution de 1789. Nombre de nobles ayant quitté précipitamment  le territoire, laissaient leurs cuisiniers sans revenus. Et comme les députés siégeaient à des horaires qui ne leur permettaient pas de rentrer chez eux, les cuisiniers s’installèrent autour du Palais Royal. Sous l’Empire, nombre d’établissements de renom furent créés. Ils s’installèrent plutôt sur les Grands Boulevards pour être au plus près des théâtres et lieux de divertissement. Ainsi, La Maison Dorée était fréquentée par la bourgeoisie et les gens en vue. Les frères Verdier, propriétaires, réussissent à faire de ce lieu le centre de la vie culturelle et politique de la capitale, le cœur, l’esprit et l’estomac des Boulevards, c’est-à-dire de Paris. En effet, ils étaient, à l’époque, le symbole de la capitale. La maison était réputée notamment pour son boudin, ses pièces de viande grillées. On y mangeait la meilleure bouillabaisse de la capitale et le Chef Casimir Moisson y avait créé la timbale Nantua.

waiterUn soir, au cours du service, une altercation … un  soufflet … un silence glacial : un des garçons venait de gifler un client qui se montrait depuis bien longtemps désagréable et arrogant. Bien entendu, le serveur se savait congédié. Otant son tablier et s’adressant au client, devant la salle médusée, il lui dit :

« Avant de partir, je tiens à déclarer à… ‘Meu…sieur’, que depuis six mois,… je crache systématiquement dans tous ses plats. Bonsoir« 

Mona, je n’ai pas eu besoin de cracher dans les verres, ils étaient propres ; merci. Par contre la sauce Nantua me donne envie de boire un Marestel du Domaine Dupasquier. Ce savoyard nous donne des vins fabuleux à découvrir absolument.