Les bourses ou la vie

don-spermeA la seringue et dans un tube à essai ! Si nous ne réagissons pas, c’est probablement ainsi que nos arrière-petits-enfants feront des bébés. Non qu’ils auront cédé aux avances des cloneurs et manipulateurs génétiques en tout genre, mais tout simplement ils ne fabriqueront plus assez de spermatozoïdes pour faire autrement. Oui, c’est un fait, au cours des cinquante dernières années, nos cellules sexuelles mâles ont pris un sacré coup dans le flagelle. Alors qu’elles grouillaient à plus de 120 millions dans chaque millilitre de sperme dans les années 1950, on n’en recenserait plus aujourd’hui qu’une soixantaine de millions par millilitre.

Et encore, ces chiffres ne valent que pour les plus chanceux. Chez les jeunes Occidentaux, de loin les plus touchés par le phénomène, le bilan pourrait être encore plus désastreux. L’étude la plus récente a montré qu’au Danemark, le sperme d’un jeune sur cinq contiendrait moins de 20 millions  de spermatozoïdes par millilitre. Pour les spécialistes de l’infertilité, c’est très inquiétant : à cette concentration, il faut deux à trois fois plus de temps pour obtenir une grossesse. Et en dessous de ce seuil, cela devient carrément difficile d’avoir des enfants sans passer par des méthodes de procréation médicalement assistée.

Mais bon sang de bonsoir, quel fléau a donc décimé ainsi nos vaillantes bourses ? D’après les spécialistes, nos glandes auraient été bien malmenées par l’augmentation de la pollution, mais aussi par notre mode de vie. A l’école ou au bureau, à la cantine, puis devant la télé, nous passons presque deux tiers de notre temps assis. C’est très mauvais! Dans cette position, les testicules écrasés contre les cuisses se réchauffent, Or les spermatozoïdes doivent se maintenir à 34° C, soit 3°C de moins que le reste du corps. C’est pour cette raison que les testicules sont situés à l’extérieur.

L’arrivée de l’ordinateur portable a aggravé la situation. Les jeunes passent des heures le portable sur les genoux. Or des études récentes ont montré que cette position, combinée avec la chaleur produite par la machine, réchaufferait les testicules des utilisateurs de 2 à 3° C en une heure. Quand on sait qu’il suffit d’augmenter la température de 1°C pour faire diminuer la production de spermatozoïdes de 40 %, on imagine les dégâts!

Fortement préoccupée par ces statistiques, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé aux plus grands spécialistes de l’infertilité de se réunir. C’était en en novembre 2005. Au terme de ce congrès, les ministres de la santé sont tombés d’accord pour faire du sauvetage des spermatozoïdes l’une des priorités des années à venir.

Les autorités sanitaires européennes invitent les jeunes hommes à porter des vêtements amples et à se lever plus souvent. Dans les écoles, des pauses « rafraîchissantes » devaient même être imposées deux fois par jour aux garçons. Au Danemark, ces pauses ont été mises en places. On a constaté une nette amélioration. Après 12 semaines, la fertilité des étudiants aurait augmenté de 10%.  Chez nous, à ma connaissance : rien.

slip

Mais la trouvaille pour inverser durablement ce phénomène vient d’Italie. Un professeur a mis au point le slip intelligent et climatisé. Ce sous-vêtement est un bijou de technologie. Dès que la température des bijoux de famille dépasse les 34°C, des ventilateurs d’un millimètre de diamètre se mettent en marche. Cela produit un souffle insensible mais suffisant pour faire baisser la température.

Pour l’instant, c’est encore un prototype, mais…

En attendant, Messieurs, aérez vous l’esprit !

Une note salée

additionAu sortir d’un restaurant, il vous arrive, Messieurs, de trouver la « note salée » même si, nous, pauvres femmes mangeons peu. Ce terme date du XVIII° siècle, du temps où le sel, frappé des droits de gabelle, était une denrée très onéreuse.

De nos jours, on parle aussi de « coup de fusil ». Cette expression date des années 1930, mais la comparaison entre clients et gibiers est ancienne. Au temps de Zola, les soldeurs qui arrivaient à vendre des « vieux rossignols » à un client de passage appelaient cette pratique « faire un coup de fusil ». Ces vieux rossignols étaient, à l’origine, des livres invendus et invendables que l’on rangeait dans les casiers du haut des librairies comme les rossignols qui aiment à se percher sur les plus hautes branches des arbres.

Dans les grands restaurants, on assiste parfois à un défilé de garçons de salle qui apportent à chaque convive sa commande dans une grande assiette surmontée d’une cloche en métal argenté. La mise en scène bien orchestrée (tous les plats sont dévoilés en même temps) ménage la surprise de la présentation.

Du temps des rois, on faisait de même. Mais c’était dans le but de garder le monarque « à couvert » (le protéger d’un empoisonnement). Les plats étaient toujours servis « à couvert » après avoir été goûtés sur la « crédence »[1] par l’officier de bouche. Par extension, on donnera les noms de couvert à tous les ustensiles placés sur la table devant chaque convive.

Mona dition, c’est pour vous


[1] La crédence était la table où l’on faisait l’épreuve des mets et des boissons à servir aux grands ; on les goûtait, avant de pouvoir les offrir aux convives en toute confiance. Le mot en est venu à désigner toute table où l’on dépose les plats et bouteilles nécessaires à un repas. Dans la liturgie, la crédence est la table où sont disposés calice, patènes et ciboires.

Un p’tit coup de jaja ?

verre_ballonLorsqu’on parle de vin en France, c’est le plus souvent négatif. Par exemple, la campagne : un verre de vin augmente le risque de cancer. Lorsqu’on feuillette une revue spécialisée en vins, on lit des commentaires sur les meilleurs vins de Bourgogne, de Bordeaux… et jamais sur les vins que boivent réellement les Français. En effet, les vins présentés coûtent souvent plus de 10 € et pratiquement jamais moins de 5 €. Or, régulièrement, des informations donnent un prix moyen d’achat d’une bouteille de vin aux environs de 3 €.

La revue Rayon Boissons qui est spécialisée dans les boissons distribuées en grande distribution (GMS) publie un classement des vins les plus vendus par la GMS.

Je ne reprends ci-dessous que les trois premiers en ajoutant le prix de vente TTC constaté dans les hypermarchés.

NOM DE MARQUE

Prix moyen vente TTC

Bouteilles vendues 2008

Roche Mazet

2.40

21 millions

Vieux Papes

1.75

18 millions

La Villageoise

1.20

15 millions

En additionnant les 10 marques du tableau de l’article, on arrive au chiffre sympathique de 142 millions de bouteilles vendues.

Bien entendu, les clients des cavistes, des sites de vente en ligne et ceux qui achètent directement chez les vignerons dépensent plus pour leur vin. Mais la GMS vend environ 75% des bouteilles de vin toutes qualités confondues. Aussi je reste persuadé que le nombre d’amateurs de vins de qualité reste marginal dans notre beau pays. On parle généralement de 5% …

Il y a du boulot pour les Epicuriens.

Rue des seins paires

seinUne des « industries » du Morvan les plus connues il y a un siècle, était celle des nourrices. En effet les Morvandelles étaient réputées pour leur bonne santé et la qualité de leur lait.

Au milieu du 19ème siècle, certaines familles riches avaient fait la connaissance de jeunes femmes à l’occasion de séjours dans leurs résidences de campagne (même à l’époque, le Morvan n’était pas très loin de Paris). C’est pourquoi elles leur demandaient de venir nourrir et élever leurs nouveaux-nés. Les noms des « bonnes nourrices » se transmettaient ensuite de bouche à oreille. Dans la bonne société il était alors du plus grand chic d’avoir à la maison une nourrice morvandelle pour ses enfants. A la fin du siècle, elles représentaient plus de la moitié des nourrices parisiennes.

Après la naissance de leur propre enfant, les nourrices quittaient le Morvan, parfois avec lui, mais le plus souvent seules, pour venir s’installer dans la famille d’accueil, abandonnant, pour un peu plus d’un an, enfants, mari, famille.

Lorsqu’à la fin de l’allaitement, ou plus tard, si elle restait comme « nourrice sèche », la Morvandelle quittait Paris, c’était souvent le cœur gros mais bourse pleine, si j’ose dire. Cette somme, ainsi gagnée à la sueur du sein,  permettait d’agrandir la maison, qu’on appelait alors « maison de lait« .

Ces femmes ont souvent été raillées car elles abandonnaient mari et enfants pour aller se vendre chez les riches. Et pourtant le Morvan grâce à elles, s’est ouvert au progrès.

Et « pis », cette activité cessa peu de temps après la Première Guerre mondiale.

Mona les tantes

Le plus fort, c’est qu’il est doux

La production de fromage est attestée en Normandie dès le 10ème siècle ; le fromage est alors utilisé comme dîme. A cette époque, l’élevage de vaches, de brebis et de chèvres est extensif et cantonné dans les vastes forêts normandes. La faible surface en herbages, une population nombreuse expliquent les difficultés d’approvisionnement des abbayes et seigneuries. Celles-ci importent alors des fromages à pâte dure et de gros formats d’Angleterre entre Southampton et Barfleur.

petite-pont-leveque03Le Pont-l’Évêque apparaît au 12ème siècle. Ce fromage à pâte molle aurait été créé par des moines cisterciens, installés à l’Ouest de Caen. Il était connu sous le nom d’angelot. En 1225, Guillaume de Lorris, dans le Roman de la rose, écrit : « Les bonnes tables étaient toujours garnies au dessert de fromages angelots ». Ce terme d’angelots (qui par la suite désigna aussi d’autres fromages normands) vient du nom d’une pièce de monnaie. Ce fromage servait alors de moyen d’échange et de rémunération … et d’impôt !

Dès le 15ème siècle, les angelots sont les fromages le plus réputés du royaume. Mais c’est sous le nom d’augelots qu’ils sont appréciés à Paris. Le nom s’inspire du Pays d’Auge d’où vient le Pont-l’Évêque.
En 1622, Hélie le Cordier, écrivain normand, publie un poème en 16 chants en l’honneur du Pont-l’Évêque dont provient la célèbre phrase : « Tout le monde également l’aime car il est fait avec tant d’art que, jeune ou vieux, il n’est que crème ». Le Pont-l’Évêque prend alors des formes variées du fait de la vaisselle de céramique utilisée.

C’est à cette époque, qu’il prend le nom de Pont-l’Évêque (petite ville entre Deauville et Lisieux).

Au 18ème siècle, la notoriété du Pont-l’Évêque dépasse nos frontières. Dès 1722, de Masseville souligne le fait que les fromages provenant de la région de Pont-l’Évêque « sont fort estimez et transportez en divers païs ». Le Pont-l’Évêque devient carré pour se différencier du Livarot.

Sous la Révolution, on supprime en toute occasion les références à la religion. La ville de Pont-l’Évêque n’y échappera pas et deviendra, en 1793 et pour quelques décennies, la ville prendra le nom de « Pont Chalier » (du nom d’un révolutionnaire[i]).
pont11_mAu 19ème siècle, la Normandie voit sa surface herbagère se développer ainsi que son élevage laitier. Le Pont-l’Évêque est alors un fromage fermier fabriqué deux fois par jour. A cette époque, il existe différentes qualités de Pont-l’Évêque en fonction de son taux de matière grasse. La première qualité est élaborée à partir de lait entier, parfois enrichie de crème fleurette. La seconde qualité est fabriquée à partir d’un mélange de lait écrémé, de la veille, et de lait entier, de la traite du matin. La troisième, provenant du lait écrémé de la veille, est moins riche et plus acide. Le Pont-l’Évêque est vendu sur les marchés de Pont-l’Évêque et de Beaumont en Auge. Il s’en vend 600 douzaines en moyenne pendant 6 mois et 200, en hiver.
L’essor des lignes ferroviaires favorise sa commercialisation. Les fromagers bénéficient de la rapidité, de la sécurité et du coût modéré de ce nouveau mode de transport. Les Pont-l’Évêque partent à 18 heures de Lisieux et arrivent à 2 heures du matin en gare des Batignolles. De là, ils approvisionnent les Halles de Paris ou bien repartent par le train vers d’autres villes de province. Seuls les Pont-l’Évêque de première qualité sont commercialisés. Ceci explique l’excellente réputation du Pont-l’Évêque, à cette époque où la matière grasse est rare et chère. Le Pont-l’Évêque est un fromage noble, recherché des restaurateurs, un de ceux dont Brillat Savarin disait :  » un dessert sans fromage est une belle à qui il manque un œil « .

C’est avec un Rully blanc, un cidre, un gewurztraminer ou un Muscat que j’aime le manger.


[i] Joseph Chalier, révolutionnaire de la première heure fut le premier à lever une armée contre l’Ancien Régime à Lyon. Grand défenseur des libertés, il fut arrêté et exécuté le 17 juillet 1793.

Un paquet de millets

millet-glaneusesLorsque Madame Pommery devint veuve en 1858, ses concitoyens l’attendaient au tournant… Elle fit aussi bien que son mari, sinon mieux. Elle pénétra avec succès le marché Anglais. Des envieux du microcosme champenois ne tardèrent pas à faire circuler des rumeurs sur la fragilité, les difficultés financières de la Maison. Aux abois, elle aurait été obligée de lésiner, d’économiser sur tout…

Or, à l’époque, le fameux tableau « Les Glaneuses » de Jean-François Millet était à vendre, Il était convoité par un riche collectionneur Américain. La Veuve Pommery lui « coupa l’herbe sous le pied » en achetant le tableau pour la somme de 300.000 Francs or et demanda à ce que la toile soit offerte au musée du Louvre après sa mort. Avec l’Angélus, c’est le tableau le plus populaire de la France Rurale.

Une action d’éclat qui valait tous les démentis.

Votre Mona dorée

Viognier

viognierLe viognier est un cépage « anecdotique ». Sa production est très faible et pourtant… ce cépage donne des vins blancs à corpulence généreuse et une mouvance d’arômes complexes dont certains échappent à la description : poire, pêche, abricot, violette, iris, acacia, musc, épices, amandes, fruits secs…

Evanescent ou évolutif, le nez d’un « Château-Grillet » ou d’un « grand Condrieu » est un enchantement. Ce vin, généralement sec, donne en bouche une étonnante sensation de moelleux. Sa localisation en AOC est circonscrite au Nord de la Vallée du Rhône. Il participe discrètement (jusqu’à 20% légalement, beaucoup moins dans la pratique) à l’assemblage de « Côte-Rôtie ».
Son rendement est faible et aléatoire. Seuls les vignerons sûrs d’un rentabilité à long terme l’implantent dans les vignobles en terrasses. Il lui faut des sols maigres, granit, micas et calcaires. Le  viognier donne des vins de jouisseur, de plaisir immédiat. Ils atteignent générallement leur apogée après 2 ou 3 ans. Mais les plus belles cuvées se conservent beaucoup plus longtemps.
Leur rareté (l’appellation Condrieu, c’est guère plus de 100 ha) en font des vins recherchés par les oenophiles.
Aussi, dans l’Ardèche, le Languedoc, on  en plante de plus en plus avec un bonheur plus ou moins abouti.

A table, le Condrieu se plaira à l’apértif, avec des asperges, un brochet, un soufflé au fromage, un gratin de queues d’écrevisses, des gambas grillées, du homard à l’américaine, des Saint Jacques poêllées, un turbot grillé, un picodon, une rigotte de condrieu et un Saint Marcellin…

Si vous trouvez un des ces rares Condrieu « Vendanges Tardives », n’hésitez pas à ouvrir une belle terrine de foie gras. Plaisir assuré.

On trouve tout à … Cognacq-Jay

samarLa Samaritaine doit son nom à la machine hydraulique, ornée d’un groupe de plomb doré représentant Jésus et la Samaritaine, qui flanqua le Pont-Neuf à la hauteur de la deuxième arche de 1600 à 1813. Ce Grand Magasin, qui a fermé ses portes en 2002, doit son existence à un camelot qui vendait de la bonneterie dans un parapluie là où avait été édifiée ladite machine, et qu’on appelait, en hommage à son bagout, « le Napoléon du déballage ». Agé de trente ans en 1869, Ernest Cognacq, ce Rétais de naissance, avait déjà roulé sa bosse dans toute la France. Il avait été marchand forain, commis de magasin et même boutiquier à son compte à l’enseigne « Au petit bénéfice », si petit en effet qu’il y avait mangé toutes ses économies. Mais deux ans de déballage sur le Pont-Neuf lui ont permis de reconstituer un petit magot de 5.000 francs.
Sans s’éloigner de sa clientèle, il sous-loue à la journée (15 francs) le local dont dispose un cafetier au coin du quai du Louvre et de la rue de la Monnaie. Un an plus tard, à la tête de deux employés et d’un fonds prospère, il se décide à prendre le local à bail et à en faire une vraie boutique, peinte en bleue, à l’enseigne de la Samaritaine.
C’est en 1872 qu’il épousera Louise Jay, première vendeuse au rayon de confection du Bon Marché, qu’il connaissait depuis quatorze ans.
Il a dix mille francs de côté ; elle, le double. Toute leur vie durant, et ils vivront respectivement jusqu’en 1928 et 1925, ils agrandiront l’entreprise au fur et à mesure de leurs disponibilités, sans jamais emprunter un sou à qui que ce soit.

Louise Jay
Louise Jay
Ernest Cognacq
Ernest Cognacq



Étrange couple! Lui, jovial et bon vivant, elle, ostensiblement avare, revêche, impitoyable et se vantant de l’être, ils n’en sont pas moins d’accord sur la politique de la Samaritaine, cette « Samar » à laquelle ils sont constamment rivés, même le dimanche. Elle reproche à son mari de fumer des cigares de dix sous – « comme s’il était Rothschild! » – mais prend son parti de ses achats de tableaux. « J’aime mieux, dit-elle, qu’il fasse la fortune des marchands que celle d’une danseuse. » Cette femme sans enfant, épousée sur le tard, a la vertu ombrageuse d’une vieille demoiselle.
Quand deux employés célibataires sont surpris à flirter, la direction les met en demeure de se marier sans délai, sous peine de renvoi. Ce n’est pas pour rien que la plus célèbre des oeuvres philanthropiques des Cognacq récompense les familles nombreuses. L’ambiance n’a rien de frivole à la « Samar » qui, contrairement au Louvre, au Bon Marché ou au Printemps, ne cherche nullement à se donner des airs de palais. C’est un magasin et rien de plus. Louise et Ernest Cognacq ont fort bien compris que leur cliente-type, fourmi économe et laborieuse comme ils le sont eux-mêmes, aurait l’impression de payer de sa poche toute décoration superflue. Ces ennemis du faste créeront toutefois la « Samaritaine de luxe » sur le boulevard des Capucines et légueront à la Ville de Paris la collection d’art passablement hétéroclite réunie au Musée Cognacq- Jay.

Ce musée est situé au 8 rue Elzévir, dans le quartier du Marais. Vous pourrez y admirer des collections de peintures de Largilliere, Chardin, Rembrandt, Ruisdael, E. Vigée Le Brun, de La Tour ; des dessins de Watteau, Fragonard et des sculptures de Houdon, Clodion et Greuze.

Votre Mona … chat landais

Soir de repas sages

grande_bouffe_hautDurant la Monarchie de Juillet[1], Monsieur de Viel-Castel paria d’expédier en 120 minutes un dîner de 500 francs (ce qui correspondait au revenu annuel d’un manœuvre). Au Café de Paris, à 7 heures précises, on lui servit douze douzaines d’huîtres d’Ostende, si vite avalées, qu’on dût lui en servir autant, arrosant l’ensemble d’une bouteille de Johannisberg (vin blanc du Valais). Mais les huîtres ne comptent pas. Le dîner proprement dit commence avec le potage : des nids d’hirondelles. Ensuite, il dévora, en extra, un bifteck aux pommes de terre. Puis le service reprit avec une belle féra du Lac de Genève qu’il suça jusqu’aux arêtes; un énorme faisan bourré de truffes, un salmis de dix ortolans dont il ne fît que dix bouchées, des asperges et petit pois. En guise de dessert, il se contenta d’un ananas et de fraises. Au cours de ce repas, il but deux bouteilles de Bordeaux, une bouteille de Constance et du Xéres pour le dessert. Après le café, il testa quelques liqueurs. Il paya 518 francs et 50 centimes dépassant à peine son budget et frais comme un gardon, à 9 heures, il s’en alla.

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honore_de_balzac1A la Belle Epoque, les restaurants se multiplient sur les boulevards parisiens. A la table d’un de ces établissement, Balzac, un jour, commence par un cent d’huîtres, avale douze côtelettes de pré-salé du Mont Saint Michel, un caneton sur lit de navets légèrement caramélisés, deux perdreaux rôtis et un chariot de desserts.
On comprend que Balzac ait eu besoin de beaucoup écrire !!

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Le Marquis de Saint Cricq, joyeux vivant excentrique, après un repas copieux et bien arrosé au Café Anglais, fit remplir ses bottes de crème glacée pour se rafraîchir : vanille pour la jambe gauche et fraise pour la droite.

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Le Club des Grands Estomacs, quant à lui, se réunit chaque semaine pour se remplir la panse et sans s’arrêter de six heures du soir au lendemain midi.  Alfred Delvau, journaliste au Figaro, décrit un menu dans ses “Plaisirs de Paris”, livre écrit en 1867 :

“De six heures à minuit, dure le premier acte de ce pantagruélique repas pendant lequel on sert aux membres de ce club : potage à la Crécy, précédé de plusieurs crus : de vin amer, suivi de plusieurs verres de madère, turbot sauce aux câpres, filet de boeuf, gigot braisé, poulardes en caisse, langue de veau au jus, sorbets au marasquin, poulets rôtis, lagrandebouffecrèmes, tourtes et pâtisseries, le tout arrosé de six bouteilles de vieux bourgogne par convive.

De minuit à six heures du matin dure le second acte, pendant lequel on sert : une ou plusieurs tasses de thé, potage à la tortue, cary indien de six poulets, saumon aux ciboules ; côtelettes de chevreuil au piment, filet de sole au coulis de truffes, artichauts au poivre de Java, sorbets au rhum, gélinottes d’Ecosse au whisky, puddings au rhum, pâtisserie anglaise fortement épicée, le tout arrosé de trois bouteilles de bourgogne et de trois bouteilles de bordeaux par tête. Enfin, de six heures du matin à midi, troisième et dernier acte de ce gueuleton monstre : on sert une soupe à l’oignon extrêmement poivrée et une foule de pâtisseries non sucrées, arrosées de quatre bouteilles de champagne pour chaque convive. Puis, on passe au café avec un pousse-café composé d’une bouteille entière de cognac, de kirsch ou de rhum.”

« La Grande Bouffe », quoi…


[1] Régime de monarchie constitutionnelle en France correspondant au règne de Louis-Philippe (1830-1848)

Gens bons de Paris

pate-crouteDans l’Ile de la Cité, à Paris, au début du XV° siècle, un pâtissier-charcutier[1] exerçait ses talents rue des Marmousets. Sa réputation était telle que l’on traversait tout Paris pour venir acheter ses spécialités et notamment ses pâtés de jambons au goût inimitable.Il s’entendait comme larron en foire avec son plus proche voisin, le Sieur Cabard qui tenait échoppe de barbier-perruquier. Les deux commerçants avaient moult clientèle et étaient respectés pour la qualité de leur travail.

Mais en 1415, un chien resta de longues heures devant la boutique du barbier en hurlant. Chassé, il revenait sans cesse. Lassés par ce concert canin et trop bruyant à leur goût, les voisins firent appel à la maréchaussée.

Au moment où les archers allaient attraper le chien, ce dernier plongea dans un soupirail donnant sur la boutique du perruquier. Les hommes armés descendirent dans sa cavbarbierbreton1868e et constatèrent qu’elle communiquait avec celle du charcutier.
Ils
découvrirent, d’ailleurs, ce dernier en plein travail. Il découpait des morceaux de viande … sur neuf cadavres accrochés à des crocs de boucher.
Le chien se figea devant celui qui fut son maître : c’était un jeune étudiant allemand qu’on avait, en effet, vu entrer se faire raser… d’un peu trop prêt, certainement.

On venait de découvrir les secrets de fabrication d’un pâté au jambon qui avait tant régalé les parisiens durant plus de 15 ans. De quoi, être végétarien pour le reste de ses jours !

Votre Mona croche-coeur


[1] Pâtissier : qui fabrique et vend des pâtés de viande, poisson ou fromage ; Charcutier : qui a l’exclusivité des préparations à base de porc à dater de 1475, et de poisson durant le carême.