Comment Sarah, vous ?

Sarah et une de ses amies

Mars 1915, la « divine » Sarah Bernhardt rentre dans une clinique bordelaise. Elle en ressort avec une jambe en moins. Mais il en faut plus pour arrêter celle qui reste le monstre sacré[1]. Elle se rend au front pour encourager les poilus. Et surtout, elle remonte sur les planches. Elle tient des rôles ne demandant pas de gros déplacements pour ne, dit-elle, pas montrer qu’elle « fait la pintade » en sautillant…

Lors d’une représentation, alors que l’on frappait les traditionnels trois coups, l’écrivain Ernest La Jeunesse se pencha vers son voisin en lui disant à l’oreille :

Ah, La voilà !

Mais cette jambe coupée qu’est-elle devenue ? Déjà, de son vivant, on dit que le directeur du cirque Barnum de San Francisco, pour exposer la jambe, aurait proposé une fortune à l’actrice. On raconte que la comédienne répondit à cette demande par un bref télégramme : « Ma jambe ? Mais, laquelle ?« .

Selon des journalistes, on estime que la jambe coupée était entreposée à l’institut médico-légal de Bordeaux jusqu’en 1977. Il semble qu’un employé distrait ait brulé la « relique » lors du déménagement dudit service…

Mona rien perdu. Quel pied !


[1] Formule de Jean Cocteau créée pour l’actrice

Vous avez un peu de Monet ?

En 1915, Sacha Guitry présentait au Théâtre des Variétés un film muet de 22 mn intitulé « Ceux de chez nous« . Le titre a été choisi pour répondre à un manifeste allemand vantant la culture germanique. Le jeune cinéaste y présente des images d’Auguste Rodin, Maître Henri-Robert, Claude Monet, André Antoine, Camille Saint-Saëns, Edgar Degas, Edmond Rostand, Auguste Renoir, Sarah Bernhardt, Anatole France, Octave Mirbeau

En 1939, puis dans sa version définitive de 1952, ce film  fut sonorisé et Guitry y ajouta des images de son père.

Mais, en pleine exposition « Monet », je m’attarderai sur l’extrait consacré au peintre de génie. Sacha Guitry y raconte que Clémenceau, son grand ami,  appelé au chevet du mourant, quitta en toute hâte sa Vendée pour rejoindre Giverny. Il arriva juste à temps pour embrasser son vieil ami… C’était le 5 décembre 1926.

Il assista à la mise en bière et quand l’homme des pompes funèbres voulut recouvrir le cercueil de Monet du voile noir traditionnel, Clémenceau le lui prit des mains : « Non, dit-il », et ayant regardé tout autour de lui, il alla à la fenêtre, arracha l’un des rideaux de toile fleurie, et lui-même, il en recouvrit le cercueil du grand peintre en disant à mi-voix : « Pas de noir pour Monet ! Le noir ce n’est pas une couleur ! ».

Existe-t-il plus bel hommage ? Mona pas sure !

Claude Monet