Un médicament qui fait mouche

En avril, j’avais écrit sur la mort de ce cher Président Félix Faure. Un lecteur (décidément, vous êtes formidables) m’a transmis un texte qui vient compléter l’article. Merci à Jaime Mabit, notre lecteur d’origine espagnole.

Au lendemain de la mort du Président Félix Faure (17 février 1899), la presse annonçait que le Chef d’Etat était décédé au travail entouré des siens. Un journal titrait même :

« Le Président de la République a succombé alors qu’il était penché sur les affaires de l’Etat…. »

La formule est belle, mais à de quoi faire rire quand on se rappelle les circonstances de cette mort.

Heureusement, plusieurs années après, Monsieur Le Gall qui était le chef de cabinet du Président défunt racontera les derniers instants de Félix. Ces propos furent repris dans la presse :

« Le président râlait sur un canapé-divan. Son visage était noir. L’explication de ce phénomène s’offrit tout de suite: il avait gardé son faux-col qui l’étranglait. .. On le fit sauter.
Mme Steinheil avait le torse nu, les cheveux épars. Elle portait son jupon, ses bottines. Sa chemise, ses bas, son pantalon étaient sur le tapis. Son corset sur un fauteuil.
Elle natta ses cheveux et les enfouit sous son chapeau. Elle fit un paquet de son linge, passa sa jupe et son corsage et, enveloppée dans un manteau de garde, la poitrine nue sous le corsage dégrafé, fut conduite jusqu’à une voiture. On reprit le manteau. On jeta l’adresse. Elle partit.

On s’empressait autour du président. Il n’y avait pas grand-chose à faire disparaître, mais on dut attendre plus d’une heure avant de pouvoir compléter sa toilette par suite d’un phénomène bien connu et que Pétrone décrit dans le Satiricon au sujet d’une aventure semblable.
Il faut savoir que la cantharidine[1] continue ses effets jusque dans l’agonie. »

Or Félix avait avalé deux doses de « Bonbons du Vert Galant »[2]  à cause des visiteurs qui se présentèrent à l’Elysée avant qu’il ne puisse rejoindre sa maîtresse. Or le vieil homme voulait être performant et vaillant. La mouche lui fut fatale.

Bon Mona, pas besoin d’avaler des mouches, nous on a le pinard. Et quand on boit les Raisins Gaulois 2009 de Marcel Lapierre, on se régale. Un jus de fruits pareil, çà donne la pêche. Et de plus, c’est l’occasion de rendre hommage à ce grand vigneron  de Morgon.


[1]  Substance produite par la cantharide ou mouche espagnole. Ce coléoptère est connu depuis l’Antiquité pour ses propriétés aphrodisiaques supposées.  Si elle peut déclencher une forte érection, elle n’est pas sans danger pour les reins et peut s’avérer mortelle.
[2] Marque de médicaments contenant de la cantharidine : çà ne s’invente pas !

J’ai la peau lisse au c…

Marguerite sut se présenter à la justice sous son meilleur profil

Lépicurien m’a chargée de vous faire découvrir la belle de l’Elysée. Fille d’une famille de grands industriels, Marguerite Japy a soif de liberté et de Paris. Pour ce, à 19 ans, elle épouse un peintre Adolphe Steinheil, quadragénaire certes, mais qui habite Paris.
Vite, elle se rend compte que ce n’est pas le talent de son mari qui lui permettra de vivre comme elle le souhaite. Par contre, son physique de rêve ne laisse pas insensible ses contemporains.

Aussi, elle collectionne les amants et les invite à acheter des toiles à son mari. Elle rencontre le Président Faure qui tombe immédiatement amoureux… Tout se passe comme dans un rêve avec Félix jusqu’à ce jour de février 1899.

La belle reprend son chemin d’amour. Il faut bien vivre.

31 mai 1908, dimanche de Pentecôte, au petit matin, Rémy Couillard (çà ne s’invente pas), jeune employé de maison, trouve les portes de toutes les chambres ouvertes. Dans une première pièce, il trouve la belle Marguerite ligotée. Puis, il découvre Monsieur étranglé et la mère de Madame morte, elle aussi (on dit qu’elle aurait avalé son dentier).

A l’arrivée de la police, Marguerite raconte qu’elle a été attaquée par trois barbus…. Ayant tardé à les renseigner sur la cachette des bijoux et valeurs, ils l’ont ligotée et bâillonnée. Pour le reste, elle ne sait rien.

L’enquête, pleine de rebondissements, accumule les soupçons à son endroit. De plus, Marguerite change de versions à de nombreuses reprises.
Elle comparait devant la cour d’assises. Au terme de dix jours de procès, elle est … acquittée.

La belle Marguerite quitte Paris pour Londres. Elle y épouse lord Robert Brook Campbell Abinger.

Elle meurt en 1954 en emportant son secret…

Mona pas de secret pour vous… si, si

Allez… lisez

Mona aime lire sur la tombe de Félix Faure

La scène se déroule au palais de l’Elysée, le 16 février 1899. Au sortir du conseil des ministres, Félix Faure se plaint à son chef de cabinet d’avoir ressenti, lors de son lever, une violente douleur à hauteur de la nuque. Puis il se rend dans son bureau où il reçoit, à la va vite, deux visiteurs venus plaider la cause de Dreyfus. Les entretiens terminés, il appelle un huissier et lui demande d’apporter un  « petit verre ». L’homme qui connait bien les habitudes du Président, présente rapidement un verre à base de quinquina, réputé pour ses vertus « vivifiantes » (si vous voyez ce que je veux dire).
Sitôt, la potion ingurgitée, Félix Faure s’éclipse dans le salon bleu…

Quelques instants plus tard, des cris bouleversent la quiétude de l’Elysée. Monsieur Le Gall, chef de cabinet, après quelques hésitations, ouvre la porte du salon pour répondre aux appels au secours. Il trouve le Président couché sur le tapis ayant pour tout vêtement un gilet de peau. Manifestement, il est mort. Et ses mains tétanisées sont emmêlées dans la chevelure d’une dame allongée en tenue d’Eve. Vite, vite, il faut agir. Vite, vite, elle doit partir… Pour dégager la belle, il faut  même lui couper des mèches de cheveux. Vite, vite, il faut s’habiller ! Avant de prévenir Madame Faure, qui habite le palais, il faut que la dame doit sortir du salon. Vite, vite, tellement vite qu’elle n’a pas le temps de remettre son corset à lacets. Elle enfile (si j’ose dire) un manteau et part précipitamment.

Madame Faure, prévenue, fait appeler le curé de la Madeleine. Celui accourt pour administrer les derniers sacrements. A la porte du salon, il demande à un huissier :
-« Monsieur Félix Faure a-t-il encore sa connaissance ? »
-« Oh, non, rassurez-vous, elle est partie …. »

Clémenceau qui fut journaliste, écrit :
« Faure est retourné au néant, il a dû se sentir chez lui. Il a voulu vivre César et il est mort Pompée. »

Pour conclure, une remarque :

Se retrouver mort nu devant son chef de cabinet, c’est un comble pour un Président connu pour son souci extrême de l’étiquette. Ainsi, il avait demandé à toutes ses connaissances de le vouvoyer à dater de son élection. Un des ses amis d’enfance lui aurait répondu :
-« Mais bien sûr, je comprends, Monsieur le Président, mais permettez-moi de vous tutoyer une dernière fois pour vous dire que je t’emmerde. »

Et une question :

Qui est cette belle qui fit mourir Félix Faure en épectase[1] ? Vous voulez le savoir, il faudra attendre demain…

D’ici là, ne nous laissons pas aller. Sans atteindre l’épectase, ma Chère Mona, ne boudons pas notre plaisir. Je vous sers un Château Latour Martillac 2007. Ce Pessac Léognan blanc est élégant et bien équilibré. Un grand vin


[1] Mourir durant l’acte sexuel