Ne pas parler en vin

Sacré Albert ! Je veux parler de celui qui fut Président de la République de 1932 à 1940 : Albert Lebrun.
En 1935, il se rendit dans le Médoc. A l’époque, l’espérance de vie était de 55 ans pour les hommes et 60 pour les femmes. Autant dire que les couples fêtaient rarement leurs noces d’or. Mais, lors de sa venue en terre girondine, le Président rendit hommage à 407 couples médocains qui fêtaient leurs 50 ans de mariage. Il s’adressa à eux :

Vous êtes la preuve vivante et éclatante de l’excellence du vin pour la santé de l’homme. J’en appelle aux prohibitionnistes et aux abstentionnistes.

J’imagine la tronche de tous ces pisse-froid qui animent (si le mot est adapté) toutes ces associations antialcooliques et qui choisissent systématiquement des buveurs de vins pour illustrer leurs campagnes…

Nous Mona, on s’en fout ! On sait que depuis des lustres, le vin est une des bases de la civilisation méditerranéenne à laquelle, qu’ils le veuillent ou non, nous appartenons. Bon, çà s’arrose. Bien qu’il soit encore bien jeune et qu’il saura se faire attendre de longues années, je ne résiste pas au plaisir de vous servir le Château Larruau 2009. Ce Margaux que j’ai déjà eu l’occasion de vous présenter, est une bombe dans ce millésime.

Pinard, quelle veine !

Au cours de mes promenades livresques, j’ai trouvé un texte qui fera bondir nos pisse-vinaigre qui dirigent les lobbys anti-vins. Ces lignes ont été écrites à une époque où le divin breuvage était considéré non comme un poison pour buveurs alcooliques, mais comme un remède. Vous allez dire que le nombre d’articles sur ce thème devient omniprésent sur ce blog. Mais, contre les offensives répétées de ces lobbys, nous devons maintenir une dure lutte.

Revenons à nos moutons, plus exactement à la naissance du fils d’Henri IV et de Marie de Médicis qui régna sous le nom de Louis XIII. Si Papa Henri IV eut le droit à quelques gouttes de Jurançon le jour de sa naissance, le petit Louis prit deux fois du vin à peine sorti des entrailles de sa royale mère :

Lorsque Marie de Médicis fut entièrement délivrée, l’enfant se trouvant faible, pour avoir longtemps séjourné en attendant l’arrière-faix, il lui fut donné un peu de vin par M. Guillemeau, chirurgien ordinaire du Roi ; puis, sa gouvernante le prit et le porta devant le feu où il fut assez longtemps, tandis que la sage-femme pansait la Reine, qui alla sur ses pieds, depuis sa chaise d’où elle venait d’accoucher, jusque dedans son lit, sans l’aide de presque de personne.
Henri IV avait raison de dire que sa seconde épouse était d’un naturel terriblement robuste et fort.
Revenant à l’enfant, on lui administra dans sa cuiller, un peu de Mithridate détrempé avec du vin blanc, qu’il avala fort bien et en suça ses lèvres comme si c’était du lait.
Après l’avoir examiné sous toutes ses faces et constatant qu’il était grand de corps, gros d’ossements, fort musculeux, bien nourri, fort poli, de couleur rougeâtre et vigoureux tout ce que l’on peut penser pour ce petit âge ; que son cou était gros et fort, les épaules larges, la poitrine bien relevée, les bras grands, les mains aussi, et … les parties génitales à l’avenant ; on procéda au lavage de tout le corps, avec du vin vermeil mêlé avec de l’huile rosat. Pendant tout cela, il cria fort peu.
Après qu’il eut été emmailloté, il fut porté sur le lit de la Reine et couché à sa droite.

Mona pas bu son petit verre. Est-ce pour cela qu’elle se sent faible ?

Le vin, je… laval

Vous rappelez-vous des citations du Président Lebrun, du maréchal Foch, en un mot du livre de Marie-Louise Laval ? Véritable ode à la gloire du vin, ce livre redonne espoir à ceux, qui comme moi, ne comprennent pas cet acharnement de quelques médecins et hommes politiques contre ce breuvage qui faisait même chanter les députés. Tenez par exemple, Edouard Barthe, déjà cité dans l’article de ce blog, député de l’Hérault de 1910 à 1942 s’exclamait :

Le Vin ? Il a été célébré de tout temps… Homère le chante dans son immortel chef-d’œuvre et Horace l’appelle la divine boisson. Les siècles ont passé. Le vin est toujours présent, toujours créateur de joie. C’est l’hymne à la vie, c’est la gloire de la vieille terre nourricière. Il a inspiré les poètes, les prosateurs, les artistes. Le suc divin de la vigne élève les cœurs, fortifie les corps et console les âmes.

Un député de nos jours qui sortirait çà à la tribune de l’Assemblée aurait ma voix à vie…
Et je veux garder espoir : l’historienne M.L. Laval rappelle que le vin fut condamné durant quelques années au lendemain de la Grande Guerre, mais elle ajoute :

Cher vin de chez nous, on t’a abreuvé d’injures. Ce temps est fini ! Ta gloire est sauve, car elle est éternelle. Nulle concurrence, contrefaçon ou calomnie ne sauraient déchirer ta robe, ni la souiller, même pas une sotte mode… dite médicale, puisque les médecins se sont levés, en masse, pour proclamer : Buvez du vin, c’est la vie !

En ces temps où le vin est si méprisé dans le pays qui lui a fait sa gloire, dans ce pays phare de la gastronomie et des grands vins que le monde entier admire, que Dionysos souffle à nos politiques la volonté de défendre notre patrimoine viticole !

Mona, il faut revenir aux fondamentaux. Une dégustation s’impose. Jean-Jacques Confuron produit de grands vins de Bourgogne. Nuits-Saint-Georges 1er cru Les Fleurières 2004. Un vin tout en finesse. Mona, si vous cuisiez vite fait une escalope de veau, je serais le plus heureux des hommes.

Ce pinot est anormal !

Décidément je vous aime. Le mois dernier, Lépicurien a pondu un texte sur la discordance entre les souhaits de consommateurs voulant boire des vins peu alcooleux alors que le degré, lui, ne fait que monter….

Le lendemain Gérard Mendeuver de Vinrouge, un fidèle lecteur de vieille noblesse bretonne, m’adressait un article du Figaro qui traitait de ce problème. La journaliste y rappelle que le vin languedocien a gagné près de 1° tous les dix ans au cours des trente dernières années.

Pour réduire l’alcool, l’INRA a mis au point une technologie pour «désalcooliser» le vin.

Selon l’ingénieur de l’Institut «Cela n’altère pas les caractéristiques organoleptiques, la perception des arômes».

En lisant çà, Lépicurien manifestait sa surprise, voire son agacement. Et de me dire que les dégustations de vins désalcoolisés qu’il avait pratiquées il y a quelques années, ne l’avaient jamais convaincu, que ces vins étaient mous… sauf à ce que la technique ait récemment évolué ; en un mot qu’il préférait boire moins mais bon.

Encore merci à Gérard M de V.

Vos envois sont des encouragements pour notre mission. Merci à tous.

Mona-tendrie par votre bonté. Si, si !

Un verre, ami ?

d'après une peinture d'Alexandre Deineka

Il est des études de consommation qui posent question. L’agence Wine Intelligence a réalisé une enquête auprès de consommateurs allemands, anglais, américains et chinois afin qu’ils donnent leur définition du vin idéal.

D’un pays à l’autre, bien entendu, les réponses varient. Mais une constante ressort : les buveurs de vin de ces quatre pays souhaitent des vins à faible degré alcoolique. Les Américains, Allemands et Anglais préfèrent les vins titrant au maximum 10.5°. Quant aux Chinois, ils désirent des vins ne dépassant pas 8°.

Deux, trois réflexions. Les vins de moins de 10° ne sont pas légion et pourtant, comme annoncé récemment, les exportations de vins français viennent de battre des records alors que leur taux d’alcool ne fait que croître et embellir. Etrange non ? Le gourou du vin, je veux parler de Bobby, autrement dit Robert Parker, n’a eu de cesse de faire grimper le niveau d’alcool des vins. Est-ce à dire qu’il impose un type de vins que les consommateurs de dives bouteilles n’aiment pas ?

En ce qui nous concerne, Mona et moi, nous avons toujours pensé que les idées de Monsieur Parker avaient été très bonnes pour le business des châtelains bordelais mais peu intéressantes pour les amateurs de vins fins et digestes. Avec des vins atteignant les 14° et logés dans des barriques neuves durant de longs mois, on obtient plus des bêtes de concours que des vins qu’on a plaisir à servir à table.

Bon, ben Mona, je dois vous avouer que trouver un vin titrant moins de 10° s’est avéré difficile. J’imagine que nos buveurs américains, chinois et autres ne doivent pas boire tous les jours. Enfin, c’est fait, je vous propose un vin de glace 2008 du Domaine Johanneshof Reinisch. Ce vin autrichien est un dessert à lui tout seul et il ne contient que 9° d’alcool. 

Apostrophons Monsieur Evin

Ce vin est un breuvage éternel (Omar KHAYYÂM 1050–1123)

Voici un extrait d’une émission littéraire et culturelle qui date de 1980. Bernard Pivot, animateur épicurien d’Apostrophes, avait invité notamment un des plus grands chefs de France, Alain Chapel, un négociant époustouflant, Alexis Lichine et un Maître œnologue, le grand Emile Peynaud. Le visionnage de cette vidéo et cet article se veulent à la fois un hommage à ces trois messieurs références dans leur métier respectif. En effet, ils sont tous les trois partis rejoindre les vignes du Seigneur. Si vous êtes amateurs de vins et avez soif d’apprendre, la lecture des trois ouvrages cités vous enchantera. Lichine, Peynaud et Pijassou ont écrit des textes fondamentaux.

Une telle émission pourrait-elle encore être diffusée à la télévision française de nos jours ? Je ne le pense pas. Nos cliques antialcooliques, rangées derrière la bannière de la loi Evin, interdiraient surement une présentation favorable au jus de la treille.
Quand on voit le plaisir procuré par la dégustation d’un vin sur le plateau par Emile Peynaud donne comme bonheur aux spectateurs, on regrette cette époque.

Quelques années plus tôt, un médecin, le docteur Maury publiait, en 1974, un ouvrage au titre évocateur : Soignez-vous par le vin. Là encore, on peut se poser la question. Un tel livre trouverait-il éditeur actuellement ?
Et pourtant, le thérapeute diplômé de la Faculté de Médecine de Paris, pratiquant l’homéopathie depuis 1931 d’une façon exclusive, médecin résidant au Royal Homeopathic Hospital de Londres, répertorie soixante maladies qui méritent de boire du vin. A  titre d’exemples :

Vous avez du cholésterol ? Buvez des vins de Loire ou des Côtes de Provence.
Vous êtes pris des bronches ? Descendez vite à la cave chercher une bouteille de bordeaux rouge ou de bourgogne titrant à 10°.
Vous êtes enceinte ? N’oubliez pas vos deux verres de bordeaux rouge à chaque repas.
Vous avez une angine ? Un peu de médoc ou de beaujolais et ça ira mieux.
Vous présentez des risques d’infarctus ? Carburez au champagne sec.
Vous avez des problèmes de vue ? Il vous faut un vin rouge léger de Bordeaux ou Bourgogne.
Vous êtes neurasthénique ? Mais qu’est-ce que vous attendez pour déboucher une blanquette de Limoux ?

De quoi faire bondir nos pisse-froid et pourtant le docteur Maury considère que ses conseils sont bien d’ordre médical.
Pour continuer à nous soigner avec les vins de France, serons-nous obligés de fuir à l’étranger ?

En tous cas, l’illustration de ce texte est claire. On a conservé dans d’autres pays les charmantes devantures qui mêlaient pharmacies et vins si bons pour l’équilibre et la santé des humains.

Un grand merci à Yvon Touboire qui m’a envoyé cette image.

Mona envie de se soigner. Et vous ?

Poison rouge et or rouge ?

La France serait-elle le pays des paradoxes ? A l’intérieur de ses frontières, le vin y est diabolisé. Des associations subventionnées par l’Etat combattent le vin comme toutes les boissons alcoolisées. Des organismes qui se soucient trop de notre santé publient même des études qui contredisent celles de leurs confrères étrangers. A les écouter, boire un verre de vin vous emmène directement, sans passer par la case départ, au service cancérologique de l’hôpital le plus proche. A écouter ces apôtres abstèmes[1], le vin n’apporte aucun bienfait à notre organisme.

Par contre, lorsque le vin sort de nos frontières, pas de cocorico. Pas d’hommes politiques qui soulignent l’importance de ce secteur pour notre économie. Et pourtant  les exportations de vins et spiritueux français ont battu en 2011 un record historique en dépassant pour la première fois la barre des 10 milliards d’euros grâce principalement aux ventes de Bordeaux, Cognac et Champagne.

Ce secteur arrive en deuxième position de notre balance commerciale derrière l’aéronautique et devant les parfums et cosmétiques.

Ouf, c’est bon, nous exportons ce poison à prix d’or. Ils sont fous ces étrangers.

Bon Mona, vos origines étrangères vous autorisent à boire un coup de Champagne. Alors, je me prends pour James Bond, je fais péter le Bollinger Grande Année 2002. Pas donnée, mais la dépense est oubliée quand on le déguste.


[1] Qui s’abstient de boissons alcooliques

Mona incite à goûter ses vins….

Saviez-vous mes petites colombes, que chez les Grecs comme chez les Romains, nous, femmes n’avions pas le droit de boire de vin. Pourquoi ? Parce que ces messieurs étaient persuadés que cette liqueur était la principale cause de tous les excès dans lesquels nous pouvions tomber.

Outre (facile, je sais) le fait que cette loi était absurde, elle fut dure pour les Romaines qui pouvaient être tuées. Je ne peux m’empêcher de vous rappeler la triste histoire de la femme d’Egnatius Mecenius. Ce dernier la surprit en train de boire du vin direct au tonneau. Coléreux, il la tua sur le champ. Et ayant le droit pour lui, il ne fut même pas condamné pour cet homicide.

Quintus Fabius Pictor[1] rapporte qu’une dame Romaine ayant crocheté un coffre où étaient enfermées les clefs de la cave avoua son forfait ; sa famille la laissa mourir de faim.

Contrôle d'alcoolémie à Rome

Pline lui nous indique que les hommes pouvaient embrasser les femmes de leur parenté sur la bouche à tout moment et en tout lieu, moins pour satisfaire aux plaisirs du baiser amoureux (dit French Kiss), que pour sentir, à leur haleine, si elles n’avaient point bu de vin.

Heureusement, par la suite cet usage se perdit insensiblement, puis la loi fut abolie. L’usage du vin ne devint un crime pour les femmes, que quand elles en prenaient outre mesure, et elles risquaient  seulement d’être condamnées à perdre leur dot.

De nos jours, cette discrimination à notre égard a pratiquement disparu. Mais… vous avez remarqué que c’est toujours Lépicurien qui ouvre les bouteilles.

Aujourd’hui Mona ouvert une bouteille du Domaine Marcel Deiss : Engelgarten 2007. Ce Premier Cru Alsacien est une pure merveille. Hé, Lépicurien, si vous voulez goûter, lavez donc deux verres, je vous prie.

Et toc, c’est envoyé…


[1] Homme d’État de la République romaine et historien, vers 200 av. JC

Je ne parle pas en vain

«Le vin est le professeur du goût et, en nous formant à la pratique de l’attention intérieure, il est le libérateur de l’esprit et l’illuminateur de l’intelligence.»

A l’heure où parler de vin dans notre Douce France est devenu une offense, on aime lire et relire cette phrase de Paul Claudel. Je ne suis pas devin, mais on peut penser que celui qui fera boire un tonneau de vin à certains de nos hommes politiques fera œuvre de salut public. Vive la France !

Mona bu son verre comme les autres…

un troupeau de boeufs-vin

Je boirai du lait quand les vaches mangeront du raisin

En France, on est fou. Pays du bien vivre, nous devons boire du vin en cachette pour ne pas passer pour des ivrognes. Au Japon, point de problème, le vin est considéré comme un aliment bon pour la santé et comme un signe de civilisation. Et même, un chef Akio Yamamoto a passé un accord avec un éleveur australien. Il lui a demandé d’ajouter à la nourriture des bœufs, un litre d’un mélange de vin à base de Syrah, Cabernet Sauvignon, Merlot. Il cherche à obtenir de la viande d’une couleur et d’un goût exceptionnels. Selon lui, les bêtes devraient égaler en qualité les fameux bœufs de Kobé ou Wagyu qui sont massés avec amour en buvant de la bière.

Ah, ce n’est pas chez nous que l’on pourrait voir des bovins buvant du vin. Dommage !

Mona pas de bœufs mais elle boit du vin comme un bovin nippon.

Suite à un surcroît de travail, notre blog sera absent des kiosques durant cette fin de semaine….