C’est un peu cavalier

Pour un hindou, c'est dur, dur

Au Moyen-Age, les cathédrales se dressaient toutes plus belles que les autres. En Angleterre, à Hereford, on est fier de sa cathédrale et très régulièrement autour de l’édifice sont organisées de longues processions en l’honneur des saints. C’est un prêtre qui les préside. Il marche à la tête de ses fidèles. Un fier ecclésiastique, voulant être bien vu par la foule, demanda à monter un cheval.  Missel sur les genoux, il prenait une attitude de fausse modestie en surveillant les gens qui se tournaient vers lui admirant sa piété. Gonflé d’orgueil, il « défile » comme à la parade.

Mais la procession venait à peine de commencer, qu’un étalon, renversant son cavalier, fonça en bavant sur la jument montée par le curé. Et le cheval décida d’honorer sa congénère. Le prêtre, couvert en même temps que la jument, reçut quelques coups de sabot et se retrouva en sandwich sous la domination du mâle en rut, attendant qu’on vienne le délivrer. 

Il y vit un signe du ciel et promit qu’il ne céderait plus au péché d’orgueil. En attendant moulu et souffrant, il regagna tout penaud son lit et se contenta d’entendre les psaumes et chants des fidèles par la fenêtre de sa chambre. Mona pas de sainte patronne. Dommage ! Mais elle a un bon patron.

Comme un coq en plâtre

La cathédrale de Santo Domingo de la Calzada (près de Burgos) abrite des hôtes bien particuliers. En effet, comme le veut la tradition depuis maintenant 600 ans, un coq et sa poule y logent, occupant un poulailler « trois étoiles ». Nos deux gallinacés font d’ailleurs l’objet d’une attention toute particulière.

santo_domingo_de_la_calzadaLa légende raconte qu’au Moyen Âge, une famille allemande originaire de Cologne, un père, une mère et leur fils partirent en pèlerinage jusqu’à Compostelle. Ils firent halte à Santo Domingo de la Calzada. La fille de l’aubergiste qui les hébergeait, tomba amoureuse du fils qui la rejeta vertueusement.
Vexée, elle décida de se venger. Aussi, elle dissimula un gobelet d’argent dans la besace du jeune pèlerin qui se fit arrêter pour vol. Jugé, l’innocent fut  condamné à la pendaison,. Sitôt dit, sitôt fait. … Désespérés, les parents poursuivirent néanmoins leur pèlerinage afin de demander de l’aide à Saint Jacques.

Revenus quelques jours plus tard à Santo Domingo, ils trouvèrent leur fils encore en vie, suspendu à sa corde… Il leur déclara que saint Jacques l’avait soutenu par les pieds et ainsi maintenu en vie. Les parents essayèrent alors de convaincre le juge de l’innocence du jeune homme en invoquant le miracle de sa survie. Celui-ci, était à table. Il était en train de manger un coq et une poule en cocotte. Il ne les crut pas et leur rétorqua : « Votre fils est, à ce jour, aussi vivant  que ce coq et cette poule « .

A ces mots, les plumes des gallinacés se mirent subitement à repousser et ils s’envolèrent. Devant un tel miracle, le juge ne tarda pas à libérer le fils. La fille de l’aubergiste fut pendue sans que Saint Jacques n’intervienne…

Aujourd’hui, c’est un aubergiste qui a été nommé responsable de ce poulailler très spécial et difficile à gérer : « Aux enterrements, ils chantent à tue-tête, mais, avec les touristes, ils se taisent ! »
foghornL’évêque lui a même demandé s’il n’était pas possible de mieux les dresser : impossible. En effet, il faut les remplacer toutes les semaines car ils vivent dans une cage dorée mais très à l’étroit.
Le poulailler est placé en hauteur près du porche d’entrée et hors de portée des pèlerins pour éviter que ceux-ci n’arrachent les plumes des volailles en souvenir.
Quant aux œufs pondus dans l’enceinte de la cathédrale, ils sont très recherchés car ils auraient des vertus de guérison pour de nombreux maux. Pour cela, il suffit de les faire mariner dans du vinaigre, jusqu’à ce que la coquille se décompose, puis de boire cet avenant breuvage.

Bon, c’est pas tout çà, Mona. On s’ouvre une petite fiole, ma p’tite poule…

Pour du beurre

Décidément mon patron est un puits de culture. Avec deux poissons, il arrive à faire un article… Comprenne qui pourra.  Mais qui dit poisson, rappelle « au beurre blanc ».

Avouez que l’enchaînement est exceptionnel pour vous conter l’histoire de ces ouvrages architecturaux qu’on appelle « Tour de beurre ».

A Rouen, jusqu’à la fin du XV° siècle, la façade de la cathédrale ne comportait qu’une tour. La construction de la Tour sud débuta en 1488. Vingt ans plus tard, le futur François Ier « inaugura » cette tour, couronnée de pierre, qui fut vite appelée la Tour de beurre ».

Cathédrale de Rouen
Cathédrale de Rouen

Selon certains, ce nom lui vient de la couleur de la pierre. En effet, la pierre blanche utilisée pour l’ensemble de la cathédrale venant à manquer, il fallut faire venir des pierres d’une autre carrière dont la couleur tirait sur le jaune. Mais cette théorie ne tient pas. En effet, on trouve aussi à Bourges, une « tour de beurre » sans que la couleur de la pierre ne soit jaune.

La raison, moins avouable, certes, est que les habitants pour manger du beurre durant la période de Carême, acceptèrent de payer des indulgences qui servirent à financer l’ouvrage. Tout le monde y trouvait son compte. Construire une cathédrale, coûtait très cher : il fallait donc que les riches mettent la main à la poche. Quant à ces derniers, ils pouvaient passer le carême sans trop de privations..

La "Tour de beurre" de Rouen
La "Tour de beurre" de Rouen

A propos de beurre :

Les Normands et les Bretons sont gros mangeurs de beurre, ce qui hisse la France au premier rang européen avec une consommation de 8.3 kg (par an et par habitant).  Mais c’est très loin, au niveau mondial, derrière les Tibétains qui en utilisent 73 kg. Il faut dire que le beurre est la base de leur alimentation et qu’ils sont gros consommateurs de thé au beurre.

J’arrête là, car je ne souhaite pas que cet article se termine en eau de Bouddha.

Votre Mona siatique