Une femme oeufphorique

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Mona,
Je me pose beaucoup de questions après la lecture d’un article du New-York Post. Je suis inquiète. Comme vous pouvez le lire, on y annonce que Suzanne Harper a donné naissance à deux chialeuses après avoir mangé des œufs. Or des œufs, j’en ai mangés encore la semaine dernière. Je les adore sous toute forme que ce soit à la coque, durs, mimosa, en omelette, brouillés ou juste sur le plat. Alors de deux choses l’une ou bien je suis stérile ou bien je ne vais pas tarder à être en cloque. Moi qui voulais me marier en blanc, avouez que c’est rageant. J’ai le moral dans les chaussettes. J’ai arrêté mon abonnement à Meetic et je ne boufferai plus jamais d’œufs…
Régine Amainsicent

Ma petite poule,
Que d’affolement pour rien. Si vous aimez les ovules de gallinacé, faut pas vous priver, cuisinez en autant que vous voulez. N’ayez crainte ça ne vous donnera jamais la taille d‘une omelette soufflée à cause d’un lardon qui squatte votre bide. Je vous conseille à l’avenir de progresser en english ou de vous servir du traducteur mis à votre disposition sur internet.
Il est vrai que Suzanne a bien absorbé un mélange d’œufs et de lait de soja pour se gâter la taille. Mais elle souffre d’un dérèglement de son système immunitaire. Il produit des cellules tueuses qui s’attaquent à ses embryons. Autant dire que la môme, elle était stérile comme une compresse (en un seul mot ?). Et la mixture, mélange d’acides gras avait pour but d’éliminer les cellules indésirables. Et ça a marché. Hourra ! Merci à la science. Mais avant d’avaler du jaune d’œuf, Suzanne a bénéficié d’une fécondation in vitro. Et vous verrez que l’histoire du couple Harper est héroïque. Pour avoir des pisseuses, il leur en a fallu vaincre des obstacles… Chapeau bas.

Mona un faible pour les œufs en meurette.

çà coûte les oeufs de la tête

Chaque Français mange, chaque année, 250 œufs (dont 80 transformés), soit plus de 14 milliards qui sont produits sur le territoire national…
Plus de 80% de ces œufs proviennent d’élevages industriels dans lesquels les poules sont entassées dans de minuscules cages.
La grande majorité est vendue dans la grande distribution. Mais, avec la recherche de produits bio, la vente sur les marchés se maintient.

Mais comment être sûr d’acheter un œuf provenant d’une poule élevée en bio ?

Et bien, depuis 2002, conformément à une directive européenne, figure obligatoirement sur chaque œuf, le code producteur : il donne des informations sur la provenance des œufs. De même sur l’emballage figure la mention du mode d’élevage. Mais, sur les boites d’œufs de poules élevées en cage, la qualité des œufs est mise en avant pour cacher le mode d’élevage qui n’est pas très vendeur… C’est ainsi qu’on peut y lire « œufs frais »,… et en tout petit dans un coin « œufs de poules élevées en cage ».

Comment lire le code imprimé sur l’œuf ?

Code 3 : œufs de poules pondeuses élevées en cage

Sur cet exemple, le code est 3FR1344461 : le 3 signifie que la poule qui a pondu cet œuf est élevée en cage, FR indique que cet élevage est en France, le reste du code permet d’identifier le producteur.


Code 2 : œufs de poules pondeuses élevées au sol sans accès à l’extérieur.

Code 1 : œufs de poules pondeuses élevées en plein air (en volière avec un accès à l’extérieur).

Code 0 : œufs de poules pondeuses élevées en mode biologique soit en plein air avec une plus faible densité et une alimentation à 90% bio.

Attention aux arnaques. Des marchands peu scrupuleux achètent des œufs code 3, les mettent dans un joli panier et ajoutent un peu de paille et les présentent comme des œufs fermiers. Alors, sur les marchés, n’oubliez pas de vérifier le code sur l’œuf. Il est inutile de payer beaucoup plus cher un œuf qui vient d’un élevage industriel…

Mona pas ses œufs dans le même panier. Et vous ?

Elle conserve Du Barry

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Madame du Barry et Louis XV

La  comtesse du Barry, maîtresse de Louis XV, aimait préparer pour son royal amant des mets aphrodisiaques. Ainsi, elle lui fit servir un apprêt d’œufs de vanneau, volatile réputé au sang chaud, comme le pigeon, champion infatigable du coït, selon Aristote qui dit de lui : « il copule, en une heure 83 fois…! ».

Il faut dire que ce légume avait la réputation d’être si émoustillant qu’on le déconseillait formellement aux pucelles, comme en témoigne la confession timide d’une héroïne du « Roman bourgeois » d’Antoine Furetière (1666) :
« Si quelqu’une de nous eût mangé des asperges et des artichauts, on l’aurait montrée du doigt ; mais aujourd’hui, les jeunes filles sont plus effrontées que des pages de Cour ! ».

Revenons à la du Barry. On dit qu’elle avait obtenu la recette ci-dessus auprès d’une dame qui s’y connaissait : Marguerite Gourdan, dite la Petite Comtesse. Elle tenait une maison entièrement vouée au « culte de Vénus ». Elle publia même à l’intention de ses protégées un ouvrage au titre évocateur : « Instructions pour une jeune demoiselle qui veut faire fortune avec les charmes qu’elle a reçus de la nature« . Son établissement fut fréquenté par tout le beau linge parisien. Un passage secret permettait aux nobles et gens d’Eglise de rentrer sans attirer l’attention.
A son décès, bien que sa maison ait disparu depuis plusieurs années, les chanteurs populaires firent une chansonnette aux paroles si crues que je ne publierai que la première strophe :

Nobles maquereaux et véroles,
Versailles, Paris sont affolés !
Tous prenons le deuil dès ce matin
Pour cette tant renommée catin.
Oui, Gourdan la maquerelle est morte,
Est morte comme elle avait vécu,
La pine au cul
Le corbillard est à sa porte
Escorté par trois cents putains
La pine en mains.

Et au fait, Mona, mon petit pigeon, si vous sortiez l’assiette d’asperges et d’artichauts, moi je m’occupe de déboucher le muscat…

Ponte du jour

napoleon_apres-bataille-waterloo-flameng_francoisAu col du Pin-Bouchain[1], à une trentaine de kilomètres de Roanne, était établie l’auberge du Perroquet. C’est là que Napoléon s’arrêta un jour et y demanda deux œufs. Ayant mangé, il demanda le prix. Surpris par le montant anormalement élevé de l’addition, il s’adressa à l’aubergiste :

– Les œufs sont t-ils si rares dans la région qu’ils fassent l’objet d’une telle note ?

– Ce ne sont pas les œufs qui sont rares, Majesté, répondit l’homme, ce sont les Empereurs.


[1] Pin Bouchain est un col, situé à la limite des départements du Rhône et de la Loire. Considéré très dangereux encore de nos jours, Madame de Sévigné écrivait à son sujet : « Cette montagne qu’on ne passe jamais qu’entre deux soleils« .