Il faut que Genèse se passe

En Alaska, les habitants utilisent les baculum[1] de morses, phoques, ours blancs pour faire des manches de couteaux. L’os pénien du raton-laveur est monté en bijou et est considéré comme un porte-bonheur et favorise la fertilité de celui qui le porte. Si vous n’aimez pas les colliers, le chic du chic peut être de s’en servir comme cure-dents. Si vous allez au Québec, on peut vous tendre celui du coyote pour touiller votre café.

Le baculum est un os présent dans le pénis de nombreux  mammifères : beaucoup de rongeurs, chez la plupart des primates, chez les insectivores, enfin chez les carnivores ; par contre les grands herbivores en sont dépourvus. Au niveau de la taille, il varie de 3 à 4 mm pour le chat jusqu’à 63 cm chez le morse. On a même vendu aux enchères un fossile de 1.4 m de long pour 68.000 $, de quoi se filer des complexes.

Il existe chez certaines femelles un os correspondant appelé baubellum ou os clitoridien.

C’est juste pour vous montrer mon bijou en os péniens

Aucune expérience n’a permis de démontrer l’utilité de cet os pénien. Est-ce pour faciliter l’introduction, éviter à la femelle de rencontrer des mâles d’une autre espèce, permettre au reproducteur de chasser la semence de ceux qui sont passés avant lui… La science n’a pas résolu le mystère de cet os. Mais une chose est sure : l’homme n’en a pas.

Si certains scientifiques pensent que l’os a disparu chez l’homme au cours de l’évolution, d’autres avancent l’hypothèse que l’os qui servit à créer Eve n’était pas une côte d’Adam, mais bien son baculum…En relisant le texte de la Genèse (2.21-22), ils croient à une erreur de traduction qui aurait fait croire qu’il s’agissait d’une côte.

Et pourtant, Mona l’impression, parfois, de tomber sur un os ! Hé !


[1] Os pénien

Il faut que Genèse se passe…

La Genèse est le premier livre de la Bible. Il raconte la Création et la vie des premiers humains. Au chapitre 2, on peut lire :

Alors Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant.
Yahvé Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé.
Yahvé Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie. […]
Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur l’homme, qui s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place.
Puis, de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l’amena à l’homme.
Alors celui-ci s’écria : Pour le coup, c’est l’os de mes os et la chair de ma chair ! Celle-ci sera appelée femme, car elle fut tirée de l’homme, celle-ci !
C’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair.
Or tous deux étaient nus, l’homme et sa femme, et ils n’avaient pas honte l’un devant l’autre.

Adam entreprend de faire la cour à Eve :
Mademoiselle, vous a-t-on dit que vous êtes vachement jolie ?

Ce à quoi elle répondit :
Ah, les hommes, vous êtes tous les mêmes… vous ne pensez qu’à çà !

C’est à dater de ce moment là que les choses se gâtèrent. Rapidement après avoir croqué la pomme, l’homme sauta dans un petit bateau et quitta le jardin… il n’était plus nu. 

Bon Mona, c’est une vieille histoire, ne pensez vous pas qu’il serait temps d’enterrer la hache de guerre, de fumer le calumet de la paix : en un mot de boire un coup. Sortez donc deux verres et buvons un nectar sorti direct des vignes du Seigneur : Château Suduiraut 1990. Ce grand vin de Sauternes est à la fois sur un registre de miel, fruits secs et épices. Un must ma Chère Mona qui va nous unir dans un grand moment de bonheur. Le paradis sur terre ?

Il faut que Genèse se passe

Adam : "Eve, j'ai amené du cidre, crache ta pomme... d'Adam"

Dans la Genèse, on peut lire :

Alors l’Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L’Éternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme. Et l’homme dit : « Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair! On l’appellera femme, parce qu’elle a été prise de l’homme ». C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.

Donc la femme est née après l’homme et est issu d’un de ses os. Et ces quelques instants d’écart lors de la création, vont générer nombre de phrases qui vont faire rougir de colère celles qui me considèrent comme un affreux misogyne.

Alexandre Dumas fils en déduit que « la femme est, selon la Bible, la dernière chose que Dieu a faite. Il a dû la faire le samedi soir. On sent la fatigue. »

Bossuet dont les sermons ont fait le bonheur de ceux qui ont connu, au lycée, le Lagarde et Michard relevait que « la femme est le produit d’un os surnuméraire ».

Paul Valéry est pessimiste lorsqu’il dit « Dieu créa l’homme et, ne le trouvant pas assez seul, il lui donna une compagne pour lui faire sentir sa solitude. »

Jules Renard, comme à son habitude traite le sujet avec légèreté et pragmatisme : « si l’homme a été créé avant la femme, c’était pour lui permettre de placer quelques mots. »

Alors vous allez dire tout cela vient de la religion. Et pourtant, en feuilletant  Aristophane, on lit qu’ « il n’est rien de pire dans ce monde qu’une femme, si ce n’est une autre femme. » Quand au premier gars qu’avait la bosse des math, Pythagore, il affirme qu’ « il y a un principe bon qui a créé l’ordre, la lumière et l’homme. Il y a un principe mauvais qui a créé le chaos, les ténèbres et la femme. »

Bon ok, vous allez me dire que tous ces écrivains sont des hommes miso. C’est pas faux. Et pourtant que dire de çà : « je me console d’être femme en songeant que, de la sorte, je n’en épouserai jamais une » ;  Lady Montagu est-elle réaliste, traîtresse ?

Alors moi misogyne ? Je préfère être contre les femmes mais tout contre, n’est ce pas, Mona ? Allez, buvons un coup à la santé des dames. Avec le Bourgogne blanc 2007 de Deux Montille, on retrouve la patte d’Alix. Cette jeune femme est une des prêtresses du Chardonnay.  Un régal qui donne envie de goûter les crus d’Auxey, de Meursault…

La pomme d’Adam, sûr, c’est l’Eve

En 1806, fut créé le JOURNAL DES GOURMANDS ET DES BELLES, ou L’ÉPICURIEN FRANÇAIS rédigé par quelques Littérateurs Gourmands et plusieurs Convives des Dîners du Vaudeville. Ces messieurs se réunissaient chaque mois pour un dîner et ils écrivaient des textes qui étaient lus lors de ces agapes puis publiés. Leur devise ne laissait aucune place au doute quant à leurs occupations :

Rions, chantons, aimons, buvons
Voilà toute notre morale.

Un certain Gasterman[1] fit l’éloge de la pomme. J’en ai tiré cet extrait :

adam-eve-compote

C’est au mois d’août (l’histoire ne dit pas le jour) que la mère des Gourmands mangea pour la première fois le fruit défendu dont le genre humain se régale depuis quelques six mille ans. Le sol où verdoyait l’arbre de vie était chaleureux et précoce ; déjà depuis plus d’un mois les pommiers se couvraient de pommes, lorsque le serpent s’avisa d’en faire l’instrument de notre perte. La première des femmes les voyait sans appétit; mais la curiosité, innée dans le sexe dont elle était, fut le côté faible par où le malin s’introduisit dans la place. Maître de ce poste, il y découvrit la coquetterie, autre faible par lequel il s’insinua sans peine jusqu’au cœur de notre respectable aïeule.
Le mal étant sans remède, il faut s’en consoler ; aussi, chers Gourmands, en vous proposant de chômer l’anniversaire de notre perle, n’ai-je pas le dessein de vous prêcher le jeûne et l’abstinence ; je viens, au contraire, vous féliciter du privilège qui vous a été transmis de manger impunément ce que la pauvre Eve paya si cher. La pomme en effet n’a plus rien de malfaisant ; les tables les plus consciencieuses en sont chargées depuis l’api au teint vermeil jusqu’au calville rouge ou gris, depuis la reinette blanche d’Angleterre aigrelette jusqu’au doux et roux fenouillet. Les plus austères cénobites, les plus inexorables ennemis de la bonne chère, les Égyptiens qui adoraient les oignons, les pythagoriciens qui respectaient les fèves, les chartreux qui s’abstenaient de chair, les trappistes qui se privaient de tout, les amoureux qui vivent de rien, tous ont été et sont restés fidèles à la pomme; aucun n’a renié sa mère et démenti le penchant inné pour le péché, dont ce doux fruit est l’emblème.

La pomme est la reine des vergers ; elle mérita de donner son nom à la déesse des jardins. Elle n’est pas moins chère aux amants qu’aux convives; elle a joué dans l’histoire profane et fabuleuse un rôle non moins illustre que dans l’histoire sacrée. Celle que Pâris donna à Vénus fut aussi fatale que celle dont la femme d’Adam régala son époux après s’être laissée aller aux séductions du démon.

J’ai ouï dire que l’influence de ce fruit maudit était encore la cause du mauvais renom des Normands, qui ont perfectionné l’art de le cultiver, de le vendanger et de le confire. La Normandie n’en est pas moins un pays de prédilection et d’abondance, un paradis terrestre, un vrai jardin d’Eden; et si les Normands ont l’astuce du serpent, les Normandes ont la fraîcheur primitive et la naïveté un peu suspecte, et pourtant très piquante, de la belle Eve. On prétend que, quoique Normandes, elles sont aussi confiantes que leur mère lorsque le diable les tente ; et j’ai lu dans certains moralistes du pays de Caux que si la mère du genre humain n’eût pas vendu sa postérité pour une pomme, mesdemoiselles ses filles, sans en excepter une seule femme, en auraient fait tout aussi bon marché.

II faut avouer néanmoins que le tentateur y a mis le prix. La première beauté, telle que la peint Milton [2], valait bien qu’on la mît en balance avec toute l’espèce des hommes. Quel est celui de ses descendants qui osât marchander en pareil cas ? Mes chers amis, aux risques et périls de votre postérité, je souhaite que la saison des pommes vous fasse trouver des Eve.

Mais ne renouvelons pas ici les vieilles querelles auxquelles la pomme a donné lieu ; mangeons-en ; nous n’en mourrons pas ; succombons à la tentation;  le monde n’en tournera pas plus mal ; distribuons-en à nos amies; cela ne mettra pas Troie en flammes.

Grâces aux dieux, il y a peu de fruits que la Providence ait autant multiplié que la pomme; et quelque nombreuses que puissent être les chûtes de nos jeunes Eve, il en restera toujours à ramasser. Il y a des pommes pour toutes les Belles, il y en a pour tous les amateurs; et si nous n’en avions qu’une seule en bons convives nous la partagerions.

Mona, avec toutes ces pommes, il y a de quoi faire un cidre. Goûtons celui d’Eric Bordelet : un Sydre Exceptionnel. En boire, même beaucoup, ce n’est pas pécher.


[1] Semble être rédacteur à la revue La Ménagère Moderne
[2] Poète Anglais du XVII° siècle

La légende des siestes

Jean-François Loredano (1606-1661) est un Vénitien descendant d’une lignée de Doges. Après avoir été successivement sénateur et trésorier au Château de Palma-Nueva, il se lança dans l’écriture et composa un grand nombre d’ouvrages en prose et en vers. Dans un ouvrage collectif de 1829 (Biographie Universelle Classique), les auteurs disent de ces écrits : « Tous très médiocres ».

Il a néanmoins laissé une phrase qui remue en moi un brin de féminisme contenu, certes, mais militant :

Creation_of_EveDieu voulut qu’Adam dormit, quand il forma Eve de sa côte parce qu’en recevant une femme, il allait perdre tout repos.

Bien entendu, çà a fait rire Lépicurien, comme cela va faire au moins sourire nombre d’entre vous, bande de mâles en manque de gentillesse à notre endroit.

Heureusement, je déclare avec Jean Ferrat qui lui-même le déclare avec Louis Aragon :

Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l’horizon
Et le futur est son royaume
Face à notre génération
Je déclare avec Aragon
La femme est l’avenir de l’homme

Mona vocate de toutes les femmes. Qu’on se le dise !!

Bon allez les hommes, bande de pourris gâtés, je vous laisse apprécier ce qu’une femme peut faire pour vous… à condition que vous alliez jusqu’au bout de la vidéo.

Ursula-martinez-gala