Bière tombe mal

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Vin ou bière ? A votre santé

Il y a peu, nous attirions votre attention sur les effets liés à l’absorption de bière. Et bien encore une étude qui ne va pas me pousser à changer mes habitudes : je bois du vin comme tout bon latin et délaisse la bière.

Une étude danoise, publiée dans le British médical Journal, assure que les buveurs de vin ont une espérance de vie plus longue que les buveurs de bière. Les auteurs, une équipe de l’Institut national de la Santé publique de Copenhague, soulignent que les buveurs de vin ont une alimentation plus équilibrée que les amateurs de bière.

Pour démontrer cela, ils n’ont pas hésité à éplucher 3,5 millions transactions choisies au hasard à partir de 98 points de vente de deux grandes chaînes de supermarchés danoises durant six mois. Les clients ont été classés  en quatre catégories : « acheteurs de vin uniquement », « uniquement de bière », « consommateurs de vin et de bière » et « n’achetant aucune boisson alcoolisée ». Le détail de tous leurs achats, le nombre d’articles, leur prix et le coût total des achats de chaque client ont été enregistrés et analysés.
Leur constat est limpide comme un verre de blanc : les buveurs de vin consomment en quantité non négligeable des olives, des fruits et légumes, des volailles et des produits laitiers maigres. Les buveurs de bière, quant à eux, achètent plus volontiers des plats cuisinés, des chips, des saucisses et des boissons sucrées…

Bref, les amateurs de vins sont plus fins gourmets que les avaleurs de bière et cette meilleure hygiène de vie aurait un effet bénéfique sur leur santé.

Vous voyez Mona… En vous faisant boire du vin, non seulement, j’assure le plaisir de vos sens, mais encore, je maintiens votre santé au top. Allez, on va s’en jeter un. Prenez donc deux verres pour goûter ce vin de Graves : le Château Léhoul produit des vins, que dis-je, des fortifiants qui en plus, excitent les papilles. Assez parlé, je sers.

L’endive

canard-endiveVers 1850, à la Société d’Horticulture de Belgique, quelques racines de “chicorée à café” furent accidentellement recouvertes de terre dans une cave. Le sieur Bresiers, jardinier en chef de son état, remarque des petites pommes de terre allongées de feuilles blanches : les turions… L’endive est née ! C’est surtout en France qu’on l’apprécie et qu’elle prospère (premier producteur mondial). Depuis 1950, elle est passée de produit de luxe à salade populaire. Peu calorique et riche en fibres, vitamines et minéraux, elle a de multiples usages.

Cuite à la vapeur, panée et re-poêlée dans du beurre, elle accompagne grillades et volailles rôties. L’endive du pêcheur : cuite à la vapeur et égouttée, on l’enveloppe dans une fine tranche de saumon fumé ; un peu de crème fraîche, un verre de Muscadet ou de Gros Plant et l’on laisse dorer au four : on la sert brûlante avec le vin de la cuisson ou avec un Bordeaux Blanc sec bien nerveux.

Et puis je vous livre la recette du magret de canard au caramel et ses endives braisées que j’ai cuisiné avec amour pour mon Lépicurien. Il a beaucoup aimé…(soupir) :

INGRÉDIENTS

endives-braisees4 endives, 2 magrets de canard, 125 g de sucre, 15 cl de vinaigre balsamique, sel, poivre

PRÉPARATION

Dans une cocotte, mettre le vinaigre, le sucre, laisser colorer à feu vif, déposer les endives, saler et poivrer, puis laisser cuire 15 mn en couvrant à feu doux. Oter les endives et les égoutter. Garder le fond de cuisson.
Quadriller au couteau la peau du magret pendant que la poêle chauffe. Déposer le magret côté peau, laisser la graisse fondre avant d’en éliminer le surplus. Retourner le magret en baissant un peu le feu et laisser cuire jusqu’à obtention de la cuisson voulue. Réserver le magret de canard.

Dans la poêle encore chaude et débarrassée de la graisse, verser le jus de cuisson des endives et laisser réduire jusqu’à la formation de caramel. Servir le tout dans les assiettes et napper de sauce.

Lépicurien avait ouvert un Graves rouge du Château Léhoul 2006 : un régal.

J’ai pris cette recette sur le site « l’endive » que je vous recommande.

Mona cuisiné en pensant à vous…

Stendhal en Côte d’Or

Alors que la polémique sur les rosés est à peine éteinte (souvenez-vous, ils voulaient autoriser les assemblages de rouge et de blanc), il est toujours intéressant de voir que rien n’est vraiment nouveau sous le soleil. Dans ses Mémoires d’un touriste, Stendhal relate son voyage à travers les régions françaises. En traversant la Bourgogne, il souligne nombre de curiosités et notamment il relève que les vins blancs de Pommard, Volnay et Meursault sont utilisés en assemblage des vins rouges [1].

Le Clos Vougeot
Le Clos Vougeot

Stendhal-consul-bigSans ses vins admirables, je trouverais que rien au monde n’est plus laid que cette fameuse Côte-d’Or. La Côte-d’Or n’est qu’une petite montagne bien sèche et bien laide ; mais on distingue les vignes avec leurs petits piquets, et à chaque instant on trouve un nom immortel : Chambertin, le Clos-Vougeot, Romanée, Saint-Georges, Nuits. A l’aide de tant de gloire, on finit par s’accoutumer à la Côte-d’Or.
Le général Bisson [2], étant colonel, allait à l’armée du Rhin avec son régiment. Passant devant le Clos-Vougeot, il fait faire halte, commande à gauche en bataille, et fait rendre les honneurs militaires.

Comme mon compagnon de voyage me contait cette anecdote honorable, je vois un enclos carré d’environ quatre cents arpents, doucement incliné au midi et clos de murs. Nous arrivons à une porte en bois sur laquelle on lit en gros caractères fort laids : Clos-Vougeot. Ce nom a été fourni par la Vouge, ruisseau qui coule à quelque distance. Ce clos immortel appartenait autrefois aux religieux de l’abbaye de Cîteaux. Les bons pères ne vendaient pas leur vin, ils faisaient des cadeaux de ce qu’ils ne consommaient pas. Donc, aucune ruse de marchand. […]
En général, les vins de ce pays se boivent en Belgique. Le propriétaire du Clos-Vougeot peut tromper ses chalands; il n’aurait qu’à faire répandre sur sa vigne du fumier de cheval, elle produirait beaucoup plus, mais le vin serait d’une qualité inférieure. Une bouteille du Clos-Vougeot, qui se vend dix francs à Paris chez les restaurateurs, ne se vend pas, mais s’obtient sur les lieux, par insigne faveur, au prix de quinze francs. Mais, il faut l’avouer, rien ne lui est comparable. Ce vin n’est pas fort agréable la première et souvent la seconde année; aussi les propriétaires ont-ils toujours une réserve de cent mille bouteilles.
La poésie, avec ses exagérations aimables, s’est emparée de ce sujet si cher aux Bourguignons ; et ce soir, dans son enthousiasme, mon correspondant de Beaune m’a promis de me faire boire une bouteille de vin du Clos-Vougeot provenant encore de l’abbaye de Cîteaux. Mais comment croire à cette vénérable antiquité, si après douze ou quinze ans ce vin commence à perdre ?
[…] Les vins de Nuits sont devenus célèbres depuis la maladie de Louis XIV, en 1680 ; les médecins ordonnèrent au roi, le vieux vin de Nuits pour rétablir ses forces. Cette ordonnance de Fagon [3] a créé la petite ville de Nuits.
[…] Beaune est située sur un sol calcaire ; on a planté une jolie promenade le long des remparts, et la Bourgeoise, petite rivière fort limpide et pleine de grandes herbes vertes qui flottent avec l’eau, traverse la ville. La cour de l’hôpital offre de jolis restes d’architecture gothique. Nicolas Rollin [4], chancelier de Philippe duc de Bourgogne, fonda cet hôpital en 1445. Il est bien juste, dit Louis XI, que Rollin, après avoir fait tant de pauvres, construise un hôpital pour les loger.
En allant à Chaumont, j’avais passé devant Pommard, Volnay et Meursault ; mais j’apprends seulement aujourd’hui la cause secrète de la richesse de ces lieux célèbres ; ils produisent un vin blanc qui a la propriété de se mêler aux vins rouges et de leur donner du feu sans les altérer.

Mona, Stendhal m’a donné soif. Sans vous commander, prenez donc deux verres sur l’évier. Moi, j’attrape un Meursault vinifié par Alix de Montille. Du bonheur assuré.


[1] De nos jours, Pommard et Volnay ne produisent que…  des vins rouges fort réputés.  Meursault produit essentiellement des vins blancs (environ 15 ha de rouge).
[2] Brillat-Savarin dit à son propos:  « C’est ainsi que le général Bisson, qui buvait chaque jour 8 bouteilles de vin à son déjeuner, n’avait pas l’air d’y toucher. Tout en humant ainsi 16 litres de liquide, il n’était pas plus empêché de plaisanter et de donner ses ordres que s’il n’eût dû boire qu’un carafon. »
[3] Archiatre (1er médecin du Roi). Voici comment le décrit St Simon dans ses Mémoires: « Fagon, du fond de sa chambre et du cabinet du roi, voyait tout et savait tout. C’était un homme d’infiniment d’esprit et avec cela un bon et honnête homme. Une figure hideuse, un accoutrement singulier; asthmatique, bossu…. Il était l’ennemi le plus implacable de ce qu’il appelait : charlatans… »
[4] Fondateur, avec sa femme Guigone de Salins, des Hospices de Beaune : « Moi, Nicolas Rolin, chevalier, citoyen d’Autun, seigneur d’Authume et chancelier de Bourgogne, en ce jour de dimanche, le 4 du mois d’août, en l’an de Seigneur 1443… dans l’intérêt de mon salut, désireux d’échanger contre des biens célestes, les biens temporels… je fonde, et dote irrévocablement en la ville de Beaune, un hôpital pour les pauvres malades, avec une chapelle, en l’honneur de Dieu et de sa glorieuse mère… »

http://www.pommard.com/

Mystère et sucre d’orge

sucre orgeA Moret[1], on fabrique depuis 1638, un des plus vieux bonbons de France : le sucre d’orge[2]. Si ce bonbon fut créé par les Bénédictines pour soulager les maux de leurs malades, il faisait les délices de la Cour de Louis XIV. Durant la révolution, les religieuses furent chassées. Après cette période mouvementée, une religieuse transmit la recette. De nouvelles religieuses vinrent s’établir à Moret et relancèrent la production et ce jusqu’en 1972. Heureusement, Sœur Marie-André, la dernière dépositaire, confia le fameux Secret du Sucre d’Orge à Jean Rousseau ami des Religieuses de Moret, et qui de plus, tenait commerce de confiserie. Celui-ci l’a alors appris par cœur avant d’enfermer la formule dans un coffre, où son fils l’a recueilli à sa mort… et a procédé de même. Le secret est ainsi toujours vivant, et farouchement gardé! Un musée retrace l’histoire de cette sucrerie artisanale.
Mais à Moret, plane un mystère. Le Cardinal Dubois[3] dans ses mémoires parle d’une religieuse mauresque (noire) qui reçut la visite de hauts personnages.

Louise_Marie_Therese-largeCette Mauresse était une religieuse à Moret, que l’on prétend avoir été fille naturelle de Marie-Thérèse d’Autriche[4]. Je me souviens que l’on en parlait à la cour, et que la duchesse de Bourgogne allait souvent la visiter avec Mme de Maintenon. Bontemps lui portait tous les ans une grosse somme en or et un collier de corail. Voici ce que je sais de sa naissance. La Reine avait un petit Maure dont lui avait fait présent Duquesne lors du bombardement d’Alger. Ce Maure, nommé Nabo, avait été élevé à faire des tours d’adresse, et lorsqu’il commença à parler le français, il amusait la Reine par ses saillies naïves. Elle ne s’aperçut du sentiment que lui avait inspiré ce bouffon d’Afrique, qu’au moment où elle ne pouvait plus en triompher. Le Maure mourut, et très subitement; la Reine, peu de temps après, accoucha d’une fille si noire de peau, que Félix, son chirurgien, prit sur lui de la faire passer pour morte, et de l’envoyer à Moret dans un couvent, où elle fut élevée dans l’ignorance de son origine. Ce n’est qu’à son lit de mort que la Reine avoua l’existence de cet enfant à Louis XIV, et les médecins lui persuadèrent que la couleur de la Mauresse n’avait d’autre cause qu’un regard du Maure. Depuis cette révélation, le Roi n’alla qu’une seule fois à Moret pour s’assurer de ce fatal mystère, et jamais personne n’osa en parler devant lui. Tout n’est pas vrai, sans doute, dans ces détails, mais il est certain que pour ce motif ou pour tout autre, une fille de la Reine, connue sous le nom de la Mauresse, vécut et mourut obscurément au couvent de Moret.

Mona pas encore sucé son sucre d’orge… et vous ?


[1] Moret sur Loing situé en lisière  de la forêt de Fontainebleau (Seine et Marne)

[2] Du sucre de canne aromatisé à l’orge, additionné de vinaigre pour empêcher la cristallisation…

[3] Guillaume Dubois, appelé l’abbé Dubois, puis le cardinal Dubois, (1656-1723) est un ecclésiastique et un homme politique français qui fut l’un des principaux ministres sous la Régence de Philippe d’Orléans.

[4] Marie-Thérèse d’Autriche (1638-1683), infante d’Espagne, reine de France en épousant Louis XIV à Saint Jean de Luz.

Une flamme au foyer

C’est un gars qui rentre chez lui et qui trouve sa femme au lit avec un autre homme.
chandelier-specialA la vue de ce spectacle, ses forces sont décuplées, aussi il attrape le mâle encore à poils par le membre reproducteur et l’emmène sans ménagement au fond du jardin et le fait rentrer dans son atelier.
Là, il serre “l’objet du délit d’adultère” dans un étau ; il serre suffisament pour que l’amant ne puisse pas se sortir de ce piège. Il bloque l’étau, puis, il empoigne une scie à métaux…

Le prisonnier, qui n’en menait déjà pas large, est terrifié, et hurle :
– Hé !!!! Vous… vous… VOUS N’ALLEZ PAS ME LA COUPER ?!!!
Le mari trompé lui répond avec un sourire sadique :
– Non. Mais toi, oui … tu vas le faire, car je vais foutre le feu à l’atelier.

Bon, Mona, çà ne doit pas nous empêcher de boire un coup. Allez, un vin léger : un gamay de Loire qui ne vous coupera pas… les jambes.

Un, deutsch, trois…

charcuterie2Autrefois, les confréries se lançaient des défis. Ainsi, en 1583, les charcutiers de Koenigsberg [1] ont porté en triomphe, à l’occasion du Carnaval, une saucisse qui pesait quatre cent trente trois livres et mesurait cent soixante aunes [2], soit environ cent quatre vingt deux mètres.

Elle fut portée par quatre vingt douze compagnons qui la soutenaient par des fourches…

Ces charcutiers recommencèrent en 1601 ce genre d’exploit en promenant une autre saucisse et, cette fois, au son de la musique. Record battu, elle mesurait cent quatre vingt quatorze aunes, soit un peu moins de 225 mètres, ce qui en faisait, tout de même, une très grande saucisse…

charcuterie
Miss Charcuterie

Elle fut dévorée le soir même avec la corporation des boulangers qui, par amitié, avaient réalisé des pains de cinq aunes chacun…

Décidément, on voyait grand à Koenigsberg !

Mona envie d’une bière pour faire passer la saucisse


[1] Port sur la mer Baltique, la ville est située entre la Pologne et la Lituanie. Après avoir été la capitale de la Prusse, la ville est devenue russe en 1945 bien qu’étant entièrement isolée du territoire de la Russie. L’année suivante, Staline, afin d’effacer toute trace germanique, rebaptisa la ville en Kaliningrad en hommage son compagnon d’oppression Mikhail Kalinine. Malgré les bouleversements à l’Est, la cité est toujours russe.

[2] Une aune : 1,143 m

Veuillez abréger, Mademoiselle, mes érections distinguées

Encore une anecdote sur le Prince de Bénévent [1], me direz-vous. Mais le personnage est si riche que quelques lignes supplémentaires ne sont pas de trop.

caylusTalleyrand, avec l’âge devint un vieillard libidineux. Et il ne se résignait pas à cesser de plaire. Il s’était entiché de la belle et charmante comtesse de Caylus, qu’il bombardait sans cesse de madrigaux enflammés [2].

Devant l’abondance des missives, la jeune femme, excédée, lui répondit vertement d’arrêter immédiatement sa cour et de s’abstenir de lui envoyer de tels poèmes, … « étant donné l’usage que j’en fais » !

Le Prince, dont la vivacité d’esprit était intacte malgré son âge, lui adressa un ultime billet qui se terminait par ces mots :

Allez, petits papiers, suivez votre destin,
Mais, en passant, veuillez m’annoncer au voisin!

Mona, je vous propose un vin blanc de Valençay dont Talleyrand avait acheté le château en 1803. Ces vins de Sauvignon et de Chardonnay sont légers et frais.


[1] Le 5 juin 1806, Talleyrand devient duc de Bénévent. Dans une lettre à Joseph, son frère roi de Naples, Napoléon écrit le 5 juin 1806 : « J’ai pensé qu’en tout état de choses les enclaves de Bénévent et PonteCorvo ne pouvaient être que des sujets de troubles pour votre royaume. J’en ai fait deux duchés : celui du Bénévent pour Talleyrand, et celui de PonteCorvo pour Bernadotte. Je sais que ces pays sont peu riches ; mais je suppléerai à la dotation de ces duchés. Talleyrand est assez riche pour n’en avoir point besoin. Je me chargerai de la dotation de celui de Bernadotte. »

[2] Madrigal : compliment galant

Et mon Q, c’est du poulet

poulet-plastiqueAu début du XX° siècle, le poulet était un plat de luxe réservé aux grandes occasions et aux fêtes carillonnées. De nos jours, avec le développement de la malbouffe et des chaines de fast-food, c’est devenu un aliment banal, souvent sans goût si ce n’est celui des sauces qui l’accompagnent. Des usines de “Chicken Nugetts engloutissent des millions de bestioles. Il faut donc produire vite des animaux dans d’immenses poulaillers industriels. La qualité n’est pas le critère, c’est la plus forte prise de poids en un minimum de temps. Et là, c’est une énorme réussite. La durée de production d’un poulet standard de 1,5 kg est passée de 120 à 33 jours entre 1925 et 1998, soit deux fois moins qu’un poulet labellisé. “Ils pèseraient de sept à huit kilos (soit le poids d’un dindon) si on les laissait atteindre l’âge adulte”.

En France, sur les 800 millions de poulets produits, les poulets standards représentent 68% en tonnage, les poulets labellisés 18%, les poulets certifiés 10% (un intermédiaire entre le standard et le labellisé) et les poulets bio 1%, les 3% restants n’appartenant à aucune de ces catégories.

Les défenseurs des animaux dénoncent régulièrement les conditions d’élevage : des recherches réalisées en France ont montré que, dans les poulaillers industriels, 4% des volailles sont incapables de marcher. Mais, tant qu’ils en vendent, c’est que çà marche….!!! Et puis on s’en fout, l’essentiel c’est qu’ils arrivent à temps, même en boitant, à l’abattoir pour remplir nos gamelles.

Epicuriennes, Epicuriens, je reste persuadée que nous avons les clés de ces poulaillers entre nos mains. Si nous n’achetons plus ce genre de bouffe, ces sites seront fermés. Oui, je sais, c’est utopiste. Mais on peut rêver.

Alors prenez 3 minutes ou 10, si vous le pouvez, pour visionner un extrait du film Le Marché de la Faim –We feed the World– (durée 3.31 mn) ou celui des membres de PMAF –association pour la Protection Mondiale des Animaux de Ferme– (durée 9.42mn). A vous dégoûter et à vous faire devenir militant.

Mona spire à changer le monde avec vous.



Je m’adhère à la mandragore

Le 2 juin dernier, je vous ai couché une recette de philtres d’amour. Ne reculant devant rien pour vous donner une information de qualité, j’ai testé les philtres. Je dois bien avouer que le résultat n’a pas été à la hauteur de mes attentes. J’ai versé une dose de philtre royal dans le verre de ma belle. Sa seule réflexion fut : pas terrible, ce truc. J’ai ingurgité du lait de poule Médicis durant 15 jours : je ne suis même pas enceint bien que j’ai pris un peu de bide, ce qui ne plait pas à ma dulcinée. Aussi, j’ai cherché un philtre d’amour costaud, un vrai comme ceux que devait prendre Brejnev avant de rencontrer ses potes !

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Or, pour les philtres, Pline conseillait déjà dans son Histoire naturelle d’ajouter de la « mandragore » à du vin pour provoquer une saine excitation amoureuse. La Bible nous apprend que les sœurs Léa et Rachel utilisèrent la duadaïm (le fruit de la mandragore) pour susciter la passion amoureuse de Jacob et l’incliner à leurs désirs. Au Moyen Age, le culte de la mandragore faisait rage dans toute l’Europe. De nos jours, les seuls ou presque à s’en souvenir, sont les guérisseurs du Maghreb qui utilisent racines et baies de cette plante pour confectionner d’énigmatiques philtres d’amour et des préparations culinaires aphrodisiaques. Et là, je me dis que je tiens peut-être enfin LA potion.

MandragoreLa mandragore est une plante mystérieuse certes, puisque cette solanacée qui pousse en Tunisie et en Grèce, mais aussi en Sicile et en particulier autour des collines de la ville de Troina, a des racines dont la forme évoque le corps humain. Les habitants qui la connaissent sous le surnom de mannerone récoltent ses racines en automne par nuits de pleine lune.

Des légendes qui se perdent dans la nuit des temps la font naître du sperme d’Adam ou de la « larme équivoque du pendu ». On est sûr depuis plus de deux mille ans que la mandragore donne l’ardeur amoureuse aux hommes et rend les femmes fertiles. Le bruit courre aussi qu’en posséder une racine apporte la fortune et la richesse. Une chose en tout cas est certaine : au-delà de cinq grammes absorbés par un individu, la plante peut devenir vénéneuse car elle appartient à la même famille que la belladone. Il faut enfin préciser qu’elle est la principale protagoniste d’une comédie piquante de Machiavel, La Mandragore (1520), qu’elle possède des vertus curatives, enfin que son action antispasmodique la recommande à petites doses pour les spasmes biliaires et l’asthme bronchique.

A Madère, il est une recette, jalousement transmise de génération en génération. De nos jours encore, ceux qui la connaissent s’en régalent à la fin septembre, moment où il est possible de se procurer en provenance du Maroc, ou de Tunisie, un morceau de racine. Au comble de l’excitation, les participants à cette bacchanale se doivent d’initier au « culte de Vénus » un jeune compagnon grâce à la participation de dames complaisantes du voisinage. D’abord, tous banquettent en buvant du vin de Madère, puis on chante le fado. Après quoi chacun disparaît tout naturellement dans l’ombre accueillante des ruelles… Pour vous plonger dans cette ambiance torride sans bouger de votre banquette en simili cuir, voici en exclusivité, la recette du :

VIN DE MADÈRE À LA MANDRAGORE

Pour 1 personne

Ingrédients : 1 verre de madère et 2g de racine de mandragore. Râpez la mandragore. Mettez-la à infuser 2 h dans le verre de madère. Filtrez, et offrez à qui vous désirez paraître irrésistible.
Attention, la mandragore est toxique. Je décline toute responsabilité en cas d’incident consécutif à son ingestion au-delà des quantités prescrites et uniquement après avis médical.

Par contre, les Portugais du continent, ne buvant pas de Madère, mais du Porto se privent de plaisirs ravageurs…

Bon Mona, ressortez donc le Madère Bual 10 ans d’âge de chez Barbeito, je vais râper la plante du bonheur… bah, bien sûr deux verres … j’hallucine.

Fille du Cardinal

Au lendemain de la dernière grande guerre, naissait à Rome une jeune pousse nommée Matilde. Ses parents, voulant sans doute à leur nouvelle progéniture garantir une destinée célèbre, écrivirent le prénom de Matilde dégagé de la lettre h pour ne pas créer de confusion avec la non moins célèbre Mathilde [1] originaire de Westphalie qui épousa le roi Henry 1er appelé « l’Oiseleur » [2]. Il ne s’agissait pas de confondre cette Germanie qui fit d’Aix la Chapelle la ville des sacres, avec l’Italie et sa ville sacrée et éternelle que représente Rome. Le houblon pour les saxons et la vigne pour les latins…

Le père de Matilde était Cardinal. L’arbre généalogique de l’Eminence indique que ses origines américaines étaient soulignées par ses allures de « peau rouge » sans rapport avec ses aïeux franco-hongrois (d’un père ardéchois du nom de Alphonse Lavallée et d’une mère hongroise appelée Flame Tokay).

raisins-et-insecte-Kaercher_AmalieLe Cardinal au gré de ses implantations successives rencontra un jour une belle méditerranéenne qui se nommait Italia. Elle avait pour père un riche terrien du nom de Muscat de Hambourg, qui malgré ses ascendances nordiques, apportait dans la corbeille de la mariée des jeunes feuilles aux couleurs d’un jaune tendre et orangé. La mère d’Italia était surnommée par ses voisins de sol : Bicane ; les registres des états agraires ne révèlent rien sur ses origines. Ses autres descendants par contre se sont rendus jusqu’en Roumanie, Yougoslavie et même en Australie.

Ainsi le Cardinal, arborant sa parure rouge et violacée était persuadé qu’en mariant Italia toujours de jaune vêtue, allait pouvoir grâce à leur enfant Matilde développer de nouveaux fruits et donc de nouveaux vins.

Or Matilde grandit modestement malgré ses formes généreuses. Produisant une grappe à grosses baies d’un jaune vert, elle s’offrait aux «clients» qui appréciaient sa chaire croquante.

Mais, plus les années passaient, plus Matilde s’éloignait de la destinée dont avaient rêvé ses parents.

Petit à petit, lorsque Matilde se présentait à table, généralement lors du dessert, le goût des convives était marqué par la déception. Croquer Matilde laissait de plus en plus une saveur insipide et neutre.

Telle est l’aventure d’un de ces modeste cépages, issus d’une des nombreuses familles ampélographiques établies sur la totalité du globe. On  dénombre aujourd’hui, grâce au dernier recensement de Pierre Gallet [3], plus de 9600 inscrits.

Mona cumule des connaissances chaque jour un peu plus… pour vous.


[1] Sainte Mathilde de Ringelheim (890-968)

[2] Surnom dû à sa passion pour la chasse au faucon

[3] Ampélographe (spécialiste de la description morphologique des cépages)