Ah, Tellier, du froid

tellierFils d’un industriel, Charles Tellier se destine à la recherche en laboratoire. Il se préoccupe tout d’abord de l’ammoniaque, puis de la mise au point d’un engrais. Il s’intéresse également à l’utilisation domestique de l’air comprimé. Le baron Haussmann, préfet de la Seine, conseille à Charles Tellier de se préoccuper du problème de la fabrication du froid.
Jusque là, seule la glace, recueillie pendant l’hiver à la surface des étangs et des lacs gelés, puis conservée dans les profondeurs du sol dans des caves aménagées – les glacières -, est utilisée. L’isolation de la terre permet en effet de garder pendant très longtemps (jusqu’à deux ans) ces blocs remontés à la surface aux moments des chaleurs de l’été. En 1856, Charles Tellier se met à l’œuvre : il obtient des résultats probants deux années plus tard, avec la création d’une première machine frigorifique à l’ammoniac. En 1865, il met au point un autre appareil, cette fois-ci à compression mécanique, aussitôt installé dans les usines du maître chocolatier Meunier.
A l’époque, les travaux de Louis Pasteur sur la fermentation et la conservation des produits alimentaires sont rendus publics. Ceci donne à Charles Tellier l’idée d’utiliser son invention à d’autres fins. Grâce à la réfrigération, il pense ainsi pouvoir stopper le développement des germes et la décomposition des matières organiques. A l’heure des grands voyages transatlantiques, son ambition est maintenant d’assurer à l’Europe un approvisionnement régulier en denrées alimentaires. En 1868, une « armoire à conservation » est installée sur un navire anglais en partance vers l’Argentine, le City of Rio de Janeiro. Après vingt-trois jours de traversée, la viande américaine parvient à bon port en Europe et dans un état qui permet sa consommation. L’événement est de taille, mais la guerre franco-prussienne interrompt la mise en œuvre de ses projets.

En 1874, il cherche alors à donner davantage de publicité à sa réalisation : il équipe à ses frais un petit navire à vapeur, rebaptisé « Le Frigorifique », dont les cales sont aménagées en chambre froide grâce à l’installation de machines frigorifiques fonctionnant à l’éther méthylique. Celui-ci quitte le port de Rouen, le 30 septembre 1876, avec à son bord toute une cargaison de viandes. A la suite d’une avarie, Le Frigorifique doit faire escale à Lisbonne et ce n’est qu’après cent cinq jours de traversée qu’il parvient à Buenos Aires, le 23 décembre suivant. Les denrées alimentaires venues de France sont intactes ! Avec celles-ci, un banquet est organisé peu après à bord du navire, auquel sont conviées les autorités locales.
Mais l’agriculture française est en crise. Le ministre Jules Méline en attribuera la responsabilité « à l’entrée en ligne sur les marchés d’Europe de produits grâce au développement des moyens de communication ». Touché par la baisse des revenus de la terre, le puissant lobby agrarien combat dès lors les initiatives de l’inventeur français. De plus, celui-ci doit de plus faire face aux imperfections de son système de réfrigération, son coût prohibitif notamment, le délai important pris par les temps de chargement et de déchargement. Aussi

c'est beau !!!
c'est beau !!! dessin de Reiser

Le Frigorifique, dont la rentabilité s’avère douteuse, est bientôt vendue aux enchères.

Dans les décennies qui suivent, de nombreux perfectionnements sont apportés au système inventé par Charles Tellier, en Angleterre notamment. Au tournant du siècle, plus de trois cent navires « réfrigérés » sont ainsi présents dans les ports outre-Manche.

En France, le « Père du Froid » attendra 1908 pour que son œuvre soit enfin unanimement reconnue. Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, un Congrès international est réuni afin de saluer Charles Tellier et ses réalisations.

Charles Tellier décède à Paris en 1913, à 85 ans, ayant vécu d’une maigre pension « versée par l’Argentine » …

En France, le froid, çà conserve. Et comme souvent, chez nous, il a fallu que l’inventeur soit froid, pour qu’on reconnaisse son génie.

Votre Mona froid partout.


Elle conserve Du Barry

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Madame du Barry et Louis XV

La  comtesse du Barry, maîtresse de Louis XV, aimait préparer pour son royal amant des mets aphrodisiaques. Ainsi, elle lui fit servir un apprêt d’œufs de vanneau, volatile réputé au sang chaud, comme le pigeon, champion infatigable du coït, selon Aristote qui dit de lui : « il copule, en une heure 83 fois…! ».

Il faut dire que ce légume avait la réputation d’être si émoustillant qu’on le déconseillait formellement aux pucelles, comme en témoigne la confession timide d’une héroïne du « Roman bourgeois » d’Antoine Furetière (1666) :
« Si quelqu’une de nous eût mangé des asperges et des artichauts, on l’aurait montrée du doigt ; mais aujourd’hui, les jeunes filles sont plus effrontées que des pages de Cour ! ».

Revenons à la du Barry. On dit qu’elle avait obtenu la recette ci-dessus auprès d’une dame qui s’y connaissait : Marguerite Gourdan, dite la Petite Comtesse. Elle tenait une maison entièrement vouée au « culte de Vénus ». Elle publia même à l’intention de ses protégées un ouvrage au titre évocateur : « Instructions pour une jeune demoiselle qui veut faire fortune avec les charmes qu’elle a reçus de la nature« . Son établissement fut fréquenté par tout le beau linge parisien. Un passage secret permettait aux nobles et gens d’Eglise de rentrer sans attirer l’attention.
A son décès, bien que sa maison ait disparu depuis plusieurs années, les chanteurs populaires firent une chansonnette aux paroles si crues que je ne publierai que la première strophe :

Nobles maquereaux et véroles,
Versailles, Paris sont affolés !
Tous prenons le deuil dès ce matin
Pour cette tant renommée catin.
Oui, Gourdan la maquerelle est morte,
Est morte comme elle avait vécu,
La pine au cul
Le corbillard est à sa porte
Escorté par trois cents putains
La pine en mains.

Et au fait, Mona, mon petit pigeon, si vous sortiez l’assiette d’asperges et d’artichauts, moi je m’occupe de déboucher le muscat…

Humeur au cerveau

gorter-hippocrateDans un article de ce blog, fut abordé « l’alimentation durant les jours maigres » (voir  avril). A la lumière des textes sur la « théorie des humeurs », on comprend mieux le choix du poisson durant le Carême car pour les hommes du Moyen Âge, la nourriture participe de l’équilibre de l’univers.

Selon la science et la médecine antiques (théorie hippocratique) encore en vigueur jusqu’au XVII° siècle, le monde est conçu comme la combinaison de quatre éléments essentiels : l’eau, le feu, l’air et la terre. Chacun a des propriétés de chaleur et d’humidité bien définies. Ainsi, le feu est chaud et sec, mais l’eau est froide et humide …
Or l’homme est un « microcosme » qui concentre en lui-même les qualités et les éléments du monde macrocosmique.

L’élément dominant en chaque être humain permet de définir son tempérament. La femme est colérique lorsque domine l’humeur sèche et chaude, elle est sanguine lorsque s’impose l’humeur chaude et humide ; l’homme est flegmatique lorsque froid et humide dominent ou mélancolique lorsque sec ethumeurs froid l’emportent.

Les aliments sont eux aussi plus ou moins chauds et humides, secs et froids … et donc appelés à maintenir l’équilibre des humeurs. Ils peuvent même corriger les dérèglements. C’est pourquoi les médecins, qui définissent le degré d’humidité ou de chaleur des aliments, interdisent certains aliments, ou au contraire en conseillent d’autres, en fonction de l’humeur dominante de chacun. Les colériques, par exemple,  n’ont ainsi guère intérêt à abuser d’épices qui sont très chaudes et très sèches, humeurs dominantes chez eux mais au contraire à rechercher des produits frais et humides.

De même, durant le Carême, manger du poisson c’est absorber un aliment froid et humide qui refroidit notamment les pulsions et facilite l’abstinence sexuelle exigée durant cette période.

La théorie des humeurs, formulée par les médecins antiques, influencera la diététique jusqu’au XVIIe siècle au moins.

Voilà, un sujet qui met de bonne humeur. Mona, servez moi calmement un coup chaud et humide… Comment ? Ben évidement un coup de rouge.

Avec ou sans philtre ?

love_philtre_studyDe tout temps, l’homme et la femme ont cherché des produits capables d’attirer l’être convoité, de stimuler leur libido, d’augmenter leurs performances… Si de nos jours les sites de rencontres et le viagra règnent en maître, jadis, les moyens utilisés étaient peut-être moins efficaces mais tellement plus poétiques.

Ainsi, Louis XIII épousa, le 21 novembre 1615, Anne d’Autriche, fille du roi d’Espagne, Philippe II, et de Marguerite d’Autriche. Anne avait quatorze ans et les jeunes époux attendirent quatre années avant de consommer le mariage. Il faut dire qu’ils étaient jeunes mais surtout ils s’entendaient plutôt mal. Le roi avait adopté les us de son père, Henri IV, et papillonnait de maîtresse en favorite pendant que la reine, délaissée, cherchait hors du lit conjugal ce qu’elle ne trouvait pas dans les bras de Louis.

Un soir que le roi se trouvait au Louvre, où Anne dormait d’habitude seule (en effet, le Roi, pour se livrer plus librement à ses fantaisies, passait souvent ses nuits à Saint-Germain), un formidable orage s’abattit sur Paris et Louis XIII se vit contraint de rester au palais. Après l’avoir savamment mis en condition grâce à une infusion de sa fabrication, un courtisan habile le persuada de s’introduire dans la chambre de la reine. De cette rencontre quasi fortuite un enfant naquit neuf mois plus tard, en 1638, le futur Louis XIV, l’éblouissant Roi-Soleil conçu après vingt-deux ans d’union stérile…

On s’interroge aujourd’hui sur la composition du philtre qui fut probablement à l’origine de la naissance du monarque. Sans doute ressemblait-il assez à cette recette :

PHILTRE ROYAL

Pour 1 personne

1/2 l de vin blanc sec, 30 g de cannelle en bâtonnets, 1 gousse de vanille, 30 g de gingembre râpé, 5 g de teinture d’ambre gris, 50 g de sirop de sucre, 2 oeufs de vanneau (ou de caille), 1 petit verre de cognac, 1 pincée de noix de muscade râpée

gobeletetainPréparez une décoction en laissant macérer quarante-huit heures la cannelle, la vanille et le gingembre dans le vin blanc.

Filtrez ce mélange puis enrichissez-le avec l’ambre gris, le sirop de sucre auquel vous aurez préalablement ajouté les oeufs de vanneau, le cognac et la muscade. Battez énergiquement tous ces ingrédients, laissez reposer et avalez une heure environ avant la rencontre. A essayer sans modération.

Quant à la mère de Louis XIII, Marie de Médicis, qui donna quatre enfants à Henri IV, elle consommait une part de la « mixture d’amour », ci-dessous décrite, une bonne heure avant le moment crucial et le reste une petite demi-heure avant :

LAIT DE POULE MEDICIS

Pour 2 tasses

philtre_amour12 jaunes d’œufs frais, 180 g de sucre, 4 verres de madère, 1 bonne pincée de cannelle en poudre

Dans un grand bol, battez énergiquement les jaunes et le sucre, ajoutez le madère et, sans cesser de fouetter, placez sur le feu dans un bain-marie très chaud. Saupoudrez de cannelle. Dès que la mousse commence à épaissir, versez la dans un compotier, laissez-la tiédir en la remuant de temps en temps. Servez tiède ou froid selon la saison.

Certes, le temps de préparation est plus long que d’avaler un cacheton bleu, mais c’est tellement plus romantique.

Mona, ma petite reine, allez donc acheter des œufs, du sucre, cannelle et une bouteile de Madère…. Et que çà saute, allez, allez !!

Mozart est là

mozart

En 2006, on célébrait le 250ème anniversaire de la naissance de Mozart. A cette occasion, les scientifiques ont réalisé des études sur le crâne supposé être celui du musicien et conservé par la Fondation Mozarteum de Salzbourg. Les résultats ont déçu les admirateurs du génial compositeur : aucun lien avec les restes de sa grand-mère ni de sa tante.

Et Dieu sait si l’on a gaussé sur la mort de Mozart à l’âge de 35 ans : l’enterrement, les causes de la mort…

Jan Hirschmann est biologiste à Washington. Il a analysé tous les symptômes de l’agonie du musicien. Son diagnostic est formel : Wolfgang Amadeus Mozart est mort de la trichonose, affection due à l’absorption d’un ver parasite issu de la viande de porc.

Amis épicuriens, mélomanes ou non, un conseil : faîtes bien cuire vos côtes de porc et accompagnez les d’un petit coup de rouge pour éviter tout risque : en effet, un verre, çà tue les vers.
Qu’on se le dise !

Mona vit médical.

Juger aux truies

A notre époque, en droit, c’est le propriétaire d’un animal qui est responsable de ses actes. En cas de morsure d’un chien, par exemple, c’est son maître qui sera poursuivi. Les autorités pourront faire abattre l’animal en cas de danger de récidive ou de maladie mais sans faire appel aux tribunaux.

Au Moyen Age, les animaux pouvaient être jugés et condamnés[1]. Les règles étaient les suivantes : si l’animal auteur d’un délit pouvait être saisi et amené devant un juge, il devait être traduit devant un tribunal criminel ordinaire. S’il ne pouvait être appréhendé (insectes par exemple), ils étaient jugés par le tribunal ecclésiastique. En effet que voulez-vous que fasse la justice ordinaire contre une invasion de mouches, de charançons, de chenilles, de limaces ? Elle est impuissante à sévir contre les dévastations causées par ces terribles fléaux; mais la justice religieuse, qui est en rapport avec la Divinité, saura bien atteindre les coupables.

Parlons d’abord des procès poursuivis contre les animaux devant la justice criminelle ordinaire. Comme on le voit encore dans certains pays, les porcs et les truies, au moyen âge, cochon-mangeurcouraient en liberté dans les rues des villages, et il arrivait souvent qu’ils agressent des enfants; alors on procédait directement contre ces animaux par voie criminelle. Voici quelle était la marche que suivait la procédure :
On incarcérait l’animal, c’est-à-dire le délinquant, dans la prison du lieu. Si après l’audition des témoins et au vu de leurs dépositions, le juge  rendait une sentence déclarant l’animal coupable d’homicide, et le condamnait définitivement à être étranglé et pendu par les deux pieds de derrière à un chêne ou aux fourches patibulaires, suivant la coutume du pays. Et du XIII° au XVI° siècle, la liste des porcins condamnés, souvent pour infanticide, est fort longue.

Des procès de taureaux, chevaux sont également relevés mais en moins grand nombre.

Plus étrange, on relate le procès en sorcellerie d’un coq car il a pondu un oeuf. L’animal fut condamné au bûcher. Il faut dire qu’on reprochait aux sorciers qui voulaient se mettre en rapport avec Satan d’employer les oeufs de coq. C’était sans doute parce qu’ils étaient réputés renfermer un serpent et que ces reptiles plaisent infiniment au diable…

Pour les invasions d’insectes qui ravageaient les récoltes, on s’adressait au tribunal de l’Eglise. Cette dernière avait une arme que la justice humaine n’avait pas : l’excommunication. Un défenseur des animaux est nommé. Au XVI° siècle,  Barthélemi de Chasseneuz a laissé un traité sur les procès d’animaux et sur son rôle d’avocat. Ses principaux clients furent des rats, insectes et vipères.

mouche1Ainsi à Beaune, une invasion de grosses mouches ravage le vignoble et s’attaque aux récoltes. Pour consoler les Beaunois du fléau qui les afflige, Chasseneuz leur apprend que « les insectes dont ils se plaignent ne sont rien en comparaison de ceux que l’on rencontre dans les Indes. Ces derniers n’ont pas moins de trois pieds de long; leurs jambes sont armées de dents, dont on fait des scies dans le pays. Souvent on les voit combattre entre eux avec les cornes qui surmontent leurs têtes. Le meilleur moyen de se délivrer de ce fléau de Dieu, c’est de payer exactement les dîmes et les redevances ecclésiastiques, et de faire promener autour du canton une femme les pieds nus durant ses menstrues. »

Les résultats mettent quelquefois du temps. A Beaune, par exemple, les insectes ne disparurent que 90 ans après leur excommunication…. En attendant, les braves gens ont payé leur dîme, c’est toujours çà de gagné…

Plus tard, on trouve encore, çà et là, quelques procès à l’encontre des animaux  Ainsi, le 28 brumaire an II (18 novembre 1793) fut exécuté, à Paris, le chien de l’invalide Saint-Prix, condamné à mort la veille, avec son maître, pour avoir trop bien défendu celui-ci contre les recherches de la police. Il y a mieux : en mai 1906, le tribunal de Delémont condamnait également à mort un chien complice de deux meurtriers qui s’en tirèrent eux avec la détention à perpétuité.

Est ce l’origine de « une vie de chien » ?


[1] Nombre de ces informations sont extraites de  « Procès contre les animaux » par Émile Agnel 1858

Comme un coq en plâtre

La cathédrale de Santo Domingo de la Calzada (près de Burgos) abrite des hôtes bien particuliers. En effet, comme le veut la tradition depuis maintenant 600 ans, un coq et sa poule y logent, occupant un poulailler « trois étoiles ». Nos deux gallinacés font d’ailleurs l’objet d’une attention toute particulière.

santo_domingo_de_la_calzadaLa légende raconte qu’au Moyen Âge, une famille allemande originaire de Cologne, un père, une mère et leur fils partirent en pèlerinage jusqu’à Compostelle. Ils firent halte à Santo Domingo de la Calzada. La fille de l’aubergiste qui les hébergeait, tomba amoureuse du fils qui la rejeta vertueusement.
Vexée, elle décida de se venger. Aussi, elle dissimula un gobelet d’argent dans la besace du jeune pèlerin qui se fit arrêter pour vol. Jugé, l’innocent fut  condamné à la pendaison,. Sitôt dit, sitôt fait. … Désespérés, les parents poursuivirent néanmoins leur pèlerinage afin de demander de l’aide à Saint Jacques.

Revenus quelques jours plus tard à Santo Domingo, ils trouvèrent leur fils encore en vie, suspendu à sa corde… Il leur déclara que saint Jacques l’avait soutenu par les pieds et ainsi maintenu en vie. Les parents essayèrent alors de convaincre le juge de l’innocence du jeune homme en invoquant le miracle de sa survie. Celui-ci, était à table. Il était en train de manger un coq et une poule en cocotte. Il ne les crut pas et leur rétorqua : « Votre fils est, à ce jour, aussi vivant  que ce coq et cette poule « .

A ces mots, les plumes des gallinacés se mirent subitement à repousser et ils s’envolèrent. Devant un tel miracle, le juge ne tarda pas à libérer le fils. La fille de l’aubergiste fut pendue sans que Saint Jacques n’intervienne…

Aujourd’hui, c’est un aubergiste qui a été nommé responsable de ce poulailler très spécial et difficile à gérer : « Aux enterrements, ils chantent à tue-tête, mais, avec les touristes, ils se taisent ! »
foghornL’évêque lui a même demandé s’il n’était pas possible de mieux les dresser : impossible. En effet, il faut les remplacer toutes les semaines car ils vivent dans une cage dorée mais très à l’étroit.
Le poulailler est placé en hauteur près du porche d’entrée et hors de portée des pèlerins pour éviter que ceux-ci n’arrachent les plumes des volailles en souvenir.
Quant aux œufs pondus dans l’enceinte de la cathédrale, ils sont très recherchés car ils auraient des vertus de guérison pour de nombreux maux. Pour cela, il suffit de les faire mariner dans du vinaigre, jusqu’à ce que la coquille se décompose, puis de boire cet avenant breuvage.

Bon, c’est pas tout çà, Mona. On s’ouvre une petite fiole, ma p’tite poule…

Laissez les ivres

friedrich_august_der_starkeLa Pologne a la réputation d’être la terre d’élection de l’ébriété. Mais on lui prête peut-être plus de capacité qu’elle n’en a. On prétend que pour choisir un nouveau souverain, on buvait beaucoup et que le plus fort buveur était finalement élu roi.

Quant à Auguste II[ 1], roi de Pologne, qui eut, disent les mauvaises langues, plus de trois cent cinquante bâtards, il buvait tant qu’on disait de lui :
– « Quand Auguste boit, c’est la Pologne qui est ivre ».

*****

elisabeth_petrovna_par_heinrich_buchholz_vers_1768La liste des buveurs célèbres est trop impressionnante et décourage l’énumération. Retenons seulement une buveuse : Élisabeth de Russie[2]. On prétend qu’elle s’enivrait si fréquemment qu’on ne parvenait pas à la déshabiller le soir. Aussi ses femmes avait-elles imaginé de lui faire porter des robes simplement bâties et non cousues. Quelques coups de ciseau suffisaient donc pour la débarrasser de ses vêtements, et ses femmes la portaient au lit « où elle retrouvait quelques forces dans les bras d’un bel athlète ».

*****

Balzac, quant à lui, raconte une ivresse mémorable qui le prit un soir de 1822, aux Italiens. Il avait fumé trop de tabac, et bu trop de vin avant la soirée et l’opéra acheva de l’enivrer. Il titubait légèrement à l’entracte.
– « Ce monsieur sent le vin, murmura une dame, dégoûtée.
– Non, madame, s’écria-t-il superbement, je sens la musique! ».

De nos jours, il aurait fini au ballon. Je propose de porter un toast à la mémoire d’Honoré et puis un autre à celle d’Auguste et pi un aut’ à cel’  d’Elisabeth. Mona, sortez les ballons, je vous prie.


[1] Prince électeur de Saxe, puis roi de Pologne de 1697 à 1704, puis de 1709 à 1733.

[2] Fille de Pierre le Grand,  Impératrice de 1742 à 1762 et belle-mère de Catherine II

Monsieur le Juge …

… Voilà pourquoi j’ai tué ma secrétaire.

cadre-photo-au-bureauJe me suis réveillé ce jour-là et j’avais 50 ans. Un cap difficile dans la vie d’un homme… J’espérais que ma femme me souhaiterait un joyeux anniversaire. Mais à ma grande déception, elle ne m’a même pas dit bonjour.
Au petit-déjeuner, mes enfants ne m’ont même pas adressé la parole.

Quand je suis arrivé au bureau, ma secrétaire s’est exclamée : « Joyeux anniversaire, Patron! »
J’étais content car elle, au moins, s’était rappelée de mon anniversaire, mais mes autres employés sont restés muets.

A midi, ma secrétaire m’a dit : « Pourquoi n’irions nous pas manger tous les deux ? »
J’ai dit que j’en serais très heureux et que c’était la plus belle chose qui m’avait été proposée en ce jour d’anniversaire.
Nous sommes donc partis d’abord boire une coupe et puis nous sommes allés déjeuner dans un excellent restaurant.

Sur le chemin du bureau, elle m’a soufflé à l’oreille : « Pourquoi retourner au boulot un tel jour, hein… ? »
Et elle me proposa de passer chez elle.
Arrivés à son domicile, on a débouché une bouteille de champagne millésimé qu’elle avait déjà mise au frais. Puis elle m’a susurré :
« Cà ne te dérange pas que je me mette à l’aise. J’en ai pour cinq minutes ? »
J’ai répondu : « Heu, heu non! … Bien sûr ! »

Décidément, après un début de journée raté, les choses s’annonçaient bien.
Ma secrétaire s’est éclipsée dans sa chambre.
Au bout de quelques minutes, elle est revenue avec un énorme gâteau, suivie de ma femme, de mes enfants et de l’ensemble de mon personnel….

Et moi j’étais comme un con … à poil dans son salon…

A cat pattes, je ne pense qu’à chat

cat_496_natural_3_329Mon patron n’aime pas les chats. Aussi lorsque je lui ai proposé cet article, je craignais qu’il ne me châtie…. Mais il resta silencieux comme un chartreux. Et pourtant, le sujet mérite intérêt.

Autrefois, dans les chais à barriques, on croisait des chats ( je devrais dire des chattes, car le matou, ce macho, ayant la fâcheuse manie de marquer son territoire, y était interdit de séjour).
Il y avait deux bonnes raisons à cela : dans un cuvier où stagne, à hauteur de mollet, une nappe de gaz carbonique, un chien suivant bêtement son maître se fera piéger. Le félin, lui, prudemment restera à l’entrée. Et puis, les chandelles, mastics et sébums œnologiques et les casse-croûte des ouvriers étaient convoités par les souris : mais là encore, la chatte montait la garde.

Aux Amériques, un nouveau chat fut, il y a quelques temps, très en vogue : gracile, élégant, aux pattes démesurées. Celles-ci se cassaient comme du verre dès qu’il sautait sur le sol depuis la hauteur d’une table ! Ce martyr de la sélection n’est pas reconnu comme une race en France. Son importation y est rigoureusement interdite. Ouf !

En ce qui concerne l’allergie aux poils de chat, une société étasunienne prétend, par clonage, éliminer dans les gênes la protéine responsable de ce désagrément. Ces chatons « hypoallergiques » devraient être commercialisés aux alentours de 3.500 dollars.

A quand le chien mutant avec duodénum[1] en circuit fermé ? Attention, conducteurs de moto-crottes, avec de tels progrès, vous n’aurez bientôt plus de travail !

Mona chat content


[1] Partie initiale de l’intestin grêle