Les aigris restent

Quand j’étais petite, à l’école primaire, on m’avait appris qu’ « anticonstitutionnellement » était un des mots les plus longs de la langue française. Quand il me fallut le répéter, je bafouillais et n’arrivais pas à mettre les diverses syllabes dans le bon ordre et çà donnait anticonstuti… etc.

La maîtresse me dit qu’il fallait faire un effort afin de ne pas devenir hippopotomonstrosesquippedaliophobe[1].

J’en fus pétrifiée et afin de ne jamais retrouver ce genre de mot serpent de mer sur ma route, je me jurais de ne pas faire de droit et finalement, c’est tant mieux : si j’étais juriste, je n’aurais surement pas rencontré ce grand homme qui est devenu mon patron tant aimé : Lépicurien.  

Mona une bonne constitution.


[1] L’hippopotomonstrosesquipédaliophobie est la peur des mots longs

Vin d’or

Même les nuages sont dorés

Après avoir racheté le Domaine Engel (rebaptisée Domaine d’Eugénie) en Bourgogne, François Pinault continue ses emplettes et s’offre une ouvrée de Montrachet pour plus d’un million d’euro et deux ouvrées de Bâtard-Montrachet pour moins d’un million chacune. Je rappelle qu’une ouvrée est la surface de vigne correspondant à ce qu’un vigneron peut bêcher en une journée, soit 4,28 ares (428 m2). Cette prestigieuse appellation ne couvre que 8 hectares mais à 24 millions l’hectare, on doit se trouver à un record mondial…

Bon Mona, soyons clair. Je ne vais pas vous ouvrir un Montrachet. Alors autant changer de région et boire un Ze Bulle blanc. Un vin légèrement effervescent, peu alcoolisé qui fait mon bonheur aux beaux jours…

Dernière minute, Bordeaux ne veut pas être en reste. Le Château Calon Ségur, Cru Classé de Saint-Estèphe, aurait été vendu. On parle de 250 millions pour les 94 hectares…

L’arme de crocodile…

Une fois, je me suis retrouvé sur le dos d’un  crocodile que j’ai frappé de toutes mes forces avec mon tomahawk, sur la partie que je considérais la plus vulnérable de sa tête.
Alors que j’étais debout sur le dos de ce reptile énorme, je retirai mon arme de sa tête, Yamba, ma compagne, accourut et enfonça sans hésitation un couteau dans la gorge de l’animal. Mais, la bête tournant brusquement la tête, elle lâcha immédiatement son emprise et s’éloigna. Comme le monstre essaya de la suivre, je sortis mon couteau et lui crevai les deux yeux. Yamba était très fière de moi après cette séquence, et quand nous sommes retournés sur la terre ferme, elle a relaté mes exploits aux membres de la tribu vantant ma galanterie et ma bravoure.
La partie de pêche dont j’avais ramené deux baleines m’avait déjà assuré l’estime de ces sauvages, mais, après cet épisode avec le crocodile, ils me regardaient comme un demi-dieu. Comme nous n’avions pas ramené le monstre mort dès le lendemain un groupe d’autochtones est allé le chercher avec des catamarans.
A leur retour, après avoir longuement admiré le bestiau que j’avais tué de mes mains, ils le découpèrent en petits morceaux et les distribuèrent (comme reliques, sans doute) à tous les membres des tribus à l’entour.

En lisant ces lignes, Franck Dubosc fait petit joueur et Crocodile Dundee est une guimauve. Mon héros, quel homme ! Et d’ailleurs, les aventures de Louis De Rougemont ont passionné les lecteurs de la revue britannique Magazine World Wide[1] durant de longues années. Chaque mois à dater de 1899, Loulou faisait rêver les abonnés en relatant sa vie en Australie et racontait comment il devint roi d’une tribu d’aborigènes et épousa Yamba, la sauvage belle comme un jour de paie. Il aimait chevaucher les tortues de mer, il participait à des festins anthropophages ; mais il refusa de se faire percer le nez pour porter son bâton de commandement. C’est dans ses cheveux qu’il le mit. Quel homme !!!

Des lectrices s’évanouirent en découvrant que leur héros avait souffert d’une forte fièvre due à la malaria. Pour se soigner, il s’enfouit dans les entrailles d’un buffle qu’il venait de tuer. Yamba, sa femme belle comme un coucher de soleil à Maubeuge le veilla jour et nuit durant sa maladie. Au cours de ces longs mois, elle s’absenta quelques heures, juste le temps de mettre au monde un enfant. Mais ne pouvant s’occuper à la fois d’un bébé et d’un malade, elle dévora sa progéniture…

Les ventes du journal avaient explosé. Son concurrent, le Daily Chronicle enquêta et découvrit que Louis De Rougemont s’appelait en fait Henri Louis Grin et avait été laquais dans diverses fermes de sa Suisse natale. Certes, il alla bien en Australie durant une année, mais comme employé de maison.

Malgré de nombreuses erreurs dans son récit, les accrocs refusaient la réalité et le magazine publia et republia régulièrement ses aventures durant près de 50 ans.

Au cours de la Première Guerre mondiale, Henri ou Loulou, selon votre envie, dit avoir inventé un substitut à la viande. Plouf ! Puis on perdit sa trace.

Il semble mourir en 1921 raide comme un passe lacets et fauché comme les blés. Mais les lectrices se trémoussaient à la seule évocation de son nom et lâchaient des soupirs qui en disaient long sur leur état….

Mona transpiré tellement qu’elle est mouillée de partout. Si, si. Et vous ?


[1] Publication mensuelle illustrée éditée de 1898 à 1965

A l’heure des thés

Benjamin Disraeli (1804 – 1881), comte de Beaconsfield, est un écrivain et homme politique britannique.
Ayant connu un certain succès littéraire, il est quasiment oublié de nos jours. Il fut ministre de la Reine Victoria et même Premier Ministre. C’est à cette époque que l’Empire Britannique connut son apogée.

Comme tout Anglais qui se respecte, il avait un humour grinçant.
Ainsi à la Chambre des Communes, en désaccord avec un gouvernement, il déclara :

-Monsieur le Président, je retire ce que je viens de dire à savoir qu’une moitié du gouvernement est composée de crétins. Je voulais dire qu’une moitié du gouvernement n’est pas composée de crétins.

Mona rigolé comme une hyène et sans gêne!

C’est pas à Tristan

Tristan Bernard est un auteur à l’humour ravageur. Il a laissé un grand nombre de mots d’esprit dont, par exemple :

-L’argent n’a pas d’odeur, mais à partir d’un million il commence à se faire sentir.

Pour profiter de cet humour, Tristan Bernard était souvent invité dans des salons bourgeois avec d’autres écrivains, acteurs, musiciens.
Un jour, il fut convié par une maîtresse de maison, bourgeoise réputée pour sa pingrerie. Après que chaque hôte remplît le rôle qu’on attendait de lui, une soubrette amena une assiette sur laquelle étaient posés des babas au rhum, coupés en deux.
Tristan, amusé par un tel étalage d’avarice, posa la main sur une moitié de gâteau, resta ainsi et dit suffisamment fort pour que chacun profite de son bon mot :

-Ah, merci, je crois que je vais me laisser tenter par un ba.

Mona mangé un baba entier, elle. C’est bon.

Un lange passe…

Mona en tient une couche

Je ne sais pas vous ; mais quand on me parle de vieillissement de la population, çà me semble abstrait, lointain…

Mais une information m’a interpelée. Figurez-vous que pour la première fois, au Japon, il a été vendu plus de couches pour adultes que pour les bébés. Certes, grâce à leur régime poissons, algues, riz, les habitants du pays du Soleil Levant ont une espérance de vie de plus de 86 ans pour les femmes, et de près de 80 ans pour les hommes. En vivant plus longtemps, l’homme redécouvre qu’il a des sphincters anaux et un vésical. Et quand ces derniers font relâche, çà remplit le calbute à Pèpère ou Mèmère. Et donc de plus en plus de Japonais finissent leur vie comme ils l’ont commencée : en couche culotte.

Et puis, compte tenu du peu de naissances enregistrées sur l’archipel, la population doit diminuer inoxerablement. D’après une étude publiée au début de cette année, si les tendances actuelles se poursuivent, la population nippone va chuter de 32,3% entre 2010 et 2060, et s’établir à moins de 87 millions d’habitants contre, à ce jour, 120 millions en 2012.

J’en conclus que bien qu’équipés de couches culottes super rembourrées et super molletonnées, les Japonais sont dans la m…..

Mona couche. Non ! C’est une blague !

Ennemie du gendre humain

Yvon Anchiergrave est célibataire. Bien qu’âgé de trente ans, il vit chez ses parents et travaille avec son père pour l’entreprise familiale.

Un jour son géniteur et patron l’appela. Tanguy docile, Yvon rentra dans le bureau paternel.
-Mon fils, je dois te dire que… je suis gravement malade. Il faut te préparer à prendre ma succession…

Assommé par une telle nouvelle, le rejeton se rendit dans un bar plus ou moins louche et but jusqu’à plus soif et même au-delà. Ravagé par la douleur et l’abus d’alcool, il se mit à pleurer.

Une magnifique femme, 90-60-90, s’approcha de lui et s’enquit de son état émotionnel.
-Et, ben, qu’est ce qu’il a le petit canard ?

Yvon, s’essuya les yeux, se moucha bruyamment et regarda son ange gardien. Blonde aux yeux bleus, des traits frisant la perfection, un châssis à courir le Mans sans airbags…Bref, un lot !

Le minot à son papa, ébloui par tant de beauté répandue, se livre :
-Mon Papa, Mademoiselle…
-Tu peux m’appeler, Eve, Chouchou !!!
-Mon Papa,… euh… il va bientôt mourir… Et je vais me retrouver à la tête d’une entreprise et d’une fortune colossale. Mais je suis triste pour mon Papa et me demande si je serai digne de lui succéder…
-Mais tu sais que tu me plais, toi, lui dit Eve Anfeu (c’était son nom, j’y peux rien) se penchant vers lui, lui laissant une vision panoramique sur une vallée encaissée et profonde comme le grand Canyon. Laisse-moi ta carte de visite, Bébé, je vais m’en occuper. On va faire du bon boulot, Coco.

Trois jours plus tard, Yvon apprit qu’Eve Anfeu était devenue sa belle-mère !!!!

Vous voyez Mona, il faut boire raisonnablement. Aussi, si vous avez deux verres propres, je vous propose de déguster un Saint-Peray 2009 Les Figuiers de Bernard Grippa. Quel vin ! Ce sera dur d’être raisonnable avec un tel vin blanc. Mais il le faut. Je n’ai nulle envie de devoir vous passer la bague au doigt après un moment d’égarement!

Je ne suis pas sous l’eau…

Une vénérable société de négoce bordelaise a dans sa gamme un vin de marque au nom de « Le Voyageur ». Cette marque rappelle le temps où des propriétaires de vignobles expédiaient leur vin à travers le monde sur des bateaux à voile. Lorsque la totalité n’était pas vendue, le vin revenait en France. Il était vendu comme « retour d’Inde ». « Le vin de la liberté« , roman historique de 2000, raconte la vie de Louis Joseph Gaspard Lacoste de Maniban Marquis d’Estournel, surnommé le Maharadjah de Saint-Estèphe et propriétaire de Cos au XIX° siècle.
De nos jours encore, la façade du Château Cos d’Estournel ne peut laisser indifférent.

Plus près de nous, des cargaisons de vin furent retrouvées sur des galions ou navires qui avaient coulé il y a fort longtemps. Malgré le temps écoulé, les flacons prisonniers des eaux étaient buvables voire bons.

Le directeur du Château Larrivet Haut-Brion, Bruno Lemoine voulait vérifier si le vin gagnait vraiment à être immergé. Aussi, il confia à son ami l’ostréiculteur Joël Dupuch une barrique qu’il plongea dans ses parcs tandis qu’une autre de même origine rempli du même vin restait dans le chai.

Six mois plus tard, les cuvées ont été récupérées et le vin mis en bouteilles. Une première dégustation comparative fut organisée. La bouteille contenant le vin immergé avait plus de moelleux et de complexité que celle contenant le vin vieilli en chai.

Mais le plus intéressant reste à venir. C’est durant les dix prochaines années que ce millésime 2009 sera dégusté régulièrement. A chaque fois deux bouteilles seront goûtées.
Qui de Tellus ou de Neptune en sortira vainqueur ? Bacchus nous donnera son verdict en 2022.
Patience !

Mona pas gouté. Bruno, quand vous voulez !

Vivre en père Pinard

Il est une collection que les amateurs de vin peuvent avoir plaisir à lire. En effet, les éditions Elytis proposent une rencontre « Autour d’une bouteille » avec des propriétaires de châteaux renommés. Jusqu’à ce jour, les volumes que j’avais lus, étaient comme on dit « gentillets ». Une centaine de pages permettait de connaître un peu mieux ceux qui sont à la tête de domaines mondialement connus.

L’ouvrage consacré à Denis Dubourdieu est d’une autre trempe. Pour écouter le professeur, deux cent cinquante pages s’imposent. En effet, si Denis Dubourdieu est un grand viticulteur, c’est en sa qualité de professeur et directeur de l’Institut de la Vigne et du Vin qu’il s’exprime. Consultant de très grands châteaux, certes moins médiatisé que Michel Rolland, il conseille tout de même près de 80 domaines et non des moindres.
Aussi quand il parle de vinification, de bouchon, de classement, de vieillissement…, le lecteur ne peut qu’écouter (lire) le maître.

Un livre qui demande quelques connaissances pour apprécier les propos mais qui fourmille d’informations et de conseils de qualité et qui retrace l’histoire si récente de l’œnologie.

Bon Mona, je débouche un vin blanc de Denis : Clos Floridène 2008. Un grand vin de Graves qu’on a envie de boire dès l’apéritif mais qui pourra attendre un joli poisson, une tranche de veau… Santé Mona.

Flagrant débit…

Lépicurien vous a déjà parlé d’un restaurant parisien qui eut son heure de gloire au XIX° siècle : la Maison Dorée sur le Boulevard des Italiens. Une partie de ce bel établissement était réservé uniquement aux habitués triés sur le volet. On pouvait y croiser le Prince de Galles, des nobles désœuvrés et excentriques, Rossini, Balzac et nombre de fêtards et noceurs de la capitale.

Chaque client était connu, reconnu et chouchouté.

Tout près, se trouvait un autre restaurant tout aussi réputé, le Café Anglais. Ce sont bien entendu les mêmes clients qui passaient de l’un à l’autre et quelquefois au cours de la même soirée.

Ce fut le cas, un soir, en fin de service, un homme, titubant et le ventre rebondi, traversa du 20 Boulevard des Italiens[1] au 13[2]. Manifestement, le client était fait comme un rat. Arrivé, devant la porte, il éructa et bafouilla quelques mots. Le maître d’hôtel impassible le laissa rejoindre sa table habituelle. L’homme s’assit et fit savoir qu’il voulait manger. On lui amena la carte.

Mais, se levant aussi rapidement qu’un pet glisse sur une toile cirée, il fonça vers les toilettes, laissa portes grandes ouvertes et des bruits ne laissant aucun doute sur son activité du moment s’en échappèrent : le gars était malade et en train de rendre son dernier repas.

Le maître d’hôtel soupira en clignant les yeux et une moue lui barrait le visage :

Mon Dieu, mon Dieu, si ce n’est pas malheureux que ce Monsieur vienne déposer ici ce qu’il a mangé ailleurs…  

Mona plus faim…


[1] L’adresse du Café Anglais
[2] L’adresse de la Maison Dorée