Une femme oeufphorique

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Mona,
Je me pose beaucoup de questions après la lecture d’un article du New-York Post. Je suis inquiète. Comme vous pouvez le lire, on y annonce que Suzanne Harper a donné naissance à deux chialeuses après avoir mangé des œufs. Or des œufs, j’en ai mangés encore la semaine dernière. Je les adore sous toute forme que ce soit à la coque, durs, mimosa, en omelette, brouillés ou juste sur le plat. Alors de deux choses l’une ou bien je suis stérile ou bien je ne vais pas tarder à être en cloque. Moi qui voulais me marier en blanc, avouez que c’est rageant. J’ai le moral dans les chaussettes. J’ai arrêté mon abonnement à Meetic et je ne boufferai plus jamais d’œufs…
Régine Amainsicent

Ma petite poule,
Que d’affolement pour rien. Si vous aimez les ovules de gallinacé, faut pas vous priver, cuisinez en autant que vous voulez. N’ayez crainte ça ne vous donnera jamais la taille d‘une omelette soufflée à cause d’un lardon qui squatte votre bide. Je vous conseille à l’avenir de progresser en english ou de vous servir du traducteur mis à votre disposition sur internet.
Il est vrai que Suzanne a bien absorbé un mélange d’œufs et de lait de soja pour se gâter la taille. Mais elle souffre d’un dérèglement de son système immunitaire. Il produit des cellules tueuses qui s’attaquent à ses embryons. Autant dire que la môme, elle était stérile comme une compresse (en un seul mot ?). Et la mixture, mélange d’acides gras avait pour but d’éliminer les cellules indésirables. Et ça a marché. Hourra ! Merci à la science. Mais avant d’avaler du jaune d’œuf, Suzanne a bénéficié d’une fécondation in vitro. Et vous verrez que l’histoire du couple Harper est héroïque. Pour avoir des pisseuses, il leur en a fallu vaincre des obstacles… Chapeau bas.

Mona un faible pour les œufs en meurette.

Sexes égaux ?

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C’était il y a 3 ans, Lépicurien s’appuyait sur les travaux du Docteur Auguste Debay pour vous présenter un régime garantissant, disait l’auteur, le sexe d’un bébé à naître. Bon, si j’en crois les nombreux courriers reçus, cette technique ne fonctionne pas à tous les coups, loin s’en faut même selon certains.

Mais vous nous connaissez, on ne résigne jamais au Journal Epicurien. Ne souhaitant pas jeter le discrédit sur notre publication qui ne s’appuie que sur des textes scientifiques, Lépicurien m’a demandé de trouver une autre méthode. Pour ce, après de longues recherches, j’ai mis la main sur un texte du XV° siècle de Mouhammad al-Nafzâwî qui a écrit un enseignement d’érotologie. Autant le professeur Debay prônait un régime alimentaire pour obtenir un résultat, l’auteur que je vous présente ne propose que des constatations physiques.

COMMENT PRÉVOIR LE SEXE DE L’ENFANT A NAITRE
Quant au sexe de l’enfant à naître : si le teint de la femme est luisant après qu’on a recensé les signes indiquant qu’elle est enceinte, s’il n’a pas changé de couleur, si son visage devient plus beau, moins rose que d’habitude, c’est un garçon. Si le mamelon du sein droit est plus rouge que l’autre, c’est aussi un garçon. Quand le nez de la femme saigne du côté droit, c’est un garçon qui va naître. Et il en va de même lorsque grossissent les mamelons des deux seins.
Les signes qui annoncent la naissance d’une fille sont nombreux : des taches brunes sur le corps, des saignements de nez du côté gauche, l’altération du teint, le mauvais état de la matrice, le délabrement de la santé jusqu’aux limites de la maladie, le noircissement des mamelons des seins, une lourdeur affectant le flanc gauche. Tout cela annonce que la femme va mettre au monde une fille.
Ces indications proviennent toutes de gens qui s’occupent de médecine, d’après des observations suivies, confrontées avec les résultats.

Bonjour l’égalité des sexes. Donc, le gars donnerait bon teint à sa mère, améliorerait ses boîtes à lait avec un joli téton vermillon alors que la fille donnerait des bouts de lolos noirs, un teint maladif. Je m’élève en faux. Ma mère m’a dit que jamais elle ne s’est sentie aussi bien que lorsque je baignais dans son ventre, qu’elle avait une paire de nibards de compétition et aucune tache sur le corps.
Enfin, si ça permet à certains d’entre vous de se croire à la naissance d’un héritier et non d’une pisseuse, grand bien vous fasse. Mais cette discrimination est intolérable. Même de l’autre coté de la Méditerranée, la femme est et restera l’avenir de l’homme, qu’on se le dise.

Mona pas de polichinelle dans le tiroir, mais quand même un balcon généreux agrémenté de bourgeons bien roses.

Venette voir : je suis grosse

Si vous vous rendez à La Rochelle, une visite du centre historique s’impose. Nombre de bâtiments méritent le détour. Le tribunal d’Instance occupe une demeure appelée « maison de Nicolas Venette ». Les ornementations et inscriptions sont toutes dédiées à la santé et la médecine.

venette amour conjugal copieQui était Nicolas Venette ?

C’était un médecin rochelais (1633-1698). Il a écrit nombre d’ouvrages sur le scorbut, les eaux minérales, la lithiase urinaire, mais c’est Tableau de l’amour conjugal, ou l’Histoire complète de la génération de l’homme qui est le plus connu. Ce livre fut réédité jusqu’en 1903. Nicolas Venette est considéré comme le premier « sexologue ». A notre époque, où une femme peut savoir, grâce au test de grossesse, très vite son état, il est intéressant de lire ce qu’en disait un médecin du XVII° siècle :

schwanger_klOn a lieu de croire qu’une femme a conçu lorsque, après s’être divertie avec un homme, elle demeure sèche, et qu’elle ne rend point ce qu’elle a reçu, et qu’avec cela un homme se retire sans être beaucoup humide. Au même temps, la femme ressent comme de petits frissons, semblables à ceux qui nous arrivent après avoir mangé. Elle souffre quelquefois des faiblesses et des vomissements dans le moment que la semence de l’homme est dardée vers le fond de sa matrice, et qu’elle est reçue dans l’une de ses cornes pour se joindre avec la semence de cette femme, et y faire la conception.

La matrice, comme si elle avait de la joie d’avoir reçu l’humeur qui lui est propre, se resserre pour la retenir ; ce qui cause à la femme, je ne sais quel mouvement dans ses parties naturelles, duquel elle ressent du chatouillement et du plaisir, et fait qu’elle recherche alors plus ardemment la compagnie d’un homme.

Si quelque temps après, la sage-femme la touche, et qu’elle rencontre une douce résistance, la matrice et son orifice interne ferme et mollet comme le cul d’une poule, ou le museau d’un chien naissant, il n’y a pas lieu de douter que la femme n’ait conçu.

Mais on ne se contente pas d’avoir des signes communs, on fait encore quantité d’expériences, à l’imitation de l’antiquité, pour découvrir la grossesse d’une femme. Les uns frottent d’un rouge les yeux de celle que l’on soupçonne grosse, et si la chaleur pénètre la paupière, on ne doute plus après cela que cette femme ne soit enceinte.

Les autres tirent de son corps quelques gouttes de sang, et après les avoir laissées tomber dans de l’eau, ils conjecturent qu’elle est grosse si le sang va au fond. Il y en a d’autres qui lui donnent à boire cinq ou six onces d’hydromel simple ou anisé, en se mettant au lit, et ils jugent de la conception par les tranchées que cette boisson cause à la femme.

D’autres lui donnent encore une ou deux onces de suc de séneçon, mêlé avec un peu d’eau de pluie, et s’imaginent qu’elle est grosse si elle ne la vomit point.

Quelques-uns, après avoir mis dans ses parties naturelles une gousse d’ail, ou fait brûler de la myrrhe, de l’encens, ou quelque autre chose aromatique, pour lui en faire recevoir la vapeur par le bas  croient qu’elle est grosse, si elle ne ressent point quelque temps après à la bouche ou au nez l’odeur de l’ail ou des choses aromatiques.

Il y en a encore qui font diverses expériences sur l’urine. Ils considèrent cette liqueur dès qu’on la rend, et, après l’avoir trouvée troublée, et de couleur de l’écorce de citron mûr, avec de petits atomes qui s’y élèvent et qui y descendent, ils disent qu’elle a conçu.

D’autres laissent l’urine pendant la nuit dans un bassin de cuivre, où l’on a mis une aiguille fine, et s’ils observent le matin quelques points rouges sur l’aiguille, ils ne doutent plus de la grossesse.

Quelques autres prennent parties égales d’urine et de vin blanc : si l’urine, après avoir été agitée, paraît semblable à du bouillon de fèves, ils assurent que la femme est grosse.

Les autres laissent pendant trois jours reposer à l’ombre, dans un vaisseau de verre bien bouché, l’urine d’une femme; et après l’avoir coulée par un taffetas clair, s’ils rencontrent de petits animaux sur le taffetas, ils ne font pas difficulté d’affirmer que la femme est grosse.

Nicolas Venette n’approuve guère ces méthodes et sagement, avec les connaissances limitées de l’époque, conseille un peu de patience…

Mona, moi de la patience, je n’en ai pas, Aussi, je vous propose de tester, sans plus tarder, un Bourgogne blanc : c’est rond, gras…