Prendre une veste

Hundley-death-of-a-salesmanlogo-arenaVous avez combien je vous aime tous. Mais, vous êtes encore trop nombreux à avilir votre look en portant mal votre costume. Aussi votre Mona va se faire un plaisir de vous conseiller sur le port du complet-veston :

Si pour faire jeune, vous ne voulez pas porter de cravate, il est inutile de boutonner le dernier bouton de votre col, çà ne le fait pas… Pas nécessaire non plus d’exhiber votre système pileux particulièrement développé en déboutonnant jusqu’à trois boutons. Allez faîtes moi plaisir : un bouton ouvert sera très bien.

En matière de veste, l’usage est de ne pas fermer le bouton du bas. Nombre d’explications sont avancées : la plus probable est que le Roi Edouard VII, roi d’Angleterre, à la suite d’un repas particulièrement copieux, aurait laissé un bouton ouvert pour éviter de se péter la ventrière.  Je vous conseille fort de déboutonner le dernier bouton :  ce la évitera tous ces vilains plis qui se créent sur votre veste…
Lépicurien lui se fout des modes. Il porte toujours des costumes croisés. Il dit que çà reste le plus élégant et le plus chic… et puis là, on boutonne le dernier bouton…

Je vais finir ces conseils avec le plus insupportable : l’étiquette de marque que vous laissez sur la manche de votre costume. Alors là, c’est trop. Inutile de vous transformer en homme sandwich, même si la marque est prestigieuse. Alors de grâce, si le commerçant n’a pas pris l’initiative de l’enlever, munissez vous d’une paire de ciseaux et ôtez l’étiquette avant de porter votre dernière acquisition.

Mona billée ou pas est toujours chic pour vous…

Paire de truffes

Napoléon avait le désir effréné d’engendrer une dynastie. N’ayant pu obtenir d’enfant de sa Joséphine bien-aimée, il décida  d’épouser Marie-Louise, fille de l’empereur d’Autriche et de tout faire pour s’assurer une descendance.

Or, depuis la Régence, on attribuait à la truffe, noire ou blanche, d’être à l’origine de rêves érotiques et de « développement de la personnalité ». De là cette anecdote, qui s’est glissée dans la légende napoléonienne et qui, authentique ou non, mérite d’être contée.

Comme le jour de son mariage avec Marie-Louise approchait, l’Empereur se souvint des bruits qui couraient sur l’un de ses soldats, un gaillard sans grande prestance physique et à peu près de sa taille, mais qui, paraît-il, engrossait sa femme à chaque permission. Ce petit homme était périgourdin et fin connaisseur de truffes.
De là, à attribuer à ces tubercules son extraordinaire fertilité, il n’y avait qu’un pas que Napoléon s’empressa de franchir. Il dépêcha le soldat vers ses foyers en lui promettant de lui octroyer une pension à la hauteur de ses capacités procréatrices s’il regagnait, sans tarder, la capitale avec un beau panier de truffes. Le soldat, qui n’en croyait pas ses oreilles, s’empressa d’obéir à cet ordre généreux. Le jour de son retour, veille du mariage avec Marie-Louise, Napoléon se nourrit presque exclusivement des tubercules que les anciens croyaient nés du tonnerre. Neuf mois plus tard, Marie-Louise accouchait du petit roi de Rome, dit l’Aiglon.
Les truffes avaient été à la hauteur de leur réputation… Vive la France.

Napoléon mange ses truffes sous l'oeil de Marie-Louise en pensant à Joséphine
Napoléon mange ses truffes sous l'oeil de Marie-Louise en pensant à Joséphine

Jean-Anthelme Brillat-Savarin, le roi des gastronomes, publia en 1825, un an avant sa mort, son oeuvre immortelle, La Physiologie du goût, ou méditations de gastronomie transcendante, dans laquelle on peut lire cette phrase: « Qui dit truffe prononce un grand mot qui veille des souvenirs érotiques gourmands chez le sexe portant jupes et des souvenirs gourmands érotiques chez le sexe portant barbe. »
Aujourd’hui encore, l’assertion reste on ne peut plus exacte. Mais Brillat-Savarin n’évoque pas les femmes à barbe. Un oubli, Anthelme ?

Ma chère Mona, pour accompagner ces quelques lamelles de truffes à la fleur de sel, je vous propose un Puligny-Montrachet la Truffière. Courez chercher deux verres….je vous prie.

Pierre Poivre

Poivre1Lépicurien vous a gratifié d’un superbe article sur la muscade. Je ne pouvais passer sous silence celui, qui au péril de sa vie, arracha aux Hollandais la précieuse épice et l’acclimata sur les île de l’Océan Indien.

Issu d’une famille lyonnaise, Pierre Poivre rêve de voyages. Rentré au séminaire parisien de la rue du Bac des Missions Étrangères, il embarque en 1741 pour le Tonkin[1]. En fait, il n’arrivera pas à sa destination mais visite la Chine et la Cochinchine[2]. Au cours de son séjour, il traverse les lieux de production des épices dont les Hollandais ont l’exclusivité.
Ayant abandonné ses projets de prêtrise, après plus de trois ans en Orient, il décide de rentrer en France. Mais son bateau est attaqué par des Anglais. Dans le combat, il perd son bras droit… lui qui voulait faire de la peinture.

Remis de ses blessures, il est débarqué à Batavia[3]. Il y fera de multiples observations sur les possessions hollandaises et l’organisation de la Compagnie néerlandaise des Indes. Il quitte Batavia en décembre 1746 pour l’île de France[4]. En juin 1748, enfin, il rentre en France. Dans un manuscrit dit « les Mémoires d’un Voyageur », il consigne ses observations.

Dès son retour, la Compagnie des Indes le renvoie en Extrême-Orient pour « revitaliser l’économie des Mascareignes[5], propriété de la Compagnie, et en faire un centre de production d’épices, un entrepôt de ces dernières qu’on enverra dans le monde et notamment en Europe où l’on en est si friand. »
Au fond, il doit « juste » saisir aux Hollandais des plants. Pour cela, Poivre parcourra – dans le plus grand secret – tous les lieux de production existants : la Cochinchine, les Philippines, les Moluques, touchera à Macao et Canton et reviendra par l’île de France où il apportera plants et graines de toutes les épices qu’il se pourra : canneliers, poivriers, muscadiers, girofliers… pour voir comment elles s’acclimateront dans ces îles. Malheureusement, Fusée Aublet, botaniste officiel du Roi sur l’Ile de France veut démontrer que les épices ne peuvent s’adapter sur l’ile. Il n’hésitera pas à les faire crever en les arrosant avec de l’eau bouillante.
Poivre regagne la France où après un séjour forcé à Cork en Irlande – son navire a été capturé par les Anglais- il débarque enfin en avril 1757. Désireux de se reposer enfin, Pierre Poivre envisage de finir ses jours à Lyon. Il surveille l’acclimatation d’espèces exotiques ramenées en France et leur fructification, il y amènera nombre de plantes rares, et l’on montre encore aujourd’hui certains spécimens plantés par Poivre ou ses descendants, notamment un Ginkgo Biloba[6], l’arbre aux cent écus ainsi nommé parce que Louis XV aurait payé, pour son arrivée en France, cent écus.
Pierre_poivre_mauritius_posIl épouse une jeune lyonnaise, Françoise Robin de trente ans de moins que lui. Elle lui donnera trois enfants.

Mais, il était dit que Poivre reverrait l’Extrême-Orient. Il est nommé Commissaire Général de la Marine à Port Louis de Maurice et Intendant des îles de l’Océan Indien.
Il arme deux navires et ramène à nouveau des plants d’arbres à épices sur l’Ile de France et y développe le fameux « jardin des Pamplemousses« , qui sera centre d’acclimatation et de production de ces épices. Les Mauriciens montrent encore aujourd’hui avec orgueil cette réalisation de « l’Intendant français des Mascareignes ».

C’est en 1773 que Poivre rentre en France et y meurt le 6 janvier 1786.

Poivre, au nom si prédestiné, avait pour devise:
« Les obstacles déconcertent les têtes faibles, mais elles animent les bons esprits ».

Mona bu, avec Lépicurien, à la mémoire de ce bienfaiteur une bouteille de Syrah aux arômes si poivrées.

PS : pour en savoir plus sur Pierre Poivre, je vous recommande le livre de Daniel Vaxelaire : « Les chasseurs d’épices » (Petite Bibliothèque Payot)


[1] Le Tonkin est la partie septentrionale du Viêt Nam
[2]
La Cochinchine était la partie méridionale du Viêt Nam
[3] De nos jours : Jakarta, capitale de l’Indonésie
[4] Aujourd’hui île Maurice
[5] Groupe d’îles de l’océan Indien : l’île de la Réunion, l’île Maurice et ses dépendances.
[6] Cet arbre magnifique était au XVème et XVIème siècle considéré comme sacré par les Chinois et les Japonais dont ils entouraient les temples. Il est présent aujourd’hui dans beaucoup de nos villes, à Paris notamment : ses feuilles sont caduques et d’un très beau jaune d’or en automne justifiant, à elles seules, son surnom d’arbre aux écus d’or. L’extrait de concentré de feuilles de GINKGO BILOBA est un vasodilatateur des artères et des veines.

Le mots s’envolent, les aigris restent

C’est dans un petit village de l’Artois, du nom de Blangy, près d’Arras, que les Rosati[1] ont vu le jour. Le lieu était très verdoyant et on y cultivait des roses. Le 12 juin 1778, ce fut donc l’endroit choisi pour une réunion amicale et champêtre, par un groupe de jeunes gens joyeux et cultivés. Comme les muses, ils étaient 9 épicuriens réunis par l’amitié, le goût des vers et du vin. Ils célébraient la poésie, le bon vin, les chansons, les bons mots et… la rose. Après avoir bu, chanté, déclamé des poèmes, et plaisanté sur toutes sortes de sujets, cette journée leur parut magnifique et l’un d’eux s’écria :

« Amis, qu’un si beau jour renaisse tous les ans, et qu’on l’appelle : La Fête des Roses ! ». Ainsi naquirent les Rosati.

robespierre

L’écho de cette fête se répercuta dans la société des gens cultivés. On vit alors arriver des personnages comme Maximilien Robespierre, Lazare Carnot, ou Fouché qui s’illustrèrent un peu plus tard…

Nous nous attarderons sur le cas de Maximilien. Présenté comme un personnage froid et ascète en face d’un Danton, gourmand et jouisseur, il se laissait aller à célébrer le nectar de la vigne alors qu’il faisait partie de la Société des Rosati.

Lors des réunions copieusement arrosées de la docte assemblée, des joutes de vers étaient organisées. Je vous invite à lire un des poèmes de l’Incorruptible[2]. Certes la poésie n’a guère de relief, mais elle est une curiosité qui interpellera l’épicurien qui demeure en vous :

La Coupe Vide

O Dieu ! Que vois-je, mes amis ?
Un crime trop notoire,
Du nom charmant de Rosatis,
Va donc flétrir la gloire.
O malheur affreux !
O scandale honteux !
J’ose le dire à peine,
Pour vous, j’en rougis,
Pour moi, j’en gémis,
Ma coupe n’est pas pleine

Eh vite, donc emplissez-la
De ce jus salutaire,
Ou du Dieu qui nous le donna
Redoutez la colère.
Oui, dans sa fureur
Son thyrse vengeur
S’en va briser mon verre.
Bacchus de là-haut
A tout buveur d’eau
Lance un regard sévère

O mes amis, tout buveur d’eau,
Et vous pouvez m’en croire,
Dans tous les temps, ne fut qu’un sot
J’en atteste l’histoire :
Ce sage effronté !
Cynique vanté,
Me paraît bien stupide.
O le beau plaisir
D’aller se tapir
Au fond d’un tonneau vide ?

Difficile de croire que l’auteur de ces strophes participa à la Terreur et signa tant d’ordres d’arrestation. Mais après tout, Fabre d’Eglantine, qui fut favorable aux massacres de Septembre et tenta même de les exporter en Province. a bien écrit la chansonnette pastorale que chantent encore nos bambins :

sheep-stool

Il pleut, il pleut, bergère,
Presse tes blancs moutons,
Allons sous ma chaumière,
Bergère vite, allons.
J’entends sur le feuillage,
L’eau qui tombe à grand bruit,
Voici, voici l’orage,
Voilà l’éclair qui luit.

Entends tu le tonnerre ?
Il roule en approchant
Prends un abri, bergère,
A ma droite en marchant.
Je vois notre cabane.
Et tiens, voici venir
Ma mère et ma sœur Anne
Qui vont l’étable ouvrir.

Bonsoir, bonsoir, ma mère,
Ma sœur Anne, bonsoir,
J’amène ma bergère
Près de vous pour ce soir.
Va te sécher, ma mie,
Auprès de nos tisons,
Sœur, fais lui compagnie,
Entrez petits moutons.

Soignons bien, ô ma mère,
Son tant joli troupeau,
Donnez plus de litière
A son petit agneau.
C’est fait. Allons près d’elle,
Eh bien ! donc te voilà !
En corset qu’elle est belle !
Ma mère, voyez-la.

Soupons, prends cette chaise,
Tu seras près de moi,
Ce flambeau de mélèze
Brûlera devant toi.
Goûte de ce laitage.
Mais tu ne manges pas ?
Tu te sens de l’orage.
Il a lassé tes pas.

Et bien voilà ta couche
Dors y bien jusqu’au jour
Laisse moi sur ta bouche
Prendre un baiser d’amour
Ne rougis pas bergère
Ma mère et moi demain
Nous irons chez ton père
Lui demander ta main.

Mona, ma belle bergère, les vers de Maximilien m’ont donné soif. Préparez deux verres, et laissez moi sur votre bouche, servir une petite douceur : un cidre de glace canadien.

[1] Société littéraire  dont le nom est une anagramme d’ARTOIS

[2] Surnom de Maximilien Robespierre

Toutou : chat suffit

KittyLoin de moi l’envie de me fâcher avec Brigitte Bardot ou de me battre avec les diverses ligues et amateurs de bêtes à quatre pattes et poils de tous genres, mais il me semble qu’on perd la tête. Sur la toile, les offres de produits se multiplient à l’infini ; elles sont de plus en plus riches, raffinées…

Hé, oui, chez nous, rien n’est trop beau pour nos amies les bêtes. Le laboratoire américain Pfizer a mis sur le marché le premier médicament contre l’obésité des chiens (5% sont concernés). La société alsacienne Special Waters commercialise des boissons pour chiens et chats élaborés par des vétérinaires nutritionnistes ; garanties 100% naturelles et sans ajout de sucre ni de sel… Kay Klein’s, petite entreprise spécialisée dans la fabrication de biscuits pour chiens assure ses  friandises sont confectionnées avec le plus grand soin et « toutous » les ingrédients utilisés sont 100% naturels, et ne contiennent ni substances chimiques et aromatiques, ni conservateurs. De plus « toutoutes » les friandises y sont fabriquées à la main, à la façon d’un maître pâtissier et çà lutte contre ses angoisses, son stress.

Les hypermarchés se frottent les mains. Le rayon animaux est en très forte augmentation depuis plusieurs années. La gamme de produits s’élargit chaque jour. Ainsi pour les chats, il existe une nourriture sélectionnée pour les « stérilisés » (bœuf (et non de taureau, bien entendu (ndlr) et blé), les « sensibles » (dinde et riz), les « plus de 8 ans » (poulet).

Pour les chiens, itoutou.

Et puis, merde, il n’y a pas de raison que votre chien ne passe pas des vacances de rêve : certes, ce n’est pas chez nous, c’est au pays de l’extravagance qu’il faudra l’envoyer avec la compagnie Pet Airways et il logera au Paradise Pet Lodge et si sa niche lui semble trop petite à son retour, investissez dans une maisonnette plus spacieuse. La saison froide étant à nos portes, n’oubliez pas le coussin chauffant.

Ces diverses info ont été glanées uniquement sur les trois premières pages de Google alors que plus de 1.800.000 références sont proposées…

Encore une mode anglo-saxonne qui ne grandit pas l’humanité. Si aujourd’hui ces folies nous interpellent, veillons à ce que demain, elles ne deviennent pas banales chez nous.

Mona fligée ; pas vous ?

Bien entendu,

chienchien à sa mèmère ou dingomorphisme ?
chienchien à sa mèmère ou dingomorphisme ?

Pet des braves

La tirade du nez de Cyrano sent bon la France. Cette pièce d’Edmond Rostand est un hymne à ce pays qui est le mien. Quand un parolier s’empare de ces vers, il les tire du nez, pour les faire descendre plus bas. Et çà explose comme un feu d’artifesses.
Un grand merci à Christian Kaluc, l’auteur, qui m’a autorisé, avec ces quelques mots, à reproduire le texte que vous allez découvrir :
« Vous pouvez bien évidemment utiliser (comme vous le sentez) cette Tirade des Pets, qui n’a d’autres prétentions que de faire sourire, et de se venger personnellement contre les récitations à apprendre par coeur. Quoique cela permet de découvrir jeune des beaux textes que l’on apprécie plus tard, quand l’école de la vie vous a instruit davantage. »

LA TIRADE DES PETS

Un pet ! C’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire oh! Dieu! Bien des choses en somme.
En variant le ton, par exemple, tenez :
Agressif : « Moi, Monsieur, si je vous pète au nez
Il faudrait sur le champ que vous imploriez grâce. »
Amical : « Attention, que tu ne t’asphyxiasses,
J’ai abusé des racines jalap. »
Descriptif : « Pas en toc. Plus qu’un tic. Un handicap.
Que dis-je un handicap! C’est le fracas d’Hercule. »
Curieux : « Feriez vous exploser la capsule
D’un seul coup, Monsieur, vous dirais-je in petto. »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les fayots
Que paternellement, vous vous préoccupâtes
D’en remplir vos boyaux jusqu’à ce qu’ils éclatent ? »
Truculent : » Cà, Monsieur, lorsque vous dégazez
Les vapeurs de l’anus vous montent-elles au nez
Sans qu’un voisin n’appelle : SOS Asphyxié ? »
Prévenant : « Pétez donc, tout ce gaz renfermé
Car sans quoi vous allez décoller du sol ! »
Tendre : « Vous pourriez péter sous un parasol
Afin de soulager vos fesses
En procession à la grand messe,
Tel le curé, sous sa soutane. »
Pédant : « L’animal seul, Monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampemephantocamelos
Par un seul de ses pets, fait vibrer le cosmos. »
Cavalier : « Quoi, l’ami, le prout est à la mode ?
Gavez-vous de Soissons, c’est vraiment très commode. »
Emphatique : « Aucun vent ne peut, pet magistral
Te contrer tout entier, excepté le Mistra l! »
Dramatique : « Ah ! Que la campagne fut rude
Les éléphants avaient mauvaise haleine
On entendit l’infortunée Ségolène
Déclarer que la puante pétitude
L’agressait comme la teigne. »
Admiratif : « Pour un parfumeur, quel beigne ! »
Lyrique : « Votre anus ? Une conque, jouant sur tous les tons. »
Naïf : « J’en entends plusieurs, serait-ce un feuilleton ? »
Respectueux : « Souffrez, Monsieur, qu’on vous salue,
C’est là ce qui s’appelle chanter du trou du cul ! »
Campagnard : « He arde ! C’est-y-un pet ? Nanain !
C’est queuqu’navet géant, pas un haricot nain ! »
Militaire : « Pointez contre l’ennemi. »
Prophétique : « Je vous le dis en vérité,
Mes chères sœurs et mes chers frères,
Que celui qui n’a jamais pété
Vous jette la première pierre. »
Pratique : « C’est du gaz entièrement gratuit.
Récupéré, il peut servir de chauffage
D’appoint pour un petit ménage
Assurément, Monsieur, et c’est du plus écolo. »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce pet qui du nez de son maître
A détruit l’odorat! Il en rougit le traître !

Mona, je cherche un vin aromatique, bien entendu ; de la région de Bergerac, cela va sans dire. Nous allons nous régaler avec un vin rare : Château du Rooy 2008. La confidentielle appellation « Rosette » nous offre de bien agréables moelleux sur à peine plus de 10ha…

Etuves sur demande

souper_mortel_etuvesMichèle Barrière est historienne et journaliste. Elle écrit des romans mêlant intrigue policière et gastronomie. « Souper mortel aux étuves » se déroule fin XIV° siècle. Un homme est retrouvé égorgé dans une étuve. Ces établissements étaient les ancêtres des paniers fleuris qui égayèrent le XIX° siècle. Et en plus, on pouvait se laver, manger…

Sa veuve, Constance, se fait embaucher comme cuisinière du lupanar pour retrouver les assassins. Elle y croise un cuisinier qui travaille avec Taillevent, le génie de la cuisine de l’époque.

Et Constance qui n’a jamais touché une queue de poêle avant est de suite reconnue comme maitre queux (ce qui, dans ce genre d’établissement, peut porter à confusion). Une saine émulation avec Guillaume, le disciple de Taillevent nous permet de passer en revue les recettes de l’époque. Il faut dire que la Dame utilise des recettes laissées par son défunt mari. Il était l’auteur du Ménagier de Paris ???

Je vous passe les rebondissements de l’intrigue, la vie amoureuse des héros. Vous l’aurez compris, l’intrigue, les rebondissements m’ont laissé de marbre. Mais la saveur de ce livre, ce sont les recettes, les modes de cuisson… alors là, on salive. Michèle Barrière n’est pas Simenon, mais elle est de la trempe de Raymond Oliver. Lorsqu’elle décrit un plat, on est dans la cuisine de Taillevent ou de Constance.

Mona, savez vous que la Foire Saint Martin de Pontoise va se tenir pour la 839ème fois du 6 au 22 novembre. Alors pour plonger dans le Moyen Age, buvons un coup de ginglet avec un hareng grillé. Et oui, Mona, le ginglet est un vin provenant des coteaux d’Ile de France. Certes ce n’est pas un vin grandiose, plutôt aigrelet, mais de toute façon, les arômes du roi de la Baltique dominent tout.

L’haleine de bouc

henri-IV-1Henri IV, né Henri de Bourbon (1553 Pau – 1610 Paris) fut roi de Navarre sous le nom d’Henri III ,  de 1572 à 1610, puis roi de France de 1589 à 1610. Il fut le premier souverain français de la branche des Bourbon.

C’est dans la pure tradition béarnaise que lors de son baptême, ses lèvres furent humectées de vin de Jurançon et frottées d’ail, ceci pour lui assurer force et vigueur. Et çà doit marcher car il fut surnommé Vert-Galant pour souligner son ardeur envers les femmes. Il eut six enfants de Marie de Médicis et dix illégitimes de six de ses maîtresses.

Le Vert Galant n’était pas gourmet, mais il mangeait beaucoup et vite, comme il l’avait toujours fait au cours de ses campagnes et  il  lui arrivait d’en être malade. C’est ainsi qu’en juillet 1606, un gentilhomme vénitien, le marquis Giustiniani, vit retarder d’un jour le dîner, donné par Marie de Médicis et le roi, auquel il avait eu l’honneur d’être invité : « Car sa Majesté avait dû prendre pilule à la suite d’un banquet trop copieux ! ».

Henri IV aimait particulièrement le gibier qu’il ramenait de la chasse. Son plat préféré était le pâté dit « de la Tour d’Argent », parfumé d’ail et d’oignon. Il aimait d’ailleurs tellement ces bulbes qu’il faisait même fourrer les omelettes de gousses d’ail et pour goûter, il garnissait d’ail des tartines beurrées. Cet abus lui donnait une haleine tellement désagréable que toute la Cour s’en trouvait indisposée et que ses favorites s’éloignaient. Tallemant des Réaux a rapporté la réflexion, insolente, mais justifiée que l’une de ces dames fit à sa Majesté :

« Ah  Sire ! Il vous prend bien d’être Roi, sans cela on ne pourrait vous souffrir car vous puez comme charogne ! »

Mona pas une mauvaise haleine et va offrir un verre de Jurançon à son auguste Lépucurien.

henri-IV-2
Henri IV reçevant sa portion journalière d'oignons et d'ail

Journal officiel

cave-et-bull-coqLa France dans le monde entier, incarne le bien vivre, le pays de la gastronomie et des bons vins. Un proverbe allemand résume bien cela en disant : « être heureux comme Dieu en France ». Il fallait un texte officiel pour reconnaître la place du vin dans notre civilisation.

« Le vin et la vigne sont indissociables de notre culture. Depuis l’aube de l’Humanité, l’homme s’est représenté une jarre de vin à la main : en Egypte, sur les amphores grecques, sur les mosaïques romaines (. . .). L’Etat pourra financer des campagnes de promotion du vignoble et du vin (. . .) dans le cadre suivant : recommander une consommation modérée et responsable du vin ; rendre compte des effets bénéfiques du vin comme aliment (. . .) ; développer la culture de la vigne, qui favorise le respect du milieu naturel et endigue l’exode rural ; (…) favoriser la connaissance des vins espagnols à l’étranger ».

Eh oui ! Ce décret a été bien été publié au journal officiel en juillet 2003. Mais hélas, pas en France…

C’est au pays de Juan Carlos[1]

Dégoûtés par la politique suicidaire de nos dirigeants, je connais même de vieux vignerons républicains qui sont bien contents que ni la Révolution, ni Napoléon n’aient réussi à trucider tous les Bourbons…

Bon allez, Mona, versez nous de la civilisation : cette cuvée rare d’Alvear Solera PX 1830…, une merveille dont il me reste quelques précieux flacons en cave.


[1] Juan Carlos Alfonso Víctor Maria de Borbón y Borbón, Roi d’Espagne depuis le 22 novembre 1975

la Raccourcisseuse patriotique

Louis XVI et Marie-Antoinette d'après F. Botero
Louis XVI et Marie-Antoinette d'après F. Botero

Alexandre Dumas Père a écrit l’histoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Dans les trois tomes de l’édition de 1853, j’ai sélectionné ce texte sur les premiers essais de la guillotine :

C’est dans une des cours de Bicêtre que les premiers essais de la guillotine eurent lieu le 17 avril 1792. Il est sept heures du matin. Une petite pluie tombe fine comme un crêpe, tandis que cinq ou six ouvriers charpentiers, sous la direction d’un maître, s’occupent à dresser dans cette cour une machine d’une forme inconnue et étrange.

Disons comment se fit la modification qui conduisit l’instrument de mort à la perfection qui le distingue aujourd’hui. Le roi Louis XVI entendit parler de l’essai qui avait été fait dans la cour de Bicêtre, et l’on n’avait pu lui cacher le désagrément qu’avait éprouvé le docteur Guillotin. Le roi était assez bon mécanicien et surtout assez habile serrurier. La première fois qu’il eut occasion de se trouver avec le docteur Louis, il se fit expliquer par lui le mécanisme de la machine. Le docteur Louis prit une plume et tant bien que mal fit un dessin de l’instrument.
Le roi examina le dessin avec attention, et arrivé au couperet :
— Le défaut est là, dit-il, le couperet, au lieu d’être façonné en croissant, devrait être de forme triangulaire et taillé en biais comme une scie. Et joignant l’exemple à la démonstration, Louis XVI prit à son tour une plume et dessina l’instrument comme il l’entendait.
Neuf mois après, la tête du malheureux Louis XVI tombait sous l’instrument que lui-même avait dessiné.

En regardant aux ouvertures grillées pratiquées dans les quatre murailles qui formaient cette cour, on pouvait voir quelques têtes pâles et inquiètes, dont les regards plongeaient sur la machine qui allait s’élevant toujours. C’étaient les têtes des prisonniers réveillés par les coups de marteau. On a le sommeil léger en prison, et ils regardaient quel évènement inattendu allait se passer dans cette cour.

Quelques personnes entraient les unes après les autres ; et, malgré la pluie qui continuait de tomber, ils examinaient cette machine avec curiosité. Ce furent d’abord le docteur Philippe Pinel, puis le célèbre Cabanis, dans les bras duquel Mirabeau venait de mourir il y avait quinze jours.

On demandait naturellement des explications au maître charpentier qui s’appelait Guidon, et qui, il faut le dire, s’empressait de donner ces explications avec une complaisance parfaite. Et maître Guidon expliquait de son mieux les vertus de la machine, pour laquelle il paraissait avoir une prédilection toute particulière, et qu’il appelait en riant « sa demoiselle », attendu, disait-il, qu’elle était vierge.
Dans un coin de la cour se tenait un autre groupe de quatre personnes. Celles-là étaient vêtues fort simplement et portaient des cheveux non poudrés.Le chef de ces quatre hommes était un homme de cinquante à cinquante-cinq ans, dont la taille était haute, le sourire bienveillant, la physionomie ouverte. Cet homme s’appelait Charles-Louis Samson, il était né le 15 février 1738, et exerçait depuis vingt ans, sous la direction de son père, les fonctions de bourreau de Paris. Les trois autres hommes étaient son fils et ses deux aides.
Cette présence de M. de Paris, comme on appelait alors l’exécuteur des hautes œuvres du département de la Seine, donnait une terrible éloquence à la machine.
Aussi nous l’avons dit, le bourreau, son fils et ses deux valets formaient-ils un groupe à part, qui ne se mêlait point aux autres groupes.
Vers huit heures, deux hommes apparurent à la grille qui s’ouvrit devant eux.
D’un âge de soixante-dix ans, pâle, souffrant de la maladie dont il devait mourir bientôt, était le docteur Louis, médecin par quartier du roi. L’autre était l’inventeur de la fameuse machine, le citoyen Joseph-Ignace Guillotin.
Tous deux s’approchèrent, Louis lentement, Guillotin avec cette vivacité qui faisait le côté remarquable de sa personne. Ce dernier parut enchanté de la manière dont maître Guidon avait traduit sa pensée, aussi lui demanda-t-il combien l’instrument pouvait coûter.

On frappa à la grille, et une petite voiture traînée à bras, fut introduite dans la cour.
— Ah ! Voilà ce que nous attendons, s’écria le docteur Guillotin tout joyeux.
Cette voiture contenait trois sacs, et les trois sacs trois cadavres, envoyés par la direction des hospices.
Le bourreau, son fils et les deux valets s’emparèrent d’un des cadavres et le couchèrent sur la bascule. Puis on fit jouer le ressort. Le ressort se détendit, le couperet se précipita avec la rapidité de la foudre, et la tète du cadavre, séparée du corps, roula sur le pavé de la cour.

Guillotin poussa un cri de joie.
Quant à la guillotine, elle pouvait être appelée « Madame », car elle venait de perdre sa virginité.
Quelques applaudissements se firent entendre. Le docteur salua.

Un second essai fut tenté avec un succès égal.

Louis16-monument-st-denis
Louis XVI et Marie-Antoinette, Basilique Saint-Denis

J’ai relevé dans cette page d’Alexandre Dumas : « espérons que nous vivrons assez pour enregistrer dans cette même histoire le nom du dernier ».

Mon cher Alexandre, il eut fallu que vous viviez bien vieux. C’est Hamida Djandoubi qui fut le dernier guillotiné. C’était à Marseille, le 10 septembre 1977. La peine de mort a été abolie en France le 9 octobre 1981.

Mona encore toute sa tête