Posthume d’hiver

brillat_savarin3En octobre 1825, Jean-Anthelme Brillat-Savarin, âgé de plus de 75 ans, publie à compte d’auteur un ouvrage : Physiologie du goût, ou méditations de gastronomie transcendante. Ce livre, référence de la gastronomie est toujours édité depuis cette date.

Le 21 janvier 1826, Charles X fait dire la première messe commémorative officielle pour l’anniversaire de la mort de son frère, Louis XVI, guillotiné le 21janvier 1793. Cet office regroupe les différents corps d’Etat. La magistrature est représentée par Brillat-Savarin qui fut Conseiller à la Cour de Cassation.  Ayant longtemps bénéficié des largesses de l’Empire, il se rend, bien que grippé, à la cérémonie pour conforter le serment de fidélité qu’il vient de faire au Roi.

L’office qui se déroule dans la Basilique de Saint Denis est interminable et le froid lui fait dire : « Ce sera la première messe pour un mort, et la dernière d’un vivant. »

Et de fait, une pneumonie l’emporte quelques jours plus tard, le 2 février.

brillat-savarin-livrefromage

En 1930, Henri Androuët, grand fromager devant l’Eternel baptise un fromage du nom du grand gastronome. Parmi tous les aphorismes de son ouvrage, un des plus célèbres était un hommage au fromage : « Un repas sans fromage, c’est comme une belle à qui il manque un œil. »

Bon Mona, il est temps de saluer la mémoire de BS. Levons notre verre à ce génie. Comme il était originaire de Belley (Ain), je vous sers un vin local trop méconnu : un Cerdon demi-sec de Georges Martin. De jolies bulles aux notes de fraise et framboise.

La légende des siestes

Jean-François Loredano (1606-1661) est un Vénitien descendant d’une lignée de Doges. Après avoir été successivement sénateur et trésorier au Château de Palma-Nueva, il se lança dans l’écriture et composa un grand nombre d’ouvrages en prose et en vers. Dans un ouvrage collectif de 1829 (Biographie Universelle Classique), les auteurs disent de ces écrits : « Tous très médiocres ».

Il a néanmoins laissé une phrase qui remue en moi un brin de féminisme contenu, certes, mais militant :

Creation_of_EveDieu voulut qu’Adam dormit, quand il forma Eve de sa côte parce qu’en recevant une femme, il allait perdre tout repos.

Bien entendu, çà a fait rire Lépicurien, comme cela va faire au moins sourire nombre d’entre vous, bande de mâles en manque de gentillesse à notre endroit.

Heureusement, je déclare avec Jean Ferrat qui lui-même le déclare avec Louis Aragon :

Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l’horizon
Et le futur est son royaume
Face à notre génération
Je déclare avec Aragon
La femme est l’avenir de l’homme

Mona vocate de toutes les femmes. Qu’on se le dise !!

Bon allez les hommes, bande de pourris gâtés, je vous laisse apprécier ce qu’une femme peut faire pour vous… à condition que vous alliez jusqu’au bout de la vidéo.

Ursula-martinez-gala

Nos fromages qui puent

Vous vous souvenez surement que les fonctionnaires européens de Bruxelles ont voulu stopper la fabrication des fromages français. A l’époque, c’est le Prince Charles qui fut l’un des plus ardents défenseurs de notre patrimoine national. C’est encore de l’autre coté du Channel que des chercheurs de l’Université de Cranfield, en Angleterre, avec l’association Fine Cheeses from France qui promeut les « fromages » qui puent au Royaume-Uni, ont réalisé une étude en vue de classer les fromages selon leur odeur.

fromages-quipuent

Quinze variétés ont été sélectionnées par des experts français et anglais. Ils ont été testés électroniquement et également directement au nez. « Les fromages sentant le plus fort sont ceux à croûte lavées. Il n’y a pas de corrélation entre l’âge du fromage et l’odeur, ni avec le type de lait, bien que les fromages au lait de vache dominent le classement » a expliqué le docteur White en charge de l’étude.

Le projet ne s’est pas attaqué au rapport entre l’odeur et le goût, qui tient sans doute plus d’une appréciation plutôt personnelle que d’une mesure strictement scientifique.

And the winner is … voici donc le classement des fromages selon leurs odeurs, et ce du plus fort au plus doux.

Vieux Boulogne
Pont l’Evêque
Camembert
Munster
Brie de Meaux
Roquefort
Reblochon
Livarot
Banon
Epoisses de Bourgogne
Parmesan
Raclette
Ossau Iraty
Cheddar
Crottin de Chavignol


Mona mangé un fromage fort, dommage pour vous ?

Black à part

Le « politiquement correct » s’infiltre partout… Rien que le titre de cet article pourra bientôt me valoir jugement au rythme où çà va.

Mona pas de couleur préférée, et vous ?
Mona pas de couleur préférée, et vous ?

Aux Etats-Unis, les couleurs sont actuellement sur la sellette. La marque Crayola, remplace son « bleu de Prusse » par « bleu de minuit » pour ne pas s’aliéner la clientèle des germano-américains. La couleur « chair » devient « pêche », le teint de peau n’étant pas identique pour tout le monde. Mona, ne vous inquiétez pas, pêche ou chair, vous êtes toujours aussi belle.

Aujourd’hui, la société Crayola renonce au « rouge indien » pour éviter : « toute référence malencontreuse à la communauté indienne ». Qu’importe que le rouge indien soit un pigment provenu des Indes et n’ait aucun rapport avec les peaux-rouges ! Tournez l’apache !!!
En ce moment, il se murmure qu’on cherche à remplacer le nom de l’encre noire pour ne pas heurter leur Président. Les plus grands linguistes déclarent ,qu’à ce jour, ils sèchent. Le plus facile, disent-ils, serait de jeter l’encre… (ces deux blagues ont été sponsorisées par Waterman).
Sera-t-on obligé un jour de rebaptiser la « Maison Blanche »  en « Home, Sweet Home ?

En France, les aveugles sont petit à petit devenus « non-voyants » ; les sourds, « malentendants » ; les casse-couilles, « malcomprenants »… Et çà change tout.

Bientôt, on ne pourra plus dire : « t’as vu ce poivrot, il fait l’essuie-glaces sur toute la largeur du trottoir » mais, vous devrez dire : « oh putain, ce gars est en état d’imprégnation alcoolique avancée. Et sa verticalité est momentanément largement contrariée« .

Bon Mona, afin de ne pas froisser votre féminisme larvé, je vais nettoyer les verres moi-même pour vous servir un vin blanc (j’espère que çà ne heurtera personne) de Loire : un Sancerre de chez Reverdy : c’est toute la magie du Sauvignon…

Pas steak, mais pastèque

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Avec les premiers frimas, il peut paraître saugrenu d’évoquer un fruit symbole de l’été. Un fruit que l’on croque à pleines dents pour se rafraichir. Je veux parler de la pastèque. Et pourtant, des chercheurs texans se sont penchés sur les bienfaits de cette cucurbitacée et ont démontré que la citrulline, un acide aminé présent dans le fruit, aurait les mêmes propriétés que le Viagra. Elle favoriserait notamment la dilatation des vaisseaux sanguins, permettant ainsi l’érection.

Cependant, je ne dis pas que les personnes qui prennent la pilule bleue peuvent substituer leur traitement par une cure de pastèques.

En effet, pour obtenir l’équivalent d’un comprimé de Viagra, il faudrait ingérer au moins 2kg de pastèque et… ne pas oublier que c’est la peau qui contient le plus de citrulline. Mais le gros problème, c’est que quand vous mangez beaucoup de pastèque, vous passez plus de temps aux toilettes que dans votre chambre…

je prends les 4
je prends les 4

Pour ceux qui n’aiment pas la pastèque, notez que le melon et le concombre contiennent également de la citrulline mais en plus faible quantité, ce qui implique d’en consommer d’avantage…

Finissons sur une note d’espoir. Qui sait : dans quelques années, il est possible qu’une gélule à base de pastèque vienne sur le marché (humour facile, mais sponsorisé par Rungis) évincer le Viagra et ses effets secondaires.

Bon Mona, vous savez bien que j’ai pas besoin de vasodilatateur. Par contre, je boirai bien un coup, pas vous ? Allez, je vous sers un Haut Médoc : Château Lacour-Jacquet 2002. Ce vin rouge me donne une frite, je vous dis que çà. Pas vous ?

Portion magique

portion-vache-qui-ritMon chef Lépicurien en relisant mon billet, m’a simplement dit : « je ne m’intéresse qu’au fromage, au vrai ». Oh, qu’il est dur, le grand homme ! Mais enfin j’espère, cher lecteur, que vous, vous aimerez lire la saga de la Vache qui rit qui a partagé notre enfance.

Cette star du fromage fondu est née à la fin du XIXe siècle. Ce produit des fromageries Bel doit une partie de sa gloire à la vache dessinée par Benjamin Rabier en 1921. Ce même Rabier dessinera la Baleine Bleue que l’on trouve toujours sur les sachets de sel. Bravo l’artiste.

Mais savez-vous qu’il se vend chaque année plus de 2 milliards de portions, sans compter un milliard de mini-cubes ? exportée dans 86 pays. La recette varie selon les pays pour s’adapter au goût de chacun.

L’inventeur n’est pas Léon Bel, le fondateur des Fromageries Bel, mais le Suisse Gerber qui lance le gruyère fondu (appelé aussi fromage à tartiner). Celui-ci est une aubaine car il permet de recycler les meules de gruyère non conformes. La famille Graf importe le concept en France. L’un des trois frères Graf se fâche avec le reste de la famille et livre le secret de fabrication au concurrent Bel, qui pourra utiliser le terme « fromage fondu ».

Le 16 avril 1921 voit le dépôt de la célèbre marque La Vache qui rit. Ce n’est pas encore celle que nous connaissons aujourd’hui. C’est Léon Bel qui la dessine, en s’inspirant de l’étiquette duvache-qui-rit-grand camembert Saint-Hubert, réalisée par le dessinateur Benjamin Rabier dont il a fait connaissance quelques années plus tôt à la guerre. La boîte est en métal serti et contient un seul bloc de Vache qui rit. Léon Bel lance alors un appel d’offre et choisit le dessin proposé par Benjamin Rabier. Toutefois, Léon Bel demande à son imprimeur, Vercasson, d’ajouter des boucles d’oreilles. Le dessin revu est déposé en décembre 1923 sous la dénomination « La Vache rouge ». Léon Bel en déposera un autre sur fond de montagnes jurassiennes, en janvier 1924, sous la dénomination « La Vache qui rit ». Au fil des ans, elle connaît de nombreuses versions.

Il y a « La Vache » conditionnée en tube (un flop !), la « mini- Vache », la version métal ou carton, les portions ou celle d’un seul morceau (version Outre-Rhin)… Les déclinaisons sont nombreuses et font la joie des collectionneurs.

J’ai testé pour vous « La recette » :

Soupe à la Vache qui rit

Coupez 4 courgettes et 5 à 6 portions de Vache qui rit en dés. Faites fondre un peu de beurre dans une casserole, et faites revenir doucement les courgettes sans les colorer. Couvrez avec un bouillon de poulet (une tablette) et ajoutez le « fromage ». Mélangez bien pour le faire fondre. Couvrez et laissez cuire jusqu’à ce que les courgettes soient bien tendres. Passez au mixer et assaisonnez selon votre goût.

Mona pas bu une une grande bouteille avec çà. Lépicurien a considéré que ce serait du gâchis.

Thé-rapie

Il y a quelques jours Mona a publié sur ce blog un article fort in-théressant sur le thé. On y voit bien que si la légende a é-thé inve-thée, c’est pour sublimer la réali-thé.

acorde-penduMais en fouillant sur la toile, on trouve des trésors qui dépassent la fiction. Ainsi dans le Dictionnaire des Merveilles et Curiosités de la Nature et de l’Art (1853), Adolphe de Chesnel nous relate une expérience de sous-alimen-thés :

Parmi les expériences qui ont été faites pour apprécier les qualités nutritives de certaines substances, on cite la suivante : trois Anglais condamnés à être pendus obtinrent une sorte de grâce à la condition que l’un ne vivrait que de thé, l’autre que de café et le troisième que de chocolat. Celui qui ne vécut que de chocolat mourut au bout de huit mois; le condamné au café ne dépassa point deux ans et celui qui ne se nourrissait que de thé put aller jusqu’à la troisième année. L’homme qui ne se nourrissait que de chocolat était dans un état complet de décomposition; il était mangé par les vers et ses membres tombaient les uns après les autres. Le buveur de café était défiguré comme si le feu avait calciné tout son intérieur. Enfin, celui qui ne vécut que de thé était si maigre et avait le corps si diaphane, qu’en plaçant une chandelle derrière lui, on pouvait voir tout l’intérieur.

Mona, si un jour je suis condamné à ce genre de peine, je demanderai à être nourri uniquement de vin. Notez le bien. Tiens d’ailleurs, je vous propose un coup d’essai. On va dépuceler de ce pas une boutanche de Beaujolais, mais du vrai, du nourrissant : un Brouilly 2007 du Domaine Laurent Martray.

De l’antigel dans le calbute

324162346_0001_HZBande (si j’ose dire) de petits canaillous, les articles sur les aphrodisiaques sont en tête du box-office de ce blog. Vous êtes fort nombreux à lire les précieux conseils que Lepicurien et moi-même vous prodiguons. Certes, je suis fière de participer à cette grande œuvre pour la paix des ménages. Mais je ne vous le cache pas : cela m’inquiète : êtes vous si nombreux à devoir recourir à des philtres pour trouver ou garder l’âme sœur ; êtes vous si nombreux à devoir utiliser des potions pour vous lancer dans un « concerto pour porte-jarretelles » ?

En tous cas, vous avez inondé ma boite mails de messages. Certains me remerciaient pour ma contribution sur la mandragore ; d’autres me suppliaient de leur trouver autre chose de plus fort.
Ok les gars, mais je ne suis ni « mesdeuxseins », ni chimiste de nuit… Mais comme je vous adore et que je ne veux pas vous laisser avec le bigoudi ramolli, j’ai cherché dans un grimoire [1] qui fut à l’index pendant fort longtemps, une méthode pour « raffermir votre pompe à plaisir ».

J’ai relevé (si j’ose dire) quelques recettes dans un livre au nom étrange : le Petit Albert [2].

Je vous souhaite bon courage pour réunir les ingrédients… Mais, vous m’avez dit que vous étiez prêt à n’importe quoi.
Ce jour, je vous livre les conseils avisés et surement infaillibles d’Albert pour réussir en amour.

petit-albert-chaussurePour draguer sans peine
Tirez de votre sang un vendredi du printemps ; mettez-le sécher au four dans un petit pot, comme est dit ci-dessus, avec les deux couillons d’un lièvre et le foie d’une colombe: réduisez le tout en poudre fine, et en faites avaler à la personne sur qui vous aurez quelque dessein, environ la quantité d’une demi-drachme; et si l’effet ne suit pas à la première fois, réitérez jusqu’à trois fois, et vous serez aimé.

Conseil 2
Ayez donc recours à l’herbe que l’on nomme ennula campana [3]. Il faut la cueillir à jeun la veille de la saint Jean au mois de juin avant soleil levé, la faire sécher, réduire en poudre avec de l’ambre gris; et l’ayant portée durant neuf jours sur votre cœur, vous tacherez d’en faire avaler à la personne dont vous désirez d’être aimé, et l’effet suivra. Le cœur d’hirondelle, de colombe, de passereau, mêlé avec le propre sang de la personne qui veut se faire aimer, a le même effet.

petit-albertPour que çà dure, dur
Il ne suffit pas à l’homme de se faire aimer de la femme passagèrement et pour une fois seulement; il faut que cela continue, et que l’amour soit indissoluble, et par ainsi il a besoin d’avoir des secrets pour engager la femme à ne point changer ou diminuer son amour. Vous prendrez donc à ce sujet la moelle que vous trouverez dans le pied gauche d’un loup, vous en ferez une espèce de  pommade avec de l’ambre gris et de la poudre de Chypre [4], vous porterez sur vous cette pommade, et vous la ferez flairer de temps en temps à la femme, qui vous aimera de plus en plus.

Conseil 2
Comme il se pourrait faire que la femme se dégouterait de l’homme s’il n’était robuste dans l’action de Vénus, il doit se précautionner non seulement par les bons aliments, mais encore par des secrets que les anciens et modernes rechercheurs des merveilles de la nature ont éprouvés. Il faut, disent-ils, composer un baume de la cendre de stellion [5], d’huile de mille-pertuis et de civette, et en oindre le grand doigt du pied gauche et les reins une heure avant que d’entrer au combat; et l’on en sortira avec honneur et satisfaction de sa partie.

Conseil 3
La pommade composée d’oing de jeune bouc, avec de l’ambre gris et de la civette, produit le même effet, si l’on en frotte le gland du membre viril ; car cela produit un chatouillement qui donne un merveilleux plaisir à la femme dans l’action du coït.

cadeau-pour-bavardesConseil 4
Si le mari trouve que sa femme soit de complexion froide, et ne se plaise au lit, qu’il lui fasse manger les couillons d’oie, et le ventre de lièvre, assaisonnés de fines épices, et de temps en temps des salades où il y ait beaucoup de roquette, de satyrion et de céleri avec vinaigre rosat.

N’hésitez pas à me faire connaître les résultats… Moi, rien qu’en lisant le dernier conseil, et bien, vous savez … : j’ai vomi.

Mona tend les membres du blog. Dur, dur…

T’as le bonjour d’Albert


[1] Livre composé de recettes de potions, de sorts et autres choses magiques.
[2]
Ecrit au XII° et publié quatre siècles plus tard, cet ouvrage sulfureux rencontra un gros succès.
[3]
Nom commun : Aunée (plante utilisée en pharmacie).
[4]
Poudre de riz qui s’employait au XVIIIe siècle pour poudrer les perruques.
[5]
Petit lézard

L’ivre : deux caisses

A l’heure où nos gouvernants diabolisent le nectar de Bacchus, il est bon et encourageant de lire ces lignes :

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Rubens : Venus, Cupidon et Bacchus

ENIVREZ-VOUS

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous! Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront, il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.

Charles Baudelaire (In Les petits poèmes en prose)


« Ma petite Mona, débouchez donc sans tarder
Ce flacon qui a vécu trop longtemps allongé.
Versez ce divin breuvage dans nos deux calices
Et fuyez cette terre ingrate pour le pays des délices. »

Oh, merde, je fais des vers, il est de temps de boire. Allez vite sortez les verres, je fais péter un Mauzac 2007 de chez Bernard Plageoles, un vin aux arômes très riches, doté d’un merveilleux équilibre en bouche.

P.S : pour voir le tableau de Rubens, cliquez ici

Tea for two

Certains d’entre vous vont me prendre pour une petite fille, mais çà m’est égal. Je dois vous confesser que j’aime le dessin animé de Walt Disney : Alice au pays des merveilles, et notamment la scène du « non-anniversaire ». Le chapelier et le lapin fou y font le panégyrique chant(h)é du thé. Si vous avez 3 mn, mett(h)ez vous de bonne humeur…

De nos jours, le thé est le liquide le plus consommé au monde, après l’eau. Et pourtant il fallut attendre longtemps pour que le Camélia Sinensis ne devienne un arbuste vénéré.

Tout commença en Chine. On raconte qu’en 2374 avant notre ère, l’empereur Chen-Nung inventa le thé. Un jour d’été, il fit halte à l’ombre d’un arbuste sous lequel il mit à bouillir de l’eau pour se désaltérer (l’eau chaude désaltère mieux que l’eau  glacée). Un vent léger enleva quelques feuilles sèches de l’arbre. Elles tombèrent dans la bouilloire. Cheng-Nung ne s’en aperçut pas et ce n’est qu’au moment de boire qu’il huma le subtil parfum de ce breuvage miraculeux.

Mais en Inde, on avance une toute autre version. Vivait, il y a bien longtemps (vers 500 après JC), un prince nommé Darma. Après une jeunesse dissipée, il s’engagea dans la voie de l’ascétisme et, devenu le moine mendiant Bodhidharma, il partit enseigner le bouddhisme en Chine. C’est d’ailleurs comme cela que ce moine bouddhiste arriva à pied par la Chine… Il avait fait le vœu de ne plus jamais dormir pour racheter ses folles nuits de débauche. Durant des années, la foi l’aida à tenir parole mais un jour qu’il méditait sur les pentes de l’Himalaya le sommeil ainsi accumulé le terrassa. Lorsqu’il se réveilla, accablé par le remords du parjure, il trancha ses paupières, les enterra et reprit sa route, les larmes se mêlant au sang sur son visage. Des années plus tard, repassant sur les lieux de son sacrifice, il découvrit à cet endroit deux buissons inconnus. Il ramassa des feuilles et les fit tremper dans l’eau chaude qui constituait son unique alimentation. Dès la première gorgée, sa fatigue s’effaça, son esprit soudain stimulé atteignit les sommets les plus élevés de la connaissance et de la beauté.
Reprenant son chemin, il distribua autour de lui les graines de l’arbre miraculeux. Depuis, les moines boivent du thé pour soutenir leur méditation.

Je reconnais que la chute de cette histoire ne vous aura pas épas-thés. On peut même dire que çà se termine en eau de Bouddha. Et puis, je ne suis même pas sûre, que le breuvage dont j’ai causé, ait été inventhé par l’Inde ou l’autre… Bon, quand c’est comme çà, Lépicurien, mon Maître bien aimé, me dit qu’il faut pas s’entê-ther !!!

Mona pas honte, et vous ?