Lait tue

La rue du Jour(1er arrondissement) existait dès le début du XIIIe siècle ; le roi Charles V (XIV°)  y avait un séjour qui comprenait un manège et des écuries.

Adossé à l’église Saint-Eustache, se dressait le pilori des fraudeurs. C’est Louis XI qui avait signé l’édit de 1481 qui prévoyait des peines pour ces derniers. En effet, les Parisiens se plaignaient de la mauvaise qualité des produits alimentaires. Le lait était souvent coupé d’eau, le beurre pouvait contenir de nombreux ajouts.


Si la fraude était avérée, le marchand de lait frelaté était condamné ainsi :

« Ledit lait mouillé sera entonné dans la bouche du fraudeur jusqu’à temps qu’un médecin ou barbier dise qu’il ne peut plus sans danger avaler davantage. »

Celui qui vendait un beurre contenant du navet, du calcaire ou autre chose, « il sera exposé sur le pilori et le beurre rudement posé sur sa tête et laissé tant que le soleil ne l’aura pas entièrement fondu. Pourront les chiens venir lécher le condamné et le peuple pourra l’outrager par telles épithètes diffamatoires qu’il lui plaira sans toutefois offenser Dieu ou le roi.« 

Rien n’a vraiment changé dans notre monde. Si Louis XI revenait, nombre de commerçants feraient surement des stages auprès de Saint-Eustache.

Mona rien à vendre, même pas ses charmes,vous dire, et vous ?

Baise un peu la bajoue

Cet hiver, la grippe A (H1N1) a été au centre des préoccupations de nos dirigeants. Les conseils des autorités sanitaires sont clairs. Voici un court extrait d’un dépliant que l’on trouve sur Internet :

grippe_aComment se transmet le virus ?

  • Par la toux, l’éternuement, ou les postillons
  • En embrassant une personne grippée ou en lui serrant la main
  • En touchant des objets contaminés par une personne malade (poignées de portes, barres dans les bus, boutons d’ascenseurs…)

Lors d’une pandémie comme lors d’une épidémie “les gestes de chacun font la santé de tous”.

embrassade2Et, c’est vrai qu’au plus fort de la crise, lors de rencontres avec des amis, nombre de femmes refusaient tout contact : baisers ou même poignée de main. Pire, elles trouvaient prétexte pour éviter le rapprochement conjugal ou extraconjugal.

Pourtant, Manfred Schedlovski, un chercheur suisse de Zurich, vient de prouver que c’est exactement le contraire qu’il faudrait faire. Le sexe et les baisers langoureux seraient des ennemis pour les microbes. En effet ses recherches ont montré que le sexe n’était pas seulement bénéfique pour la condition physique générale des gens, mais également pour le système immunitaire. Certaines cellules aident à se débarrasser des maladies, en pénétrant les corps étrangers pour les détruire. Pendant une relation sexuelle, le nombre de ces cellules augmente considérablement dans l’organisme, et peut quasiment doubler après l’orgasme.

Quelques médecins spécialistes de l’immunologie ont fait savoir qu’ils partageaient sa thèse. Même si ce genre d’informations scientifiques doit être confirmé, moi j’y crois…

Bon Mona, afin de commencer à vérifier les dires de ce petit Suisse, je vous propose de boire tous les deux dans le même verre, un joli vin de Margaux : Château Marquis d’Alesme Becker 2006.
Et si j’attrape la grippe avec ce vin et avec vous de plus, ce sera… du bonheur. Allez hop, Mona, je sers. A la votre !

Si vous n’avez vu cet extrait de Canal+ et que vous avez le coeur bien accroché, voici une bonne méthode pour attraper toutes les épidémies qui traînent :


Les fleurs du mail…

Voilà déjà un an ce jour qu’avec Lépicurien, nous lancions, à votre attention, sur la toile des mots. En un an, 274 papiers publiés. Je n’en reviens pas… Oh, bien sûr avec un tel patron, les choses sont plus faciles. Mais, moi petite secrétaire, je suis épatée d’avoir pu écrire tant d’articles et ferai tout pour qu’en 2011, vous soyez fière de moi…

Mona fait son petit effet en sortant du gâteau. En mangerez vous ?


Tout feu, tout femmes

En mars 1915, Jeanne Cuchet, 67 rue du Faubourg Saint-Denis (10ème) et son fils sont partis brusquement pour l’Angleterre, dit-on.

Le 27 mai 1915, Thérèse Laborde-Line, veuve de 46 ans, ne répond pas à son domicile au 29 rue de Patay (13ème).

Le 1er aout 1915, Marie-Angélique Guillin, 51 ans, quitte, sans laisser d’adresse, le 35 rue Crozatier (12ème). Son appartement est vidé quelques jours plus tard.

Le 25 décembre 1916, Anna Colomb, veuve, quitte son domicile au 15 rue Rodier (9ème) après avoir retirer son épargne bancaire.

En mars 1917, Andrée Babelay, 19 ans, part du 32 rue de Maubeuge (10ème) pour rejoindre un homme rencontré quelques jours plus tôt, grâce à une petite annonce.

Le 25 novembre 1917, on dit que Louise Jaume, bigote de la rue des Lyanes (20ème) est partie s’établir aux Etats-Unis.

En avril 1918, dans la même rue, Anne-Marie Pascal, veuve de 36 ans n’apparait plus. Est-elle aux Etats-Unis, elle aussi ?

Le 13 janvier 1919, Mademoiselle Mercadier, Mythèse pour les clients, domiciliée 330 rue Saint Jacques (5ème), va se promener avec ses trois chiens à la campagne pour quelques jours.

Le 12 avril 1919, au 76 rue Rochechouart (9ème) deux inspecteurs surprennent au lit, en galante compagnie, un ingénieur du nom de Lucien Guillet. La femme s’appelle Fernande Segret.

Bon, et alors ? Guillet a utilisé nombre d’identités : Freymiet, Morice, Forest de Bergnieux, Cuchet, Tartempion, Prunier, Baizieux… pour passer de petites annonces du genre :

« Monsieur sérieux, bonne situation, 47 ans, sans famille, désire épouser veuve, sans famille ou incomprise, situation en rapport, âge indifférent. »

Or la Grande Faucheuse profitait de la guerre de 14-18 pour faire des veuves à tour de bras. Et çà créait un marché pour un déserteur en mal d’argent.

Lucien Guillet était un petit escroc qui avait été condamné à 7 reprises. Marié, père de 4 enfants, il utilise les fonds prélevés aux dames qu’il rencontre pour alimenter le foyer familial. Quand aux dames, elles finissent dans la cuisinière de Gambais.

Ah, oui, j’ai oublié de vous dire que le vrai nom de Guillet était Henri Landru… « le Saigneur de Gambais, le défenseur de « la femme au foyer ».

Il sera exécuté le 25 février 1922 après avoir refusé le dernier verre et la dernière cigarette en disant : « c’est mauvais pour la santé ».

Bon Mona, c’est pas tout çà. On va boire un coup de crémant de Bourgogne au nom de circonstance : Veuve Ambal. Allez deux flutes, deux…

Carnaval et Carême

"Combat de Carnaval et de Careme" de Pieter Bruegel l'Ancien.1559. Kunsthistorisches Museum de Vienne (détail)

Aujourd’hui, c’est Mardi Gras, l’occasion de manger des crêpes, de se déguiser pour Carnaval… Et pourquoi Gras ce mardi ? Il précède le Mercredi des Cendres qui marque pour les Chrétiens, l’entrée en Carême[1], période de maigre. Vous l’avez compris Gras : viande et douceur, Maigre : poisson et abstinence.

Mais, dans des feuillets de ce blog, nous avons déjà parlé de ce sujet. Je veux juste rappeler que nos ancêtres jeunaient pour les plus pauvres plus de 150 jours par an, tandis que les plus riches pouvaient acheter le droit de manger.
Aussi, pour le peuple, le Mardi Gras et la Mi-Carême étaient l’occasion de manger crêpes ou beignets et de se divertir. Selon les régions, tous les excès étaient plus ou moins permis. Ces transgressions étaient le symbole d’une vie meilleure à venir. L’espoir fait vivre.

Sur le tableau de Bruegel ci-dessus, on retrouve à gauche les festivités de Mardi Gras avec un homme bien en chair juché sur un tonneau, mais déjà se profile, sur la droite, le carême représenté par un personnage filiforme et triste sur un chariot tiré par une femme et un moine.  Il présente sur une pelle à boulanger des harengs qui seront les « rois » des quarante jours à venir…

« Mardi Gras, mardi gras, t’en vas pas
J’f’rons des crêpes, j’f’rons des crêpes
Mardi Gras, tu t’en vas pas
J’f’rons des crêpes et t’en mang’ras
Carnaval, t’en vas pas demain
C’est aujourd’hui la Saint Crépin
Mardi Gras, tu t’en vas pas
Nous f’rons des crêpes et t’en mang’ras
Si tant saoul qu’ t’en crèv’ras »

Mona cuit des beignets pour vous, vous en mangerez ?


[1] Période de 46 jours d’abstinence et de privation entre Mardi Gras et Pâques

Disciple des piqures

Le Palais Royal fut cédé par Louis XIV à son frère, Philippe d’Orléans. Son fils, également prénommé Philippe, s’y installera et organisera ces fameux « dîners fins » en menant une vie de débauche. Devenu Régent, il ne changera pas ses habitudes.  Comme le propriétaire des lieux refuse l’entrée de la police sur son domaine, les prostituées, voleurs y trouvent refuge.

Avec la Révolution, on tente de rétablir la moralité. Ainsi une « dame » fut promenée sur un âne la face tournée vers la queue du bourricot. Sur un écriteau était inscrit : « femme corruptrice de la jeunesse ». Exposée nue, sur la place du Palais-Royal, elle recevra le fouet et sera marquée à l’épaule au fer rouge avant de passer 3 ans en prison.

Après 1815, les jardins sont librement ouverts au public. Rapidement, ce sera un lieu de débats mais aussi de rencontres libertines…

Fin 1818, de nombreuses plaintes sont déposées. Le 3 décembre, la préfecture signale qu’: « un individu dont on n’a put se procurer le signalement que d’une manière imparfaite se fait, depuis quelques temps, un plaisir cruel de piquer d’une canne ou d’un parapluie les jeunes personnes de 15 à 20 ans que le hasard lui fait rencontrer dans les rues… »
Tout cela se passe sous les voutes des galeries du Palais-Royal.


Les chanteurs de rues diffusent cette histoire dans Paris. Un pharmacien propose un baume anti-piqures, un corsetier vend des « protège-fesses » incluant une plaque de métal.

Enfin, on arrête un suspect : Auguste-Marie Bizeul sera condamné en 1820 à une forte amende et à 5 années de prison.

Alors que de nouvelles agressions seront signalées durant plus d’un an, le bougre purgera l’intégralité de sa peine.

Etait-ce une erreur judiciaire ou avait-il fait des émules ?

Mona pas de plaques sur les fesses et ne met pas de baume, et vous ?

L’avaleur n’attend pas le nombre des années

Le temps imparti au repas du midi étant de plus en plus court, nous rendons quotidiennement hommage à Lord Sandwich. C’est en 1762 que Sir John Montagu, quatrième comte de Sandwich, amiral de la flotte du roi d’Angleterre George III et joueur invétéré, se retrouva dans un pub pour une partie de cartes qui n’en finissait pas. Pour éviter d’avoir à interrompre sa partie, John demanda qu’on lui amène deux tranches de pain avec de la viande froide au milieu.

sandwich

Bon an mal an, chaque français achète 20 sandwiches par an ce qui représente 1,20 milliards pour plus de 20 000 tonnes de boustifaille. Et ce segment de restauration est en augmentation constante.

En mastiquant son sandwich, on ingurgite généralement de l’eau, de la bière ou même un soda, vous dire ! Pour inciter les mangeurs sur le pouce à boire du vin, la maison de négoce Cordier a lancé Tandem, le bordeaux en tétra brick à boire avec une paille. Mais pas n’importe quelle paille : une paille sensorielle développée spécifiquement pour le vin qui, grâce à quatre jets diffusants, permet de retrouver les mêmes sensations que lorsqu’on boit au verre.(dixit Cordier)

Quant au Comte de Sandwich, onzième du nom, il a lancé sa propre chaine de restauration rapide. Et on dit qu’il fait son beurre.

Ben vous voyez : que du bonheur. Vade resto satananas !

Mona, je suis pas du tout mûr pour boire mon jaja à la paille. Mais sortez donc cette douceur venue du Jura. Dans un joli verre, la robe de ce vin de paille 2002 de Berthet-Bondet va vous envouter.

Grease de nerfs

johntravolta

John Travolta a confié à un journaliste qu’il traînait un vieux TOC (trouble obsessionnel comportemental). Il ne peut boire un verre de bourbon sans que les glaçons ne soient d’une taille et d’une forme rigoureusement identiques. Ils doivent être impérativement carrés, biseautés et d’une pureté cristalline. Faute de quoi, il peut faire un malaise.

Pauvre chou ! Un bon conseil, John, il faut arrêter le bourbon et passer à la camomille…

Mona dansé jusqu’au bout de la nuit sur Saturday Night six-verres. Pas vous ?

Il n’y a que le premier papa qui goûte

L’ami Auguste ne rate pas une occasion de nous instruire sur les choses de la vie. Aujourd’hui, il nous avertit des risques à pratiquer la chose si on n’est pas au top de sa forme. Avant de penser à bomber la guérite, à Maman, vérifiez que vous êtes pas en train de pomper dans les rinçures pour que vos enfants à venir ne souffrent pas d’une faible constitution :

M. Théophile V***, homme du monde, qui n’avait reçu de ses parents qu’une très faible santé, arriva jusqu’à l’âge de trente ans sans songer à se marier. D’une intelligence aussi développée que sa constitution physique était chétive, il avait jugé que son état valétudinaire lui défendait les plaisirs du mariage. Cependant le désir d’avoir des enfants et de vivre au milieu d’une famille dont il serait l’idole devint si vif, si pressant, qu’il se décida subitement à prendre femme. Son médecin, consulté, lui donna des conseils qu’il suivit ponctuellement.

siesteThéophile V*** alla choisir en province une femme de vingt-quatre ans, fraîche, bien constituée, pleine de force et de santé. Après dix mois de mariage, il eut le bonheur de se voir père d’une jolie fille, qui ressemblait à sa mère par sa bonne constitution. Sa femme lui donna encore deux autres enfants aussi beaux que le premier. Mais, il faut le dire, Théophile avait suivi strictement le régime des hommes qui veulent avoir une belle progéniture. Avant de s’approcher de sa femme, il s’était soumis, pendant un mois, aux règles de la continence et à une alimentation fortifiante. Une fois sa femme enceinte, il s’était interdit toute caresse amoureuse qui eût pu gêner le travail de la gestation.

Le même mariage va nous montrer la triste influence qu’exerce, sur la progéniture, l’état antihygiénique des parents.

man-exhaustedForcé de quitter sa femme pour remplir une mission diplomatique, Théophile revint, après quelques mois, fatigué, épuisé de veilles, de soirées, de parties aristocratiques auxquelles sa position sociale l’obligeait de prendre part. Le soir de son arrivée, il eut l’imprudence de s’approcher de sa femme; la fécondation s’ensuivit ; mais le fruit qu’elle donna ne ressembla en rien aux premiers. Ce quatrième enfant, malgré tous les soins dont fut entouré son berceau, resta toujours malingre et chétif. On eût dit que ses parents épuisés ne lui avaient pas transmis une assez forte dose de vitalité ; il crût cependant, mais fluet, étiolé, semblable à une plante qui s’allonge comme un fil et se dessèche, bientôt. M. Théophile, s’accusant intérieurement d’avoir donné le jour à un être si faible, eut la douleur de le voir mourir avant sa cinquième année. Cette perte fut pour lui un constant remords, car il avait l’expérience du passé, et l’homme sage, avant de céder à l’attrait du plaisir, doit en calculer froidement les conséquences.

Louis XIV demandait à son médecin pourquoi les enfants qu’il avait de sa femme étaient chétifs ou difformes, tandis que ceux que lui donnaient ses maîtresses étaient beaux et vigoureux.
– « Sire, lui répondit le médecin, c’est parce que vous ne donnez à la reine que les rinçures. »

Répétons encore ici qu’une trop vive ardeur en amour, de même que les excès vénériens, nuit à la fécondation, La salacité ou la soif immodérée des voluptés sensuelles sont également les ennemis d’une belle procréation.

Comme il y va Auguste. Rinçures, c’est trivial mon vieux ! Enfin Mona, çà ne doit pas nous empêcher de boire à la mémoire du Doc. Allez on fait péter Château Simone 2001 : un merveilleux vin blanc des Bouches du Rhône en appellation Palette. Un vin qui redonne des forces, si  vous voyez ce que je veux dire, ma chère Mona.

Ma p’tite puce

Puce_programméeCe matin, dans ma salle de lecture favorite, je suis tombée dans mon Dictionnaire Historique de la Langue Française sur « puce« . Pour nombre d’entre nous, ce n’est plus qu’un composant informatique. Mais c’est avant tout, le nom d’un petit insecte sauteur, parasite des hommes et des animaux. La puce entre dans quelques locutions figurées :

Avoir, mettre la puce à l’oreille qui a d’abord signifié « provoquer ou avoir un désir amoureux » et ceci jusqu’au XVI° siècle, y compris chez La Fontaine avant de prendre son sens moderne (XVII°) de « être intrigué, mis en éveil »

Secouer les puces à quelqu’un est la variante de remuer les puces à quelqu’un.

Mais revenons à notre sympathique insecte. Il aime la chaleur et cherche donc notre compagnie. Colette Renard nous livre une histoire pas piquée des vers (et pourquoi pas des puces ?)

La puce

Au dortoir,
Sur le soir,
La sœur Luce,
En chemise
Et sans mouchoir,
Cherchant du blanc au noir
À surprendre une puce.
À tâtons,
Du téton,
À la cuisse
L’animal ne fait qu’un saut
Ensuite un peu plus haut
Se glisse.
Dans la petite ouverture,
Croyant sa retraite sûre,
De pincer,
Sans danger,
Il se flatte.
Luce pour se soulager
Y porte un doigt léger
Et gratte.
En ce lieu,
Par ce jeu,
Tout s’humecte
À force de chatouiller
Venant à se mouiller
Elle noya l’insecte.
Mais enfin,
Ce lutin,
Qui rend l’âme,
Veut faire un dernier effort.
Luce grattant plus fort
Se pâme.

Mona pas piquée des hannetons, et vous ?