Une histoire au poil

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Décidément vous êtes formidables. En lisant l’article sur Clémenceau, Irma Missa a beaucoup ri, me dit-elle, mais surtout elle m’a adressé une autre anecdote concernant Georges Clémenceau. Un grand merci à vous, ma chère Irma ! Je recopie le texte tel que vous me l’avez envoyé :

Un soir au cours d’une réception, Clémenceau remarqua une femme qui portait une robe au décolleté vertigineux. Il s’approcha de la dame, jeta un coup d’œil appuyé sur le balcon exposé et lui dit !

-Madame,… vous avez du poil sur les seins ?

-Moi ? lança vivement la femme, mais pas du tout, Monsieur le Ministre !

-Alors c’est que l’on voit encore beaucoup plus bas !

Sur ce il la quitta. La femme en colère sortit de la salle.

Je dois vous dire ma chère Mona que j’ai rigolé comme une hyène regardant un film d’horreur. Elle est bonne ! Ça ne vous fait pas rire, c’est curieux : à croire que homme et femme, nous ne rions pas des mêmes choses. Bon pour nous réunir que pensez vous d’un service de vin ? Un Hautes Côtes de Nuits blanc Les Plançons 2010 de Patrick Hudelot : un nez d’agrumes, des notes vanillées, beaucoup de gras en bouche et une fin de bouche acidulée. Quel apéro ! 

Il y a de quoi voir rouge

Ma Réponse à Clémenceau
Ma Réponse à Clémenceau

L’année 1907, la crise dans le vignoble du Languedoc éclatait. De nombreuses manifestations fortement réprimées notamment par le Ministre de l’Intérieur, Georges Clémenceau. Si vous voulez en savoir plus sur ces événements, cliquez-ici. L’Evêque de Montpellier Monseigneur de Cabrières ouvre les portes de sa cathédrale pour que les viticulteurs venus défiler puissent être à l’abri.

Quatre ans plus tard, le préfet de l’Hérault invite Clemenceau à dîner. Il est placé entre Monseigneur de Cabrières fraîchement élevé au Cardinalat et la femme du préfet toute vêtue de rouge avec un décolleté particulièrement profond.

Alors qu’on venait de servir le café, la dame se tourna vers Clémenceau et lui demanda si cette soirée lui avait plus. Clémenceau lui répondit :

-Madame, j’aurais mauvaise grâce à le nier. Il faut dire que j’étais assis entre deux magnifiques robes rouges. L’une couvrait un saint, l’autre avait du mal à en couvrir deux.

L’histoire ne dit pas s’il elle devint aussi rouge que sa robe.

Mona, à propos de rouge, si on buvait un coup ? Allez, deux verres et hop, le Clos Napoléon 2009, 1er Cru de Fixin. Ce vin  de la Côte de Nuits est un hommage à l’empereur qui est à la hauteur du personnage. Un grand vin généreux et rond, des notes de fruits et d’épices. Chapeau bas !

Politique : il faut regarder les choses en farce

Monsieur Clemenceau, on dirait que vous avez des dents de Tigre
Monsieur Clemenceau, on dirait que vous avez des dents de Tigre

Clemenceau fut un grand homme politique. Celui qui fut surnommé le Père La Victoire en 1918, était connu pour sa férocité. Il aimait à dire :

En politique, on succède toujours à des imbéciles et on est remplacé par des incapables.

Un parlement, c’est un ramassis de ce qu’il y a de plus nul, de plus ignorant et de plus vulgaire dans ce pays.

Un gouvernement est une assemblée de médiocres, d’ignares et de roublards sans scrupule, nommés par un Président de la République lui-même médiocre et ignare.

Toute ressemblance avec des personnages vivants ne serait que fortuite (ndlr)…

Et puis, pour détendre l’atmosphère, je vais vous raconter une anecdote qui montre que le hasard peut être à l’origine de faits historiques.

Après la guerre de 1918, les Alliés négocient ce qui deviendra le fameux traité de Versailles. Souffrant d’une rage de dent, Clemenceau se rend chez le docteur Hugenschmidt. Ce dentiste serait le fils naturel de Napoléon III. Il discute avec son illustre patient du retour de l’Alsace-Lorraine dans le territoire français. Le Tigre lui confie que les Anglais n’y sont pas favorables et que les discussions seront très difficiles. Le dentiste se souvient que l’impératrice Eugénie détient une lettre du roi de Prusse datée du 26 octobre 1870 dans laquelle il reconnaît que l’Alsace-Lorraine est bien une propriété française. L’extraction se termine. Clemenceau demande au chirurgien de se rendre en Angleterre où vit Eugénie et de lui ramener le précieux courrier. Quelques mois plus tard, le Traité est signé rendant à la France les régions Alsace-Lorraine.

Vous voyez ma chère Mona qu’une dent peut faire basculer l’histoire. Bon, c’est pas tout ça, histoire de boire un coup, je vous invite à déguster un Riesling Grand Cru Pfingstberg 2010 du Domaine Zusslin. Un vin alsacien d’une grande pureté aux notes minérales et long en bouche.

Allez… lisez

Mona aime lire sur la tombe de Félix Faure

La scène se déroule au palais de l’Elysée, le 16 février 1899. Au sortir du conseil des ministres, Félix Faure se plaint à son chef de cabinet d’avoir ressenti, lors de son lever, une violente douleur à hauteur de la nuque. Puis il se rend dans son bureau où il reçoit, à la va vite, deux visiteurs venus plaider la cause de Dreyfus. Les entretiens terminés, il appelle un huissier et lui demande d’apporter un  « petit verre ». L’homme qui connait bien les habitudes du Président, présente rapidement un verre à base de quinquina, réputé pour ses vertus « vivifiantes » (si vous voyez ce que je veux dire).
Sitôt, la potion ingurgitée, Félix Faure s’éclipse dans le salon bleu…

Quelques instants plus tard, des cris bouleversent la quiétude de l’Elysée. Monsieur Le Gall, chef de cabinet, après quelques hésitations, ouvre la porte du salon pour répondre aux appels au secours. Il trouve le Président couché sur le tapis ayant pour tout vêtement un gilet de peau. Manifestement, il est mort. Et ses mains tétanisées sont emmêlées dans la chevelure d’une dame allongée en tenue d’Eve. Vite, vite, il faut agir. Vite, vite, elle doit partir… Pour dégager la belle, il faut  même lui couper des mèches de cheveux. Vite, vite, il faut s’habiller ! Avant de prévenir Madame Faure, qui habite le palais, il faut que la dame doit sortir du salon. Vite, vite, tellement vite qu’elle n’a pas le temps de remettre son corset à lacets. Elle enfile (si j’ose dire) un manteau et part précipitamment.

Madame Faure, prévenue, fait appeler le curé de la Madeleine. Celui accourt pour administrer les derniers sacrements. A la porte du salon, il demande à un huissier :
-« Monsieur Félix Faure a-t-il encore sa connaissance ? »
-« Oh, non, rassurez-vous, elle est partie …. »

Clémenceau qui fut journaliste, écrit :
« Faure est retourné au néant, il a dû se sentir chez lui. Il a voulu vivre César et il est mort Pompée. »

Pour conclure, une remarque :

Se retrouver mort nu devant son chef de cabinet, c’est un comble pour un Président connu pour son souci extrême de l’étiquette. Ainsi, il avait demandé à toutes ses connaissances de le vouvoyer à dater de son élection. Un des ses amis d’enfance lui aurait répondu :
-« Mais bien sûr, je comprends, Monsieur le Président, mais permettez-moi de vous tutoyer une dernière fois pour vous dire que je t’emmerde. »

Et une question :

Qui est cette belle qui fit mourir Félix Faure en épectase[1] ? Vous voulez le savoir, il faudra attendre demain…

D’ici là, ne nous laissons pas aller. Sans atteindre l’épectase, ma Chère Mona, ne boudons pas notre plaisir. Je vous sers un Château Latour Martillac 2007. Ce Pessac Léognan blanc est élégant et bien équilibré. Un grand vin


[1] Mourir durant l’acte sexuel

Vous avez un peu de Monet ?

En 1915, Sacha Guitry présentait au Théâtre des Variétés un film muet de 22 mn intitulé « Ceux de chez nous« . Le titre a été choisi pour répondre à un manifeste allemand vantant la culture germanique. Le jeune cinéaste y présente des images d’Auguste Rodin, Maître Henri-Robert, Claude Monet, André Antoine, Camille Saint-Saëns, Edgar Degas, Edmond Rostand, Auguste Renoir, Sarah Bernhardt, Anatole France, Octave Mirbeau

En 1939, puis dans sa version définitive de 1952, ce film  fut sonorisé et Guitry y ajouta des images de son père.

Mais, en pleine exposition « Monet », je m’attarderai sur l’extrait consacré au peintre de génie. Sacha Guitry y raconte que Clémenceau, son grand ami,  appelé au chevet du mourant, quitta en toute hâte sa Vendée pour rejoindre Giverny. Il arriva juste à temps pour embrasser son vieil ami… C’était le 5 décembre 1926.

Il assista à la mise en bière et quand l’homme des pompes funèbres voulut recouvrir le cercueil de Monet du voile noir traditionnel, Clémenceau le lui prit des mains : « Non, dit-il », et ayant regardé tout autour de lui, il alla à la fenêtre, arracha l’un des rideaux de toile fleurie, et lui-même, il en recouvrit le cercueil du grand peintre en disant à mi-voix : « Pas de noir pour Monet ! Le noir ce n’est pas une couleur ! ».

Existe-t-il plus bel hommage ? Mona pas sure !

Claude Monet