Y’a des vers dans les toilettes

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Mona sur son trône

Mona comme moi-même avons un grand respect pour une pièce pas trop grande, peu lumineuse mais fort utile à la fois à notre équilibre corporel et intellectuel. Je veux parler, vous l’avez sûrement deviné, de ce lieu d’aisance rarement mis en lumière de nos jours et pourtant si souvent visité.

En 1847, une petite maison d’éditions du Palais Royal publiait un ouvrage en vers sur l’occupation principale assouvie en ce lieu : Physiologie inodore illustrée, et propre à plus d’un usage. Ce titre annonce la couleur, dès le début de ce poème on peut lire :

Moi, je veux célébrer dans mes justes louanges
La délicate odeur qu’exhalent les vidanges.

Les mots sont parfois crus notamment pour nos oreilles aseptisées. Aussi j’ai préféré vous livrer uniquement la préface  à l’exception des derniers mots où l’auteur annonce qu’il ne dévoilera pas son nom. Elle reste digeste pour tout un chacun. Si avez une envie pressante de culture, je vous glisse le lien qui soulagera votre besoin de lire quelques vers scatologiques.

Il faudrait être un sot pour se formaliser
Des plus riants tableaux que je vais exposer ;
Car censeur monotone, ou vous, belle comtesse,
Ou marquis délicat, ou sévère Lucrèce,
N’allez-vous pas aussi, le papier dans la main,
Respirant un parfum qui n’est pas du jasmin,
Dans l’obscur cabinet poser votre derrière
Comme l’homme du peuple et l’humble couturière !
N’avez-vous pas reçu le plus beau don des cieux !
Celui de s’accroupir ou grimper sur les lieux,
Et de pousser un bruit qui, pareil à la foudre,
S’élance avec fracas et réduit tout en poudre,
Ou forçant vos parois, sans peine et sans douleur,
S’exhale en sifflements ou gronde avec fureur !…
Oui, vous mériteriez, juges sans indulgence,
D’être précipités dans vos fosses d’aisance,
Ou que l’on vous plongeât dans les lacs de Bondy !
Mais vous lecteurs charmants, vous dont le cœur bondit
Au récit chatoyant de mon ode inodore,
C’est pour vous seulement que ma plume se dore
Pour peindre avec chaleur le plaisir innocent
D’aller rêver le soir dans le numéro cent,
Et d’y songer tout bas à la femme qu’on aime,
Assis comme un pacha sur un trône suprême !…
Oui, c’est pour vous enfin, que je vais chaque jour
Sur mon siège percé sans crainte et sans détour,
Enfanter quelques vers dont s’empare la presse,
Ou faire un madrigal à ma belle maîtresse !
Ainsi, point de façon ; je ne veux rien cacher,
Je nommerai les mots tout crus, sans les mâcher,
Oui, vous allez goûter le sel de mon discours ;
Si cela vous amuse, allez, allez toujours ;
Vous serez dans le cas, c’est moi qui vous l’assure
D’absoudre ou de condamner ma joyeuse peinture ;
Je veux faire souvent de longs discours en vers,
Sur ce même sujet dont rira l’univers ;
Mais vous, gais compagnons, vous auxquels je me livre,
Si vous devez rougir de lire ici mon livre,
Délogez de céans, ou si vous l’aimez mieux,
Pour vous parler plus clair, eh bine, videz les lieux !
-Parbleu, s’écrirez-vous, quel est donc ce poète
Qui vient nous assaillir de sa muse indiscrète ?-

Mona, si je savais versifier de la sorte que de poèmes, je jetterai au pied de votre trône… Ce qui est certain, c’est que je sais déboucher une bouteille. Je vous invite à déguster le Château Langoa Barton 2009 (Cru Classé de Saint-Julien). Petit frère de Léoville Barton, ce domaine est trop méconnu. Et pourtant quelle finesse, quel fruit. Un vin plus féminin et plus vite accessible. Quel régal !

N’oubliez pas de vous croquer les quenottes

Et encore ce n'est que le second tome
Et encore ce n’est que le second tome

S’il fallait que je collationne tous les gonzes qui ont voulu me marida, il faudrait que je prenne un calepin épaisseur Pléiade. Et pourtant les mecs après avoir batifolé dans ma broussaille, je leur montre la sortie et les prie d’oublier mon adresse. J’en vois d’ici des qui vont me trouver inhumaine, cruelle, castratrice. C’est possible mais je tiens par-dessus tout à ma liberté ; ma liberté, toi qui m’as fait aimer même la solitude, toi qui m’as fait sourire quand je voyais finir une belle aventure, toi qui m’as protégé quand j’allais me cacher pour soigner mes blessures.

Et comme dit Woody Allen : Le mariage c’est la mort de l’espoir. Quant à Jules Sandeau, il ajoute : Le mariage est un dîner qui commence par le dessert.

Le temps fait son œuvre et use les époux. Au fur et à mesure, la flamme amoureuse se réduit. Moi je ne veux que le dessert et chaque soir, j’aime à changer de pâtissier… et profiter de leurs spécialités.

Et ce n’est pas à la lecture de l’étude publiée par des chercheurs de l’université d’Oxford que je vais changer d’avis. Au début d’une relation, les amoureux s’embrassent comme des tourtereaux. Ils passent leur temps à s’échanger leurs langues. Puis quand ils se sont bagués l’annulaire, petit à petit leurs baisers se raréfient. Près de 20% des couples peuvent passer une semaine sans se rouler de pelles. Et lorsqu’ils se bécotent, 40% des mariés, ça dure cinq secondes. Inconcevable pour moi !

Moi, le mec qui passe dans mon pieu, il a intérêt à me galocher un max faute de quoi, il a aucun espoir de s’activer sur mon triangle à cresson. Qu’on se le dise.
Mona une langue, c’est pour s’en servir.