Elle me prend pour un Hoche, hé !

Marie-Rose, durant la Révolution, fut enfermée à la prison de Carmes en 1794. Là, elle y croisa un certain général Lazare Hoche. Encore auréolé de gloire suite à ses victoires dans l’est de la France, il avait été emprisonné comme traître. Sous la terreur, époque fort troublée, une simple dénonciation vous conduisait en prison ou pire à la guillotine. Bel homme, il ne laissa pas Marie-Rose indifférente. Elle devint sa maîtresse. Après le 9 Thermidor, ils furent libérés. Marie- Rose demanda à son amant de divorcer et de l’épouser.

Le beau général refusa en disant :

On peut bien faire passer un moment une catin pour sa maîtresse, mais non la prendre pour femme.

Dans ses mémoires, Barras parle de cette liaison en soulignant que la belle ne se contentait pas du général mais couchait ave son aide de camp et d’autres en passant…

Marie-Rose ne put tenir rigueur au général de sa franchise car il mourut en 1797.

Le 9 mars 1796, Marie-Rose épousa un petit général corse qui lui fit changer son prénom. Elle devint Joséphine.

Lorsqu’elle était enfant, une voyante lui avait prédit «qu’elle aurait une grande fortune et qu’elle serait souveraine».

Mais à cette époque, Napoléon était encore pauvre et quant à elle, elle ne vivait qu’à crédit…

Mona pas encore changé de prénom (soupirs !! …)

Mes meilleurs vieux !

Au sein des entreprises, il est admis depuis longtemps qu’un employé ayant atteint ses 45 printemps devient  un senior et donc… un boulet trop payé et moins rentable. Les directions du personnel cherchent pour leurs vieux des postes à moindre responsabilité voire des placards dorés.

Devant cet état de fait, les réactions sont toujours les mêmes : « quel gâchis ; à quarante-cinq ans, on est encore frais comme un gardon. »

Et pourtant en ce début d’année, un coup de poignard a frappé les quadragénaires : l’Inserm vient de livrer les conclusions d’une étude menée sur 10 ans auprès de 7500 personnes. Le déclin des fonctions cognitives[1] commencerait dès l’âge de 45 ans et non à partir de 60 ans comme on le pensait généralement.  De quoi conforter votre DRH[2], lorsqu’il vient vous proposer un emploi moins valorisant que celui que vous aviez avant ce fatal anniversaire.

Pour conserver son intellect en bonne forme, il convient, selon les neuropsychiatres, d’éviter le stress (facile à dire, Docteur) et de se ménager des moments agréables.

Bon Mona, quand il faut y aller, faut y aller. Pour que mes cellules continuent à vous réjouir et vous remplissent d’admiration, je vous propose de partager un moment fort agréable en débouchant ce Beaune 1er Cru Les Tuvilains 2007 du Domaine Denis Carré. Ce vin bourguignon me redonne une de ces patates ! Mona, je rajeunis à vue d’œil. Servez, je vous prie.


[1] L’ensemble des capacités intellectuelles
[2] Directeur des ressources humaines

Acteurs de défunts animés

Ma chère Mona, avec vous, c’est toujours le coté Closer qui l’emporte dans vos articles. La Champmeslé a certes été une tragédienne célèbre mais si elle n’avait partagé la couche de Racine, l’auteur de tant de chefs d’oeuvres aurait-il supporté son manque d’éducation et de culture ? Ne disait-on pas d’elle qu’elle était particulièrement inculte et ignorante. Après avoir lu la pièce Athalie, Mademoiselle Champmeslé demanda à Racine d’où il avait tiré le sujet de cette tragédie :
-De l’ancien Testament, répondit l’auteur.
-De l’Ancien ; répliqua l’actrice d’un air étonné, Pourquoi de l’ancien ! Mais n’avais-je pas ouï dire qu’il y en avait un Nouveau ?

En un mot, sa célébrité d’actrice fut égale à sa réputation de libertine hors-paires.

Mais je voudrais souligner que comme tous les gens de théâtre, elle risquait de ne pouvoir être enterrée selon les rites de l’Eglise. En effet, en France, les acteurs étaient automatiquement excommuniés, considérant que cette profession n’était pas compatible avec la foi catholique.

Afin de bénéficier d’une sépulture religieuse, la Champmeslé signa un acte de renonciation à son métier. Elle fut enterrée à Paris en l’église Saint-Sulpice.

En 1701, trois ans plus tard, son mari, Charles Chevillet, dit Champmeslé, mourut subitement. N’ayant pu signer l’acte de renonciation, il fut enterré dans le jardin de sa maison à Asnières pour ne pas être jeté dans une fosse commune.

Ma Chère Mona, je vous propose de boire un coup à la mémoire de tous ces artistes qui furent jetés de nuit comme des bêtes dans des trous… Le Passetougrains 2009 du domaine Castagnier est un vin digeste et réjouissant. J’aime ces bouteilles où le premier verre servi appelle à en déguster un autre et puis un petit dernier… car comme disent les autorités : à consommer avec mo mo des rations modération 

La Champmeslé regardait fixement les scènes

« La Champmeslé  est quelque chose de si extraordinaire qu’en votre vie vous n’avez rien vu de pareil ; c’est  la comédienne que l’on cherche, et non pas  la comédie. J’ai vu Ariane pour la Champmeslé seule ; cette comédie est fade, les comédiens sont maudits, mais quand la Champmeslé arrive, on entend un murmure,  tout le monde est ravi, et l’on pleure de son désespoir. »

C’est Madame de Sévigné, la célèbre épistolière qui écrit cet éloge à sa fille en avril 1671. Qui est cette Champmeslé ?

Actrice née en 1644 à Rouen, Marie Desmares épousa un comédien, Charles Chevillet connu à la scène sous le sobriquet de Champmeslé. Bien que l’ayant largement trompé avec le tout Paris et même le tout français…, elle resta connue sous ce nom. Madame de Sévigné, dont le fils en fera un temps sa maîtresse, la décrit comme une femme ayant :

«plus de grâce que de régularité, quoique sa taille fût avantageuse, et qu’elle eut de la dignité dans son maintien. Ses yeux n’étaient pas assez grands, et leur rondeur nuisait quelquefois à l’expression de sa figure. Sa peau était très brune ; sa voix était enchanteresse autant par sa douceur que par les sons touchants qu’elle en tirait quoiqu’elle fût forte et harmonieuse ; ce qui a fait dire à l’auteur des Anecdotes dramatiques : «Si l’on avait ouvert les portes de la salle, quand Mademoiselle Champmeslé déclamait, sa voix aurait été entendue dans le café Procope. Ce café était situé dans la rue des Fossés-Saint Germain, vis-à-vis la Comédie Française

Mais c’est surtout sa liaison avec Jean Racine qui en fit une actrice inoubliable. Le dramaturge écrivit pour elle les rôles de Bérénice, Bajazet, Mithridate, Iphigénie et Phèdre. Excusez du peu !

Mais la belle ne put se satisfaire d’un seul homme. Ils défilaient dans son lit à un rythme soutenu. Finalement elle quitta Racine pour Le comte de Clermont-Tonnerre, ce qui fit circuler à Paris ces vers :

À la plus tendre amour elle était destinée,
Qui prit longtemps racine dans son cœur ;
Mais par un insigne malheur
Le tonnerre est venu, qui l’a déraciné.

Elle rejoignit la troupe de Molière jusqu’en 1680 date à laquelle Louis XIV fusionna les troupes des deux grands écrivains pour instituer la Comédie Française. Elle en devint une des premières sociétaires.

Mona pas pris racine, tonnerre de Brest !

Où sont les fines appellations ?

J’étais au restaurant tranquillement installé en compagnie d’un bon ami. La table était bonne, la carte des vins était aussi épaisse qu’un bottin téléphonique. Que du bonheur ! Enfin jusqu’à ce qu’on nous serve le vin que mon ami avait choisi.

C’était une bouteille d’un domaine réputé du pays des kangourous. Au nez, ce vin empestait le cassis. J’adore ces petites baies mais trop, c’est trop ! A croire que l’œnologue a acheté tout le stock de crèmes de cassis de L’Héritier-Guyot. En bouche, la concentration était telle qu’on avait autant l’impression de manger que de boire et la richesse en alcool était telle que l’on aurait cru embrasser un pilier… de bar. Quand au bois, je ne sais pas s’il y en a plus dans la forêt de Tronçais.

Hugh Johnson, sujet de sa Gracieuse Majesté et grand connaisseur en vins estime que ce type de vin est « ennuyeux et sans intérêt ».

Cette tendance s’est développée notamment avec les vins du Nouveau Monde qui ont exploité les nouvelles techniques de vinification et qui ont répondu au goût des critiques américains qui encourageaient la vendange de raisins surmûris et la production de vins bodybuildés.

Même la France qui recherchait des breuvages plutôt sur la finesse, a connu (et connait encore malheureusement) cette mode de vins lourds et hyper-concentrés : comme des athlètes dopés, ces vins sont conditionnés pour gagner des concours mais pas pour accompagner un repas. Et l’excès brouille les arômes et le vin perd en complexité.

Même si j’admets que les conditions climatiques ont modifié la charge en sucre des baies, il est difficile de croire qu’elles expliquent pourquoi les vins qui, il y a 20 ans, titraient 12 à 12,5 % d’alcool atteignent, de nos jours, 14,5-15 % et même plus (si affinité).

Du coup, lorsque nous avons quitté la table, la bouteille était encore à demi pleine. Un comble pour des épicuriens !

Bon Mona, un vin léger sera le bienvenu. Que diriez-vous d’un Saumur ? Château de Fosse-Sèche Eolithe 2007. Une bouteille de Loire qu’on aura plaisir à rincer jusqu’à plus soif… ! 

Cosette, je la bise et je l’aime…

La nuit du 16 au 17 février 1833 fut une nuit bénie. Elle eut au dessus de son ombre le ciel ouvert. Ce fut la nuit de noces de Marius et Cosette.

Au dessert, M. Gillenormand debout, un verre de vin de Champagne en main, à demi plein pour que le tremblement de ses quatre-vingt-douze ans ne le fît pas déborder, porta la santé des mariés :

Vous n’échapperez pas à deux sermons, s’écria-t-il. Vous avez eu le matin celui du curé, vous aurez le soir celui du grand-père. Écoutez-moi ; je vais vous donner un conseil : Adorez-vous. Je ne fais pas un tas de gyries[1], je vais au but, soyez heureux. Il n’y a pas dans la création d’autres sages que les tourtereaux. Les philosophes disent : Modérez vos joies. Moi je dis : Lâchez-leur la bride, à vos joies. Soyez épris comme des diables. Soyez enragés. Les philosophes radotent. Je voudrais leur faire rentrer leur philosophie dans la gargoine[2].
La sagesse, c’est la jubilation. Jubilez, jubilons !
Qui dit amour, dit femme. Ah! ah! Voilà une toute-puissance, c’est la femme. Demandez à ce démagogue de Marius s’il n’est pas l’esclave de cette petite tyranne de Cosette. Et de son plein gré, le lâche!

Qui n’a pas lu les Misérables du grand Victor Hugo ? Ce roman historique est une des œuvres les plus importantes de ce génie. Il écrivait à son éditeur : «Ma conviction est que ce livre sera un des principaux sommets, sinon le principal, de mon œuvre».

Mais je voudrais attirer votre attention sur la date du mariage. Elle n’a pas été choisie au hasard. Le 16 février 1833, c’était la première fois que Victor passait la nuit avec Juliette Drouet, son grand amour. Alors on comprend encore mieux cet éloge de l’amour !

Mona pas eu de nuit de noces…


[1] Jérémiades
[2] Gorge

Vincent et pas sans vin

Hier, c’était la saint Vincent.

Vignerons, nous vous saluons épicuriennement

Né à Huesca, en Espagne, au IIIe siècle, Vincent est un diacre[1]. En 304, Dioclétien ordonne la persécution des chrétiens. Vincent sera martyrisé. Prudence, poète, cite la fin tragique de Vincent dans un ouvrage. Ce sera le début d’un culte qui se développera en France lorsqu’en 542, Childebert 1er [2] ramènera de Saragosse, l’étole du saint. Il fit bâtir une église au nom de Saint Vincent[3].

Mais Vincent est aujourd’hui connu comme le patron des vignerons. Plusieurs hypothèses pour expliquer cela. La plus plausible est que ce prénom inclut «vin».

Il semble que le culte  de Saint Vincent par les viticulteurs ait commencé en Bourgogne avant de s’étendre à une grande partie du vignoble.

Alors que nos vignerons ne sont guère encouragés par nos gouvernants qui ne voient en eux que des producteurs d’alcool, permettez-nous de vous souhaiter une bonne fête.

Et que Saint Vincent vous et nous offre une vendange de qualité !


[1] Dans l’Eglise catholique, homme ordonné par un évêque et appelé à vivre les trois dimensions de la diaconie : le service de la charité,  le service de la parole et  le service de la liturgie.
[2] Quatrième fils de Clovis, il fut Roi de Paris de 511 à 558 et roi d’Orléans de 524 à 558.
[3] De nos jours, Eglise Saint-Germain-des-Prés.

Ne faîtes pas aux truies ce que vous ne voulez pas qu’on vous fît

Lépicurien vous a transportés à Rome en compagnie de Trimalcion. Si les Gaulois avaient un faible pour les sangliers, selon Astérix, les Romains préféraient le cochon. Et sur les tables les plus raffinées de Rome, un met de choix était régulièrement servi. C’est la vulve de truie farcie. Pline dans son Histoire Naturelle rapporte qu’il préfère celles prélevées sur des truies qui n’ont eu qu’une portée alors que d’autres les préfèrent lorsque la cochonne a mis bas plusieurs fois. Pour certains, seule une truie nullipare[1] peut donner du plaisir (si j’ose dire).

Finalement le Sénat tranchera et n’autorisera que l’abatage de truies ayant eu plusieurs portées. On peut se demander si des raisons économiques ne l’ont pas emporté sur la gastronomie. Si on avait laissé tuer toutes les femelles après une seule mise-bas, le cheptel porcin aurait rapidement  disparu à Rome.

Des amateurs de truffes affirment que si le porc trouve facilement les «perles noires du Périgord», c’est parce que l’odeur leur rappelle celle de la vulve de leur copine… Je comprends mieux pourquoi certains d’entre vous en sont fous…! N’oubliez, chères épicuriennes, qu’un porc sommeille au fond de chaque homme.

Alors si le cœur vous en dit, je vous livre la recette de ce plat typiquement romain selon celle du grand Apicius[2].

Achetez  des vulves de truies, de la chair de porc hachée, du poivre, du cumin, du garum[3],  deux blancs de poireau, des pignons de pin.

Recette :
Nettoyer les vulves et laisser les mariner pendant 24 heures dans le garum. Le lendemain, les cuire à l’eau.
Pendant la cuisson, préparez la farce en broyant ensemble la chair de porc hachée, le poivre, le cumin, les deux blancs de poireau et le reste de garum. Ajouter à ce mélange les pignons de pin.
Une fois cuites, farcir les vulves et les coudre. Plongez les dans un mélange d’eau, d’huile d’olive, de garum et d’aneth avec un petit bouquet garni et cuisez.

Malheureusement, Apicius ne donne pas de quantités précises, de temps de cuisson… Il vous faudra surement revenir plusieurs fois sur la vulve avant de la réussir. Mais quand on aime, on ne compte pas. Alors, à vos fourneaux !

Mona jamais mangé çà, et vous ?


[1] vierge
[2] Cuisinier de l’Empereur Tibère
[3] Saumure faite d’un mélange poissons, de sel, et d’huile d’olive, mis à fermenter. 

Je ne parle pas en vain

«Le vin est le professeur du goût et, en nous formant à la pratique de l’attention intérieure, il est le libérateur de l’esprit et l’illuminateur de l’intelligence.»

A l’heure où parler de vin dans notre Douce France est devenu une offense, on aime lire et relire cette phrase de Paul Claudel. Je ne suis pas devin, mais on peut penser que celui qui fera boire un tonneau de vin à certains de nos hommes politiques fera œuvre de salut public. Vive la France !

Mona bu son verre comme les autres…