On rase gratis

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Au début de du mois de mars, ce fut le 117ème anniversaire de la bataille d’Adoua au cours de laquelle les Italiens furent battus par les Ethiopiens. En effet, le 1er mars 1896, 100.000 Ethiopiens écrasèrent l’armée transalpine constituée de 18.000 hommes. Le bilan fut dramatique pour eux : 6.000 morts, 1.500 blessés et 1.800 prisonniers.

Nombre de ces derniers ne purent même pas dire qu’ils repartirent la queue basse car les soldats abyssins, respectant une très vieille coutume consistant à affaiblir les ennemis battus, les émasculèrent. Le Négus Ménélik ne pût s’opposer à cette boucherie bien qu’il luttât toute sa vie contre l’esclavage et la barbarie.   

Mona une pensée pour tous ces hommes.

Du sang extra partout

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Le 13 février 1820 en soirée, Charles-Ferdinand d’Artois, Duc de Berry et sa charmante femme, la princesse Caroline des Deux-Siciles se rend à l’Opéra. Durant l’entracte son épouse se sentant fatiguée décida de rentrer chez elle. Le Duc l’accompagna jusqu’à sa voiture. Là, un certain Louvel, ouvrier antiroyaliste, lui planta une alène[1] de 25 cm dans le cœur. Inutile de vous dire que çà fait des dégâts même si, sur le moment, le prince crut avoir reçu un coup de poing. Mais il s’aperçut que le sang pissait à flot. Il arracha l’aiguille avant de s’effondrer.

Ramené à l’Opéra, on l’allongea sur une banquette et des soins lui furent immédiatement dispensés. La petite histoire raconte que la princesse releva ses robes et jupons pour enlever ses jarretières et s’en servir de garrot. J’ai lu dans certains ouvrages qu’elle avait ôté ses jarretelles. Je m’élève en faux : cette attache si sexy ne fut créée qu’en 1876 par un corsetier du nom de Féréol Dedieu. Si la belle a enlevé quelque chose, ce sont bien ses jarretières, ces élastiques qui serraient le bas et entravaient la circulation des dames de la haute.

Il fallait le dire même si les Amerlocs contestent cette version et affirment avoir déposé un brevet quelques mois avant le Parigot.

Enfin Charles-Ferdinand ce soir là, il s’en tamponnait le coquillard de qui inventerait après lui le porte-jarretelles ; lui, il voyait son raisiné qui se faisait la malle et qu’à cette allure là, il commençait à sentir l’odeur du sapin envahir dangereusement la pièce. Fallait s’y faire, il sortirait les pieds devant ; on arrivait pas à fermer le robinet de son palpitant. Aussi, sentant qu’il allait bientôt souffler sa dernière chandelle, il appela sa bergère Caroline et lui vida son sac : il avait laissé quelques marmots à droite à gauche : deux filles avec une British, Amy Brown, deux garçons avec Eugénie Oreille (il était donc père d’oreilles) et une autre paire avec Marie-Sophie de la Roche (dur, dur!). Décidément, c’était bien un Bourbon, Charles-Ferdinand, toujours le salsifis prêt à engrosser la première qui passe.

Caroline a les glandes mais sentant qu’il ne tarderait pas à cracher sa Valda, elle ingurgite la pilule sans moufeter ce qui ne l’empêche pas d’annoncer qu’elle est en cloque car son Bourbon de mari lui a fait avaler la pépin deux mois avant. Je sais pas vous, mais je trouve qu’il s’en passe des choses, bien plus que dans le livret de l’opéra qui se jouait ce soir là.
Son futur lardon, il ne connaîtra pas son géniteur mais il se retrouve avec une fratrie sacrément élargie d’un coup.

Charles-Ferdinand sent qu’à force de se vider comme un lapin de garenne, il finira par avaler sa cuiller de baptême.

Et de fait, il avait sans doute des dons de voyance, car le lendemain à six heures, il passa l’arme à gauche. Rideau !

Sept mois plus tard, le 29 septembre 1820, Caroline se fit livrer à domicile par Cigogne-Airways, un petit gars qu’on appela Henri d’Artois, duc de Bordeaux. Les royalistes étaient tellement heureux qu’ils lancèrent une souscription pour offrir le château de Chambord au freluquet. Pour les remercier, il prit le titre de comte de Chambord.  

Et voilà la messe est dite. Charles X fut le dernier Bourbon régnant sur l’Hexagone. Le petit Bordeaux s’exporta et finit sa vie en Autriche.

Quant à Louvel, bien que le Duc de Berry, avant de souffler définitivement sa dernière bougie, ait demandé sa grâce, il fut raccourci d’une tête le 7 juin 1820. Aux dernières nouvelles, il ne s’en remit pas !

Bon, ben Mona. Ça fait 193 ans que le grand Duc a fondu les plombs. Je vous invite à boire un grand vin. Chinon, le Clos du Chêne Vert 1990 de Charles Joguet. Les mots me manquent pour décrire un vin sublimissime. Un bouquet de fleurs et un panier de framboises traversent un moment de plaisir qui n’en finit pas… Chapeau, l’artiste.


[1] Instrument de sellier, morceau de fer type grosse aiguille

Faut pas troubler cette noce

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Herbert Spencer, philosophe anglais du XIX° siècle, a écrit que le mariage est une cérémonie où un anneau est mis au doigt de l’épouse et un autre au nez de l’époux.

Groucho Marx disait qu’une alliance ne protège qu’un seul doigt.

Mais au fait pourquoi porte-t-on son alliance à l’annulaire de la main gauche ? Il faut remonter loin dans le temps. Les Egyptiens, les Grecs et les Romains échangeaient déjà des anneaux lors des cérémonies de fiançailles. Leur port à l’annulaire était une invite à l’amour car les Egyptiens, qui pratiquaient des dissections, affirmaient que seul ce doigt était relié par un nerf directement au cœur.
Au Moyen-Age, en terre saxonne, la fiancée portait son alliance à la main droite et son époux lui glissait pour toujours à l’annulaire de la main gauche le jour du mariage.

Dès les temps anciens, le fait d’enlever son alliance était considéré comme dangereux pour les mariés. Ainsi, circulait une légende : un jeune marié, voulant jouer à un jeu de balle le jour de son mariage, ôta son alliance et, pour ne pas la perdre, la mit au doigt d’une statue de Vénus. Après ce jeu, il voulut récupérer son anneau. Mais la main de la statue s’était refermée dessus et il ne put la remettre. Rentré chez lui, il fut poursuivi par Vénus et ne put connaître sa femme. Il fallut nombre de prières et d’exorcismes pour que Vénus se retirât et que la main de pierre ne s’ouvrit libérant l’alliance.

Dès cet instant tout rentra dans l’ordre comme papa dans maman.

Vous Mona, vous n’avez pas d’alliance, et pour cause, vous êtes la plus belle célib du quartier… Nous allons boire quelques bulles d’une Clairette de Die Tradition de la cave Jaillance. Le Muscat donne fraîcheur, nez de rose. Un bouquet mis à vos pieds.

21 janvier 1793

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En ce jour, nous faisons mémoire de l’exécution de Louis XVI. C’était, il y a juste 220 ans. Ce roi que les révolutionnaires ont présenté comme un pleutre, eut une attitude noble jusqu’au bout. C’est surement le bourreau Charles-Henri Sanson qui était le mieux placé pour en juger. Aussi, en ce jour de commémoration, prenez le temps de lire le récit[1] qu’il fait des derniers instants du Roi :

Descendant de la voiture pour l’exécution, on lui dit qu’il fallait ôter son habit. Il fit quelques difficultés, en disant qu’on pouvait l’exécuter comme il était. Sur la représentation que la chose était impossible, il a lui-même aidé à ôter son habit. Il fit encore la même difficulté lorsqu’il s’agit de lui lier les mains qu’il donna ensuite lui-même lorsque la personne qui l’accompagnait lui eut dit que c’était un dernier sacrifice.

Alors il s’informa si les tambours battraient toujours : il lui fut répondu qu’on n’en savait rien, et c’était la vérité. Il monta sur l’échafaud et voulut s’avancer sur le devant comme pour parler ; mais on lui représenta que la chose était impossible. II se laissa alors conduire à l’endroit où on l’attacha ; et d’où il s’est écrié très haut : Peuple, je meurs innocent ! Se tournant vers nous, il nous dit : Messieurs, je suis innocent de tout ce dont on m’inculpe ; je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français.

Voilà ses véritables et dernières paroles. L’espèce de petit débat qui se fit au pied de l’échafaud roulait sur ce qu’il ne croyait pas nécessaire qu’il ôtât son habit et qu’on lui liât les mains. Il fit aussi la proposition de se couper lui-même les cheveux.

Pour rendre hommage à la vérité, il a soutenu tout cela avec un sang-froid et une fermeté qui nous a tous étonnés. Je reste très convaincu qu’il avait puisé cette fermeté dans les principes de la religion, dont personne ne paraissait plus pénétré et plus persuadé que lui.

Vous pouvez vous servir de ma lettre, comme contenant les choses les plus vraies et la plus exacte vérité.

Signé Samson, Exécuteur des jugements criminels.
Ce 23 février 1793.

France, souviens toi ! 


[1] Lettre adressée au rédacteur d’un journal Belge

Faites chauffer l’alcool

De nos jours, chaque mairie possède son service de l’Etat Civil et chaque naissance, mariage, décès y est inscrit. Mais il n’en pas toujours été ainsi. Les autorités religieuses ont commencé à se préoccuper de l’enregistrement des actes déterminant l’identité et la régularité du comportement de leurs fidèles à partir du XVe siècle, et en 1563 le Concile de Trente imposa à tous les desservants de paroisse la tenue des registres de baptêmes et de mariage pour éviter les mariages clandestins. Le pape Paul V, au début du XVII° siècle, y ajouta l’obligation de noter la date de décès. 

Mais comme le note Philomneste  dans son Livre des singularités, les registres servaient  dans certaines paroisses de journal de bord pour les prêtres chargés de les tenir. Ainsi,

le registre de la paroisse Saint-Landry, à Paris, pouvait servir de journal au vicaire. Ce bon prêtre y détaille naïvement les étrennes qu’il a reçues au commencement de l’année 1630 pendant quatre jours ; voici le résumé de ces cadeaux :

  • Onze bouteilles de vin, dont deux de blanc;
  • Quatre boîtes de conserve;
  • Trois chapons, dont un prêt à mettre à la broche;
  • Trois livres de bougie;
  • Deux fort bons fromages;
  • Deux grands pots de beurre;
  • Une bouteille d’hypocras;
  • Un lapin de garenne, une langue fumée, un gâteau et une talmouse[i];
  • Une douzaine de serviettes;
  • Une pistole d’Espagne, trois écus d’or. 

Mona a retenu dans cette liste l’hypocras et elle veut la recette. Etant toujours au pied de  mon assistance adorée, je m’exécute.

L’hypocras était un breuvage agréable, une espèce de vin de liqueur composé de divers ingrédients dont un vin léger et délicat était la base. Il y en avait plusieurs espèces ; l’une des plus anciennes recettes est celle que donne le vieux Taillevent, célèbre cuisinier du roi Charles VII. «Pour une pinte, dit-il, prenez trois treseaux[ii]  de cinnamome fine et parce, ung treseau de mesche, ou  deux qui veult ; demi-treseau de girofle, et de sucre fin six onces,  et mettez en pouldre ; et la fault toute mettre en ung coulouoir avec le vin, et le pot dessoubs, et le passez tant qu’il soit coulé, et tant plus est passé et mieux vault, mais qu’il ne soit esventé». Cette recette de Taillevent est, comme son style, un peu surannée.
Pour préparer l’hypocras des grands seigneurs,prenez du gingembre, de l’anis et du sucre. Quant à l’hypocras du peuple, il se fait avec de la canelle, du poivre et du miel clarifié. Mais de toutes ces anciennes liqueurs, la seule qui mérite un souvenir, est l’infusion de suc d’oranges de Séville avec le sucre dans un vin léger. En général, l’hypocras se faisait et se fait encore avec du vin, du sucre, de la canelle, du girofle, du gingembre et autres ingrédients. On en fait du blanc, du rouge, du clairet, du framboise, de l’ambré, etc., etc.

Hola, qu’elle me dit Mona, je vis au XXI° siècle et votre baratin, j’y entrave que dalle (je vous prie de noter que dans la vie courante et contrairement au style léché que vous avez plaisir à lire lorsqu’elle prend la plume dans ce journal, elle cause et jure comme un charretier).
-Bon, vous ne comprenez rien, dites vous ma mie. Qu’à cela ne tienne, belle enfant. Je vais vous la translater en français de notre temps :
Pour un litre d’hypocras, il vous faudra un litre de vin léger, 25g de cannelle, 8g de noix de muscade ou le double si vous le voulez, 4 g de clou de girofle. Réduisez en poudre et ajoutez 180g de sucre en poudre. Verser le tout dans le vin. Puis laissez macérer et filtrez.

Il n’y a plus qu’à servir frais. Mona, deux verres, je vous prie.


[i] Gâteau feuilleté de forme conique à la crème et au fromage
[ii] Un tréseau équivaut à environ 7,5g

Un bijoutier pèse ses broches

La Régence est une époque restée célèbre pour une altération sensible des mœurs, comme on disait à l’époque. Après que Madame de Maintenon ait rendu le vieux roi Louis XIV dévot et pieux, le Régent Philippe D’Orléans bascula la Cour dans la débauche…

Madame Charlotte de Bavière, la Palatine, dit, en parlant de l’inclination du duc d’Orléans pour les femmes : «Un autre défaut de mon fils est d’avoir trop de goût pour les femmes, ce qui lui fait souvent des querelles dans sa maison. Autrefois, ajoute-t-elle, il avait la taille jolie; mais à présent il épaissit trop, car il est très petit (il avait quarante-deux ans lorsque Madame écrivait). Malgré sa laideur, toutes les femmes le courent; l’intérêt les attire ; il les paie bien.»

Elle raconte à ce propos une anecdote plaisante arrivée au duc d’Orléans; une jeune femme fort aimable vint le trouver dans son cabinet; après en avoir eu les faveurs, il lui donna un diamant de deux mille louis et une boite de deux cents louis. La belle avait un mari jaloux, et ne sut d’abord comment lui montrer ce présent ; mais enfin elle s’avisa d’une ruse. Elle eut l’effronterie de lui dire qu’il y avait des gens qui, dans un besoin pressant d’argent, lui faisaient offrir un bijou à très-bon marché, quelle le priait de ne pas laisser échapper cette occasion. Le mari la crut, et compta à sa femme l’argent qu’elle demandait. Elle prit l’argent, mit la boite dans sa poche et la bague à son doigt, et s’en alla dans une grande compagnie. On voulut savoir d’où venaient ces bijoux.
-Mon mari me les a donnés, dit-elle
Il était présent, et dit :
-Oui, je lui ai fait ce cadeau ; peut-on faire moins pour une femme de qualité qui n’aime uniquement que son mari ?
Cela fit rire toute la compagnie, qui n’était pas dupe, et le mari seul ignorait où elle avait été vendanger.

Bon Mona, que diriez-vous d’un vin sarde ? Mamuthone 2009 est vinifié à partir du cépage Cannonau Mamoiadas (Grenache). Les vieilles vignes donnent un grand vin aux arômes de fruits noirs et rouges. Cà donne envie d’aller en Sardaigne…

Une bière pour la Palatine, une

Vous savez que nous avons une affection particulière pour La Palatine ; la Duchesse d’Orléans fut la vraie commère de la Cour de Louis XIV. Son abondante correspondance est la source la plus importante pour comprendre cette époque. Restant attachée à ses origines allemandes, elle aime la bière et la cuisine roborative

Mais le 8 décembre 1722, la princesse ferme les yeux pour toujours. Lors de son enterrement en l’Eglise Saint-Sulpice, un laquais de la maison d’Orléans, vêtu de noir, remet à chaque personne entrant dans le lieu de culte un papier en précisant que Madame la Duchesse d’Orléans avait recommandé en rendant l’âme de remettre ce document à tous ses amis.

Dans l’église, quelques murmures, quelques rires étouffés, des conversations s’engagent. Décidément, cette grande dame était incorrigible.
Le texte est savoureux :

Je ne puis rendre de service plus éclatant à mes chères nobles amies que de leur léguer ma fameuse recette d’accommoder les choux rouges.
Pour un chou de moyenne grosseur, faites cuire dans quatre pintes de bouillon, avec deux quartiers de pomme reinette, un oignon piqué de girofle et deux bons verres de vin rouge. Saupoudrez légèrement d’épices, le tout à l’étuvée.
Charlotte de Bavière

Je ne sais par pourquoi, mais çà me donne envie de chanter du Brel :

Après mon dernier repas
Je veux que l´on m´installe
Assis seul comme un roi
Accueillant ses vestales
Dans ma pipe, je brûlerai
Mes souvenirs d´enfance
Mes rêves inachevés
Mes restes d´espérance
Et je ne garderai
Pour habiller mon âme
Que l´idée d´un rosier
Et qu´un prénom de femme
Puis je regarderai
Le haut de ma colline
Qui danse, qui se devine
Qui finit par sombrer
Et dans l´odeur des fleurs
Qui bientôt s´éteindra
Je sais que j´aurai peur
Une dernière fois.

Mona encore rien écrit pour son dernier jour. Patience !

Je tiens pas de boue

Mona attend votre aide

Louis-Philippe avait invité à dîner Giacomo Meyerbeer, compositeur allemand, qui triomphait à Paris avec ses opéras. Au cours du repas, le roi lui demanda s’il avait des enfants.

-Oui, Sire, répondit le maître, je regrette seulement de n’avoir que des filles.

-Comment, s’écria le roi, vous qui êtes Juif, vous ignorez l’art d’avoir des garçons. Pendant mon exil en Suisse, j’ai fait la connaissance d’un rabbin qui m’a donné des leçons d’allemand. Mais ce qu’il m’a appris de mieux, c’est de me marier de bonne heure et d’avoir des garçons et des filles à ma volonté.

Là-dessus, le roi communiqua son secret au musicien : le Talmud dit que, pour avoir des garçons, il faut attendre que la femme désire son mari ; pour avoir une fille, il faut, au contraire, que l’homme désirant violement  sa femme, la surprenne pour ainsi dire, et l’aime à l’improviste.

-Je vous certifie, ajouta le roi, que l’expérience a tout à fait justifié cette théorie. D’avance, j’ai annoncé à mes parents et connaissances, soit mon garçon, soit ma fille.

Le moyen est simple et à la portée de tout le monde, nous le donnons pour ce qu’il vaut.

Et nous ne pouvons passer sous silence un moyen que nous a appris une brave nourrice, et auquel elle attribue une absolue infaillibilité.
Voici le moyen, qui aurait été indiqué par Hippocrate lui-même.

Vous êtes grosse, Madame, et votre mari, la famille toute entière et vous-même désirez bien connaître avant les neuf mois accomplis, le sexe du petit être dont vous ressentez déjà les premiers mouvements. Le procédé est fort simple pour le savoir. Il s’agit de vous asseoir à terre, les jambes bien allongées. Une fois là, quelqu’un se plaçant devant vous, vous ordonnera de vous relever ; à ce commandement, par un mouvement instinctif, vous prendrez appui sur le sol avec l’un de vos bras. Si c’est le bras droit qui porte à terre, vous aurez un garçon ; si le bras gauche, une fille.

-Mais, me direz-vous…
-Mais de tous les moyens proposés, c’est celui qui nous a paru le plus sérieux.[1]

Ma chère Mona, j’ai hâte que vous soyez «grosse», j’aurai plaisir à vous aider à vous relever. En attendant, n’étant point enceinte, vous pouvez goûter ce Morgon 2009 du domaine Aucoeur.  Un vin fruité, simple qui donne envie d’une bonne assiette de charcuterie. De quoi se réconcilier avec les Beaujolais à quelques semaines du jeudi Beaujolais nouveau. Je vous rappelle, Mona, que nous ne fêterons pas ce liquide indigne de ces crus du Beaujolais.


[1] Texte tiré du Lendemain du mariage par le Dr Coriveaud

 

Un petit moine haut

En 1809, aux environs de Liège, sort à compte d’auteur un ouvrage au titre sulfureux : Mémoires de Louis Joseph Xavier d’Aché, duc de Bourgogne, moine malgré lui.
Laissons l’auteur se présenter :

Ici commence la véridique histoire d’un prince dont la vie n’a connu que l’exil, les persécutions et la malignité des gens. Je suis né à Versailles le 13 septembre 1751. Fils aîné du Dauphin et de la Dauphine, je reçus de mon grand-père, Louis le quinzième, le titre glorieux de duc de Bourgogne…

Pour ceux qui ne maitrisent pas l’histoire de France, je me dois d’expliquer. L’auteur dit en un mot qu’il est le prétendant au Royaume de France et que Louis XVI, fraîchement guillotiné ne fut qu’un imposteur. Avouez que çà fait tâche dans l’arbre généalogique des Bourbons.

D’Aché disait que sa mère, la Dauphine, ayant consacré son premier né à Dieu, l’avait fait sortir secrètement de France, pendant qu’il était encore au maillot. Ceux qui avaient été chargés de cette mission l’avaient amené au village de Frappecu, en Wallonie, où ils l’avaient abandonné auprès d’un forgeron.
En 1768, il fut envoyé de force à l’abbaye de Floreffes, de l’ordre des prémontrés pour répondre aux vœux de sa mère.

Dans ses œuvres, D’Aché demande à retrouver ses droits et à toucher de l’abbaye qu’il considère comme une prison, la somme de cent quatre-vingt huit mille quatre cent cinquante florins à raison de cent florins par jour d’emprisonnement.

Mais, en 1812, la région de Liège est rattachée à l’Empire Napoléonien. On ne rigole pas avec la famille royale et les risques politiques. Un jugement ordonne de saisir les livres du Sieur Dachet qui divulguent de fausses informations. En effet, des documents officiels prouvent que le gars en question est né à Namur et que s’il a bien été moine, il avait été jugé fou et renvoyé de ladite abbaye. Ouf, la réputation de la Dauphine est sauve !

Les 400 exemplaires de ses Mémoires furent passés au pilon à l’exception de deux exemplaires. Heureusement, faute de quoi, je n’aurais pas pu vous conter cette histoire. Avouez que çà aurait été dommage.

Quant à Dachet, on n’en sait pas grand-chose de la fin de sa vie. Sous la Restauration, il résida à Paris mais sans réclamer de droits et certains historiens pensent qu’il est mort à Charenton.

Mona, c’est bouleversifiant, non ? Essuyez vos yeux, belle enfant, et buvez ce Coteaux Lyonnais 2011 du domaine Clusel-Roch. Bien que connu comme propriétaire en Côte-Rôtie, ce vigneron nous présente un joli gamay.

La grande illusion

Eric Oswald Stroheim, dit Erich von Stroheim, est un acteur, scénariste réalisateur et écrivain surtout connu en France pour son rôle dans la Grande Illusion, le chef d’œuvre de Jean Renoir.

C’est aux Etats Unis qu’il commence à tourner avec comme slogan : The man you’d love to hate (l’homme que vous aimeriez haïr). Dans les années 30, il débarque en France, considéré comme un des plus grands cinéastes au même titre que Chaplin.

Après sa mort en région parisienne, on cherche à éclaircir des zones d’ombre sur sa jeunesse. En effet l’acteur s’est présenté comme comte Eric Oswald Marc Hans Carl Maria von Stroheim und Nordenwall, fils d’un colonel de dragons de l’armée impériale autrichienne et d’une dame de compagnie de l’impératrice et sa stature, son allure semblent confirmer cette noble ascendance. Il fait allusion fréquemment à sa carrière militaire dans la cavalerie. En fait, il semble être né à Vienne dans une famille de modeste de chapeliers et sa carrière débuta dans l’atelier de chapeaux de paille paternel.

Jean Renoir avait remarqué que l’acteur parlait très mal allemand. En fait, durant son enfance, il parlait surement le yiddish…

On peut dire ma Chère Mona que la biographie de Von Stroheim, c’est une grande illusion. Oui, je sais elle est bonne, je vous remercie et vous invite à sortir deux verres que je verse ce Bourgogne 2010 du Domaine Lejeune à Pommard. Un vin d’une grande pureté qui ne cache pas ses nobles origines…