Tranchons dans le vif

homard-liberteSur les cartes de restaurant, fleurissent deux écoles : homard à l’américaine ou homard à l’armoricaine.  Alors qui a raison ? Au risque de me fâcher avec tous les Bretons, je penche pour la réponse américaine. Non point que ce soit un mangeur  de « hamburgé » qui ait mis au point cette recette ; ouf, l’honneur national est sauf !

En fait, comme souvent, le nom du plat est dû à un chef : Pierre Fraisse, originaire de Sète, avait dirigé un restaurant à Chicago. Revenu en France, il ouvre un restaurant du nom de « Peter’s ». Un soir de 1867, des clients américains voulaient quelque chose d’original.  Fraisse mêle homard, tomates, ail, échalotes, piment à l’huile d’olive et flambe au cognac. C’est un triomphe. Mais le plat n’est pas à la carte. Les mangeurs veulent connaitre le nom de cette merveille. Pour flatter ces clients, Fraisse lance : « c’est un Homard à l’américaine !! ».

Cette recette avait déjà été présentée à Napoléon III sept ans plus tôt, surement pour flatter l’Impératrice qui, d’origine espagnole, raffolait des plats à base de tomate. Du palais des Tuileries, la recette est passée dans un restaurant de la rue de l’Échelle, Le Bonnefoy. Il faut dire que le duc de Morny, demi-frère de l’Empereur, en a fait sa cantine. Et c’est sous le nom de « Homard Bonnefoy » que d’autres restaurateurs reprirent la recette.

Par contre, rien n’égale en qualité, le homard breton. Bon ben voilà, j’arrive à réconcilier tout le monde : « alors un homard armoricain à l’américaine s’il vous plait… »

Mona pas envie de se fâcher avec vous…

Faîtes chauffer l’alcool

mona-salonLes Etats-Unis, depuis toujours terre d’immigration, ont accueilli entre autres des populations irlandaises et écossaises … lesquelles ont apporté leur savoir-faire en matière de distillation. Les saloons qui servaient du whisky, étaient considérés comme des lieux de débauche, détournant les hommes de leurs obligations familiales ou professionnelles.

Dès le XIXème siècle, des sociétés de tempérance ont prôné la mise hors-la-loi des boissons alcoolisées ; celles-ci accusées d’engendrer délinquance et maladies devaient disparaître purement et simplement. Emmenées par des femmes et des prédicateurs, ces sociétés saluaient la fermeture des saloons, défilaient dans les rues et prirent une place dans la vie politique.

Ainsi, la première dame des Etats-Unis, Lucy Hayes, femme du président Rutherford B. Hayes, interdit-elle tout alcool à la Maison Blanche durant l’investiture de son mari…elle y gagna le surnom de « Lemonade Lucy »…

Mr et Mme HAYES
Mr et Mme HAYES

Les esprits étaient cependant prêts au régime sec, ce qui advint au niveau fédéral en janvier 1920 par une loi qui «interdisait la production, la vente et le transport » des boissons dont le degré d’alcool était supérieur à 0,5%. Et cela dura jusqu’en décembre1933.

Si la Prohibition eut pour effet immédiat la fermeture de nombreuses propriétés viticoles, sur le long terme elle eut celui de faire décupler la consommation d’alcool. Les ventes du whisky écossais et irlandais importés clandestinement via la Jamaïque et le Canada explosèrent tandis que fleurissaient clubs et bars où l’alcool était vendu illégalement. Vers le milieu des années 20, le chef de la police de New York dut se rendre à l’évidence : le nombre de débits de boisson avait doublé depuis le début de la prohibition. C’est à cette époque que les Américains prirent l’habitude de boire des cocktails (l’adjonction d’arômes étant indispensable pour masquer le goût du tord-boyaux distillé clandestinement).

Durant cette période, la consommation de vin n’explosa pas dans les mêmes proportions. En effet, la fabrication était à la fois plus difficile et moins lucrative. Cependant, un certain nombre de propriétés se lancèrent dans la vente de « raisin de table » qu’il était possible de vinifier chez soi. Un produit d’un genre nouveau fit son apparition sous le nom de « Brique de vin ». Il s’agissait d’un jus de raisin concentré auquel était joint un paquet de levures. La notice était suffisamment explicite :

« ATTENTION, L’AJOUT DE LEVURES PROVOQUE UNE FERMENTATION ».

Peu de consommateurs respectaient scrupuleusement cet avertissement !

Mona, je pense qu’il est temps de boire un coup. La prohibition, çà donne soif. Je vous sers un L.A. Cetto Zinfandel : un cépage américain vinifié au Mexique

Un slip qui met le paquet

aussiebum5Comme beaucoup d’hommes, Lépicurien, mon patron que j’aime pourtant énormément, est un peu macho. Ainsi, il se fait un plaisir de répéter que la femme, pour séduire un beau mec comme lui, doit user de nombre d’artifices : maquillage, coloration, wonderbra, prothèses, lifting…  alors que lui, « hombre », il n’a pas besoin de rien…

Dois je vous rappeler, Monsieur Lépicurien,  que Louis XIV, qui était petit, aimait se grandir avec des talons hauts qui, combinés à sa perruque, lui faisaient gagner 30 centimètres ?

Lépicurien écarte ma remarque d’un geste hautin, en me rappelant sèchement que le temps de Louis est révolu depuis bien longtemps et qu’il ne dédaignera pas même pas évoquer les corsets à lacets et autres vieilleries aujourd’hui heureusement disparues. Lui, Monsieur, ne s’intéresse qu’aux femmes de son temps… et qu’il les aime le plus naturel possible…

aussiebum189Mais, Mon très cher Lépicurien, avec tout le respect que je vous dois, je vais vous moucher. Connaissez vous la maison Aussiebum ? Non ? Et bien, c’est une marque de sous-vêtements. Elle  propose un slip qui utilise la technologie Wonderjock qui met en avant ce qu’il faut, comme il faut… Sans rentrer dans les détails, si j’ose dire, ce sous-vêtement est conçu pour séparer les boules de la quille et soulever ce qui doit l’être pour faire un joli paquet (cadeau ?). En un mot, la coque en tissu repousse tout vers l’avant au lieu de tout laisser pendre vers le bas. Il n’y a ni rembourrage, ni anneaux, ni suspentes.

Ce slip rencontre un énorme succès. Et au grand étonnement de ses concepteurs, ce sont les femmes qui, depuis son lancement en 2006, en ont acheté le plus… sans doute pour voir leur compagnon sous un autre jour. Comme dirait Coluche, un cadeau qui aide à développer sa personnalité.

Alors entre les hommes qui s’épilent, ceux qui se font ravaler la façade et les porteurs de wonderjock, les femmes n’ont plus de leçon à recevoir de mâles en mal de virilité.

Oh, bien entendu, je suis certaine que Lépicurien n’utilise pas des artifices de ce genre… Ce serait d’ailleurs tout à fait inutile : Dame Nature sait se montrer parfois fort généreuse.

Mona pas besoin de wonderbra pour mettre son patron au garde à vous.

çà mérite un coup de pied dans les Pouille$

romansbill

Le 30 octobre 2009, le russe Roman Abramovich s’assoit à la table du Nello’s à New York avec quatre invités pour un déjeuner. A la fin du repas, il s’acquitte d’une facture de 47.221,09$. Quand on regarde les plats servis, rien d’extraordinaire : des pâtes, du parmesan, des calamars, des desserts traditionnels et une bouteille d’eau. Un plat de truffes fait heureusement exception.

A la lecture des commentaires (au 15.11.09) laissés par les clients du restaurant retenu pour cette bacchanale, il n’y a pas de quoi s’enthousiasmer. La note de satisfaction n’est que de 2,6/10 et seuls 18% sont prêts à y retourner…

Mais pour arroser cette cuisine populaire, l’oligarque s’est lâché sur le vin. Jugez plutôt : La Tâche du Domaine de la Romanée Conti et Château Pétrus (sur la facture n’apparait même pas le millésime de ces vins), un magnum de Cristal Rosé,  et cinq verres de Porto Tawny 40 ans d’âge.

Et pour clôturer le tout, le sommelier publie le double de la facture dans la presse et sur internet… voilà un établissement qui a plus le sens du business que de la cuisine et manque sincèrement de respect pour ses clients. Peut on dire que ces derniers se sont fait roublés ? En tous cas, un restaurant à retenir pour ne jamais y mettre les pieds…

Mona, on n’est pas obligé de dépenser une telle fortune pour se faire plaisir. Je vous propose un Chianti du Domaine Guiciardini Strozzi 2006. Tout la Toscane dans son verre. Allez, Mona, $anté !

Prendre une veste

Hundley-death-of-a-salesmanlogo-arenaVous avez combien je vous aime tous. Mais, vous êtes encore trop nombreux à avilir votre look en portant mal votre costume. Aussi votre Mona va se faire un plaisir de vous conseiller sur le port du complet-veston :

Si pour faire jeune, vous ne voulez pas porter de cravate, il est inutile de boutonner le dernier bouton de votre col, çà ne le fait pas… Pas nécessaire non plus d’exhiber votre système pileux particulièrement développé en déboutonnant jusqu’à trois boutons. Allez faîtes moi plaisir : un bouton ouvert sera très bien.

En matière de veste, l’usage est de ne pas fermer le bouton du bas. Nombre d’explications sont avancées : la plus probable est que le Roi Edouard VII, roi d’Angleterre, à la suite d’un repas particulièrement copieux, aurait laissé un bouton ouvert pour éviter de se péter la ventrière.  Je vous conseille fort de déboutonner le dernier bouton :  ce la évitera tous ces vilains plis qui se créent sur votre veste…
Lépicurien lui se fout des modes. Il porte toujours des costumes croisés. Il dit que çà reste le plus élégant et le plus chic… et puis là, on boutonne le dernier bouton…

Je vais finir ces conseils avec le plus insupportable : l’étiquette de marque que vous laissez sur la manche de votre costume. Alors là, c’est trop. Inutile de vous transformer en homme sandwich, même si la marque est prestigieuse. Alors de grâce, si le commerçant n’a pas pris l’initiative de l’enlever, munissez vous d’une paire de ciseaux et ôtez l’étiquette avant de porter votre dernière acquisition.

Mona billée ou pas est toujours chic pour vous…

Le mots s’envolent, les aigris restent

C’est dans un petit village de l’Artois, du nom de Blangy, près d’Arras, que les Rosati[1] ont vu le jour. Le lieu était très verdoyant et on y cultivait des roses. Le 12 juin 1778, ce fut donc l’endroit choisi pour une réunion amicale et champêtre, par un groupe de jeunes gens joyeux et cultivés. Comme les muses, ils étaient 9 épicuriens réunis par l’amitié, le goût des vers et du vin. Ils célébraient la poésie, le bon vin, les chansons, les bons mots et… la rose. Après avoir bu, chanté, déclamé des poèmes, et plaisanté sur toutes sortes de sujets, cette journée leur parut magnifique et l’un d’eux s’écria :

« Amis, qu’un si beau jour renaisse tous les ans, et qu’on l’appelle : La Fête des Roses ! ». Ainsi naquirent les Rosati.

robespierre

L’écho de cette fête se répercuta dans la société des gens cultivés. On vit alors arriver des personnages comme Maximilien Robespierre, Lazare Carnot, ou Fouché qui s’illustrèrent un peu plus tard…

Nous nous attarderons sur le cas de Maximilien. Présenté comme un personnage froid et ascète en face d’un Danton, gourmand et jouisseur, il se laissait aller à célébrer le nectar de la vigne alors qu’il faisait partie de la Société des Rosati.

Lors des réunions copieusement arrosées de la docte assemblée, des joutes de vers étaient organisées. Je vous invite à lire un des poèmes de l’Incorruptible[2]. Certes la poésie n’a guère de relief, mais elle est une curiosité qui interpellera l’épicurien qui demeure en vous :

La Coupe Vide

O Dieu ! Que vois-je, mes amis ?
Un crime trop notoire,
Du nom charmant de Rosatis,
Va donc flétrir la gloire.
O malheur affreux !
O scandale honteux !
J’ose le dire à peine,
Pour vous, j’en rougis,
Pour moi, j’en gémis,
Ma coupe n’est pas pleine

Eh vite, donc emplissez-la
De ce jus salutaire,
Ou du Dieu qui nous le donna
Redoutez la colère.
Oui, dans sa fureur
Son thyrse vengeur
S’en va briser mon verre.
Bacchus de là-haut
A tout buveur d’eau
Lance un regard sévère

O mes amis, tout buveur d’eau,
Et vous pouvez m’en croire,
Dans tous les temps, ne fut qu’un sot
J’en atteste l’histoire :
Ce sage effronté !
Cynique vanté,
Me paraît bien stupide.
O le beau plaisir
D’aller se tapir
Au fond d’un tonneau vide ?

Difficile de croire que l’auteur de ces strophes participa à la Terreur et signa tant d’ordres d’arrestation. Mais après tout, Fabre d’Eglantine, qui fut favorable aux massacres de Septembre et tenta même de les exporter en Province. a bien écrit la chansonnette pastorale que chantent encore nos bambins :

sheep-stool

Il pleut, il pleut, bergère,
Presse tes blancs moutons,
Allons sous ma chaumière,
Bergère vite, allons.
J’entends sur le feuillage,
L’eau qui tombe à grand bruit,
Voici, voici l’orage,
Voilà l’éclair qui luit.

Entends tu le tonnerre ?
Il roule en approchant
Prends un abri, bergère,
A ma droite en marchant.
Je vois notre cabane.
Et tiens, voici venir
Ma mère et ma sœur Anne
Qui vont l’étable ouvrir.

Bonsoir, bonsoir, ma mère,
Ma sœur Anne, bonsoir,
J’amène ma bergère
Près de vous pour ce soir.
Va te sécher, ma mie,
Auprès de nos tisons,
Sœur, fais lui compagnie,
Entrez petits moutons.

Soignons bien, ô ma mère,
Son tant joli troupeau,
Donnez plus de litière
A son petit agneau.
C’est fait. Allons près d’elle,
Eh bien ! donc te voilà !
En corset qu’elle est belle !
Ma mère, voyez-la.

Soupons, prends cette chaise,
Tu seras près de moi,
Ce flambeau de mélèze
Brûlera devant toi.
Goûte de ce laitage.
Mais tu ne manges pas ?
Tu te sens de l’orage.
Il a lassé tes pas.

Et bien voilà ta couche
Dors y bien jusqu’au jour
Laisse moi sur ta bouche
Prendre un baiser d’amour
Ne rougis pas bergère
Ma mère et moi demain
Nous irons chez ton père
Lui demander ta main.

Mona, ma belle bergère, les vers de Maximilien m’ont donné soif. Préparez deux verres, et laissez moi sur votre bouche, servir une petite douceur : un cidre de glace canadien.

[1] Société littéraire  dont le nom est une anagramme d’ARTOIS

[2] Surnom de Maximilien Robespierre

Toutou : chat suffit

KittyLoin de moi l’envie de me fâcher avec Brigitte Bardot ou de me battre avec les diverses ligues et amateurs de bêtes à quatre pattes et poils de tous genres, mais il me semble qu’on perd la tête. Sur la toile, les offres de produits se multiplient à l’infini ; elles sont de plus en plus riches, raffinées…

Hé, oui, chez nous, rien n’est trop beau pour nos amies les bêtes. Le laboratoire américain Pfizer a mis sur le marché le premier médicament contre l’obésité des chiens (5% sont concernés). La société alsacienne Special Waters commercialise des boissons pour chiens et chats élaborés par des vétérinaires nutritionnistes ; garanties 100% naturelles et sans ajout de sucre ni de sel… Kay Klein’s, petite entreprise spécialisée dans la fabrication de biscuits pour chiens assure ses  friandises sont confectionnées avec le plus grand soin et « toutous » les ingrédients utilisés sont 100% naturels, et ne contiennent ni substances chimiques et aromatiques, ni conservateurs. De plus « toutoutes » les friandises y sont fabriquées à la main, à la façon d’un maître pâtissier et çà lutte contre ses angoisses, son stress.

Les hypermarchés se frottent les mains. Le rayon animaux est en très forte augmentation depuis plusieurs années. La gamme de produits s’élargit chaque jour. Ainsi pour les chats, il existe une nourriture sélectionnée pour les « stérilisés » (bœuf (et non de taureau, bien entendu (ndlr) et blé), les « sensibles » (dinde et riz), les « plus de 8 ans » (poulet).

Pour les chiens, itoutou.

Et puis, merde, il n’y a pas de raison que votre chien ne passe pas des vacances de rêve : certes, ce n’est pas chez nous, c’est au pays de l’extravagance qu’il faudra l’envoyer avec la compagnie Pet Airways et il logera au Paradise Pet Lodge et si sa niche lui semble trop petite à son retour, investissez dans une maisonnette plus spacieuse. La saison froide étant à nos portes, n’oubliez pas le coussin chauffant.

Ces diverses info ont été glanées uniquement sur les trois premières pages de Google alors que plus de 1.800.000 références sont proposées…

Encore une mode anglo-saxonne qui ne grandit pas l’humanité. Si aujourd’hui ces folies nous interpellent, veillons à ce que demain, elles ne deviennent pas banales chez nous.

Mona fligée ; pas vous ?

Bien entendu,

chienchien à sa mèmère ou dingomorphisme ?
chienchien à sa mèmère ou dingomorphisme ?

Pet des braves

La tirade du nez de Cyrano sent bon la France. Cette pièce d’Edmond Rostand est un hymne à ce pays qui est le mien. Quand un parolier s’empare de ces vers, il les tire du nez, pour les faire descendre plus bas. Et çà explose comme un feu d’artifesses.
Un grand merci à Christian Kaluc, l’auteur, qui m’a autorisé, avec ces quelques mots, à reproduire le texte que vous allez découvrir :
« Vous pouvez bien évidemment utiliser (comme vous le sentez) cette Tirade des Pets, qui n’a d’autres prétentions que de faire sourire, et de se venger personnellement contre les récitations à apprendre par coeur. Quoique cela permet de découvrir jeune des beaux textes que l’on apprécie plus tard, quand l’école de la vie vous a instruit davantage. »

LA TIRADE DES PETS

Un pet ! C’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire oh! Dieu! Bien des choses en somme.
En variant le ton, par exemple, tenez :
Agressif : « Moi, Monsieur, si je vous pète au nez
Il faudrait sur le champ que vous imploriez grâce. »
Amical : « Attention, que tu ne t’asphyxiasses,
J’ai abusé des racines jalap. »
Descriptif : « Pas en toc. Plus qu’un tic. Un handicap.
Que dis-je un handicap! C’est le fracas d’Hercule. »
Curieux : « Feriez vous exploser la capsule
D’un seul coup, Monsieur, vous dirais-je in petto. »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les fayots
Que paternellement, vous vous préoccupâtes
D’en remplir vos boyaux jusqu’à ce qu’ils éclatent ? »
Truculent : » Cà, Monsieur, lorsque vous dégazez
Les vapeurs de l’anus vous montent-elles au nez
Sans qu’un voisin n’appelle : SOS Asphyxié ? »
Prévenant : « Pétez donc, tout ce gaz renfermé
Car sans quoi vous allez décoller du sol ! »
Tendre : « Vous pourriez péter sous un parasol
Afin de soulager vos fesses
En procession à la grand messe,
Tel le curé, sous sa soutane. »
Pédant : « L’animal seul, Monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampemephantocamelos
Par un seul de ses pets, fait vibrer le cosmos. »
Cavalier : « Quoi, l’ami, le prout est à la mode ?
Gavez-vous de Soissons, c’est vraiment très commode. »
Emphatique : « Aucun vent ne peut, pet magistral
Te contrer tout entier, excepté le Mistra l! »
Dramatique : « Ah ! Que la campagne fut rude
Les éléphants avaient mauvaise haleine
On entendit l’infortunée Ségolène
Déclarer que la puante pétitude
L’agressait comme la teigne. »
Admiratif : « Pour un parfumeur, quel beigne ! »
Lyrique : « Votre anus ? Une conque, jouant sur tous les tons. »
Naïf : « J’en entends plusieurs, serait-ce un feuilleton ? »
Respectueux : « Souffrez, Monsieur, qu’on vous salue,
C’est là ce qui s’appelle chanter du trou du cul ! »
Campagnard : « He arde ! C’est-y-un pet ? Nanain !
C’est queuqu’navet géant, pas un haricot nain ! »
Militaire : « Pointez contre l’ennemi. »
Prophétique : « Je vous le dis en vérité,
Mes chères sœurs et mes chers frères,
Que celui qui n’a jamais pété
Vous jette la première pierre. »
Pratique : « C’est du gaz entièrement gratuit.
Récupéré, il peut servir de chauffage
D’appoint pour un petit ménage
Assurément, Monsieur, et c’est du plus écolo. »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce pet qui du nez de son maître
A détruit l’odorat! Il en rougit le traître !

Mona, je cherche un vin aromatique, bien entendu ; de la région de Bergerac, cela va sans dire. Nous allons nous régaler avec un vin rare : Château du Rooy 2008. La confidentielle appellation « Rosette » nous offre de bien agréables moelleux sur à peine plus de 10ha…

Doucement sur la mandragore

Mon vénéré Lépicurien a écrit un article qui manifestement ne vous a pas laissés indifférents, Messieurs.
Certains d’entre vous n’ont pas hésité à me contacter les uns pour en savoir plus, les autres pour passer commandes de plusieurs grammes de mandragore.

mandrake6Mais çà va pas, non ? Vous me prenez pour qui ? Tout d’abord, rappelez vous que cette plante vivace, haute d’une trentaine de centimètres, a une racine qui peut être anthropomorphe (ayant une ressemblance avec un corps humain). Et les vieux sujets (les plus recherchés) s’enfoncent profondément dans la terre, à plus d’un mètre, d’où une grande difficulté pour les arracher. De plus, les feuilles grandes et ovales dégagent une odeur forte, elles sont velues, ondulées…. Tout un programme. Et vous me voyez tripoter çà…

De plus, pour se procurer la racine de Mandragore si convoitée, il faut suivre des rituels magiques incontournables. Celui qui arracherait une mandragore sans précaution, soit il deviendrait fou en entendant les hurlements de la plante, ou bien il serait éternellement poursuivi par la malédiction…

mandragore_rhenanie_15eIl faut donc suivre un mode opératoire immuable : par une nuit de pleine lune, les « ramasseurs » tracent avec un poignard uniquement destiné à cet usage, trois cercles autour de la mandragore. Ils creusent ensuite pour dégager la racine. Une jeune fille est placée à côté de la plante pour lui tenir compagnie. On passe une corde autour de la racine et l’on attache l’autre extrémité au cou d’un chien noir. Les officiants appellent leur chien pour qu’en tirant sur la corde il arrache la plante. Si au bout de trois essais, elle n’est pas déterrée, on l’abandonne pensant qu’elle dégage des ondes maléfiques. Par contre, si le chien meurt durant cette cérémonie, la Mandragore s’est vengée sur lui, donc la racine peut être utilisée.

Et vous pensez que je vais accepter que mon patron m’utilise comme appât de mandragore ? Et en plus, Lépicurien, il a pas de chien.

Et pour finir, cette plante contient des alcaloïdes et autres composants nocifs. Son absorption provoque une narcose suivie d’hallucinations. On comprend pourquoi les sorcières pensaient s’envoler sur leur « balai ».
Messieurs, allez faire vos emplettes ailleurs.

De toute façon, Mona pas de balai pour vous ensorceler.

Macis, c’est de la muscade

Le muscadier est un arbre originaire des iles Moluques[1]. C’est pourtant sur le drapeau coloré de l’Ile de la Grenade[2] que l’on trouve une noix de muscade.

macis-muscade
Le macis, enveloppe de couleur rouge, protège la noix de muscade

Une fois séché, l’arille[3 devient une épice sous le nom de « macis » aux arômes très proches de ceux de la noix. Comme la noix, il est indispensable de le moudre au dernier moment car son arôme se perd rapidement. C’est pour cette raison que l’on vend généralement la noix de muscade entière avec une râpe.

Utilisée en cuisine de puis la nuit des temps, la muscade coûtait au Moyen Age une fortune : ½ kilo valait le prix d’une vache. Malgré cela, elle est l’épice la plus vendue après le poivre. Dans les pays du Nord de l’Europe, on épice la bière avec. De nos jours, on parfume béchamel, quiche, soufflé… On peut également en ajouter à un foie gras, un fromage de chèvre… Mais attention, comme dit le dit une sentence du Moyen Age : « Unica nux prodest, nocet altera, tertia necat[4]»

La muscade fut également utilisée comme encens pour purifier les cités. On raconte qu’à Rome, en 1191, on en brula une grosse quantité pour l’entrée du Roi Henri VI qui venait d’être couronné Empereur du Saint Empire romain germanique par le Pape Célestin III.

Autrefois, on attribuait à la muscade, de nombreuses vertus. Elle fut utilisée en pharmacologie autant pour soigner les flatulences que les rhumatismes ou les maladies respiratoires. De plus, elle avait la réputation d’être un excellent aphrodisiaque.

Le médecin siennois Pierandrea Mattioli conseillait à ses patients éprouvant des difficultés pour « sacrifier à Vénus » de verser de l’huile de noix de muscade sur leur parties  intimes, et ce quelques heures avant de rendre leurs hommages à une dame.

Enfin, vous verrez avec cette histoire que nous n’avons rien inventé. De nos jours, des jeunes gens, mal intentionnés, versent des substances illicites dans le verre des jeunes filles pour abuser d’elles. Or déjà, en 1619, un jeune Danois passa devant le tribunal. Il était accusé d’avoir enseigné à un comparse comment amadouer une belle en utilisant à son insu bieresles « qualités » de la muscade. La recette était la suivante :
D’abord, avaler une noix de muscade entière et attendre qu’elle émerge par les voies naturelles. Ainsi «préparée», la noix était râpée et mélangée à de la bière ou du vin.
L
orsque la belle désirée avait bu ce « philtre d’amour », elle n’était plus que « cire » entre les mains du séducteur, ne se pliant pas seulement à «ses moindres désirs» (comme l’indique le jugement) mais payant même en remerciement.

Mona, changeons un peu nos habitudes. Allez donc nous chercher deux petites mousses, je m’occupe de la muscade…


[1] Un archipel de l’est de l’Indonésie

[2] Situé dans les Antilles, au nord de Trinité-et-Tobago, à 200 km au nord du Venezuela

[3] enveloppe charnue autour d’une graine

[4] « Une noix est salutaire, la seconde nuit, la troisième tue. »