Forte en j’t’aime latin

Requies est silentium – Nec tamen diu! [1]

A Rome, l’épouse d’un riche Romain avait passé son temps à accabler son mari d’incessants reproches tout au long de sa vie.

A la mort de ce dernier, elle attendait avec impatience l’ouverture du testament. Elle dut se rendre à l’évidence : il ne lui avait laissé aucun héritage, pas même le moindre sesterce [2].

Furieuse, elle se rendit chez le graveur qui réalisait le monument funéraire de son mari.

– Que dois-tu inscrire sur sa la frise de la tombe de mon mari ?

– J’écrirai ces mots à la demande du défunt : «REPOSE EN PAIX MAINTENANT»

– Hé bien tu ajouteras, dit la veuve, les mots suivants : «JUSQU’A CE QUE J’ARRIVE»

Mona, je souhaite trinquer avec vous. Vous qui me comprenez si bien, vous qui me laissez picoler sans m’engueuler sans arrêt… c’est pas comme ma future veuve. Bon allez, encore une qu’elle n’aura pas : Les Carruades de Lafite 2003. Un second vin qui dépasse tant de premiers.

A notre bonne santé, Mona…


[1] Le repos est  silence… Mais pas pour  longtemps !
[2] Le sesterce, appelé aussi numus puis numisma a donné le terme numismatique.

Marlbrough s’en va-t-en guerre

Colette Renard, sur le disque « Les Chansons Gaillardes » en a interprété une version à ne pas mettre entre toutes les oreilles.

duke-marlboroughMais c’est surtout comme chanson enfantine que chacun de nous connaît le départ en guerre de Malbrough.

Et qui était donc ce Malbrough ? :

Lord Churchill, duc de Marlborough (1650 – 1722), ancêtre de Winston Leonard Spencer Churchill.

Capitaine général des armées britanniques, il se distingua dans une guerre contre les Pays Bas (de 1672 à 1673) sous les ordres du duc d’York, futur Jacques II roi d’Angleterre. Il remporta de nombreuses victoires contre les Français, et notamment, lors d’une bataille dans une petite ville de Bavière, Blenheim. En 1709, il combattit à nouveau contre les armées de France à Malplaquet, sous le règne de Louis XIV. C’est lors de cette bataille que les Français écrivirent la chanson « Malbrough s’en va t’en guerre »pour se moquer du général qu’ils croyaient mort sur ce champ de bataille. Il mourut en fait, dans son lit, en 1722 d’une crise d’apoplexie.

La chanson fut vite oubliée puis remise au goût du jour par Marie-Antoinette qui l’entendait chantée par la nourrice du Dauphin. Et là, gros succès. Elle est reprise par toutes les classes sociales. On dit que Napoléon fredonnait cette chanson avant de partir en campagne.

En 1780, apparaît, dans un livre de cuisine, une nouvelle recette :

Prenez du bœuf cuit dans la marmite et si vous en avez de la veille, il sera aussi bon; coupez le en tranches fort minces, prenez le plat que vous devez servir. Mettez dessus dessous deux cuillères de coulis. Un mélange haché très fin d’ail, persil, ciboule, câpres, anchois; couvrez votre plat, une demi-heure, servi très réduit, à courte sauce (Menon, Cuisinière Bourgeoise 1797).

De chanson de soldat, puis de nourrice, elle finit en cuisine. Le boeuf bouilli prend son nom du fameux « Mironton, tonton, mirontaine« .

En cuisinant, je vous conseille de chanter :

« Malbrough s’en va-t-en guerre, Mironton, tonton, mirontaine ; Malbrough s’en va-t-en guerre, Ne sait quand reviendra… (ter) « 

Çà délasse… et çà donne de l’entrain

Quant à vous ma p’tite Mona, si vous voulez vous délasser en ma compagnie, je vous invite à boire ce verre de Mas Amiel Vintage 2007. Que de la douceur !

Pompe Afrique

En Europe, depuis Jean de La Fontaine, on sait que Perrette lorsqu’elle va au marché avec son pot de lait sur la tête, passe son temps à tirer des plans sur la comète et finit par casser le pot. Et lorsqu’elle revient chez elle, elle craint d’être battue par son mari. En Afrique, les choses semblent se passer autrement selon Mamadou Khânto, auteur de ce poème :

chaponbresse3Une fermière du Rwanda,
Qui était Hutu de surcroît,
Quitte sa case et sa smala
Pour le marché de Kampala.
Elle veut honorer sa tribu
D’un beau chapon gras et dodu.
Mais elle était peu fortunée,
Et le marchand Tutsi, rusé,
Refusa de baisser le prix
Du chapon par elle choisi.
Me le donnerais-tu,
Dit la cliente Hutu,
Contre une gâterie
Sur ton beau bengali ?
A voir, dit le vendeur,
De cette gâterie quelle serait la valeur ?
Vaudrait elle un chapon ?
Il m’en faudrait la preuve pour de bon.
Aussitôt la bougresse s’enfouit sous le boubou,
Et vite fait jaillir la sève du bambou.
J’ai gagné le chapon, s’exclame l’innocente,
La bouche encore pleine du produit de la vente.
Que nenni’ lui répond le volailler acerbe
Tout comme la figure, le chapon tu as perdu
Car comme le dit notre si beau proverbe :
Turlute Hutu,
Chapon point eu.

Mona pas oublié le drame du Rwanda : c’était en avril 1994

Hymen, c’est vache

Sallentin a publié au début des années 1800 une série de recueils au titre curieux : l’Improvisateur Français. Ces ouvrages ressemblent à un dictionnaire mais agrémenté de nombre d’anecdotes. Au mot « coucher« , on peut lire :

« Nous ne pouvons vendre que ce qui nous appartient.
Autrefois les curés de Picardie prétendaient que les nouveaux mariés ne pouvaient pas, sans leur permission, coucher ensemble les trois premières nuits de leurs noces. Il intervint arrêt le 19 mars 1409, portant défense à l’évêque d’Amiens et aux curés de ladite ville, de prendre ni exiger aucun argent des nouveaux mariés pour leur permettre de coucher avec leurs femmes la première, la seconde et la troisième nuit de leurs noces. Il fut dit que chacun desdits habitants pourrait coucher avec son épouse sans la permission de l’évêque et de ses officiers. »

Un peu plus loin, au mot « cul, culage » on peut lire :

jeunes-maries– Les femmes, à qui la mode a de tout temps tourné la tête, portaient il y a vingt ans des culs postiches; elles en portaient il y a 200 ans, et davantage. Henri Etienne dit que de son temps, environ l’an 1680, quand une dame demandait son bourrelet pour sortir, elle disait : apportez-moi mon cul, et que quelquefois on criait : on ne trouve point le cul de madame ; le cul de madame est perdu.

– Culagium en latin, en français couillage ou culage, étaient des termes dont on se servait autrefois pour exprimer le droit que s’étaient attribué les seigneurs, et qui les autorisait à jouir, le jour de l’hyménée, des prémices du mariage avec toutes les filles qui habitaient sur leur territoire. Ce droit, quoique fort agréable pour l’ordinaire, était fort embarrassant pour les vieux seigneurs, pour les vieux prélats, et quelquefois même pour les jeunes quand le pays était passablement peuplé. Ils imaginèrent donc de donner aux maris la licence de se racheter du droit de culage, et comme l’argent était rare, les seigneurs n’en exigèrent pas. Ils se contentèrent du paiement d’un impôt en nature, tel que blé, vin, cidre ou bestiaux, selon les productions du sol. Du reste, nul ne pouvait coucher avec sa femme s’il n’eût payé ce droit. Alors le seigneur se contentait de mettre une cuisse nue dans le lit de la mariée, ce qu’on appelait prendre le droit de cuissage ou culage. Même les filles de nobles n’en étaient pas dispensées. Mais il paraît qu’il vint un temps où elles purent s’en racheter par le don d’une vache.

Voltaire s’est insurgé contre cette ancienne pratique :

Les jeunes fiancées donnaient donc sans résistance la première nuit de leurs noces au seigneur châtelain.
On prétend que cette jurisprudence commença en Ecosse ; je le croirais volontiers : les seigneurs écossais avaient un pouvoir encore plus absolu sur leurs clans, que les barons allemands et français sur leurs sujets.
Il est indubitable que des abbés, des évêques s’attribuèrent cette prérogative en qualité de seigneurs temporels : et il n’y a pas bien longtemps que des prélats se sont désistés de cet ancien privilège pour des redevances en argent, auxquelles ils avaient autant de droit qu’aux pucelages des filles.
Mais remarquons bien que cet excès de tyrannie ne fut jamais approuvé par aucune loi publique. Si un seigneur ou un prélat avait assigné pardevant un tribunal réglé une fille fiancée à un de ses vassaux, pour venir lui payer sa redevance , il eût perdu sans doute sa cause avec dépens.

Mona, çà me rappelle cette vieille blague :
Qui grossit le plus en une nuit ? Vous ne savez pas ? Votre langue au chat ?
C’est la femme ; car son mari lui dit le soir : « tu viens ma petite puce » et le matin : « tu te lèves, grosse vache« … Oui, je sais c’est déplacé, gamin et tout. Mais enfin, il y encore quelques temps, il fallait avoir au moins une vache pour passer sa nuit de noce. J’ai rien inventé.
Bon allez, on boit un coup ? Et pas du lait. Moi je boirai du lait uniquement quand les vaches mangeront du raisin. Mais une simple Clairette de Die authentique fera l’affaire. Le plaisir du muscat avec des bulles. C’est léger, léger… Et avec ce morceau de tarte que vous avez faite, le pied !!

Le Roi au bord d’elle

Dans les Fastes de Louis XV, l’auteur, un certain Bouffonidor publie en 1782, un ouvrage en deux volumes sur la vie de Louis XV. La lecture de ces pages montre la déliquescence du pouvoir. N’oublions pas que Louis XVI était encore Roi. La préface illustre bien le dégoût que le Bien-Aimé avait suscité à la fin de son règne :

On va parler d’un Roi qui avait mérité de son peuple le doux titre de bien-aimé ; d’un Roi qui fut, dans son berceau, l’idole des Français ; à qui y dans son printemps, on éleva des statues que, dans son automne, on insulta de la manière la plus sanglante ; d’un Roi dont la mort fut, comme celle de son bisaïeul, le triomphe de la nation. Voici le moment de la vérité. Ayons le courage de tout dire et de ne rien cacher. Ne dissimulons ni les vertus, ni les vices du Monarque, ni les crimes, ni les forfaits des esclaves, des roués, des courtisans, des Ministres, des viles prostituées qui l’entourèrent pour son malheur et celui de ses peuples.


A propos de Madame Du Barry, l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère. Ces quelques mots suffiront à illustrer :

C’est ainsi qu’on vit une catin, née dans une condition très obscure, vouée au libertinage dès sa tendre jeunesse, autant par goût que par état, n’apportant au Monarque que les restes de la prostitution de la plus vile canaille; c’est ainsi qu’on l’a vit s’asseoir presque sur le trône, et le Roi lui prodiguer le trésor public pour lui faire étaler un luxe de Reine, multiplier les impôts pour satisfaire ses fantaisies puériles, et faire dépendre le destin de ses sujets des caprices de cette folle.

Dois-je vous rappeler que cette dame est toujours en vie [1] lors de la parution de ce livre.

De même, l’auteur rapporte les attaques contre la favorite. Même au sein de la Cour, on jase… Ainsi cet ecclésiastique profite d’un sermon pour envoyer la purée :

L’abbé de Beauvais ayant obtenu l’honorable station du carême [2] de 1774, devant Louis XV, prit le parti de faire fortune par cette voie, en s’exposant ou à avoir un évêché pour prix de son zèle apostolique, ou à être enfermé à la bastille en punition de son audacieuse témérité. Il osa donc tonner en chaire contre la vie scandaleuse du Monarque. Il caractérisa spécialement sa passion pour Madame du Barry, dans une peinture énergique qu’il fit des mœurs de Salomon, dont la comparaison était sensible. « Ce Monarque, disait-il, rassasié de volupté, las d’avoir épuisé, pour réveiller ses sens flétris, tous les genres de plaisirs qui entourent le trône, finit par en chercher d’une espèce nouvelle dans les viles restes de la corruption publique. » Madame du Barry se reconnut trop bien à ce portrait pour n’être pas piquée. Elle écrivit le soir même cette lettre à l’audacieux prédicateur : « Vous venez, Monsieur l’abbé, de prêcher avec une insolence extrême, la charité, la modération ; vous avez eu la hardiesse de noircir la vie de notre Monarque aux yeux de son peuple; vous n’avez attaqué que lui, quoiqu’il fût le seul que vous deviez ménager, et dont vous deviez en quelque sorte excuser les faiblesses, devant ses sujets. Ce n’est point la charité chrétienne qui vous a inspiré ; c’est l’ambition et le seul désir de vous élever qui ont été les mobiles de votre conduite. A la place de Sa Majesté,  je vous exilerais dans quelque village éloigné, pour y apprendre à être plus circonspect, et à ne plus chercher à soulever les peuples contre les Princes que Dieu leur a donnés pour les gouverner. Je ne sais ce qu’elle fera; mais vous avez trop compté sur sa bonté. Vous ne vous attendiez pas à recevoir de moi des règles pour vous conduire, puisées dans le christianisme et la morale ; mais pour votre bien, tâchez d’en faire votre profit. Voilà mon sermon, je souhaite qu’il vous puisse être utile ». La favorite chercha, par toute voie possible, à indisposer son royal amant contre le hardi prédicateur; mais Louis XV était bon ; il ne se fâcha pas, il l’excusa même, en disant qu’il avait fait son métier, et il récompensa la station de ce nouvel Athanase, par le don de l’évêché de Sénez.

Mona pas de Royal amant ; dommage ?


[1] Elle sera guillotinée le 8 décembre 1793
[2] Se dit particulièrement des prédicateurs auxquels on assigne telle ou telle église pour y prêcher pendant l’avent ou le carême.

La pomme d’Adam, sûr, c’est l’Eve

En 1806, fut créé le JOURNAL DES GOURMANDS ET DES BELLES, ou L’ÉPICURIEN FRANÇAIS rédigé par quelques Littérateurs Gourmands et plusieurs Convives des Dîners du Vaudeville. Ces messieurs se réunissaient chaque mois pour un dîner et ils écrivaient des textes qui étaient lus lors de ces agapes puis publiés. Leur devise ne laissait aucune place au doute quant à leurs occupations :

Rions, chantons, aimons, buvons
Voilà toute notre morale.

Un certain Gasterman[1] fit l’éloge de la pomme. J’en ai tiré cet extrait :

adam-eve-compote

C’est au mois d’août (l’histoire ne dit pas le jour) que la mère des Gourmands mangea pour la première fois le fruit défendu dont le genre humain se régale depuis quelques six mille ans. Le sol où verdoyait l’arbre de vie était chaleureux et précoce ; déjà depuis plus d’un mois les pommiers se couvraient de pommes, lorsque le serpent s’avisa d’en faire l’instrument de notre perte. La première des femmes les voyait sans appétit; mais la curiosité, innée dans le sexe dont elle était, fut le côté faible par où le malin s’introduisit dans la place. Maître de ce poste, il y découvrit la coquetterie, autre faible par lequel il s’insinua sans peine jusqu’au cœur de notre respectable aïeule.
Le mal étant sans remède, il faut s’en consoler ; aussi, chers Gourmands, en vous proposant de chômer l’anniversaire de notre perle, n’ai-je pas le dessein de vous prêcher le jeûne et l’abstinence ; je viens, au contraire, vous féliciter du privilège qui vous a été transmis de manger impunément ce que la pauvre Eve paya si cher. La pomme en effet n’a plus rien de malfaisant ; les tables les plus consciencieuses en sont chargées depuis l’api au teint vermeil jusqu’au calville rouge ou gris, depuis la reinette blanche d’Angleterre aigrelette jusqu’au doux et roux fenouillet. Les plus austères cénobites, les plus inexorables ennemis de la bonne chère, les Égyptiens qui adoraient les oignons, les pythagoriciens qui respectaient les fèves, les chartreux qui s’abstenaient de chair, les trappistes qui se privaient de tout, les amoureux qui vivent de rien, tous ont été et sont restés fidèles à la pomme; aucun n’a renié sa mère et démenti le penchant inné pour le péché, dont ce doux fruit est l’emblème.

La pomme est la reine des vergers ; elle mérita de donner son nom à la déesse des jardins. Elle n’est pas moins chère aux amants qu’aux convives; elle a joué dans l’histoire profane et fabuleuse un rôle non moins illustre que dans l’histoire sacrée. Celle que Pâris donna à Vénus fut aussi fatale que celle dont la femme d’Adam régala son époux après s’être laissée aller aux séductions du démon.

J’ai ouï dire que l’influence de ce fruit maudit était encore la cause du mauvais renom des Normands, qui ont perfectionné l’art de le cultiver, de le vendanger et de le confire. La Normandie n’en est pas moins un pays de prédilection et d’abondance, un paradis terrestre, un vrai jardin d’Eden; et si les Normands ont l’astuce du serpent, les Normandes ont la fraîcheur primitive et la naïveté un peu suspecte, et pourtant très piquante, de la belle Eve. On prétend que, quoique Normandes, elles sont aussi confiantes que leur mère lorsque le diable les tente ; et j’ai lu dans certains moralistes du pays de Caux que si la mère du genre humain n’eût pas vendu sa postérité pour une pomme, mesdemoiselles ses filles, sans en excepter une seule femme, en auraient fait tout aussi bon marché.

II faut avouer néanmoins que le tentateur y a mis le prix. La première beauté, telle que la peint Milton [2], valait bien qu’on la mît en balance avec toute l’espèce des hommes. Quel est celui de ses descendants qui osât marchander en pareil cas ? Mes chers amis, aux risques et périls de votre postérité, je souhaite que la saison des pommes vous fasse trouver des Eve.

Mais ne renouvelons pas ici les vieilles querelles auxquelles la pomme a donné lieu ; mangeons-en ; nous n’en mourrons pas ; succombons à la tentation;  le monde n’en tournera pas plus mal ; distribuons-en à nos amies; cela ne mettra pas Troie en flammes.

Grâces aux dieux, il y a peu de fruits que la Providence ait autant multiplié que la pomme; et quelque nombreuses que puissent être les chûtes de nos jeunes Eve, il en restera toujours à ramasser. Il y a des pommes pour toutes les Belles, il y en a pour tous les amateurs; et si nous n’en avions qu’une seule en bons convives nous la partagerions.

Mona, avec toutes ces pommes, il y a de quoi faire un cidre. Goûtons celui d’Eric Bordelet : un Sydre Exceptionnel. En boire, même beaucoup, ce n’est pas pécher.


[1] Semble être rédacteur à la revue La Ménagère Moderne
[2] Poète Anglais du XVII° siècle

Au fond du trou ?

Oh, faut voir le courrier que je reçois. Vous me faîtes de la peine mes petits loups. Coté chaudière, malgré le temps qu’il fait, vous ne constatez pas d’amélioration. Même avec le starter, vous tournez au ralenti et encore, certains s’en contenteraient. Vous me dîtes qu’à part le tuteur à tomates, vous n’espérez plus rien. Comme je vous l’ai dit, j’suis pas sexologue tous sexes, mais je peux pas vous laisser avec le caramel fondu.

Aussi les gars, je vous invite à essayer encore un truc. Notre bon Auguste rapporte la guérison d’un baron dont le chalumeau était complètement éteint. C’est un de ses collègues, le Dr Tissot qui lui prescrivit ce traitement :

zizi-coitUn jeune baron d’un tempérament fort amoureux s’était tellement épuisé avec des courtisanes, qu’arrivé à l’âge de trente ans ses organes s’endormirent comme frappés de paralysie. Alors on lui conseilla de se marier ; mais ni les douces caresses de sa femme, ni ses violents désirs pour lui prouver son amour, ne purent lui faire retrouver sa virilité. Désespéré de cet état de choses, il alla consulter le Docteur Tissot, qui lui ordonna lé régime suivant :

A six heures du matin, le baron prenait six onces de décoction de quinquina dans laquelle on versait deux cuillerées de vin de Madère ; une heure après, dix onces de lait de chèvre, fraîchement trait, sucré et aromatisé avec quelques gouttes d’eau de fleur d’oranger. A midi, il mangeait un poulet rôti, un verre de vieux bourgogne étendu d’eau ; à la suite du repas, une promenade d’une heure, exercice de la chasse ou de l’équitation. A quatre heures, une seconde dose de quinquina semblable à la première. A cinq heures, un bain froid de dix minutes ; au sortir du bain, nouvelle promenade d’une heure, et repos d’une heure, au retour de la promenade, soit au lit, soit sur un canapé. A sept heures, c’était un souper composé de viandes succulentes et de bon vin de Bourgogne trempé d’eau, puis une promenade à pied ou a cheval d’une heure. Enfin, à neuf heures et demie, avant de se coucher, une seconde dose de lait de chèvre aromatisé avec de l’essence de vanille.

Telle fut la prompte efficacité de ce traitement, ajoute Tissot, qu’au bout de quinze jours, le baron s’écria, lorsque j’entrai chez lui :

« Dieu soit loué et, grâce à vous, mon cher docteur, j’ai retrouvé les signes extérieurs de ma virilité. »

Allez, quinze jours, çà passe vite et …
… Mona tend un développement énorme de votre personnalité… Courage et espérance, mes cocos.

Et pour vous, mes petites chéries, un joli fessier de mec sous la douche…


Manger en posthume

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Louis XVIII à peine installé aux Tuileries, remet en vogue les traditions de table de l’ancien régime. Obèse, infirme, le corps déformé par la goutte et rongé de gangrène, le Roi trouve réconfort dans les plaisirs de la table. Il n’était pas Bourbon pour rien !

Il partage nombre de repas avec Jean-François de Peyrus, duc d’Escars. Au cours de ces dîners interminables en tête à tête, ils épuisent les recettes de la gastronomie et n’hésitent pas à en créer : ainsi l’ortolan en cercueil de perdreau et la côtelette d’agneau à la martyre. Pour cette dernière, il faut trois belles côtelettes que l’on ficelle ensemble. Grillées, on ne mange que celle du milieu qui a absorbé les sucs des deux autres. Il ne reste plus qu’à jeter les restes.

Le 8 septembre 1822, les deux commensaux se régalent de truffes à la purée d’ortolans. De retour chez lui, le Duc se couche avec l’estomac un peu lourd. En pleine nuit, il se réveille brusquement. Il sonne. Un médecin est appelé. Ses traitements n’auront aucun effet.

– Le Roi …,vite … que l’on …  voie … si … le Roi … a bien sup …porté…

Ce furent les dernières paroles du Duc. Le Roi fut immédiatement prévenu.

– Je savais bien qu’il avait moins d’estomac que moi, dit le Souverain dans un demi-sommeil.

Mona, voilà deux épicuriens qui méritent le respect. Je débouche Les Contours de Deponcins 2007. Ce Viognier de François Villard leur fera un bel hommage.

A tout pichet, miséricorde

est-montefiasconeDans le Latium, au Nord de Rome, autour du Lac de Bolsena, on élabore un vin blanc sur environ 410 ha. Le cépage Trebbiano toscano et la Malvasia donnent un vin à la robe paille qui se boit jeune. Ce vin serait certainement resté dans l’anonymat si son nom n’était pas aussi original : « EST ! EST !! EST !!! di MONTEFIASCONE. »

Sur l’étiquette ci-contre, on peut lire un long texte latin :

Anno MCXI p. Chr. Chr. n. n. praesulem Johannem Defuc, Augusti Henrici V comitem, Romam contendisse in historiis legimus praesulem Johannem Defuc, Augusti Henrici comitem V, Romam contendisse dans historiis legimus. Per longum iter, vini capacissimus ac peritus, Johannis Defuc suavissima vina exquirere in animo habuit. Par iter longum, vini capacissimus ac peritus, Johannis Defuc suavissima Vina exquirere in animo habuit. Eo consilio fidissimum ministrum suum Martinum praemisit ut, quodcumque locum ubi primae notae vinum reperisset, in cauponae fronte “EST” conscriberet vel potius “EST! Eo consilio fidissimum ministrum suum Martinum praemisit ut, quodcumque locum ubi primae Notae reperisset vinum, dans fronte cauponae « EST » potius conscriberet vel « EST! EST!!” ubi praesertim illustrem invenisset. EST!! « Ubi invenisset illustrem praesertim. “Montefiascone” cum pervenisset peritus minister sic iucundum vinum invenit ut “EST… EST… EST!!!” merito conscribere statueret. « Montefiascone » cum pervenisset peritus ministre iucundum sic ut vinum invenit « EST … est … est! » Merito conscribere statueret.

Ce qui signifie : « Nous avons lu dedans les chroniques qu’au cours de l’année du Christ de 1111, l’évêque Johannes Defuc se rendit à Rome en qualité de légat de sa majesté, empereur Henry V du Saint Empire. Grand amateur et grand buveur de vin, il avait fermement l’intention de goûter les meilleurs vins au cours du long parcours. Pour cela, il avait envoyé en avant-garde son fidèle échanson, Martinus, avec l’instruction suivante : partout où tu trouveras du vin de bonne qualité, tu devras écrire EST sur le linteau de l’auberge, et EST, EST, lorsque les vins seront vraiment excellents. (Selon la tradition, le premier EST a été écrit à Montepulciano, alors que le deuxième à Orvieto.) Alors que Martinus, grand connaisseur, arrivait à Montefiascone, il trouva le vin si bon qu’il inscrivit : EST… EST… EST ! ! ! »

On raconte également que Johannes Defuc, à son retour de Rome, s’installa à nouveau dans l’auberge de Montefiascone, où il passa tant de jours, de semaines, de mois à boire ce vin sublime qu’il en mourut. Il fut enterré dans l’église locale de San Flaviano. On peut lire cette inscription sur sa pierre tombale : « Ci-git, mon Seigneur, en raison de trop d’Est. » Par testament il légua ses biens à la ville, à condition qu’à chaque date anniversaire de sa mort, une barrique de vin de muscat soit vidée sur sa tombe. Pour fêter l’évènement, une foire aux vins est organisée chaque mois d’août. Ce marché est réputé pour son défilé : les participants sont tous en tenue historique.

Mona, le vin EST tout trouvé. EST ce que vous avez sorti deux verres ; vous EST il agréable de déguster ce breuvage latin ?

Grives de nerf

994851_5165633Dans la collection Bouquins, il existe quelques trésors : le Dictionnaire de la Bêtise en fait partie. Guy Bechtel et Jean-Claude Carrière ont relevé nombre d’erreurs de jugement et d’énormes bêtises.

Ainsi, le jésuite écossais James Gordon écrivait en 1634 dans Theologia moralis universa :
Une fille de joie peut légitimement se faire payer pourvu qu’elle ne se mette pas à un prix trop haut. Il en est de même de toute fille et de toute prostituée qui fait le métier en secret ; mais une femme mariée n’a pas autant de droits de se faire payer, parce que les profits de la prostitution ne sont pas stipulés dans le contrat de mariage.

Mariez vous qu’ils disaient ! Quant au prix pas trop haut, c’est surement pour être à bonne hauteur des bourses peu garnies des Jésuites.

Et Joseph Péladan dans la science de l’amour énonçait une vérité que l’on a peut-être un peu oubliée :
Coucher avec une femme ne suffit pas pour l’inonder de la clarté et la doter d’un cerveau.

Quant à Mantegazza, il déclarait en 1911 :
La femme a été peu ou mal étudiée. Nous avons des monographies complètes sur le ver à soie, sur les hannetons et sur les chats ; et nous n’en avons pas une sur la femme.

On n’en pas non plus sur les cons (si j’ose dire)…

cuisseVous savez bien, ma chère Mona que ce n’est pas moi qui sortirai des bêtises comme çà… Comment ? Ah bon rien. Tant mieux ; débouchons donc le Clos des Grives 2004 du Domaine Combier, un vin rouge de Crozes Hermitage qui a une robe superbe, de la cuisse, qu’en a dans le corsage et sa chute de rein en fait un véritable ouvre-cuisses. Quoi, qu’est ce que j’ai dit, Mona, qui vous empêche d’amener deux verres ? Oh, vous êtes pas simple, vous les filles. Allez, allez, venez, j’ai soif…